Je rends au ciel, je rends grâce à genoux. LES SOUVENIRS DU PEUPLE. On parlera de sa gloire Sous le chaume bien long-temps. Bien, dit-on, qu'il nous ait nui, Parlez-nous de lui, grand'mère ; Mes enfants, dans ce village, Voilà bien long-temps de ça : Près de lui, je me troublai, Il vous a parlé, grand❜mère ! L'an d'après, moi pauvre femme, Je le vis avec sa cour: Il se rendait à Notre-Dame. Tous les cœurs étaient contents; Son sourire était bien doux : - Quel beau jour pour vous, grand❜mère! Quel beau jour pour vous ! Mais quand la pauvre Champagne Il s'est assis là, grand'mère ! MILLEVOYE (CHARLES-HUBERT) naquit à Abbeville, le 24 décembre 1782. Quoique la littérature eût un vif attrait pour lui, et que, dès le collége, il eût composé des vers qui lui avairent mérité de justes éloges, il tenta la carrière du barreau, puis celle du commerce, avant de se livrer à ses travaux favoris. Millevoye fut souvent couronné dans les concours académiques; il mérita par les poèmes d'Emma et Eginard, de l'Amour maternel et des Plaisirs du poète, la réputation d'un écrivain pur et élégant. Mais ce qui a le plus contribué à sa renommée, et ce qui doit faire vivre son nom, ce sont les touchantes élégies dans lesquelles il a répandu le charme de la mélancolie la plus vraie et la plus douce, et qui toutes sont empreintes de la profonde tristesse à laquelle succombait le poète. Sa santé chancelante lui fit pressentir la courte durée de sa vie, et il prédit lui-même sa fin prochaine dans sa belle élégie du Poète mourant. Ses cruels pressentiments ne l'avaient pas trompé; à l'âge de trente-quatre ans, il s'éteignit doucement en lisant un volume de Fénelon. Millevoye mourut à Paris le 12 août 1816. LA CHUTE DES FEUILLES. De la dépouille de nos bois Le bois cher à ses jeunes ans : "Et dans chaque feuille qui tombe "Tu m'as dit: Les feuilles des bois "Et je meurs?... De leur froide haleine "Et j'ai vu comme une ombre vaine “S'évanouir mon beau printemps. 66 "Mon ombre un instant consolée." A signalé son dernier jour. Sous le chêne on creusa sa tombe... Mais son amante ne vint pas Visiter la pierre isolée; Et le pâtre de la vallée Troubla seul du bruit de ses pas Le silence du mausolée. (Elégies.) SOUMET. SOUMET (ALEXANDRE) naquit à Castelnaudary, le 8 février 1788. Il remporta de nombreuses couronnes dans les concours des Jeux floraux avant d'entrer en lice à l'Académie française où deux fois le prix lui fut décerné. En 1820, il fit représenter le même soir deux tragédies, Clytemnestre au Théâtre-Français, et Saul à l'Odéon. Les tragédies de Cléopâtre et de Jeanne d'Arc, qui succédèrent à Clytemnestre et à Saül, furent aussi favorablement accueillies ; et Une fête de Néron, ouvrage fait en collaboration avec M. Bellemontet, obtint un long succès. Depuis cette époque, M. Soumet occupé d'un poème épique, la Divine Epopée, qu'il a publié en 1841, semblait avoir renoncé au théâtre, lorsqu'en 1842 il reparut au Théâtre français avec une tragédie intitulée le Gladiateur et la comédie du Chêne du Roi. Ces deux ouvrages n'ont obtenu qu'un succès d'estime. M. Soumet a été nommé membre de l'Académie française en 1823. |