LE FRANC DE POMPIGNAN. 299 LE FRANC DE POMPIGNAN. LE FRANC (JEAN-JACQUES, marquis de POMPIGNAN) naquit à Montauban le 10 août 1709. Il fit représenter à l'âge de vingt-cinq ans sa tragédie de Didon, qui fit concevoir des espérances qu'il n'a pas réalisées. Reçu à l'Académie française, en 1759, il attaqua maladroitement, dans son discours de réception, les philosophes aux suffrages desquels il devait son élection: une conspiration générale s'ourdit contre lui; on attaqua non pas seulement l'écrivain, mais l'homme et le chrétien. Le Franc n'osant plus se présenter nulle part abandonna Paris, et tomba dans une noire mélancolie, puis dans un état complet de folie. Dans quelques unes de ses odes et de ses poésies sacrées, on trouve de l'élévation, une hardiesse souvent poétique, et cette chaleur qui manque dans toutes ses autres compositions. Il mourut à Montauban le 1er novembre 1784. LA MORT DE J.-B. ROUSSEAU. Quand le premier chantre du monde Où l'Ebre, effrayée dans son onde, La France a perdu son Orphée; Elevez le pompeux trophée Que vous demande son cercueil; D'un jour marqué par vos regrets. Ainsi, le tombeau de Virgile Est couvert du laurier fertile Qui par vos soins ne meurt jamais. D'une brillante et triste vie, La mort termine ses revers. D'où ses maux ont-ils pris leur source? Le Nil a vu sur ses rivages Favoris, élèves dociles De ce ministre d'Apollon, Vous à qui ses conseils utiles (Odes.) SAINT-LAMBERT. SAINT-LAMBERT (CHARLES-FRANÇOIS, marquis de) naquit à Vézelise (Lorraine,) on 1717. Il dut à l'amitié et au patronage de Voltaire une grande partie de la réputation qu'il eut de son vivant; mais la postérité, toujours équitable, n'a pas confirmé les jugements, ou plutôt les éloges de Voltaire. Le poème des Saisons, composition médiocre dans son ensemble, renferme quelques épisodes écrits avec correction et élégance; mais on ne trouve nulle part la trace du poète; rien n'y est écrit d'inspiration; c'est une œuvre froide, morne, inanimée, qu'on a trop louée autrefois, qu'on loue encore trop aujourd'hui, et qu'on finira par ne plus louer du tout. Des poésies légères qui ne manquent ni de charme ni d'harmonie, et des Fables orientales imitées de Saadi, tels sont les titres littéraires de ce poète. Saint-Lambert entra à l'Académie en 1770, et mourut à Paris le 11 février 1803. DÉSILLUSION. J'espérais autrefois : espérer c'est jouir. Ce qu'il m'enlève en espérances. Je perds tous les objets qu'il ôte à mes désirs; Je crains l'instant où je dois être. '(Poésies diverses.) DESMAHIS. DESMAHIS (JOSEPH-FRANÇOIS-EDOUARD DE CORSEMBLEU) naquit à Sully-sur-Loire le 3 février 1722. Il débuta sous les auspices de Voltaire par des poésies légères remarquables par la facilité, la grâce et l'élégance Il donna ensuite au théâtre l'Impertinent, petite comédie remplie de détails agréables et dialoguée avec autant d'esprit que de naturel. Le brillant succès qu'elle obtint engagea l'auteur à travailler pour la scène; mais une mort prématurée l'enleva ses travaux avant qu'il eût achevé une comédie intitulée l'Honnête homme, dont on a publié les principaux fragments. On doit à Desmahis le Triomphe du sentiment, et la Veuve coquette, comédies qui n'ont point été représentées. Il a fourni à l'Encyclopédie plusieurs articles fort spirituellement écrits. Desmahis mourut à Paris le 25 février 1761. LA SEMAINE D'UN MARQUIS. J'eus dimanche un billet pour souper chez Mouthier Lundi, jour malheureux, un maudit créancier, Sous prétexte qu'il doit lui-même et qu'on le presse, Tout le monde était pour, et moi je fus contre elle. Et l'admiration est le style des sots. Jeudi, j'eus de l'humeur, je me boudai moi-même. (L'Impertinent, sc. 3.) LEBRUN. LEBRUN (PONCE-DENIS ECOUCHARD) naquit à Paris en 1729. Ses dispositions poétiques se révélèrent de très bonne heure, et ses premières odes furent accueillies du public avec une faveur marquée. Le prince de Conti se l'attacha en qualité de secrétaire de ses commandements; mais ce qui fut plus heureux pour Lebrun, c'est l'intérêt qu'il inspira à Louis Racine, qui ne lui épargna ni les avis ni les encouragements. A vingt-six ans il s'était déjà placé au premier rang parmi nos poètes lyriques. Des malheurs domestiques le forcèrent d'abandonner le poème de la Nature et celui des Veilles du Parnasse auxquels il travaillait depuis long-temps. Les fragments remarquables qu'on en a conservés font regretter vivement qu'il ait laissé ces ouvrages inachevés. Les injustes attaques de Fréron ont obligé ce poète de recourir à l'épigramme, et, comme J.-B. Rousseau, il excella dans ce genre difficile. Lebrun, qui était entré un des premiers à l'Institut, lors de sa formation, mourut à Paris le 2 septembre 1807. A BUFFON, CONTRE SES DÉTRACTEURS. Buffon, laisse gronder l'envie; Pensais-tu donc que le génie |