Les forêts

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Hachette, 1884 - Forests and forestry - 310 pages
 

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Popular passages

Page 294 - Que pensezvous donc que ce soit que la couleur des arbres depuis huit jours ? Répondez. Vous allez dire : « Du vert. » Point du tout, c'est du rouge. Ce sont de petits boutons, tout prêts à partir, qui font un vrai rouge; et puis ils poussent tous une petite feuille; et comme c'eSt inégalement, cela fait un mélange trop joli de vert et de rouge. Nous couvons tout cela des yeux; nous parions de grosses sommes — mais c'est...
Page 294 - Je suis venue ici achever les beaux jours, et dire adieu aux feuilles ; elles sont encore toutes aux arbres , elles n'ont fait que changer de couleur : au lieu d'être vertes elles sont aurore , et de tant de sortes d'aurore , que cela compose un brocard d'or riche et magnifique, que nous voulons trouver plus beau que du vert, quand ce ne serait que pour changer.
Page 296 - Bientôt de la surface de la terre j'élevais mes idées à tous les êtres de la nature, au système universel des choses, à l'être incompréhensible qui embrasse tout. Alors, l'esprit perdu dans cette immensité je ne pensais pas, je ne raisonnais pas, je ne philosophais pas...
Page 296 - En me levant avant le soleil pour aller voir, contempler son lever dans mon jardin , quand je voyais commencer une belle journée, mon premier souhait était que ni lettres, ni visites, n'en vinssent troubler le charme. Après avoir donné la matinée à divers soins que je remplissais tous avec plaisir, parce que je pouvais les remettre à un autre temps, je me hâtais de dîner pour échapper aux importuns et me ménager un plus long après-midi.
Page 296 - Achate, pressant le pas dans la crainte que quelqu'un ne vînt s'emparer de moi avant que j'eusse pu m'esquiver; mais, quand une fois j'avais pu doubler un certain coin, avec quel battement de cœur, avec quel pétillement de joie je commençais à respirer en me sentant sauvé, en me disant: «Me voilà maître de moi pour le reste de ce jour!
Page 295 - Ce ne sont point les plaisirs de ma jeunesse, ils furent trop rares, trop mêlés d'amertume, et sont déjà trop loin de moi. Ce sont ceux de ma retraite, ce sont mes promenades solitaires, ce sont ces jours rapides, mais délicieux, que j'ai passés tout entiers avec moi seul, avec ma bonne et simple gouvernante...
Page 296 - L'or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon cœur; la majesté des arbres qui me couvraient de leur ombre, la délicatesse des arbustes qui m'environnaient, l'étonnante variété des herbes et des fleurs que je foulais sous mes pieds tenaient mon esprit dans une alternative continuelle d'observation et d'admiration...
Page 297 - Alors, l'esprit perdu dans cette immensité, je ne pensais pas, je ne raisonnais pas, je ne philosophais pas ; je me sentais, avec une sorte de volupté, accablé du poids de cet univers, je me livrais avec ravissement à la confusion de ces grandes idées, j'aimais à me perdre en imagination dans l'espace, mon cœur resserré dans les bornes des êtres s'y trouvait trop à l'étroit ; j'étouffais dans l'univers, j'aurais voulu m'élancer dans l'infmi.
Page 296 - Ce sont ceux de ma retraite; ce sont mes promenades solitaires, ce sont ces jours rapides, mais délicieux, que j'ai passés tout entiers avec moi seul, avec ma bonne et simple gouvernante, avec mon chien bien-aimé, ma vieille chatte, avec les oiseaux de la campagne et les biches de la forêt, avec la nature entière et son inconcevable auteur.
Page 287 - L'ombrage sur les monts recule chaque jour; Rien ne nous restera des asiles mystiques Où l'âme va cueillir la pensée et l'amour. Prends ton vol , ô mon cœur ! la terre n'a plus d'ombres Et les oiseaux du ciel , les rêves infinis, Les blanches visions qui cherchent les lieux sombres, Bientôt n'auront plus d'arbre où déposer leurs nids. La terre se dépouille et perd ses sanctuaires; On chasse des vallons ses hôtes merveilleux. Les dieux aimaient des bois les temples séculaires, La hache...

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