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ils attaquent sa puissance morale, persuadés que celleci est la racine de celle-là. Ils se précipitent par-delà le gallicanisme et le déisme lui-même, jusque dans le matérialisme, d'où ils font une rude guerre non seulement à la religion chrétienne, mais encore à la religion naturelle et à la morale, qui en sont le fond et la substance. L'ultramontanisme fausse donc notre situation intérieure, puisque, sans le vouloir et par la force des choses, il nous divise et nous démoralise. Il fait plus, il fausse notre politique extérieure elle-même. Habitués à confondre le catholicisme avec la contre-révolution, nous prenons parti contre lui, quand il rencontre quelque ennemi soit en Europe, soit dans le reste du monde, sans songer que nous sommes, malgré tout, un peuple catholique et que le plus souvent, à l'étranger, les intérêts catholiques et les nôtres se confondent. Il faut donc espérer que le clergé français, qui a des sentiments si élevés et un patriotisme si sincère, renoncera, dans la mesure du possible, à l'ultramontanisme dans le sens où nous l'entendons, après avoir renoncé au traditionalisme, puisque aussi bien l'un n'est que la consé quence de l'autre. Il fera ainsi tomber ces doctrines matérialistes qui n'ont, chez beaucoup, d'autre raison d'être que le désir de lui être désagréable, à cause de la prétention qu'on lui suppose de former un État dans l'État.

On connaît maintenant l'histoire du socialisme et du traditionalisme, deux doctrines aussi peu favorables l'une que l'autre à la liberté scientifique et à la liberté politique, et qui tendent toutes deux à remplacer la vo-lonté et la raison par l'instinct et l'habitude dans le gouvernement de l'homme et des sociétés humaines.

Il ne nous reste plus, pour achever l'histoire de la philosophie en France au XIXe siècle, qu'à exposer la doctrine rationaliste et libérale, qui reconnaît à l'être humain cette volonté ou faculté de l'effort par laquelle il s'arrache, suivant l'expression d'Aristote, à la coutume et à la nature, pour jouer un rôle à part sur la scène de l'univers et devenir une véritable personne, et cette raison par laquelle il saisit, non seulement l'absolu du connaître et celui de l'être, mais encore l'absolu du devoir et celui du droit, et s'attache à les réaliser, soit dans la vie privée, soit dans la vie publique. Nous sommes plus sympathique à cette doctrine qu'aux deux précédentes, parce qu'elle implique non seulement ces croyances spiritualistes et morales avec lesquelles, pour redire le mot d'un philosophe contemporain, il faut vivre et mourir, mais encore cette indépendance de la science et de l'État, qui est l'essence même de la société nouvelle. Cependant nous la jugerons avec une complète impartialité et ne dissimulerons pas plus ses défauts que ses mérites, quand nous étudierons ses divers représentants, Maine de Biran, Ampère, Royer-Collard, Victor Cousin, Théodore Jouffroy, Charles de Rémusat et d'autres encore, comme nous nous proposons de le faire dans notre prochain volume 1.

1 Après ce troisième volume, qui sera consacré au spiritualisme indépendant et au rationalisme libéral, nous en publierons un quatrième, sous le titre de Philosophie contemporaine, où seront étudiés concurremment les penseurs les plus récents des diverses écoles.

FIN

PRÉFACE.

TABLE DES MATIÈRES

1-V

CHAPITRE PREMIER

J. DE MAISTRE

I. Vie de Joseph de Maistre. - Théorie des institutions po

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V. La guerre et les sacrifices sanglants.

VI. La réversibilité.

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VII. Polémique contre Locke. - Idées innées.

VIII. Polémique contre Bacon.

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V. L'homme, la cause première, les causes finales.

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