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A tes yeux jauniront encore,

Mais c'est pour la dernière fois.

MILLEVOYE.

2o Quand on annonce une énumération, une explication, une citation qui va suivre :

Voilà le coucou qui chante: c'est le mois de mars; voilà le merle qui siffle: c'est le mois d'avril; voilà le rossignol : c'est le mois de mai. LAMARTINE.

385. On se sert du point d'interrogation après les phrases interrogatives.

A qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers?
Pour qui ces torches qu'on excite?

C. DELAVIGNE.

Le point d'interrogation se met à la fin de la phrase interrogative:

Pourquoi vous appelez-vous Tarare, écuyer? Parce que ce n'est pas mon nom. - - Et comment cela? dit le calife. — C'est que j'ai quitté mon nom pour prendre celui-ci. Ainsi je m'appelle Tarare quoique ce ne soit pas mon nom. Il n'y a rien de plus HAMILTON.

clair, dit le calife.

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386.-Le point d'exclamation se place après les phrases exclamatives, les interjections, après le nom ou le pronom qui sert à désigner une personne ou une chose à laquelle on s'adresse, quand on veut donner à cette appellation, à cette apostrophe, une certaine solennité.

Ah! pleure, fille infortunée!

Ta jeunesse va se flétrir

Dans sa fleur trop tôt moissonnée !

Adieu, beau ciel! il faut mourir !

O rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie !

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie!

C. DELAVIGNE:

CORNEILLE.

Le point d'interrogation et le point d'exclamation s'emploient encore après certaines locutions où l'interrogation et l'exclamation sont moins prononcées :

Il faut en revenir à la Providence ; et le moyen de vivre sans cette divine doctrine? Mme DE SÉVIGNÉ.

On sous-entend: Le connaissez-vous?

Aussi, dès qu'on m'a vu: « Le voilà!» Tous accourent.
Ils quittent jeux, cerceaux et balles ; ils m'entourent
Avec leurs beaux grands yeux d'enfants, sans peur, sans fiel.
Qui semblent toujours bleus, tant on y voit du ciel! V. HUGO.

387. On emploie les lettres capitales:

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1o après un point :

Une salle immense. Un des murs occupé par les cuivres, l'autre par les faïences.

2o Au commencement de tous les noms propres :

Molière, La Fontaine et Boileau étaient amis, et se réunissaient souvent à Auteuil.

On écrit: du vin de Bordeaux, du vin de Madère, et sans capitales du bordeaux, du madère; et ainsi des autres mots indiquant la provenance, qui deviennent noms communs.

· à moins

3o Au commencement des noms de nations, que ces mots ne soient employés comme adjectifs :

Au moment où les Romains conquirent le monde, la plus grande partie du peuple romain ne vivait que d'aumônes. 4o Au commencement des paroles que l'on rapporte Le lion tint conseil et dit: Mes chers amis,

Je crois que le ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune.

:

LA FONTAINE.

5° Au commencement de chaque vers, que le sens soit

terminé ou non :

Bien entendu d'ailleurs que le but du voyage,

A. DE MUSSET:

Est de prendre les eaux.... 388.-Mais on ne met une lettre capitale après un point d'interrogation ou un point d'exclamation, que lorsque le sens est fini1 :

1. Les Espagnols emploient ces deux signes d'une manière heureuse. Au moment où commence une phrase interrogative ou exclamative, ils placent un signe renversé, de sorte que le lecteur est averti du ton qu'il doit prendre. Voici une phrase qui sera lue tout différemment si l'on sait d'avance qu'elle est exclamative, ou si on l'ignore:

« Je pourrais consentir à rentrer dans une maison qui me rappelle tant de souvenirs douloureux, où j'ai perdu les objets de mes plus douces affections ! » Les Espagnols annonceraient ainsi l'exclamation:

¡Je pourrais consentir, etc.

Qui va là? Hé! ma peur à chaque pas s'accroît !...

Ah! quel succès! ô dieux! Qui l'eût pu jamais croire ! MOLIÈRE. 389.- La parenthèse () sert à isoler un mot, une petite phrase que l'on intercale dans une grande :

Jacqueau (c'était son nom), sur la corde élastique,

Sautait et voltigeait au mieux.

FLORIAN.

On la remplace quelquefois par deux tirets (— —) :

Jacqueau, c'était son nom,

sur la corde élastique, etc.

On emploie encore les tirets pour séparer les parties d'un dialogue:

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Il est vert. Il est jaune.
- Il est rouge, morbleu !
Interrompt chacun avec feu.

FLORIAN.

390.-Les guillemets («») servent à encadrer soit une citation prise dans un livre, soit des paroles que l'on reproduit.

<< Comment trouverai-je le courage de supporter les chagrins qui me poursuivent?» demandait-on à un philosophe ancien. regardant les chagrins des autres,» répondit-il.

« En

Les guillemets peuvent se placer, à volonté, soit à toutes les lignes, soit seulement au commencement et à la fin de la citation. Chaque alinéa de la citation doit recevoir les guillemets.

QUESTIONNAIRE. Qu'est-ce qu'un alinéa?

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Dans quel cas fait-on un point-et-virgule? ·

Quel est l'usage du point-et-virgule et de la virgule lorsqu'on les emploie tour à tour dans la même phrase?

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Quels sont les autres

cas où l'on emploie la virgule ?- Quand se sert-on des deux points? du point interrogatif? du point d'exclamation? Dans quel cas emploie-t-on les lettres capitales? — Faut-il une lettre capitale après un point d'interrogation ou d'exclamation? — Quand emploie-ton la parenthèse ? — les tirets? - les guillemets?

Exercice. Ponctuez le morceau suivant.

TRAVAUX DES CASTORS.

Ils se réunissent deux ou trois cents au bord des eaux Si ce sont des eaux plates et qui se soutiennent à la même hauteur comme dans un lac ils se dispensent d'y construire une digue Mais dans

les eaux courantes et qui sont sujettes à hausser ou baisser comme sur les ruisseaux les rivières ils établissent une chaussée qui soutient l'eau toujours à la même hauteur L'endroit où ils établissent leur digue est ordinairement peu profond s'il se trouve sur le bord un gros arbre qui puisse tomber dans l'eau ils commencent par l'abattre pour en faire la pièce principale de leur construction Cet arbre est souvent plus gros que le corps d'un homme ils le scient ils le rongent au pied et sans autre instrument que leurs quatre dents incisives ils le coupent en assez peu de temps et le font tomber du côté qu'il leur plaît c'est-à-dire en travers sur la rivière ensuite ils coupent les branches de la cime de cet arbre tombé pour le mettre de niveau et le faire porter partout également D'autres parcourent en même temps les bords de la rivière et coupent de moindres arbres les uns gros comme la jambe les autres comme la cuisse ils les dépècent et les scient à une certaine hauteur pour en faire des pieux ils amènent ces pièces de bois jusqu'au lieu de leur construction ils en font une espèce de pilotis serré qu'ils enfoncent encore en entrelaçant des branches entre les pieux A mesure que les uns plantent ainsi leurs pieux les autres vont chercher de la terre qu'ils gâchent avec leurs pieds et battent avec leur queue ils la portent dans leur gueule et avec les pieds de devant et ils en transportent une si grande quantité qu'ils en remplissent tous les intervalles de leur pilotis.

C'est dans l'eau et près de leurs habitations qu'ils établissent leurs magasins chaque cabane a le sien proportionné au nombre de ses habitants qui tous y ont un droit commun et ne vont jamais piller leurs voisins On a vu des bourgades composées de vingt ou de vingt-cinq cabanes dont les plus petites contiennent deux quatre six et les plus grandes dix-huit vingt et même dit-on jusqu'à trente castors Mais quelque nombreuse que soit cette société la paix s'y maintient sans altération le travail commun a resserré leur union les commodités qu'ils se sont procurées l'abondance des vivres qu'ils amassent et consomment ensemble servent à l'entretenir des appétits modérés des goûts simples de l'aversion pour la chair et le sang leur ôtent jusqu'à l'idée de la rapine et de guerre ils jouissent de tous les biens

que l'homme ne sait que désirer Amis entre eux s'ils ont quelques ennemis au dehors ils savent les éviter ils s'avertissent en frappant avec leur queue sur l'eau un coup qui retentit au loin dans toutes les voutes des habitations chacun prend son parti ou de plonger dans le lac ou de se recéler dans leurs murs qui ne craignent que le feu du ciel ou le fer de l'homme et qu'aucun animal n'ose entreprendre d'ouvrir ou renverser Ces asiles sont non-seulement très-sûrs mais encore très-propres et très-commodes le plancher est jonché de verdure des rameaux de buis et de sapin leur servent de tapis sur lequel ils ne souffrent jamais aucune ordure La fenêtre qui regarde sur l'eau leur sert de balcon pour se tenir au frais et prendre le bain pendant la plus grande partie du jour BUFFON.

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