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de François en Latin, l'Art de l'Eloquence, l'Etude de l'Hiftoire, les diverfes parties de la Philofophie, &c. Combien d'excellens Livres n'a-t-on pas faits pour leur apprendre ces diverfes connoiffances! Que de secours ne leur a-t-on pas fournis dans tous les genres pour rendre leurs Etudes les plus fructueufes qu'il eft poffible! en forte qu'on peut regarder cette partie de Citoyens comme la plus favorifée de la nature.

Mais enfin n'eft-il pas jufte de jetter les yeux fur une autre claffe de Sujets, c'est-àdire, de ceux qui ne font pas destinés à faire le Cours ordinaire des Etudes, ou qui ne paffent au College que deux ou trois ans? Tels font la plupart des Enfans nés de parens dont les facultés ne leur permettent pas de foutenir la dépenfe qu'entraîne un Cours d'Etudes de près de dix ans.

Dans cette impuiffance, les Peres n'ont d'autre reffource que de faire embraffer à leurs Enfans quelqu'une des Profeffions pour lesquelles le Latin n'eft point néceffaire, telles que le Commerce, les Arts Méchaniques, ou autres. Dans ces derniers même, il y en a qui portent avec raifon le nom de Beaux-Arts: tels que l'Architecture, la Peinture, la Sculpture, Profeffions qui ont mérité l'eftime des hommes, & dans lesquelles ceux qui y ont excellé,

ont été décorés des marques d'honneur. Qu'on faffe attention maintenant au nombre prodigieux de jeunes Sujets que ces divers Etats comprennent : car ce font non-feulement les Enfans des Artisans, mais encore ceux qui étant au-deffus du Peuple, compofent la claffe des gens de Commerce, des Artiftes, & ce qu'on appelle la petite Bourgeoisie.

Il paroît étonnant, que tandis qu'on a procuré tant de fecours aux Sujets de la premiere claffe, par tant de méthodes & par tant de bons Ouvrages deftinés à perfectionner leurs Etudes, on n'ait encore rien fait pour l'inftruction des Sujets qui compofent cette derniere, comme s'il n'y avoit rien à leur apprendre qu'à favoir lire & écrire. Il est cependant très-certain qu'il y a un grand nombre de connoiffances qu'on pourroit leur donner depuis l'âge de dix ans jufqu'à quinze ou feize, tems à-peu-près où ils embraffent une Profeffion quelconque. Pourquoi ne travailleroit-on pas à former leurs mœurs, à tirer parti de leur raison ; car ce font des êtres penfans & doués des mêmes organes? Ne pourroit-on pas orner leur efprit en meublant leur mémoire de bonnes maximes, travailler à fubjuguer leurs préjugés, à foumettre leurs foibles lumieres à l'empire de la raison? Il y a deux moyens

pour cela; la Religion & la Raifon : on ne doit jamais féparer ces deux chofes. On doit leur faire trouver dans la Religion des motifs capables d'exciter leur obéiffance, de leur faire goûter la vertu, leur donner de l'horreur du vice; leur faire comprendre qu'indépendamment de l'autre vie, où ils feront récompenfés pour avoir vécu dans la fageffe, & punis éternellement s'ils ont vécu dans le crime, leur bien-être en cette vie dépend de la bonne conduite qu'ils y tiendront; qu'enfin il n'y a de vrai bonheur qu'à bien remplir fon devoir. Voilà ce que les difcours de ceux qui les élevent doivent leur mettre à tous momens fous les yeux:

Eft-il convenable de laiffer tous ces Sujets dans l'ignorance des principes de la Religion, & ne doit-on pas leur apprendre quelque chofe de plus que le petit Catéchifme qu'ils oublient même auffi-tôt qu'ils font fortis des Ecoles? Ne convient-il pas de les inftruire fur cette matiere, de leur montrer fur quels fondemens la Religion eft pofée, fon origine, fes progrès? Pourquoi ne pas cultiver encore leur esprit par un grand nombre de connoiffances qu'on peut leur donner fur une infinité de chofes qu'ils font en état de comprendre? Ces réflexions nous ont fait naître l'idée de ce petit Ouvrage.

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On petit le divifer en deux Parties. La premiere contient des inftructions propres aux jeunes garçons depuis l'âge d'environ douze à treize ans, jufqu'à quinze. C'est le tems où ils font entre les mains de ceux qui font chargés de les inftruire, ou dans les Ecoles publiques, ou chez les Maîtres à écrire. Elle compofe en abrégé ce qu'on peut appeller la science de la Religion. On y expofe d'abord les preuves de l'existence de Dieu & de fes divins attributs, celle de Pimmortalité de l'Ame: le tout par des raifonnemens proportionnés à leur âge. On y trace le tableau de la Doctrine de l'Evangile, c'eft-à-dire des inftructions de notre divin Sauveur & de fes Apôtres. On fuppose, avec raison, que dans le même tems les Maîtres leur font rendre compte des Hiftoires de l'Ancien & du Nouveau Teftament recueillies dans un excellent Livre qu'on met entre leurs mains & compofé

pour eux.

Enfuite, & par forme d'amufement, on leur donne une idée de la Nature on de l'Univers; c'est-à-dire, qu'on leur explique ce que c'eft que le Ciel matériel & les corps céleftes qui frappent leurs yeux ; le cours du Soleil & de la Lune; comment se forment le jour & la nuit ; les différentes parties de la Terre que nous habitons, & les diffé

rens Etats répandus fur notre Globe ; ce qui forme comme un petit Traité de Géographie.

Ces inftructions ne font pas au-deffus de la portée des Sujets de cet âge, comme on pourroit fe l'imaginer. Tout ce qui entre par leurs fens, tout ce qu'ils peuvent pour ainfi dire toucher, leur fait une vive impreffion. Un Globe terreftre qui représente les deux hémispheres, une Carte de l'Europe, fuffifent pour cela.

Nous avons paffé delà aux Regles générales de l'Orthographe. Elles font d'autant plus de faison, que c'est le tems où ces jeunes Sujets apprennent à écrire.

La feconde Partie de cet Ouvrage con tient des inftructions deftinées pour des Jeunes Gens depuis l'âge d'environ quinze à feize ans, jufqu'à près de vingt: 1°. pour. tous ceux qui ont de l'inclination à s'inftruire eux-mêmes; 2°. pour ceux dont les Parens, qui ont des fentimens, veulent en infpirer à leurs Enfans; & ils pourront y réuffir, en leur faifant lire de tems en tems, tantôt un article, tantôt un autre ; en y ajoutant quelques réflexions de leur propre fonds, & en les excitant à développer euxmêmes ce qu'ils penfent fur ce fujet. Toute cette Partie qui raffemble un affez grand nombre de maximes & de réflexions, forme,

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