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rection a été portée au plus haut degré de certitude & d'évidence.

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6°. Les peuples & les rois de la terre devoient quitter leurs fauffes Divinités par la prédication du Meffie & recevoir fon Evangile : le corps des Gentils devoit le reconnoître. Or la prédication de l'Evangile a converti les nations entieres, & l'établissement de la Religion Chrétienne dans les diverfes parties de la terre eft la preuve même de ce fait.

7°. Le corps de la nation Juive, à l'exception d'un petit nombre, devoit méconnoître le Meffie & le rejetter, & c'eft ce qui eft arrivé à JefusChrift. Enfin les Juifs devoient être difperfés par toute la terre, & leur retour eft marqué à la fin du monde par les Prophetes en effet, ils font difperfés.

Jefus-Chrift eft Dieu & homme tout enfemble: c'est ce que les Prophetes avoient prédit du Meffie; car ils l'appellent Fils de Dieu ou fimplement Dieu à caufe de fa nature divine, & fils de David à cause de fa nature humaine. Les faintes Ecritures atteftent la Divinité de Jefus-Chrift en une infinité d'endroits. D'ailleurs, les circonftances de fa vie ont fait éclater fa Divinité. A peine eft-il né, que les Anges font retentir dans les airs des cantiques d'allégreffe. Une étoile conduit à fon berceau des Mages du fond de l'Orient. Un jufte (le vieillard Siméon ) & une fainte femme (Anne la Prophéteffe) annoncent fa grandeur future, & le regardent comme la lumiere, des nations infidelles. Les Docteurs des Juifs étant affemblés voyent avec étonnement

étonnement fon enfance plus éclairée que la fageffe des vieillards: Jean-Baptifte s'abaiffe devant lui; le Ciel s'ouvre fur la tête après fon. baptême, & une voix intelligible déclare que c'eft-là le Fils bien-aimé. Sur le Thabor, où il laiffe échapper un rayon de sa gloire, le Pere célefte le nomme fon fils & l'objet de ses complaifances.

La Divinité de Jefus-Chrift fe prouve encore par fes œuvres. En effet, on voit par le fimple récit des Evangéliftes, que Jefus-Chrift opéroit les prodiges avec une facilité toute-puissante, & qui portoit les caracteres de la Divinité; que la connoiffance de l'avenir n'avoit rien qui le furprît, tant elle lui étoit naturelle.

2o. Par la fainteté de fa vie : car plus on obferve toute fa conduite, plus on le trouve exempt de toutes les foibleffes inféparables de l'humanité. S'il parle, ce n'eft que le langage du Ciel; s'il répond, fes réponses font toujours utiles au falut de ceux qui l'interrogent. On ne voit en lui qu'amour pour la verru, mépris fincere pour le monde, charité infinie pour les hommes.

3o. Par l'excellence de fa Doctrine où tout eft fublime : c'est dans cette feule Doctrine qu'on apprend que la gloire eft une illufion; la profpérité, l'état le plus rempli de périls; les afflictions, la voie au bonheur éternel, & la terre, un exil.

4°. Par les vérités qu'il nous a révélées de lui-même, & d'après lefquelles on doit conclure qu'il eft Dieu, parce qu'un homme faint,

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& tel que fa vie le témoignoit, ne fauroit être en même-tems impie en s'égalant à la Divinité, & ne peut tenir des difcours propres à jetter les hommes dans l'erreur & dans l'idolâtrie. Or fi Jefus-Chrift n'étoit pas le Fils de Dieu, fa Doctrine feroit remplie de blafphêmes car il dit qu'il eft le Fils de Dieu, & il ne ceffe de se faire égal à fon Pere: il dit qu'il est descendu du Ciel & forti du fein de Dieu: par-tout il s'attribue les caracteres propres de la Divinité. En vain les Juifs fe fcandalifent de fes expreffions, il les confirine dans leur fcandale & répete les mêmes expreffions. Ainfi, s'il n'étoit qu'un pur homme, il ne feroit venu fur la terre que pour féduire les peuples & les jetter dans l'idolâtrie car il s'eft propofé aux hommes comme l'objet de leur amour & de leur culte :c'est le but de fa Doctrine; il nous ordonne de l'aimer, comme il nous ordonne d'aimer fon Pere il veut que nous rapportions toutes nos actions, nos pensées, nos defirs à fa gloire, comme à celle de fon Pere: il veut que nous l'aimions plus que nos proches, que nos amis, que nos biens, que le monde entier, que nousmêmes; qu'on foit prêt à lui facrifier fa propre vie; qu'autrement on n'eft pas digne d'être fon disciple: mais s'il n'étoit pas Dieu, cette doctrine feroit impie & infensée. Or on doit conclure delà, que puifqu'il eft évident que JesusChrist a été un homme faint, il s'enfuit qu'il eft Dieu, puifqu'il s'eft dit être le Fils de Dieu, & Dieu lui-même.

5o. Par fes miracles, lefquels font rapportés

par les Evangéliftes, & dans lefquels il a fait connoître fa Divinité, & par l'accompliffement de fes promeffes & de fes prédictions. Or fi JesusChrift n'étoit pas Dieu, la qualité de Prophete ne lui appartiendroit pas, parce qu'il répugne à la fageffe de Dieu d'accorder le don de prophétie & des miracles à un homme qui ofoit fe dire le Fils de Dieu *.

DE LA DOCTRINE DE JESUS-CHRIST.

LA Doctrine de Jefus-Chrift contient les regles de l'Evangile, répandues dans les quatre Evangéliftes: & c'eft fur cette Doctrine que les Chrétiens feront jugés. On doit comprendre par-là de quelle importance il eft que les Chrétiens en foient bien inftruits: car elle enfeigne tout

* Nota. Nous n'avons pas cru devoir mettre dans cet Ouvrage tout ce qui regarde la vie de Notre-Seigneur JesusChrist, c'est-à-dire les prédictions des Prophetes touchant la venue du Meffie, l'incarnation de ce Fils de Dieu, fa naiflance, les circonftances de fa vie, fes miracles, fa paffion, fa mort, fa résurrection, fon afcenfion au Ciel, la formation de l'Eglife, &c. parce que ce font autant d'articles du Symbole ou du Credo, & qui ont été expliqués aux enfans dans les Catéchifmes & dans les livres à leur úfage qu'on leur a fair apprendre dans les Ecoles, tels que les Hiftoires choifies de l'Ancien & du Nouveau Teftament; ç'auroit été remettre fous leurs yeux ce qu'ils font cenfés favoir. Mais nous nous fommes bornés à leur faire bien connoître la Doctrine de l'Evangile, c'est-à-dire celle de Jefus-Chrift & de fes Apôtres, ce qui comprend toute la Doctrine Chrétienne; genre d'inftruction dont on n'a pas encore formé un tout fuivi ou du moins proportioné pour l'étendue, à leur âge car, c'est par la réunion de tous ces préceptes pars dans les Livres faints qu'ils pourront être parfaitement inftruits de leur Religion & des obligations des Chrétiens.

Jean, 7,

16.

25.

ce qui eft néceffaire au falut. Jesus-Chrift parlant de cette Doctrine difoit : Ma Doctrine n'eft. pas ma Doctrine, mais la Doctrine de celui qui m'a envoyé. Il difoit que Dieu eft efprit, qu'il faut l'adorer en efprit & en vérité : qu'en Dieu il y a un Pere, un Fils, un Saint-Efprit; que ces trois perfonnes ne font qu'un feul & même Dieu.

Il difoit de lui-même qu'il étoit le Meffie envoyé de Dieu : car la Samaritaine lui ayant dit ; Jean, 4, Je fais que le Meffie doit venir, il lui dit : C'est moi-même qui vous parle ; qu'il étoit le Fils unique du Pere; qu'il venoit non pour juger, mais pour fauver le monde : que le Saint-Esprit étoit l'Efprit Confolateur, l'Esprit de vérité. Il Jean, 14, prendra, ajoutoit-il, de ce qui eft à moi pour enfeigner toute vérité; paroles qui marquent que le Saint-Esprit procede également du Fils comme du Pere, De plus, il ordonna à ses Apôtres de Matth. baptifer toutes les nations au nom du Pere, dụ 28, 19. Fils & du S, Efprit, ce qui montre que ces trois Perfonnes font égales, puifqu'il ordonne que toutes les nations foient confacrées à Dieu par le Baptême au nom de ces trois Perfonnes.

26.

Appliquons notre efprit à cette fainte Doctrine, fur laquelle nous devons régler notre conMare, duite. Jefus - Chrift difoit, qu'il falloit aimer 12, 30. Dieu de tout notre coeur, de toute notre ame, Matth. de tout notre esprit & de toutes nos forces que c'étoit-là le plus grand & le premier Commandement : il recommandoit de craindre Dieu 10, 28. uniquement. Ne craignez point, disoit-il, ceux qui tuent le corps, & qui ne peuvent tuer l'ame;

22, 37.

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