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sous la conduite d'un de ses lieutenans (1), et les envoya du haut d'une montagne fondre sur la queue des ennemis, ce qui leur fit perdre courage, et le rendit victorieux.

Minutius Rufus prêt à combattre une grande multitude de Barbares (2), donna ordre à son frère, lorsqu'il le verroit attaché au combat, de se montrer tout-à-coup d'un autre côté avec quelque cavalerie, et de faire sonner toutes ses trompettes; ce qui ayant été exécuté, le son qui retentissoit dans les collines, fit croire que c'étoit un grand secours qui arrivoit aux Romains, si bien que les ennemis prirent la fuite.

Attilius Glabrion attaquant Antiochus au détroit des Thermopyles, eût été repoussé avec perte, à cause du désavantage du lieu, s'il n'eût envoyé Porcius Caton avec une partie de ses gens chasser les Etoliens d'une montagne voisine d'où se montrant à dos aux ennemis, ils s'étonnèrent de se voir attaqués des deux côtés, et prirent la fuite.

Caius Sulpitius Pétréius fit presque la même chose contre les Gaulois (3); et Marius à la guerre des Cimbres envoya les valets se cacher derrière une montagne dès la nuit, et leur donna quelques gens de guerre, et un bon capitaine pour les commander.

Athéas, roi des Scythes, combattant contre les Triballiens, qui le surpassoient en nombre, (4) envoya de même les femmes et les enfans,

(1) Scipion.

(2) Daces et Scordisques.

(3) Ces trois exemples sont ramenés ici de plus bas. (4) La raison de cela est que tout ce qui survient d'im prévu, étonne, quelque foible qu'il soit.

ferre famam deinde diffudit, tamquam auxilia sibi ab ulterioribus Scythis adventarent : qua asseveratione avertit hostem.

De insidiis.

ALEXANDER ex Epirotis adversus Illyrios collocata in insidiis manu, quosdam ex suis habitu Illyriorum instruxit, et jussit vas. tare suam (id est, Epiroticam) regionem : quod cùm Illyrii viderent fieri, ipsi passim prædari cœperunt, eò securiùs, quòd præcedentes veluti pro exploratoribus habebant, à quibus ex industria in loca iniqua deducti, cæsi fugatique sunt.

Leptenes quoque Syracusanus adversus Carthaginienses vastari suos agros, et incendi villas castellaque quædam imperavit. Carthaginienses à suis id fieri rati, et ipsi tanquam in adjutorium exierunt, exceptique ab insidiatoribus fusi sunt.

Maharbal, missus à Carthaginiensibus adversus Afros rebellantes, cùm sciret gentem avidam esse vini, magnum ejus modium mandragorâ permiscuit, cujus inter venenum ac soporem media vis est; tunc prælio levi commisso, ex industria cessit nocte deinde intempestâ, relictis intra castra quibusdam sarcinis, et omni vino infecto, fugam simulavit : cùmque Barbari occupatis castris, in gaudium effusi, medicatum avidè merum hausissent, et in modum defunctorum strati jacerent, reversus cepit eos, ac trucidavit.

(1) avec tout le bagage, paroître à la queue des ennemis, après avoir fait publier qu'il lui venoit du renfort; ce qui lui donna la victoire.

Des embûches.

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ALEXANDRE, Roi d'Épire faisant la guerre contre les Illyriens, équipa une partie de ses soldats à la façon des Barbares, (2) et les envoya ravager son pays propre ; l'ennemi croyant que c'étoient des siens, les suivit pour avoir part au butin, d'autant plus hardiment que les autres, comme les premiers, le défendroient de surprise; mais lorsqu'il se fut enfoncé dans le pays, ces gens l'attirèrent dans une embuscade, où ils le défirent.

Leptines de Syracuse, dans la guerre contre les Carthaginois, ayant mis une partie de ses troupes en embuscade, envoya les autres battre la campagne, et mettre le feu par-tout. Les Carthaginois croyant que c'étoient de leurs gens, les suivirent pour les soutenir, et tombèrent dans l'embuscade.

Maharbal envoyé par les Carthaginois contre quelques nations (3) soulevées, qui aimoient fort à boire, prit la fuite à la première rencontre, comme s'il eût eu peur; et se retirant la nuit, laissa dans son camp force vin mixtionné (4), pour les endormir. Les soldats en ayant bu avec excès, s'enivrèrent, et leurs corps semblables à des cadavres jonchoient la terre. Alors il revint contr'eux et les tailla en pièces.

(1) Armés de longues piques.

(2) Je le mets ainsi, parce que l'Epire étoit censée de la Grèce, et non l'Illyrie.

(3) Africains.

(4) Avec de la mandragore.

Hannibal, cùm sciret sua et Romanorum castra in eis locis esse, quæ lignis deficiebantur, ex industria in regione deserta plurimos armentorum greges intra vallum reliquit: quâ velut præda Romani potiti in summis lignationis angustiis, insalubribus se cibis onerârunt: Hannibal reducto nocte exercitu, securos eos et semicruda graves carne, majorem in modum vexavit.

Tiberius Gracchus, in Hispania, certior factus hostem inopem commercio laborare, instructissima castra omnibus esculentis deseruit, quæ adeptum hostem, et repertis intemperanter repletum, gravemque, reducto exercitu, subitò oppressit.

Hi qui adversus Erythræos bellum gerebant, speculatorem eorum in loco edito deprehensum occiderunt, et vestem ejus militi suo dederunt, qui ex eodem jugo Erythræos signo dato in insidias evocavit.

Arabes, cùm esset nota consuetudo eorum, quâ de adventu hostium interdiu fumo, nocte igne significare instituerant, ut sine intermissione ea fierent, præceperunt, adventantibus autem adversariis intermitterent: qui cùm cessantibus luminibus existimarent ignorari adventum suum, avidiùs ingressi oppressique sunt.

Memnon Rhodius rex, cùm equitatu prævaleret, et hostem in collibus se continentem, in campos vellet deducere, quosdam ex militibus suis sub specie perfugæ misit in hostium castra, qui affirmarent exercitum Memnonis jam perniciosa seditione furere, ut et subinde aliqua pars ejus dilaberetur. Huic affirmationi ut fidem faceret, passim in conspectu hostium jussit parva castella muniri, velut in ea se recepturi essent, qui dissidebant: hac persuasione sollicitati qui in montibus se continuerant, in plana descenderunt, et dum castella tentant, ab equitatu circumventi sunt.

Annibal campé en présence des Romains en un lieu qui manquoit de bois, laissa à dessein force troupeaux dans son camp, puis retournant sur ses pas la nuit, faillit à défaire les Romains qui ne se tenoient pas sur leurs gardes, et qui s'étoient remplis avidement d'une chair à demi

crue.

Tibérius Gracchus en Espagne ayant appris que l'ennemi manquoit de vivres, quitta son camp rempli de toutes sortes de provisions. L'ennemi s'en étant gorgé, et n'étant plus en état de combattre, fut promptement défait.

Quelques-uns (1) ayant tué une sentinelle des Erythréens, qui étoit sur une montagne, revêtirent de ses habits un de leurs gens, qui ayant fait signe de là aux ennemis, les fit donner dans une embuscade, où ils furent défaits.

Les Arabes après avoir observé quelque temps leur coutume de s'entr'avertir la nuit par des feux, et le jour par de la fumée, firent commandement tout-à-coup de cesser à la venue de l'ennemi; de sorte que croyant n'être pas découvert, il entra plus avant dans les pays, et fut défait.

Memnon Rhodien, plus fort en cavalerie que les ennemis, et ne sachant comment les attirer dans la plaine, feignit une sédition dans son camp, dont il les fit avertir; et pour plus grande assurance une partie de ses troupes (2) se retrancha contre l'autre, l'ennemi déçu par cette apparence, descendit de ses montagnes, et fut défait.

(1) Ces quelques-uns, selon Oudendorp, sont des soldats · de l'île de Chio, ce qu'il prouve par Hérodote.

(2) Enveloppé de la cavalerie, comme il attaquoit quelques forts.

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