Page images
PDF
EPUB

Pour choisir le temps du combat.

PHILIPPE, à la bataille de Chéronée, combattant contre de nouveaux soldats, avec des gens aguerris et expérimentés, laissa passer la première fougue de l'ennemi, et faisant son plus grand effort après, il remporta la victoire (1).

Les Lacédémoniens ayant appris (2) que les Messéniens venoient fondre sur eux avec telle furie, que leurs femmes et leurs enfans les suivoient, différérent le combat, jusqu'à ce que leur fougue fut aussi passée.

César dans les guerres civiles tenant Afranius (3) assiégé, et voyant que, faute d'eau, il avoit fait égorger toutes les bêtes de voiture, et venoit pour lui donner bataille, retint ses troupes dans son camp, pour n'avoir point affaire à des gens désespérés.

Pompée voulant engager au combat Mithridate (4) qui fuyoit, se rangea en bataille la nuit sur sa route, et l'obligea par-là à en venir aux mains. Il avoit rangé ses troupes de sorte qu'elles avoient les rayons de la lune à dos, et l'ennemi les avoit dans les

yeux.

Jugurtha connoissant la valeur Romaine, et la foiblesse de sa nation, différoit toujours à combattre jusqu'au soir, pour se pouvoir retirer à la faveur de la nuit, s'il avoit du pire.

(1) Contre les Athéniens.

(2) Par leurs espions.

(3) Et Pétréjus.

(4) Roi de Pont.

2

Lucullus adversus Mithridatem et Tigranem, in Armenia majore apud Tigranocertam, cùm ipse non ampliùs quindecim millia armatorum haberet, hostis autem innumerabilem multitudinem, eoque ipso inhabilem, usus hoc ejus incommodo nondum ordinatam hostium aciem invasit, atque ita protinus dissipavit, ut ipsi quoque reges abjectis insignibus fugerent.

CI. Tiberius Nero adversus Pannonios, cùm Barbari feroces in aciem oriente statim die processissent, continuit suos, passusque est hostem nebulâ et imbribus, qui fortè illo die crebri ́ erant, verberari; ac demum ut fessum stando et pluviâ non solùm animo, sed et lassitudine deficere animadvertit, signo dato, adortus superavit.

De prælii loco.

[ocr errors]

M. CURIUS, quia phalangi regis Pyrrhi explicatæ resisti non posse animadvertebat, dedit operam, ut in angustiis confligeret, ubi conferta sibi ipsa esset impedimento.

Cn. Pompeius in Cappadociâ elegit locum castris editum undè adjuvante proclivio impetum militum, facilè ipso decursu Mithridatem superavit.

C. Cæsar adversus Pharnacem Mithridatis filium dimicaturus, in colle instruxit aciem; quæ res expeditam ei fecit victoriam. Nam pila ex edito in subeuntes Barbaros emissa, proti

nus eos averterunt.

Lucullus adversus Mithridatem et Tigranem, in Armeniâ majore, apud Tigranocertam dimicaturus, collis proximi planum verticem raptim

Lucullus, en Arménie, n'ayant que quinze mille hommes contre les forces innombrables de Tigrane et de Mithridate, n'attendit pas qu'elles fussent toutes rangées en bataille, et les surprenant en confusion, les défit.

Les Hongrois s'étant préparés au combat contre Tibère dès le point du jour, en résolution de bien faire, il retint ses troupes dans son camp jusqu'à ce qu'il les vit abattus de lassitude et d'un long orage; alors les attaquant il les défit.

Du champ de bataille.

MANIUS CURIUS redoutant la phalange (1) de Pyrrhus, et ne croyant pas y pouvoir résister en lieu égal, combattit en des détroits, où les ennemis, trop serrés, se nuisoient entr'eux.

Pompée en Cappadoce campa sur une montagne, d'où il vint fondre avec impétuosité sur les troupes de Mithridate, et les défit.

César en usa de même contre le fils de ce prince; (2) car, comme César se retranchoit sur une haute montagne, Pharnace l'étant venu attaquer, il le perça d'en haut à coups de trait, et le mit en fuite.

Lucullus ayant à combattre les troupes de Tigrane et de Mithridate, près de Tigranocerta, s'empara, avec une partie de ses

(1) C'étoit un corps de 16 mille piquiers. (2) Pharnace.

cum copiarum parte adeptus, in subjectos hostes decurrit, et equitatum eorum à latere invasit, aversumque, et eorumdem partem peditum perturbantem insecutus, clarissimam victoriam retulit.

Ventidius adversus Parthos non antè militem eduxit, quàm illi quingentis non ampliùs passibus abessent; ita procursione subita adeo se admovit, ut sagittas, quibus ex longinquo usus est, quominus applicitus eluderet : quo consilio, quamdam fiduciæ etiam speciem ostentaverat, celeriter Barbaros debellavit.

Hannibal apud Numistronem contra Marcellum pugnaturus, cavas et præruptas vias objecit à latere; ipsaque loci naturâ pro munimentis usus, clarissimum ducem vicit.

Idem apud Cannas, cùm comperisset Volturnum amnem, ultra reliquorum naturam fluminum, ingentes auras manè perflare , quæ arenarum et pulveris vortices agerent, sic diRomanis rexit aciem, ut tota vis à tergo suis, in ora et oculos incideret: quibus incommodis mirė hosti adversantibus, illam memorabilem adeptus est victoriam.

Marius adversus Cimbros ac Teutones constitutâ die pugnaturus, firmatum cibo militem ante castra collocavit, ut per aliquantum spatii, quo adversarii dirimebantur, exercitus hostium potiùs labore itineris profligaretur : fatigationi eorum deindè incommodum aliud objecit, ita ordinata suorum acie, ut adverso sole, et vento et pulvere Barbarorum occuparetur exercitus.

(1) On en ébouloit les retranchemens pour sortir en bataille.

(2) Ou, Ministron.
(3) Le Vulturne,

gens, d'une petite plaine qui étoit au haut d'une colline, et vint fondre de là si à propos sur les ennemis, que prenant leur cavalerie en flanc, elle se renversa sur une partie de leur infanterie et lui donna une victoire signalée.

[ocr errors]

Ventidius ayant affaire aux Parthes, attendit pour sortir du camp (1), que les ennemis fussent à cinq cents pas de lui, puis courut à la charge si promptement, qu'il rendit leurs flèches inutiles, et leur donna une telle épouvante, que cela fut cause en partie de leur défaite.

Annibal à la journée de Numistron (2), fit couvrir l'un de ses flancs par un chemin creux, ce qui contribua beaucoup à sa victoire, contre Marcellus.

Le même à la bataille de Cannes, ayant remarqué qu'il s'élevoit le matin un tourbillon sur le (3) fleuve (4), qui enlevoit beaucoup de sable et de poussière, rangea son armée de sorte qu'elle avoit le vent à dos, au lieu que l'ennemi l'avoit dans les yeux; ce qui incommoda fort les Romains dans le combat, et fut cause de leur défaite.

Marius dans la bataille contre les Teutons et les Cimbres, se donna l'avantage du vent et du soleil, et outre cela rangea ses troupes devant son camp, leur ayant fait prendre de la nourriture sans les faire avancer plus loin; afin de fatiguer l'ennemi, et de lui faire rompre ses rangs en traversant la grande distance qui étoit entre les deux armées; ce qui lui procura une victoire complète.

(4) Il paroît que Frontin se trompe ici; la bataille de Cannes se donna dans la Pouille, et le Vulturne est un fleuve de la Campanie. Quelques-uns croient qu'il faut lire Aufide, fleuve de la Pouille.

>

« PreviousContinue »