98. C'est à celui qui a créé la mer à lui donner des lois. 99. Le plus bel ornement d'une maison, a dit Homère, est la vertu de son maître.

100. Les livres, disait Alphonse, sont, entre mes conseillers, ceux qui me plaisent davantage : ni la crainte ni l'espérance ne les empêche de me dire ce que je dois faire.

101. Dans les contrées chaudes et humides, la végétation acquiert une énergie, une vigueur, bien plus grandes que partout ailleurs.

102. Nous sommes si vains que l'estime d'un petit nombre de personnes qui nous entoure, nous suffit.

103. Vous avez consolé les malheureux, soulagé les misérables, aussi vous ont-ils bénit.

104. Condé est le plus célèbre des généraux qui aient illustré la France.

105. Vénus remonta dans le nuage doré dont elle était sorti, et laissa après soi une odeur d'ambroisie.

106. La fortune ne paraît aveugle qu'à ceux à qui elle ne fait pas du bien.

107.

Beaucoup de modestie et beaucoup de bonté,
A des charmes plus grands qu'en a la beauté.

108. Presque toutes les découvertes ont été dû au hasard celle du Nouveau-Monde fut le fruit du génie. Christophe Colomb, par cette justesse d'esprit que les connaissances mathématiques lui avaient donné, avait supposé l'existence d'un autre continent; sa supposition s'est réalisé; et en 1492 il a eu la gloire d'ajouter une nouvelle partie du monde à celle déjà connu. Quelques auteurs ont imaginé que les anciens connaissaient l'Amérique; mais il y a lieu de croire qu'ils se sont trompé grossièrement, car l'île qu'ils ont supposé être notre Nouveau-Monde, et que Platon et Diodore de Sicile ont appellé Atlantide, était située à peu de distance du détroit de Gibraltar. Quoiqu'il en soit, la gloire que Christophe Colomb s'était acquis de donner son nom aux pays qu'il nous a fait connaître, il se l'est vu ravir par le Florentin Améric Vespuce, qui s'est borné à parcourir, plusieurs années après, quelque côtes des contrées qu'avait découvert Christophe. Cette injustice, que la postérité s'est plu à sanctionner, a été le présage de tous les maux qui ont désolé ce beau pays. En effet, l'Amérique a été le théâtre des guerres les plus cruelles qu'il y ait jamais eu; deux em

pires fleurissant, que tant de siècles avaient vu subsister avec éclat, se sont écroulé sous les coups d'une poignée d'aventuriers que l'avarice avait armé. On frissonne au souvenir des injustices qu'ils ont commis, des milliers d'hommes qu'ils ont fait périr, du peu d'humanité qu'ils ont montré vis-à-vis des vaincus, et des sacrifices de tous genres qu'ont coûté des richesses qui n'ont pas profité à ceux qui s'en étaient emparé. On est étonné des efforts qu'il a fallu pour soumettre une population bien plus nombreuse, plus policée et plus formidable que les vainqueurs l'avaient d'abord supposé; il est vrai de dire que les histoires grecques et romaines ne nous présentent pas aucune expédition militaire qu'on peut comparer à la conquête du Mexique et du Pérou. Deux hommes ambitieux, Fernand Cortez et Pizarre, se sont disputé la gloire de soumettre ces peuples; l'un et l'autre s'est immortalisé par la valeur, l'intrépidité qu'ils ont déployé et la postérité les aurait tous deux surnommé les héros du Mexique et du Pérou, sans les crimes dont ils se sont souillé, ou qu'ils ont laissé commettre.

109. N'aimer que soi, n'estimer que soi, est le fait de l'égoïste.

110. L'on demandait à Bias qu'elle était la chose qui flattait davantage les hommes; c'est l'espérance, répondit-il. 111. Tel est le charme de la vertu, que les Barbares même l'adorent.

112. Le temps détruit tout: le marbre, le bronze, rien ne peuvent résister à ses outrages.

113. Plus les hommes vivent en grand nombre, et plus ils se corrompent.

114. Nous nous éviterions bien des regrets, si nous savions modérer nos passions.

115. Quant on songe aux autorités sans nombre que Montesquieu a consulté; à la masse de matériaux épars qu'il a rassemblé, à la multitude de connaissances qu'il a réuni; quant on songe à la difficulté qu'il a éprouvé ensuite pour faire de ces matériaux un édifice régulier; on ne sait lequel on doit admirer davantage, ou son génie ou son courage.

116. L'ame n'a point de secret que la conduite ne révelle. 117. Les aigues-marine qu'on trouve au pied du mont Taurus sont les plus dures et les plus belles que l'on connaît. Mais qui fait fuir ainsi ces ligueurs dispersé ? Quel héros ou quel dieu les ont tous terrassé ?

i18.

119. Montrons dans un prince admiré par tout le genre humain ce qui fait les héros: valeur, magnanimité, bonté naturelle.

120. Darius, dans sa déroute, réduit à la nécessité de boire de l'eau fangeuse, assura ceux qui étaient alentour de lui, qu'il n'avait jamais bu avec autant de plaisir.

121. Le plaisir de la critique ôte souvent celui si agréable d'être vivement touché des belles choses.

122. Alexandre, voulant montrer combien il estimait Porus, il le replaça sur un trône dont la fortune des armes l'avait fait descendre.

123. Les princes estiment, mais n'ont point d'affection pour ceux qui ne craignent pas de leur déplaire en leur disant la vérité.

124. Abandonner la vie pour se soustraire aux coups de la fortune, est prendre honteusement la fuite devant l'ennemi.

125. Partout les rayons perçant de la vérité vont venger la vérité que les hommes ont négligé de suivre.

126. Que les dieux me fassent périr plus tôt que de souffrir que la mollesse ou la volupté s'emparent de mon cœur. 127. Il n'y a rien qui contribue davantage que l'amitié à la douceur de la vie.

128. Les éléments du bonheur se rassemble vainement en foule alentour de quelques êtres, tandis qu'on en voit tant d'autres qui savent se les approprier et jouir d'eux.

129. La bonté consiste en deux points: à ne point faire du mal à nos semblables, et leur faire du bien.

130. Celui qui appréhende que la mort vienne le frapper, souffre davantage que celui qui meurt.

131. Les sciences ont des racines amères, mais leurs fruits sont doux.

132. Les bons et mauvais succès semblent s'être partagé la durée des ans et des siècles.

133. Quels sont les gens qui craignent le plus de mourir, si ce n'est ceux qui ont mal vécu ?

134. Quelques variés que sont nos aliments, la plupart nous semblerait fade et insipide, si nous étions privé du sel, qui rehausse leur goût et leur agrément.

135. Sous l'équateur, l'éclat du soleil, ainsi que sa chaleur, sont beaucoup plus vifs que dans les régions tempéré.

136. Gerbert, savant du dixième siècle, passa pour sor

cier, par ce qu'il n'ignorait pas l'arithmétique et les éléments de la géométrie.

137. Votre ami a sans doute le cœur excellent, mais il a dans le caractère une raideur, une opiniâtreté qui lui font des ennemis; et la liberté, la hardiesse avec lesquelles il dit sa façon de penser, offensent quelquefois.

138. Étéocle et Polynice convinrent ensemble de tenir, chacun à son tour, les rênes du gouvernement.

139. Faibles mortels que nous sommes, est-ce à nous à pénétrer les secrets de la divinité !

140. C'est de notre prudence d'où dépendent notre bonne ou mauvaise fortune dans le monde. Il est pourtant des événements imprévus qui déroute souvent les plans les mieux concertés de la sagesse humaine. Ce ne sont pas toujours le plus agile qui gagne le prix de la course, et le plus fort qui est victorieux.

141.

Et toi, riante automne, accorde à nos désirs
Ce qu'on attend de toi, des biens et des plaisirs.

142. Trajan avait pour maxime qu'il fallait que ses concitoyens le trouvent tel qu'il eût voulu trouver l'empereur, s'il eût été simple citoyen.

143.. Il ne faut attendre de bonheur ici-bas que dans la vertu et dans l'innocence.

144. Ne vous repentez jamais des services que vous avez rendu à un ami; il vaudrait mieux rougir de ne lui en avoir pas rendu.

145. Les cadeaux que nous envoyèrent les habitants consistaient en cocos, citrons, oranges et autres fruits.

146. Aimer ceux qui nous haïssent, et les aimer lors même qu'ils nous nuisent davantage, est le devoir d'un chrétien. 147. Les éloges que sa conduite généreuse lui a valu n'ont point diminué sa modestie.

148. L'amour de la gloire semble en quelque sorte nous séparer de nous-même.

149. Le meilleur remède contre l'ennui, c'est des occupations qui se succèdent sans interruption les unes les autres. 150. Si les richesses contribuent au plaisir, le plus grand qu'elles peuvent nous procurer, est de faire du bien.

151. La plus heureuse vie n'a pas autant de plaisirs comme elle a de peines.

152. Dans le gouvernement, l'auguste appareil de la puis

sance royale en impose aux sujets. Un sceptre, une robe de pourpre, une couronne ou un diadème rendent plus vénérable celui investi de l'autorité suprême.

153. C'est les actions de l'ame qui déterminent celles du corps, et d'après celle-là, qu'on voit, on juge de celles-ci qu'on ne voit pas.

154. Ce qui annonce l'homme d'un génie ou d'une habileté supérieure, c'est les grands et les vastes projets joints à la prompte et à la sage exécution.

155. Ni la pauvreté ni la fortune ne fait le bonheur : il dépend uniquement du bon ou mauvais usage des biens et des maux que nous avons reçu de la nature.

156. Sois reconnaissant vis-à-vis tes père et mère, puisqu'ils t'ont donné le jour. Tes enfants, en imitant ton exemple, récompenseront ta pieté par leur amour filiale.

157.

Misérable! et je vis! et je soutiens la vue
De ce sacré soleil d'où je suis descendue!

158. Persuader et convaincre sont l'unique objet de l'éloquence.

159. Comme un rocher contre qui les flots viennent se briser vainement, de même le sage voit les passions se presser alentour de lui sans pouvoir effleurer son cœur.

160. Les seules louanges que le cœur sait donner sont celles que la bonté s'attire.

161. L'esprit d'un auteur consiste à bien définir et bien peindre.

162. Le plus doux des mortels aime voir du rivage Ceux qui, prêts à périr, luttent contre l'orage.

163. Quel que mauvais qu'est un livre, on y trouve toujours quelque chose qui mérite d'être lue.

164. Depuis trente ans et plus n'êtes-vous pas ma femme! -Oui, je le suis.

165. Il est difficile de décider si la vanité produit plus de ridicules qu'elle en fait trouver dans les autres.

166. Les feux-follet sont certains météores qui paraissent durant les nuits d'été.

167. En tout, la nature fournit les germes; c'est l'art qui perfectionne leur développement.

168. La noblesse est comme la flamme qui se communique, mais qui s'éteint dès qu'elle manque d'aliment. Rap