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d'autres qui ne sont d'usage qu'au pluriel, comme pleurs, ancêtres, funérailles, ténèbres, obsèques, etc.

Formation du pluriel dans les substantifs.

33.-RÈGLE GÉNÉRALE.

On forme le pluriel des substan

tifs en ajoutant une s au singulier: un homme, des hommes; une ville, des villes.

34.-Sont exceptés :

1° Les substantifs terminés au singulier par s, x, z, qui ne changent pas au pluriel: un héros, des héros; une voix, des voix; un nez, des nez.

2o Les substantifs terminés au singulier par au et par eu, qui prennent x au pluriel: un étau, des étaux; un tableau, des tableaux; un cheveu, des cheveux; un jeu, des jeux. Il n'y a d'exception que pour landau, dont le pluriel prend une s: des landaus.

3° Bijou, caillou, chou, genou, joujou, hibou et pou, qui prennent des bijoux, des cailloux, des choux, etc. Les autres substantifs en ou prennent une s: un clou, des clous: un verrou, des verrous.

4° Les substantifs terminés au singulier par al, qui changent au pluriel cette finale en aux : un cheval, des chevaux; un hôpital, des hôpitaux; un bocal, des bocaux; un local, des locaux. Excepté les substantifs suivants qui prennent simplement une s au pluriel: 1° aval (endossement d'un billet), bal, cal, cantal (fromage), carnaval, nopal (plante), pal, régal. 2° chacal, serval, et autres noms d'animaux, à l'exception de cheval. Au pluriel, des avals, des bals, des carnavals, des chacals, etc.

35.-Remarque. Les substantifs en ail font leur pluriel par l'addition d'une s, et non pas en aux un portail, des portails; un gouvernail, des gouvernails. Excepté bail, émail, corail, soupirail, vantail, travail, qui font baux, émaux, coraux, soupiraux, vantaux, travaux. Encore ce dernier faitil travails, au pluriel, 1° quand il s'agit des machines où l'on ferre les chevaux vicieux; 2° quand on parle des comptes ou rapports présentés par un chef d'administration à un supérieur. Ail, espèce d'ognon, fait ails ou aulx, mais le dernier est plus usité. Bétail n'a pas de pluriel.

35 (bis).-Ciel, oil, aïeul, qui ont deux pluriels :

CIEL

(EIL

AÏEUL

fait ciels, dans ciels de tableaux, ciels de lit, ciels de carrière, et dans le sens de température, climat: l'Italie est sous un des plus beaux CIELS de l'Europe.

fait cieux dans tous les autres cas: les CIEUX annoncent la gloire de Dieu.

fait ails dans des CEILS-de-bœuf (petites lucarnes), et dans les substantifs composés qui commencent par cil: des ŒILSde-bouc (coquillages); des ŒILS-de-chat (sorte de pierres précieuses), etc.

fait yeux dans tous les autres cas: des YEUX noirs, des YEUX vifs; les YEUX du pain, les YEUX du fromage, les YEUX du bouillon, et en terme de jardinage: tailler à deux YEUX, à trois YEUX. (Acad., dernière édition.)

fait aïeuls, quand il désigne le grand-père paternel et le grand-père maternel: il a le bonheur de posséder encore ses deux AÏEULS.

fait aïeux dans tous les autres cas: nos AÏEUX vivaient longtemps. Ce droit lui vient de ses AÏEUX. (Acad.)

36.-Remarque. Les substantifs terminés par ant et par ent conservent ou perdent le t au pluriel. L'usage permet d'écrire également: des diamants, des enfants, des appartements, des présents, ou des diamans, des enfans, des appartemens, des présens; sont exceptés les substantifs qui n'ont qu'une syllabe, dans lesquels la suppression du t n'a jamais lieu. Ainsi il faut écrire des gants, des dents, et non des gans, des dens.-L'Académie conserve toujours le t des substantifs en ant ou en ent, quel que soit le nombre de syllabes dont ils se composent.

Complément du substantif.

36 (bis).—Quand on dit: la gloire, l'opinion, le désir, le substantif n'exprime qu'un sens incomplet; on ne sait de quelle gloire, de quelle opinion, de quel désir il s'agit. Mais si l'on dit la gloire des armées, l'opinion de chacun, le désir de plaire, l'esprit est satisfait; le sens est complet.

Les mots qui complètent ainsi la signification du substantif en sont le complément.

Le complément du substantif est formé de la préposition de et d'un mot dépendant de cette préposition. Dans les exemples qui précèdent, des armées est le complément de gloire; de chacun le complément de opinion, et de plaire le complément de désir.

CHAPITRE II.

DE L'ARTICLE.

37.-Nous n'avons en français qu'un article, qui est le pour le masculin singulier, la pour le féminin singulier, et les pour le pluriel des deux genres: LE mérite, LA vertu, LEs talents ont droit à nos hommages.

38. Sa fonction est de précéder les substantifs communs pour annoncer qu'ils sont employés dans un sens déterminé. 39.-Le substantif commun est employé dans un sens déterminé, lorsqu'il désigne un genre, une espèce, ou un individu particulier.

40.-Le substantif commun désigne un genre quand il représente la totalité des objets dénommés par le substantif: Les hommes ne sont pas méchants.

Les enfants sont légers.

L'homme devrait s'attacher à régler ses passions.

Dans ce dernier exemple, l'homme signifie tous les hommes. 41.-Le substantif commun désigne une espèce, lorsqu'il exprime une portion du genre formant une collection totale d'objets qui ont entre eux de la ressemblance:

Les hommes à imagination sortent souvent des bornes de la raison. Les enfants studieux sont chéris de leurs maîtres.

L'homme faible se laisse gouverner par ses passions.

Dans ce dernier exemple, l'homme faible signifie tous les hommes faibles.

42.-Le substantif commun désigne un individu particulier, lorsqu'il offre à l'esprit l'idée d'un être ou d'un objet unique:

Le roi est chéri de ses sujets.

La France est un grand royaume.
L'homme dont vous parlez.

43.-L'article est sujet à deux sortes de changements: l'élision et la contraction.

44.-L'élision consiste dans la suppression des lettres a, e, qu'on remplace par une apostrophe ('), devant une voyelle ou une h muette, afin d'éviter la rencontre désagréable de deux voyelles. C'est par élision qu'on dit l'esprit, l'amitié,

l'homme, l'humanité, pour le esprit, la mitié, le homme, la humanité; d'où l'article l'est dit élidé.

45.-La contraction consiste dans la réunion de l'article le les, avec une des prépositions à, de. L'objet de cette réunion est de donner plus de rapidité au langage. C'est par contraction qu'on dit: AU pain, pour A LE pain; AUX fruits, pour à LES fruits; DU pain, pour DE LE pain; DES fruits, pour DE LES fruits; d'où les articles au, aux, du, des, sont dits contractés.

46.-La contraction au, du, n'a pas lieu devant une voyelle ou une h muette; on dit: À L'éclat, à L'honneur; DE L'éclat, DE L'honneur; et non pas au éclat, au honneur; DU éclat, DU honneur.

CHAPITRE III.

DE L'ADJECTIF.

47.-L'adjectif exprime les qualités du substantif, les différentes manières d'être sous lesquelles nous le considérons. Quand je dis homme MÉCHANT, enfant STUDIEUX, table RONDE, les mots méchant, studieux, ronde, sont des adjectifs, parce qu'ils expriment certaines qualités des substantifs homme, enfant, table. De même lorsque je dis: CET habit, MON habit, le PREMIER habit, les mots cet, mon, premier, sont des adjectifs, attendu qu'ils énoncent certaines manières d'être du substantif habit, comme celle d'être présent à mes yeux (CET habit), d'être en ma possession (MON habit), de tenir un certain rang parmi plusieurs habits (le PREMIER habit).

48.-Il y a deux sortes d'adjectifs: les adjectifs qualificatifs et les adjectifs déterminatifs.

Des adjectifs qualificatifs.*

49.-Les adjectifs qualificatifs s'ajoutent au substantif

*Nous avons cru devoir supprimer ce que nous disions dans les éditions précédentes sur les trois degrés de signification dans les adjectifs, la réflexion et l'expérience nous ayant fait reconnaitre que cette distinction est erronée et inutile: erron e, en ce que, dans notre langue, les adjectifs n'adoptent pas, comme dans le latin, des terminal ons particulières pour exprimer le positif, le comparatif et le superlatif; inutile, e ce que cette distinction ne sert ni de base ni de développe ment à aucun principa de grammaire ou de syntaxe.

pour en exprimer la qualité; tels sont bon, beau, grand, sage, courageux, etc.

L'homme vertueux est inaccessible aux petites passions.

(MASSILLON.)

Une fille sensible, modeste, et obéissante sera une bonne mère et une épouse vertueuse.

(MARM.) La se trouvent de vastes jardins remplis d'arbres toujours verts, de plantes odoriférantes et de magnifiques statues. (BARTH.)

59.—Parmi les adjectifs qualificatifs, il en est qui dérivent des verbes, et qu'on appelle, pour cette raison, adjectifs verbaux; tels sont charmant, menaçant, obligeant, etc., formés des verbes charmer, menacer, obliger: des enfants charmants, des cris menaçants, des personnes obligeantes. Ces adjectifs sont toujours terminés au singulier par ant.

51.-Un adjectif qualificatif composé de plusieurs mots équivalant à un seul, comme mort-ivre, nouveau-né, se nomme adjectif composé.

52.-Le substantif peut être employé comme adjectif, ce qui a lieu quand sa fonction est de qualifier: il était berger, et il devint ROI. Dans ce cas le substantif n'est accompagné ni de l'article ni d'aucun adjectif déterminatif, comme ce, cet, mon, ton, etc. De même l'adjectif peut être employé comme substantif; c'est lorsqu'il représente un être ou un objet: les hypocrites, l'utile; alors il est toujours précédé de l'artiele ou d'un adjectif déterminatif.

53.-L'adjectif n'a par lui-même ni genre ni nombre: cependant il varie dans sa terminaison, en genre et en nombre, pour mieux marquer son rapport avec le substantif qu'il qualifie un homme prudent, une femme prudente; des hommes prudents, des femmes prudentes.

Formation du féminin dans les adjectifs.

54.-RÈGLE. Tout adjectif masculin prend un e muet au féminin sensé, sensée; vrai, vraie; grand, grande; ingrat, ingrate; petit, petite, etc.

55.-Sont exceptés:

1° Les adjectifs terminés au masculin par un e muet: comme honnête, aimable, fidèle, qui ne changent pas au féminin.

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