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complément direct, ou que le verbe n'a pas de complément de cette nature:

Ils ont apporté leurs offrandes, chacun selon ses moyens.

Les deux rois se sont retirés, chacun dans sa tente.

Ils ont opiné, chacun à son tour.

490.-Chacun prend leur, leurs, lorsqu'il précède le complément direct:

Ils ont apporté, chacun, leurs offrandes.

Ils ont donné, chacun, leur avis.

491.-Personne est pronom indéfini ou substantif. 492.-Personne, pronom indéfini, a un sens vague, et s'emploie sans l'article, ni aucun adjectif déterminatif : alors il signifie aucune personne, qui que ce soit, et est masculin:

Personne n'est assez sot pour le croire.

Il n'y a personne qui n'en soit fâché.

493.-Personne, substantif, a un sens déterminé ; il est accompagné de l'article ou d'un adjectif déterminatif, et est féminin:

Quelle est la personne assez sotte pour le croire !

Il n'y a pas une personne qui n'en soit fâchée.

494.-L'un et l'autre, les uns et les autres éveillent simplement une idée de pluralité; l'un l'autre, les uns les autres, à l'idée de pluralité ajoutent celle de réciprocité. Ainsi l'on dira de Racine et de Boileau: L'UN ET L'AUTRE furent deux grands poètes; ils s'estimaient L'UN L'AUTRE.

495.-Remarque. Quand il y a plus de deux objets, la réciprocité doit s'exprimer par les uns les autres, et non pas par l'un l'autre mille soldats s'excitent LES UNS LES AUTRES au combat. L'un l'autre serait contre la grammaire.

461.-Devant le verbe être on emploie souvent le pronom ce pour donner à la phrase plus de clarté, de précision et d'énergie; c'est pourquoi il est mieux d'employer ce pronom devant le verbe être, dans les trois cas suivants :

462.-1° Lorsque la phrase commence par le pronom ce suivi d'un pronom relatif: CE QUI est certain, C'EST que le monde est de travers. (Fénel.) CE QUI importe à l'homme, C'EST de remplir ses devoirs. (J.-J. Rouss.) Ce qu'il y a de plaisant, c'EST qu'il ne croit pas se tromper. (Mol.)

463.-Remarque. Lorsque, dans ce cas, le verbe être est suivi d'un substantif, l'emploi du pronom ce devant ce verbe est de rigueur si le substantif est pluriel: ce qu'on souffre avec le moins de patience, CE sont les injustices (Th. Corneille); et facultatif si le substantif est singulier: ce qui mérite le plus notre admiration est ou c'est la vertu.

464.-2° Quand ce qui précède le verbe être figure comme attribut,* et a une certaine étendue: Le signe de la corruption des mœurs dans un état, c'EST la multiplicité des lois.Le plus beau présent qui ait été fait aux hommes, après la sagesse, c'EST l'amitié. (La Rochef.) Le plus sur moyen d'avoir des amis, C'EST d'être bon et obligeant. (Marmontel.)

465.-Remarque. Si l'attribut avait peu d'étendue, on pourrait ne pas exprimer le pronom ce devant le verbe être, et dire également bien: La véritable noblesse EST ou c'EST la vertu. Le mobile de nos actions EST ou c'EST notre félicité. (Marmontel.)

466.-3 Quand le verbe être est précédé de deux ou plusieurs infinitifs, et suivi d'un substantif: Etudier les anciens, lire les modernes, c'est sa principale occupation. Rire, boire, manger, dormir, c'est toute sa vie.

467.-Remarque. S'il n'y avait qu'un infinitif, le pronom ce pourrait être ou ne pas être exprimé devant le verbe être. Punir est un tourment, pardonner est un plaisir. (Chénier.) Se plaire en tous lieux, c'est ou est le secret du sage.

468.-L'emploi du pronom ce est indispensable devant le verbe être, lorsque ce verbe est précédé et suivi d'un infinitif:

* On reconnaît que ce qui précède le verbe être figure comme attribut, quand on peut le placer après le verbe, et mettre avant celui-ci ce qui se trouve après. On peut dire: La multiplicité des lois est le signe de la corruption des mœurs dans un état ;-L'amitié est le plus beau présent qui ait été fait aux hommes. Ainsi, le signe de la corruption des mœurs dans un état, le plus beau présent qui ait été fait aux hommes, figuront comme attribut.

Épargner les plaisirs, c'est les multiplier. (FONTENELLE.)
Obliger ceux qu'on aime, c'est s'obliger soi-même.

(COLIN D'HARLEVILLE.) Voyager à pied, c'est voyager comme Thalès, Platon et Pythagore. (J.-J. ROUSSEAU.) 469.-CELUI, CEUX, CELLE, CELLES, expriment une idée générale qui a besoin d'être restreinte, soit par un complément indirect:

Les défauts de Henri IV étaient CEUX d'un homme aimable:

soit par un pronom relatif placé immédiatement après :

CEUX qui font des heureux sont les vrais conquérants.

C'est pourquoi l'usage le plus général est de ne pas faire suivre immédiatement ces pronoms d'un adjectif ou d'un participe. Ainsi, au lieu de dire: celle aimable, celle écrite, il vaut mieux dire celle qui est aimable, celle qui est écrite.

470.-Les grands écrivains du dix-septième et du dix-huitième siècle ne se sont pas exprimés autrement; et si l'on trouve des exemples contraires à cette règle dans quelques auteurs modernes, il faut considérer ces exemples comme des négligences de style que réprouvent la grammaire et le bon goût.

471.-CELUI-CI, CELLE-CI, CECI, opposés à CELUI-LÀ, CELLE-LA, CELA, désignent les objets les plus proches, et celui-là, celle-là, cela, les objets les plus éloignés : voici deux maisons; CELLE-CI (la plus proche) est la plus élégante, et CELLE-LA (la plus éloignée) est la plus commode.

472.-Les objets dont on a parlé en dernier lieu, étant les plus proches, se représentent par celui-ci, celle-ci; ceux-ci, celles-ci; ceux au contraire dont il a été question auparavant, étant les plus éloignés, se désignent par celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là: Le corps périt, et l'ame est immortelle ; cependant on néglige CELLE-CI, et tous les soins sont pour CELUI-LÀ.

Des pronoms possessifs.

473.-Ces pronoms doivent toujours se rapporter à un substantif énonçé précédemment :

Tes discours trouveront plus d'accès que les miens. (RAC.) Conséquemment il est non seulement contre le bon goût, mais encore contre la grammaire, de commencer ainsi une lettre: J'ai reçu la vôTRE en date du, etc., phrase dans la

quelle la vôtre ne se rapporte à rien de ce qui précède; pour être correct, il faut dire: j'ai reçu votre lettre, etc.

Un mauvais usage des pronoms démonstratifs celui-ci, celle-ci, donne lieu à la même faute; ne dites donc pas : CELLE-CI est pour vous informer que, etc.; dites: cette lettre est pour vous informer.

474.-Remarquez bien que quand on dit: LE MIEN et LE TIEN sont la source de TOUTES les querelles (La Rochef.); il n'y a rien DU NÔTRE; LES VÔTRES se sont bien battus (Ac.), les pronoms possessifs sont employés substantivement, et que, dans ce cas, la règle qui précède ne leur est pas applicable.

Des pronoms relatifs.

475.-Le pronom relatif prend toujours le genre, le nombre et la personne de son antécédent: moi QUI SUIS ESTIMÉ, toi QUI ES ESTIMÉ, lui QUI EST ESTIMÉ, elle QUI EST ESTIMÉE, Nous QUI SOMMES ESTIMÉS, vous QUI ÊTES ESTIMÉS, etc. Ainsi Molière n'aurait pas dû dire; ce n'est pas moi qui SE FERAIT prier. L'antécédent de qui est moi qui est donc de la première personne, et l'on doit dire: qui ME FERAIS prier, comme on dit je me ferais prier.

476.-Remarque. L'adjectif, n'ayant par lui-même ni genre ni nombre, ne peut servir d'antécédent au pronom relatif; et au lieu de dire: nous étions deux qui étaient du même avis, on doit dire: nous étions deux qui ÉTIONS du même avis, en donnant pour antécédent au pronom relatif le pronom auquel se rapporte l'adjectif; ici l'adjectif deux se rapporte à nous.-Il n'en serait pas de même si l'adjectif était précédé de l'article; cet adjectif, employé alors substantivement (82), deviendrait l'antécédent du pronom relatif. Dites donc: vous êtes le seul qui AIT réussi, et non qui AYEZ réussi. Il résulte de cette remarque qu'on doit dire: nous sommes deux qui avons été récompensés, et nous sommes les deux qui ont été récompensés.

477.-Le pronom relatif doit être rapproché autant que possible de son antécédent, pour que sa correspondance avec ce dernier ne soit ni louche ni équivoque. Je chante ce HÉROS QUI régna sur la France. (Volt.) La paresse est un VICE QUE les hommes surmontent difficilement. (Marmontel.) Le sénat attachait à Rome des ROIS DONT elle avait peu craindre. (Montesq.) D'où il suit qu'on ne doit pas dire: On trouve des maximes dans ces discours qui sont contraires à la morale. Il y a des lettres dans Pline dont le style est admirable. Pour être correct, dites, en rapprochant les

pronoms qui, dont, de leur antécédent maximes, lettres: On trouve dans ces discours des maximes qui sont contraires à la morale. Il y a dans Pline des lettres dont le style est admirable.

478.—Remarque. Les poètes s'écartent quelquefois de cette règle pour donner plus de force à leur langage par une inversion hardie:

La déesse, en entrant, qui voit la nappe mise.
Phénix même en répond qui l'a conduite exprès.

(BOIL.)
(RAC.)

Un prince nous poursuit dont le fatal génie... (J.-B. Rouss.) 479.-Qui, complément d'une préposition, ne peut se dire que des personnes et des choses personnifiées :

Le bonheur appartient à qui fait des heureux.
Rocher à qui je me plains.

(DELILLE.) (MARMONTEL.)

Pour les choses non personnifiées on remplace qui par lequel, laquelle: L'étude À LAQUELLE je consacre mes loisirs ;-le cheval SUR LEQUEL je suis monté, et non pas: L'étude à QUI je consacre mes loisirs; le cheval SUR QUI je suis monté.

(CORN.)

(VOLT.)

480.-Les poètes n'observent pas toujours cette règle. Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe ? Je pardonne à la main par qui Dieu m'a frappé. Cette licence s'explique par la difficulté de faire entrer dans un vers sous lequel, par laquelle, duquel, etc., dont l'inélégance et le manque d'harmonie ne conviennent pas à la poésie. Dans la prose, ce serait plus qu'une licence, ce serait une faute.

481.-Les pronoms qui, que, dont, se remplacent par lequel, duquel, pour éviter une équivoque. Ainsi, au lieu de dire: j'ai vu le mari de votre sœur qui viendra me voir; je dois recevoir une lettre de mes enfants QUE j'attends avec impatience; la bonté de Dieu, DONT je connais la grandeur, me rassure; on dira: LEQUEL viendra me voir, LAQUELLE j'attends avec impatience; DE LAQUELLE je connais la grandeur, attendu qu'on ne saurait si qui se rapporte à mari ou à sœur, que à lettre ou à enfants, et dont à grandeur ou à Dieu.

482.-DONT marque simplement la relation: la personne DONT je parle; D'où exprime une idée d'extraction, de sortie: la ville D'où je viens; le péril D'où il est sorti.

483.-Remarque. Quand le verbe qui suit exprime l'idée d'être

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