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GRAMMAIRE

FRANCAISE.

PREMIÈRE PARTIE.

INTRODUCTION.

1.-LA Grammaire française est l'art de parler et d'écrire correctement en français.

2.-Pour parler et pour écrire on se sert de mots. 3.-Les mots sont composés de lettres.

4. Il y a deux sortes de lettres : les voyelles et les con

sonnes.

5.-Les voyelles sont: a, e, i, o, u, y. Elles sont ainsi appelées parce que, sans le secours d'aucune autre lettre, elles forment une voix, un son.

6.-Les sons exprimés par ces voyelles ne sont pas les seuls qui existent dans notre langue. Notre alphabet n'ayant pas de caractères particuliers pour représenter les autres sons, on a recours à certaines combinaisons de lettres: tels sont eu, ou, an, in, on, un: ces combinaisons, bien qu'il y ait plus d'une lettre, doivent être considé rées comme autant de voyelles, puisque chacune d'elles représente un son.-An, in, on, un, sont appelés voyelles nasales, attendu qu'on les prononce du nez.

7.-Les consonnes sont b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z. Elles sont ainsi nommées parce qu'elles ne peuvent exprimer un son qu'avec le secours des voyelles. 8.-Les voyelles sont longues ou brèves.

9.-Les voyelles longues sont celles sur lesquelles on appuie longtemps en les prononçant, et les voyelles brèves celles sur lesquelles on passe rapidement. Ainsi,

a est long dans pâte, et bref dans patte.
e est long dans bêche, et bref dans brèche.
est long dans épître, et bref dans petite.

0 est long dans motion, et bref dans mode.
est long dans flûte, et bref dans culbute

eu est long dans le jeune, et bref dans il est jeune.
ou est long dans crotite, et bref dans doute.

10. Il y a trois sortes d'e: l'e muet, l'é fermé et l'è

ouvert.

L'e muet, dont le son est peu sensible, comme dans me, de, livre, table, et quelquefois nul, comme dans je prie, je prierai, paiement;

L'é fermé, qui se prononce la bouche presque fermée, comme dans aménité, rocher, nez;

L'è ouvert, qu'on prononce la bouche très-ouverte: succès, modèle, il appelle.

11.-L'y s'emploie tantôt pour deux i, et tantôt pour un i; voilà pourquoi on le range parmi les voyelles. Il s'emploie pour deux i dans le corps du mot après une voyelle pays, essuyer, moyen. Il s'emploie pour un i au commencement et à la fin des mots : yacht, dey; et dans le corps des mots, après une consonne: style, symétrie.

12.-La consonne h est muette ou aspirée: muette, quand elle n'ajoute rien à la prononciation, comme dans l'homme, l'histoire, l'humanité, qu'on prononce comme s'il y avait l'omme, l'istoire, l'umanité; aspirée, quand elle fait prononcer avec aspiration, c'est-à-dire du gosier, la voyelle qui suit, et empêche toute liaison entre cette voyelle et la consonne finale précédente: le hameau, la haine, les héros, mes hardes.

13.-Une ou plusieurs lettres qui se prononcent par une seule émission de voix, forment ce qu'on nomme une syllabe: ainsi jour n'a qu'une syllabe, esprit en a deux, et vérité trois.

14.-La syllabe qui fait entendre deux sons distincts prononcés en une seule émission de voix, prend le nom de diphthongue; telles sont les syllabes ia, ié, oi, ui, etc.: diacre, pied, loi, huile.

15.-On appelle monosyllabe un mot qui n'a qu'une syllabe chant, gant, bon; dissyllabe, celui qui en a deux : bonté, ami; trissyllabe, celui qui en a trois: bonnement, attendre; et polysyllabe, celui qui en a plusieurs, quel qu'en soit le nombre: peuple, abondant, humanité.

16. Il y a, dans la langue française, dix espèces différentes de mots qui composent le discours, savoir le substantif, l'article, l'adjectif, le pronom, le verbe, le participe, l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'interjection.

17. Ces différentes sortes de mots se divisent en mots variables et en mots invariables.

18.--Les mots variables sont ceux dont la terminaison

varie; ce sont: le substantif, l'article, l'adjectif, le pronom, le verbe et le participe.

19.-Les mots invariables sont ceux dont la terminaison ne change jamais; ce sont: l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'interjection.

DES MOTS VARIABLES.

CHAPITRE PREMIER.

DU SUBSTANTIF.

20.-Le substantif représente un être ou un objet quelconque, soit qu'il existe dans la nature, comme ciel, arbre, enfant, soit qu'il n'ait d'existence que dans notre imagination, comme espérance, perfection, bonheur. Le substantif s'appelle aussi nom, parce qu'il nomme les personnes et les choses qu'il représente.

21. Il y a deux sortes de substantifs : le substantif commun et le substantif propre.

22. Le substantif commun ou nom commun convient à tous les individus ou à tous les objets de la même espèce, comme homme, livre, femme, brebis.

23.—Le substantif propre ou nom propre ne convient qu'à une seule personne ou à une seule chose, comme Alexandre, Virgile, Paris, Vienne.

24. Il faut considérer comme substantif propre tout substantif qui exprime un être ou un objet seul de son espèce, comme Dieu, le soleil, la lune, le paradis, l'univers, etc.

25.-Parmi les substantifs communs, il y en a qui, quoique au singulier, présentent à l'esprit l'idée de plusieurs personnes ou de plusieurs choses formant une collection: on les appelle, pour cette raison, substantifs collectifs; tels sont: troupe, peuple, quantité. Les collectifs sont généraux ou partitifs généraux, quand ils représentent une collection entière; et partitifs, lorsqu'ils représentent une collection partielle. La foule des humains est vouée au mulheur. La foule des humains embrasse la généralité des hommes; la

foule est un collectif général. Une foule de pauvres reçoivent des secours. Une foule de pauvres n'embrasse qu'une partie des pauvres ; une foule est un collectif partitif. L'ARMÉE des Français, la MULTITUDE des étoiles, collectifs généraux. Une TROUPE de soldats, une MULTITUDE d'étoiles, collectifs partitifs.

26.-On voit que le même mot peut être collectif général et collectif partitif, selon le sens qu'on y attache. En général, un collectif, quand il est précédé de un, une, est partitif. 27. Un substantif commun composé de plusieurs mots équivalents à un seul, comme avant-coureur, chef-d'œuvre, serre-tête, se nomme substantif composé.

28. Les substantifs ont deux propriétés : le genre et le nombre.

29.-Le genre est la propriété qu'ont les substantifs de représenter la distinction des sexes. Il y a conséquemment deux genres: le masculin, pour les noms d'êtres mâles, comme homme, lion; et le féminin, pour les noms d'êtres femelles, comme femme, lionne. Les substantifs représentant des êtres inanimés ne devraient point avoir de genre: cependant l'usage leur a assigné, mais arbitrairement, l'un et l'autre genre. C'est ainsi que soleil, château, pays, ont été faits du genre masculin, et lune, maison, ville, du genre féminin.

30.-Le genre ne présente de difficultés que pour les substantifs qui désignent des êtres inanimés. Il n'y a guère que l'usage ou les dictionnaires qui puissent le faire connaître. Voici cependant la liste des substantifs sur le genre desquels on se trompe le plus souvent :

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31.-Le nombre est la propriété qu'ont les substantifs de représenter l'unité ou la pluralité. Il y a unité, lorsqu'il s'agit d'un objet, et pluralité, quand il s'agit de plusieurs, Il y a par conséquent deux nombres: le singulier, qui désigne un seul être ou un seul objet, comme une plume, un enfant; et le pluriel, qui en désigne plus d'un, comme des plumes, des enfunts.

32. Quoique les substantifs soient susceptibles des deux nombres, il y en a cependant qui ne s'emploient qu'au singulier, comme la faim, la soif, l'humanité, la jeunesse, etc.; et

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