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Le théâtre est une forêt où la princesse est invitée d'aller. Une Nymphe lui en fait les honneurs en chantant; et, pour la divertir, on lui joue une petite comédie en musique dont voici le sujet : Un berger se plaint à deux bergers, ses amis, des froideurs de celle qu'il aime; les deux amis le consolent; et, comme la bergère aimée arrive, tous trois se retirent pour l'observer. Après quelque plainte amoureuse, elle se repose sur un gazon, et s'abandonne aux douceurs du sommeil. L'amant fait approcher ses amis, pour contempler les graces de sa bergère, et invite toutes choses à contribuer à son repos. La bergère en s'éveillant voit son berger à ses pieds, se plaint de sa poursuite; mais, considérant sa constance, elle lui accorde sa demande et consent d'en être aimée, en présence des deux bergers amis. Deux Satyres arrivent, se plaignent de son changement, et, étant touchés de cette disgrace, cherchent leur consolation dans le vin.

LES PERSONNAGES DE LA PASTORALE.

LA NYMPHE de la vallée de Tempé.

TYRCIS.

LYCASTE.

MÉNANDRE.

CALISTE.

DEUX SATYRES.

le ciel vous marque, vous vous réglerez là-dessus à votre fantaisie; et ce sera à vous à prendre la fortune de l'un ou de l'autre choix. ÉRIPHILE. Le ciel, Anaxarque, me marquera les deux fortunes qui m'attendent?

anaxarque. Qui, madame : les félicités qui vous suivront, si vous épousez l'un; et les disgraces qui vous accompagneront, si vous épousez

l'autre.

ÉRIPHILE. Mais, comme il est impossible que je les épouse tous deux, il faut donc qu'on trouve écrit dans le ciel, non-seulement ce qui doit arriver, mais aussi ce qui ne doit pas arriver?

CLITIDAS, à part. Voilà mon astrologue embarrassé.

ANAXARQUE. Il faudroit vous faire, madame, une longue discussion des principes de l'astrologie, pour vous faire comprendre cela.

CLITIDAS. Bien répondu. Madame, je ne dis point de mal de l'astrologie : l'astrologie est une belle chose, et le seigneur Anaxarque est un grand homme.

IPHICRATE. La vérité de l'astrologie est une chose incontestable; et il n'y a personne qui puisse disputer contre la certitude de ses prédictions. CLITIDAS. Assurément.

TIMOCLES. Je suis assez incrédule pour quantité de choses; mais, pour ce qui est de l'astrologie, il n'y a rien de plus sûr et de plus constant que le succès des horoscopes qu'elle tire.

CLITIDAS. Ce sont des choses les plus claires du monde.

IPHICRATE. Cent aventures prédites arrivent tous les jours, qui convainquent les plus opiniâtres.

CLITIDAS. Il est vrai.

TIMOCLES. Peut-on contester, sur cette matière, les incidents célèbres dont les histoires nous font foi?

CLITIDAS. Il faut n'avoir pas le sens commun. Le moyen de contester ce qui est moulé?

ARISTIONE. Sostrate n'en dit mot. Quel est son sentiment là-dessus? SOSTRATE. Madame, tous les esprits ne sont pas nés avec les qualités qu'il faut pour la délicatesse de ces belles sciences, qu'on nomme curieuses; et il y en a de si matériels, qu'ils ne peuvent aucunement comprendre ce que d'autres conçoivent le plus facilement du monde. Il n'est rien de plus agréable, madame, que toutes les grandes promesses de ces connoissances sublimes. Transformer tout en or; faire vivre éternellement; guérir par des paroles; se faire aimer de qui l'on veut; savoir tous les secrets de l'avenir; faire descendre comme on veut du ciel, sur des métaux, des impressions de bonheur; commander aux démons; se faire des armées invisibles, et des soldats invulnérables: tout cela est charmant, sans doute; et il y a des gens qui n'ont aucune peine à en comprendre la possibilité, cela leur est

LYCASTE ET MÉNANDRE.

Ah, Tyrcis!

TYRCIS. Ah, bergers!

LYCASTE ET MÉNANDRE. Prends sur toi plus d'empire. TYRCIS. Rien ne me peut secourir.

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Le théâtre représente une grotte où les princesses vont se promener, et dans le temps qu'elles y entrent, huit Statues, portant chacune deux flambeaux à leurs mains, sortent de leurs niches, et font une danse variée de plusieurs figures et de plusieurs belles attitudes, où elles demeurent par intervalles.

ENTRÉE DE BALLET DE HUIT STATUES.

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ARISTIONE. De qui que cela soit, on ne peut rien de plus galant et de mieux entendu. Ma fille, j'ai voulu me séparer de tout le monde pour vous entretenir; et je veux que vous ne me cachiez rien de la vérité. N'auriezvous point dans l'ame quelque inclination secrète que vous ne voulez pas nous dire?

ÉRIPHILE. Moi, madame?

ARISTIONE. Parlez à cœur ouvert, ma fille. Ce que j'ai fait pour vous mérite bien que vous usiez avec moi de franchise. Tourner vers vous toutes mes pensées; vous préférer à toutes choses, et fermer l'oreille, en l'état où je suis, à toutes les propositions que cent princesses, en ma place, écouteroient avec bienséance; tout cela vous doit assez persuader que je suis une bonne mère, et que je ne suis pas pour recevoir avec sévérité les ouvertures que vous pourriez me faire de votre cœur. ÉRIPHILE. Si j'avois si mal suivi votre exemple, que de m'être laissée aller à quelques sentiments d'inclination que j'eusse raison de cacher, j'aurois, madame, assez de pouvoir sur moi-même pour imposer silence à cette passion, et me mettre en état de ne rien faire voir qui fùt indigne de votre sang.

ARISTIONE. Non, non, ma fille; vous pouvez, sans scrupule, m'ouvrir vos sentiments. Je n'ai point renfermé votre inclination dans le choix de deux princes vous pouvez l'étendre où vous voudrez; et le mérite

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