Œuvres complètes de M. de Lamartine: Harmonies poétiques et religieuses

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Page 44 - Les vœux que notre bouche adresse, Je veux lui demander sans cesse Ce dont les autres ont besoin. Mon Dieu, donne l'onde aux fontaines, Donne la plume aux passereaux, Et la laine aux petits agneaux, Et l'ombre et la rosée aux plaines. Donne au malade la santé, Au mendiant le pain qu'il pleure, A l'orphelin une demeure , Au prisonnier la liberté.
Page 319 - Marchez! l'humanité ne vit pas d'une idée! Elle éteint chaque soir celle qui l'a guidée, Elle en allume une autre à l'immortel flambeau; Comme ces morts vêtus de leur parure immonde, Les générations emportent de ce monde Leurs vêtements dans le tombeau...
Page 74 - C'est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l'aigle abandonne aux airs , Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes A l'approche des hivers.
Page 334 - Non, non : je l'ai conduite au fond des solitudes Comme un amant jaloux d'une chaste beauté ; J'ai gardé ses beaux pieds des atteintes trop rudes Dont la terre eût blessé leur tendre nudité! J'ai couronné son front d'étoiles immortelles, J'ai parfumé mon cœur pour lui faire un séjour, Et je n'ai rien laissé s'abriter sous ses ailes Que la prière et que l'amour...
Page 257 - Et cette voix mystérieuse Qu'écoutent les anges et moi, Ce soupir de la nuit pieuse, Oiseau mélodieux, c'est toi! Oh ! mêle ta voix à la mienne ! La même oreille nous entend ; Mais ta prière aérienne Monte mieux au ciel qui l'attend. Elle est l'écho d'une nature Qui n'est qu'amour et pureté, Le brûlant et divin murmure, L'hymne flottant des nuits d'été. Et nous, dans cette voix sans charmes Qui gémit en sortant du cœur, On sent toujours trembler des larmes, Ou retentir une douleur...
Page 94 - N'a pu donner des noms à ces brillants systèmes. Les cieux pour les mortels sont un livre entr'ouvert, Ligne à ligne à leurs yeux par la nature offert ; Chaque siècle avec peine en déchiffre une page, Et dit : « Ici finit ce magnifique ouvrage ! » Mais sans cesse le doigt du céleste écrivain Tourne un feuillet de plus de ce livre divin.
Page 80 - Non, non, mon Dieu ! si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire : Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain? Ah ! dans ton sein que leur âme se noie ! Mais garde-nous nos places dans leur cœur. Eux qui jadis ont goûté notre joie, Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur?
Page 299 - Quand nulle feuille encor par l'orage jaunie N'a tombé sous nos pas de l'arbre de la vie, Quand chaque battement qui soulève le cœur Est un immense élan vers un vague bonheur, Que l'air dans notre sein n'a pas assez de place, Le jour assez de feux, le ciel assez d'espace, Et que le cœur, plus fort que ses émotions, Respire hardiment le vent des passions, Comme au réveil des flots la voile du navire Appelle l'ouragan, palpite, et le respire; Et je ne connaissais de ce monde enchanté Que le...
Page 175 - Ainsi, quand nous cherchons en vain dans nos pensées D'un air qui nous charmait les traces effacées, . Si quelque souffle harmonieux Effleurant au hasard la harpe détendue, En tire seulement une note perdue, Des larmes roulent dans nos yeux ! D'un seul son retrouvé l'air entier se réveille...
Page 381 - Abritons mon navire. Ne livrons plus ma voile au vent qui la déchire. Cachons ce luth. Mes chants peut-être auraient vécu! Soyons comme un soldat qui revient sans murmure Suspendre à son chevet un vain reste d'armure, Et s'endort, vainqueur ou vaincu...

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