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I. Distribution du temps.

II. Des vacances et des congés. ·

III. Les examens

IV. Les distributions de prix. - V. L'Académie du collège.
VII. Quelques côtés faibles de la discipline au col-

de passage.

VI. Les punitions.

lège de Troyes.

I

L'année scolaire, au collège de Troyes, s'ouvrait le 18 octobre, jour de la Saint-Luc . A huit heures du matin, au second coup de cloche, les élèves se rendaient à l'église Saint-Remy pour y entendre la messe du Saint-Esprit. Le Père supérieur officiait solennellement, assisté de tous les professeurs en surplis.

Après la messe, le régent de seconde prononçait une première harangue en latin. Le régent de troisième, grammaticus princeps, se levait ensuite et en débitait une seconde, aussi en latin. Ces discours, nous n'en doutons pas, étaient fort beaux, perelegantes, comme le répète sans cesse l'annaliste du collège. Heureux donc ceux qui pouvaient les entendre! La cérémonie terminée, on jugeait à propos de s'en tenir là: c'était assez de latin pour le premier jour : les externes pouvaient retourner chez eux.

Le lendemain, les écoliers entraient en classe tout de bon. Toutefois, afin de ne leur pas faire trouver la prison trop dure, les Pères réduisaient au minimum le temps du travail. La durée des classes du matin était de :

Une demi-heure pour les philosophes,
Une demi-heure pour les rhétoriciens,

Une heure pour les humanistes et les grammairiens.

La durée des classes du soir était de :

4. Lorsque la Saint-Luc tombait un jeudi ou les jours suivants, la rentrée était remise à la semaine suivante. Lorsqu'elle tombait le mardi, on haranguait le mercredi et l'on avait congé le jeudi toute la journée, et le mardi de la semaine d'après, on avait encore congé tout le jour. (Cat. Scol., t. III. Usages du collège).

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Une heure et demie pour le reste des élèves.

La plus grande partie du temps était consacrée à la lecture et à l'explication du règlement.

Le second jour, on allongeait progressivement les heures du travail.

Le matin: une heure pour les philosophes,

une heure et demie pour les rhétoriciens,

deux heures pour les élèves des autres classes;

Le soir une heure et demie pour les philosophes,
deux heures pour les rhétoriciens,

deux heures et demie pour le reste du collège.

Les classes reprenaient ensuite régulièrement leur cours. En temps ordinaire, on sonnait le premier coup à sept heures trois quarts du matin; le second, qui était celui de la messe, à huit heures. Les classes commençaient à huit heures et demie par tout le collège : mais elles n'avaient pas toutes la même durée. Les philosophes sortaient le matin à dix heures, les rhétoriciens à dix heures et demie; les autres élèves à onze heures. Le soir, les classes ouvraient à deux heures et se terminaient à trois heures et demie pour les philosophes, à quatre heures pour les rhétoriciens, à quatre heures et demie pour le reste du collège. La durée des classes était donc de :

Une heure et demie pour les philosophes,

Deux heures

pour les rhétoriciens,

Deux heures et demie pour les humanistes et les grammairiens 1.

A part les congés dont nous parlerons tout à l'heure, aucun exercice extraordinaire ne venait rompre, durant les deux premiers mois, la marche régulière des études.

Dans la semaine qui précédait Noël, le préfet faisait faire dans toutes les classes une grande composition générale en thème latin. Et il ne fallait pas compter, pour se tirer d'affaire, sur la complaisance aveugle de son régent, car, afin d'éviter les fraudes, la surveillance des compositions se passait de la manière suivante le Père préfet faisait la sixième, le Père de sixième passait en cinquième et ainsi de suite jusqu'au professeur de rhétorique qui avait congé. Les

:

1. Ainsi, par un étrange renversement de l'ordre naturel, plus les enfants étaient jeunes, moins ils avaient de repos et de récréation. Nous constaterons tout à l'heure la même disposition à l'égard des vacances. Le P. Adry disait : « C'est un usage ridicule et contraire à la raison que des jeunes gens qu'on instruit des choses les plus importantes, les rhétoriciens et les physiciens, aient des classes plus courtes et des vacances plus prolongées. (Notice sur Juilly, page 16.)

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copies étaient levées et remises au Père préfet qui les emportait pour les corriger à loisir.

Les congés de Noël et du jour de l'an terminaient le premier trimestre.

A la rentrée de janvier, le préfet annonçait par une circulaire qu'il faisait passer dans les classes une quête en faveur des pauvres. On supposait que les collégiens devaient se ressentir encore des étrennes. En ce qui regardait l'application des aumônes, les premiers pauvres à qui l'on songeait étaient « les écoliers nécessiteux, surtout ceux qui s'étaient distingués par leur piété et leur travail ». De temps à autre on retenait une partie de la collecte pour l'entretien de la petite bibliothèque des livres de classe.

Le lendemain ou le surlendemain de la fête des Rois, le préfet, qui avait achevé la correction des copies, se présentait dans les classes, pour y donner les places. Plus d'un cœur devait palpiter. d'émotion, car, la lecture terminée, le grand juge s'installait à une table et faisait comparaître, séance tenante, à son tribunal les écoliers les plus faibles. Ceux qui n'arrivaient pas à le satisfaire par leurs réponses étaient invités à plier bagage et à se rendre immédiatement dans la classe inférieure.

Délivrés de tous les traînards, les maîtres pouvaient faire aborder à leurs élèves les points les plus décisifs du programme et jeter les bases de leurs futurs exercices académiques.

Le mercredi qui précédait la première semaine du Carême, avait lieu dans la grande salle du collège la représentation solennelle de la pièce de Carnaval. Les notabilités de la ville et les familles des élèves y étaient invitées par programmes.

Durant la semaine de la Passion, le préfet faisait faire, dans les mêmes conditions qu'en décembre, une composition générale en version latine. Avec les congés de Pâques, qui commençaient dès la semaine sainte, se fermait le second trimestre.

Le troisième s'ouvrait comme le précédent par une quête dans toutes les classes; puis venait la lecture des places de la composition générale et l'examen sommaire des écoliers les plus mal notés. Il était rare qu'on en vînt cette fois à des exécutions. La sévérité du préfet se réservait pour la fin de l'année.

Le premier mardi de juillet, commençaient les compositions pour les prix. C'était comme le signe avant-coureur des vacances. Les théologiens quittaient le collège le 20 juillet, les physiciens le 24, les logiciens le 13 août.

cela

Il n'y avait pas de date fixe pour la distribution des prix dépendait à la fois du jour que pouvait donner le président et du temps que demandait la répétition du drame et autres actes de fin d'année. En général, cette cérémonie suivait la fête de l'Assomption. Rarement elle dépassait le 22 août. Les enfants n'étaient pas rendus

à leur famille aussitôt après la distribution. Ils restaient au collège pour y subir les examens de passage.

Commencés le 23 août au matin, les examens devaient être terminés le 8 septembre, jour indiqué pour la Grande nomination. Ce n'était qu'après cette cérémonie que les collégiens entraient régulièrement en vacances. Il fallait toutefois, pour qu'ils obtinssent leur volée, qu'il y eût eu représentation de pièces sur le théâtre à la fin de l'année autrement la sortie était reculée de huit jours 1.

II

Si les élèves de l'ancien collège de Troyes avaient des vacances moins longues que les nôtres, ils avaient en revanche dans le courant de l'année des congés bien plus nombreux.

Il y avait d'abord les grands congés. Celui de Noël allait du 24 décembre au lendemain des Rois pour les philosophes, de la même date au 1er janvier pour les rhétoriciens. Il est vrai que les autres classes étaient moins bien partagées : un jour ou deux tout au plus. Le congé de Carnaval, d'une durée égale pour tous les écoliers, allait du Jeudi-Gras au mercredi des Cendres inclusivement. Il était bien entendu toutefois que les humanistes auraient représenté le poème réglementaire; autrement la sortie ne pouvait avoir lieu que le dimanche de la Quinquagésime. Quant aux congés de Pâques, ils duraient des Rameaux à la Quasimodo pour les rhétoriciens ét les philosophes, du mardi saint au mercredi de Pâques inclusivement pour le reste du collège.

En dehors de ces congés, il y en avait une foule d'autres en l'honneur des saints du diocèse ou de l'Oratoire. Les vieux règlements du collège nous apprennent que les classes vaquaient soir et matin le jour de la Saint-Nicolas, fête des écoliers, la veille et le jour des Grandeurs de Jésus, fête de l'Oratoire, le jeudi de la mi-carême, le jour de l'Invention de la Sainte-Croix, les jours de la Saint-Martin, de la Saint-Savinien, de la Saint-Joseph, de la Sainte-Hélène, de la Sainte-Mathie 2, de la Saint-Philippe de Néry, de la Saint-Loup, de la Saint-Roch, de la Saint-Barthélemy, de la Saint-Louis.

Il y avait même des congés et des saints spéciaux à certaines classes. Ainsi les philosophes et les théologiens fêtaient solennellement la Saint-Thomas d'Aquin 3. On ne sait trop sur quoi ils se fon

1. Cat. Scol., t. III. Usages du collège.

2. « Percelebris est apud Trecensem populum divæ Mastidiæ virginis solemnitas.» (Cat. Scol. Privilegia quædam Collegii Trecensis, t. II.)

3. « Die VII Martis qui D. Thomæ Aquinati sacer est, philosophi soli, more

daient pour vouloir fêter aussi la Sainte-Catherine 1, mais les Pères y avaient su mettre bon ordre.

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Les écoliers avaient en outre congé le jour de la pièce de rhétorique, le jour de l'installation du nouveau maire, chaque fois encore qu'il arrivait « quelque fête civique ou circonstance extraordinaire ».

Tout était bon pour les écoliers. A défaut du congé complet, ils se contentaient volontiers d'une moitié de congé. La veille des fêtes de la Toussaint, de Noël et de l'Assomption, le jour de la harangue du Père rhétoricien, les jours de compositions générales, ils ne rentraient pas le soir.

En principe les classes vaquaient l'après-midi du jeudi : mais il était rare qu'on s'en tînt à ce minimum. Quand le professeur de rhétorique donnait sa harangue, la coutume était que les officiers municipaux demandassent pour les écoliers les matinées du jeudi. Ajoutons que, toutes les trois semaines, le collège avait congé le mardi 2.

Une institution à laquelle les maîtres et les élèves n'étaient pas indifférents était celle des demies. Une demie avançait de trente minutes le moment si désiré de la sortie des classes. On y avait droit le 25 de chaque mois qui tombait un jour de classe, le matin du jour de la pièce de seconde, tous les soirs de l'Octave de la FêteDieu, chaque fois qu'il y avait association à la chapelle ou exercice académique dans la Grande Salle, chaque fois encore qu'une classe distribuait des programmes pour une séance publique ou célébrait la fête de son professeur. La demie se donnait en outre aux deux quêtes de janvier et de la Quasimodo, — aux jours de compositions, chaque fois que le thermomètre descendait à 4° au-dessous de zéro ou qu'il montait à 25 au-dessus, etc.

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Le préfet seul avait le droit d'octroyer des demies. Certains régents pourtant prenaient sur eux d'en donner à leurs élèves. C'était une usurpation que l'administration ne voulait pas tolérer. Aussi, pour éviter toute réclamation inutile, l'octroi des demies avait été, au xvIII° siècle, l'objet d'une réglementation minutieuse (deux grandes pages in-4°), et il avait été entendu que chacun s'y conformerait scrupuleusement 3.

Les congés étaient non la récompense du travail et de la bonne conduite, mais la consécration de vieux privilèges, privilegia et con

vel jure nescio quo, vacationem a lectionibus usurparunt. » (Cat. Scol., Id, ibid.)

1. «< Die Catherinæ sacro, idem jus sibi soli vindicarunt philosophi.

<< Dies Catherinæ sacer : hoc anno professores inter et philosophiæ alumnos (Cat. Scol., t. II. ann. 1686).

dissidiorum seges. »

2. Cat. Scol., t. III. Usages du collège.

3. Id., ibid.

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