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naître Dieu, Dieu les a livrés à un esprit dépravé pour commettre des choses qu'il n'est pas permis de faire. » (Rom. 1, 28.)

4. Dieu, type de toules les perfections. L'admiration. L'adoration et la glorification : le culle intime et le culte public. L'imitation.

Etre unique en sa nature, d'une grandeur qui dépasse nos conceptions et pour laquelle nous ne trouvons qu'un mot auquel nous sommes incapables d'attacher une idée un peu nette, celui de majesté, Dieu est pour les esprits faits à son image et qui contemplent ses perfections, la source de deux devoirs qui l'honorent et qui nous honorent. En effet, dans les deux mots, admiration et adoration, se résument nos obligations les plus saintes et les plus hautes émotions dont l'humanité puisse jouir.

Mais sont-ce là des devoirs?

1) L'admiration.

Pour ce qui est de l'admiration, d'abord, elle passe d'ordinaire pour une sorte de luxe, un privilége des classes instruites; mais il n'en est rien; elle est à l'usage de tous et nécessaire à la vie de tous. L'âme ne s'en passerait qu'à son grand dé

triment, et libre d'en jouir elle aurait tort de se refuser ce privilége: qui n'admire rien est infirme, qui admire plus autre chose que Dieu ou ne l'admire point est aveugle. Rien ne naît plus naturellement dans une âme saine et ne se développe avec plus d'aisance que l'admiration de la grandeur, et rien ne féconde plus que le sentiment bien accepté, bien accueilli de la majesté divine. Ne pas l'éprouver serait signe d'une disgrâce intellectuelle, le combattre, signe d'une maladie morale. Tribut spontanément né et constamment offert à Dieu, c'est le complément de notre éducation religieuse. Pour toute âme bien faite, il y a là un attrait auquel cède tout autre attrait, auquel aucune ne saurait rester étrangère impunément et qu'aucune ne saurait tenir enfermé en son sein.

D'ailleurs, sentir de l'admiration pour la majesté divine, ce n'est pas aller assez loin, car il est dans la nature du plus grand des sentiments d'en être aussi un des plus éloquents. Que l'admiration reste muette tant qu'elle n'est qu'à l'état de germe, cela se conçoit, mais elle est à peine réelle, quand son expression suprême, l'adoration, ne s'y joint pas.

(2 L'adoration et la glorification: le culte
public et privé.

Ce devoir, celui de tous dont l'accomplissement élève le plus, prend deux formes principales dans le sein de l'humanité : celle du culte public ou extérieur, qui est périodique, et celle du culte privé ou intérieur, qui est permanent quand il est pur.

En effet, du culte qui est d'institution sociale, se distingue le culte intime, comme la loi morale se distingue de la loi politique. Cet ensemble de sentiments et de pensées qui, pour se manifester à Dieu, n'attend pas les assemblées d'une Eglise, mais s'épanouit à toute heure, constitue le culte intime, le culte permanent. Les deux cultes se touchent, s'inspirent et se vivifient; mais le premier n'est, sans le second, qu'une cérémonie, qu'une sorte d'ostentation. S'il n'était pas la sincère expression de nos sentiments, la forme articulée de la pensée continue, que serait-il? Et si nous cessions réellement d'éprouver de l'humilité à la vue des perfections de Dieu, ou de la joie à la vue des merveilles de sa création et de son gouvernement ; d'avoir du dévoûment et de la fidélité à la vue de ses grâces et de ses desseins sur nous; si la reconnaissance pour ses

bienfaits chaque jour renouvelés nous trouvait sans émotion; si jamais ce feu sacré venait à s'éteindre dans nos cœurs, quelle triste parodie de culte irions-nous célébrer en public? Ce serait là précisément ce que le prophétisme hébraïque appelle le culte des lèvres. On l'a qualifié de profanation, mais c'est par une exagération oratoire. Si nul ne peut dire que tous ceux qui célèbrent un culte publicy participent au nom de leurs sentiments intimes, nul ne peut dire non plus que, de tous ceux qui y participent, aucun n'y vient au nom de ces sentiments.

Le culte public alimente le culte intime à son tour. Nul ne doit s'en dispenser sous prétexte qu'il n'y va pas au nom de sentiments parfaits. On y peut trouver ce qu'on n'y apporte pas, et loin d'être une profanation, tout culte public, s'il est sincère, si froid qu'il soit ou si exalté, est un hommage encore digne de Dieu à un degré dont le juge suprême est seul juge.

La glorification de Dieu est un acte dont toute religion nous fait un devoir d'accord avec toute philosophie. Le plus sublime des devoirs en morale, la glorification, est la plus sublime partie du culte public. Les chants du royal psalmiste des Hébreux dont la grande âme déborde de ce sentiment, sans cesse et sous les formes les plus majestueuses, ne sont pas un fait unique dans l'his

toire de notre race. Il est vrai que tout cet ensemble d'hymnes qui célèbrent la gloire de Dieu dans les vers les plus magnifiques que l'humanité ait produits forme le monument le plus imposant et s'inspire des plus sublimes sentiments qui aient jamais ému le cœur de l'homme, mais cette littérature est riche partout. La glorification de Dieu est la plus haute gloire des nations et chacune est entrée à son tour dans ce concert des cieux entendu du poète : « Coeli enarrant gloriam Dei. >>

Le devoir de la glorification de Dieu a d'ailleurs moins le caractère de la jubilation externe que celui d'un chant intime. Dans les âmes contemplatives où les sentiments enthousiastes éclatent aisément et s'élèvent aux ravissements de l'extase, il faut plus de vigilance pour le contenir dans ses limites que d'excitation pour le porter à son dé-veloppement complet.

Il s'attache au culte public deux erreurs grossières, celle qu'il est méritoire, le seul acte d'une présence personnelle devant plaire à Dieu, et l'erreur toute bizarre, qu'il est essentiellement un cours d'instruction ayant pour objet principal l'accroissement de nos lumières religieuses. L'une et l'autre de ces erreurs détruisent le culte dans les âmes où elles règnent. L'unique objet du culte est de rendre grâces à Dieu pour ses bienfaits, et

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