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L'Australie est habitée tant par les Malais bruns que par les Papous et les Alfourous noirs. Les Alfourous vivent dans les parties centrales de la plupart des Moluques, des Philippines, de Madagascar et de la Nouvelle-Guinée, au nord de cette dernière contrée, dans la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, la Louisiade, à Fig. 319 (1).

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Bouka, à Santa-Cruz, dans les îles de l'Archipel de Salomon et dans l'intérieur de la Nouvelle-Hollande. On les regarde comme les habitants primitifs. Ils ont, d'après Lesson, les jambes grêles, les dents saillantes, les cheveux rudes, épais et plats, la la barbe épaisse, la peau noire ou d'un brun sale. Les Papous, qui vivent sur les côtes, et qui diffèrent d'eux, leur donnent le nom d'Endamènes. Ces Papous, également d'un brun noir, qui sont répandus sur les côtes d'un grand nombre d'îles de la Malaisie, à Waigiou, Salaouati, Gummen, Battenta, me paraissent résulter du mélange des Malais avec les Alfourous ou vrais Papous. Ils ressemblent aux Madécasses. Leurs cheveux sont noirs, tant soit peu lanugineux, très touffus. Leur nez est épaté, leur front haut, leur barbe peu fournie.

Les Malais se sont étendus de Sumatra dans la presqu'île de Malacca, où l'on trouve aussi les deux couleurs chez une partie des montagnards, par exemple les Samangs et les Negritos del Monte.

On parle aux Philippines, dans les îles de la Sonde et à Madagascar, des langues qui se rapprochent du malais. Les langues de la Nouvelle-Zélande, de Taïti, des îles Sandwich, de Tonga, se ressemblent sous le point de vue du vocabulaire et de la grammaire.

(1) La figure 319 représente le portrait d'un naturel de Taîti.

En Afrique, on trouve deux nations. Les habitants du nord et du nord-est, Abyssiniens, Nubiens, Egyptiens, Berbers, se rapprochent des Indo-Européens. Ceux du reste de l'Afrique sont des nègres. Le nombre des langues est immense. La même chose a lieu en Amérique, dont les habitants cuivrés, malgré les différences nationales des Péruviens, des Guaranis, des Araucanos, des Pampas, des Puris, des Botocudos, des Patagons, des Fuégiens, des Mexicains, des Caraïbes, des Canadiens, des Californiens, paraissent avoir tous de l'affinité les uns avec les autres, si l'on excepte les peuplades, peut-être mongoles, du nord-est.

NOTE ADDITIONNELLE SUR L'HÉRÉDITÉ. Ce sujet n'ayant été qu'indiqué dans le Manuel de physiologie, j'ai puisé, pour en donner un aperçu, à l'important ouvrage de M. le docteur Prosper Lucas (1), et j'en recommande la lecture à tous ceux qui, là-dessus, voudront s'instruire à fond.

Dans la procréation, M. Lucas admet deux lois qui marchent constamment côte à côte et qui influent l'une et l'autre sur les produits. Ces lois ne sont qu'une reconnaissance distincte et générale de deux faits que l'observation fournit, à savoir que les enfants peuvent tantôt tenir par hérédité une part notable de la conformation physique et mentale des parents, et tantôt en différer profondément. C'est ainsi que, dans des familles que rien ne distingue, on voit apparaitre des individus tout à fait remarquables en bien ou en mal: ceci, M. Lucas le nomme innéité. D'autres fois, et c'est le cas le plus ordinaire, des traces profondes venant des ascendants se marquent sur les descendants: ceci est l'hérédité. Dans la constitution des générations successives, ces deux faits sont primordiaux, et l'on ne sait ni pɔurquoi l'hérédité s'exerce, ni pourquoi, en certaines circonstances, elle fait place à l'innéité.

M. Lucas apporte un grand nombre d'exemples qui prouvent, tant pour l'espèce humaine que pour les autres espèces animales, que les produits peuvent être très différents des auteurs. Il poursuit ces différences dans la conformation physique et dans la disposition intellectuelle et morale.

Venant alors à l'hérédité, il ne lui est pas difficile de faire voir la large part qu'elle prend dans la constitution des individus. Le croisement parmi les animaux et parmi les races humaines ne laisse aucun doute à cet égard. L'hérédité suivie dans toutes ses particularités présente à examiner:

1° Conformation extérieure. — L'hérédité de la conformation externe peut être générale et régir également toutes les parties; toutes peuvent en accuser au dehors l'expression, la tête, le tronc, les membres, les ongles même et les poils; mais il n'en est aucune qui en porte une plus vive ni une plus habituelle empreinte que le visage; elle s'y étend avec formes particulières des traits, et les grave à l'image des types originels. La régularité, l'irrégularité, les signes distinctifs. la laideur, la beauté, l'agrément des figures sont héréditaires. Il est assez fréquent que cette répétition héréditaire des traits n'apparaisse point toujours dès les premières périodes de l'existence, mais plus tard, et lorsque les enfants touchent à l'âge où les traits des parents offraient le même caractère. Les ressemblances peuvent aussi n'exister qu'un instant et ne faire pour ainsi dire que glisser sur les visages. Il est même donné d'observer quelquefois, dans ces ressemblances, des métamorphoses de l'image d'un auteur dans l'image de l'autre les ressemblances de conformation du fils avec la mère, de la fille avec le père, peuvent s'effacer après l'adolescence, et être remplacées par celle du fils avec le père, de la fille avec la mère. — L'hérédité de la taille est un fait reconnu de toute antiquité; et cela est vrai non seulement du corps en totalité, mais encore de ses parties. Les éleveurs célèbres que compte l'Angleterre, Backwell, Fowler, Paget, Princeps et plusieurs autres, ont tiré un parti merveilleux de ces faits; ils sont arrivés à transporter d'une face à une autre race, ou d'un individu à ses divers produits, telle ou telle proportion de membre ou de partie. Il leur a suffi, pour arriver à ce but, de préciser d'abord le caractère physique qu'ils désirent transmettre; de faire élection, ensuite, de måles et

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(1) Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle dans les états de santé et de maladie du système nerveux. Paris, 1847-4830, 2 vol. in-8.

de femelles les présentant l'un et l'autre au plus haut degré possible de développement ; et, å défaut d'individus étrangers, d'allier les rares produits où ils se propagent, avec les pères ou mères, avec les frères et sœurs, procédé que les Anglais nomment breeding in and in. C'est la propagation suivie dans le même sang. Le docteur Dannecy, qui avait connaissance de ces résultats, a tenté de les reproduire dans d'autres espèces ; il a fait, dix années, procréer une centaine de couples de lapins, en ayant l'attention de disposer toujours les accouplements d'après des circonstances individuelles fixes et toujours les mêmes, dans certaines lignées; et il est parvenu à obtenir ainsi une foule de conformations différentes, de monstruosités, en quelque sorte, de tout le corps ou de chacune de ses parties. Le résultat a été le même sur des pigeons, le même sur des souris, le même sur des végétaux. John Sebright en avait recueilli d'analogues, par les mêmes procédés, sur des chiens, sur des poules, enfin sur des pigeons. Cela, appliqué à l'espèce humaine, fait voir l'importance, dans l'appréciation des vices du bassin, de ne pas simplement tenir compte des proportions du bassin de la femme que l'on examine, mais des dimensions de Ja tête et des épaules de l'homme qu'elle peut ou doit épouser, précaution qu'on ne prend pour ainsi dire jamais, bien que la plus essentielle à prendre, pour le médecin comme pour la famille. — L'influence de l'hérédité sur la couleur est manifeste. Le croisement des noirs et des blancs en témoigne constamment. Les exemples en abondent dans le métissage des variétés blanches et des variétés noires des espèces animales; mais il arrive aussi que le croisement n'a pas lieu, et que la couleur d'un des parents seulement est représentée dans le produit; quand ce fait est constaté pour les animaux, la conclusion s'applique à la race humaine, où l'on voit des unions entre blancs et noirs donner naissance non pas toujours à des mulâtres, mais parfois à des enfants complétement blancs ou complétement noirs.

2o Structure interne. Rien de plus positif que l'hérédité de la forme, du volume et des anomalies du système osseux: celle des proportions en tout sens, du crâne, du thorax, du bassin, de la colonne vertébrale, des moindres os du squelette, est d'une observation vulgaire; on a constaté jusqu'à celle du nombre en plus ou en moins des vertèbres et des dents. L'appareil circulatoire, l'appareil digestif, le système musculaire, suivent, à tous ces égards, les lois de transmission des autres systèmes internes de l'organisme; le développement, l'étendue, la configuration, la capacité, les disproportions les plus particulières des appareils spéciaux qui leur appartiennent, se transportent des pères et mères aux produits. Il existe des familles où le cœur et le calibre des principaux vaisseaux sont naturellement très considérables; d'autres chez lesquels ils sont relativement très petits; d'autres, où, comme l'avait constatė Corvisart, ils présentent les mêmes vices de conformation. L'expérience a depuis longtemps enseigné aux agriculteurs qui cherchent à maintenir ou à propager la blancheur de la laine, qu'ils doivent écarter avec soin du troupeau, non seulement les brebis et les béliers tachetés, mais ceux même qui le sont soit sur la langue, soit sur la voûte palatine. Il suffit d'un bélier taché de noir sur la langue pour produire des agneaux tachés de noir sur le dos ou partout ailleurs.

3o Hérédité relative aux éléments fluides de l'organisation. — Un des plus remarquables cas de cette sorte d'hérédité est la tendance aux hémorrhagies qui se manifestent dans certaines familles. Un grand nombre d'observations sont consignées dans les recueils; et M. Lucas en signale quelques unes. Le docteur Laborie a vu, chez un malade de la Pitié, les chocs les plus légers produire des ecchymoses et plusieurs fois des hémorrhagies graves; plusieurs enfants de la famille étaient morts de pareils accidents provoqués par des causes incapables d'entraîner, sans prédisposition, de tels résultats. Muller, d'Edimbourg, a vu périr ainsi un jeune homme, après une légère piqûre suivie d'une perte de sang que rien ne put arrêter; les membres de la famille qui avaient avec lui une grande ressemblance, la même couleur de cheveux, le même aspect de la peau, présentaient la même prédisposition aux hémorrhagies; un de ses oncles, entre autres, avait des ecchymoses à la moindre pression de la peau sous un corps dur. Le suivant mérite d'être signalé, tant pour le double concours de l'innéité et de l'hérédité à sa production, que pour la marche de la propagation elle-même. Le père de la famille E. P... était en pleine vie et en parfaite santé, bien que déjà à l'âge de quatre-vingt-six ans. De son mariage étaient nés douze enfants, cinq fils et sept filles : parmi eux, quatre enfants, trois fils et une fille, moururent d'hémorrhagie. La plus jeune des filles, qui n'avait jamais présenté de symptomes de cette prédisposition, se marie à un homme bien portant; elle en a six enfants, quatre garçons et deux

filles trois des garçons périssent d'hémorrhagie; il n'y avait point de trace qu'aucun des parents, soit du côté du père, soit du côté de la mère, ait été affecté de cette idiosyncrasie, antérieurement aux enfants d'E. P...

4o Hérédité des modes de développement. Il est des familles qui ont des époques fixes pour leur développement. Tantôt c'est à la deuxième dentition ou à la puberté; tantôt c'est par secousses eu quelque sorte partielles, mais soutenues, vers ces époques, ou par secousses brusques et qui portent de bonne heure la taille à la hauteur où elle doit arriver, que se fait le développement; crises de la croissance dont le moment d'explosion, indépendamment de ses dangers immédiats, mérite toute l'attention des médecins par rapport aux affections chroniques dont il peut être le point de départ héréditaire. Chez certaines familles la croissance et la puberté sont précoces; chez d'autres elles sont tardives.

5° Hérédité des modes de reproduction. On a constaté l'existence de familles gémellipares. On a constaté aussi des familles où la puissance prolifique se transmettait héréditairement avec une grande intensité. A ceci il faut rattacher sans doute la disposition héréditaire à une plus grande abondance de lait. Cette faculté de donner plus ou moins de lait est transmissible, ains; que la fécondité, de la part des deux auteurs. L'hérédité de l'une décide de celle de l'autre. Thaer et Girou assurent qu'il est important de choisir, pour la monte, des taureaux qui proviennent d'une bonne vache laitière.

6o Hérédité des idiosyncrasies. — Il est très positif qu'il y a des familles qui ne sont point sujettes à la petite vérole. Fodéré en avait un exemple continuel sous les yeux : c'était celui de sa femme et de sa famille : le père de sa femme, mort à quatre-vingt-onze ans, après une longue pratique, ne contracta jamais la petite vérole, et tenta en vain de la donner à sa fille par l'inoculation et en la faisant jouer avec des variolés; son père et son aïeul, mort également plus qu'octogénaires, avaient été de même. Les enfants de Fodéré ne jouirent pas de cette immunité. 7° Hérédité de la durée de la vie. Il n'est pas permis de révoquer en doute l'action de l'hérédité sur la durée de la vie à courte période. Dans certaines familles, une mort précoce est si ordinaire, qu'il n'y a qu'un petit nombre d'individus qui puissent s'y soustraire à force de précautions. Dans la famille Turgot, on ne dépassait guère l'âge de cinquante ans, et l'homme qui en a fait la célébrité, voyant approcher cette époque fatale, malgré toute l'apparence d'une bonne santé et d'une grande vigueur de tempérament, fit observer un jour qu'il était temps pour lui de mettre ordre à ses affaires et d'achever un travail qu'il avait commencé, parce que l'âge de durée dans sa famille était près de finir; il mourut en effet à cinquante-trois ans. L'action de l'hérédité n'est pas moins énergique sur la durée de la vie à période ordinaire; l'expectative la mieux fondée d'une longue vie est celle qui repose sur la descendance d'une famille où l'on est parvenu à un âge avancé; Rush dit n'avoir pas connu d'octogénaire dans la famille duquel il n'y eût des exemples fréquents de longévité. A ce propos M. Lucas examine la durée de la vie humaine. Il faut d'abord distinguer la vie moyenne et la longévité individuelle. La vie moyenne dépend évidemment du lieu, de l'hygiène, de la civilisation; la longévité individuelle au contraire est complétement affranchie de ces conditions; elle se trouve dans tous les temps, dans tous les pays, dans toutes les conditions, dans toutes les races. Le cens fait sous Vespasien montra que dans une portion de l'Italie il y avait 65 centenaires. En France, on compte annuellement environ 170 centenaires; en Angleterre, 1 centenaire sur 3,100 individus. Tout démontre que la macrobie tient à une puissance interne de la vitalité, puisque ces individus privilégiés l'apportent, en naissant, à la vie. Cette vitalité est si particulière et si profondément empreinte dans leur nature, qu'elle s'y caractérise dans tous les attributs de l'organisation. Ils ont la plupart une sorte d'immunité contre les maladies. C'est la vie tout entière, avec tous ses dons et toutes ses facultés qui persistent chez eux; leurs fonctions sensoriales, leurs fonctions affectives, leurs fonctions mentales, leurs fonctions motrices, leurs fonctions sexuelles, tout s'accomplit, dans ces organisations, avec une énergie, une régularité, une persistance incompréhensibles. 8o Hérédité des anomalies de l'organisation. — M. Lucas a rassemblé nombre de cas qui prouvent la transmission héréditaire du bec-de-lièvre, de l'hypospadias, des doigts surnuméraires, etc. Ces phénomènes sont très intéressants, parce qu'ils montrent irréfragablement que le type individuel est transmissible par la voie séminale; et dès lors on peut conclure avec sûreté à des phénomènes moins apparents.

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9° Transmission de la nature morale. Étant bien établi que la conformation physique est héréditaire, on sera porté à conclure que la disposition morale l'est aussi. M. Lucas a recherché soigneusement les témoignages de cette transmission. Il distingue la nature morale: en sensations, sentiments, intelligence et mouvements. Quant aux sens, on voit dans son livre une collection curieuse de faits où, soit chez les animaux, soit chez l'homme, les qualités des organes sensoriaux, en bien ou en mal, se transmettent des parents aux enfants. L'hérédité propre aux sentiments se constate par des observations de même genre. La part qui procède de la race n'est pas contestable; quelque opinion qu'on ait sur l'origine des races, et quelque théorie qu'on adopte sur leur diversité, on ne peut nier que ce qu'il existe de distinctif en elles et de primitif dans leur mode de sentir, ne se propage avec elles. Les observations ethnologiques l'attestent: elles prouvent la transmission de tous les traits qui composent, chez les différents peuples, le caractère national. Reste la question de la part qui vient de la famille. Pour tout observateur impartial, au milieu du conflit des systèmes, elle n'est pas moins nettement tranchée par l'expérience. Ici les expériences depuis longtemps instituées pour l'élève du cheval, et les qualités qu'on a besoin de produire en cet animal afin d'en obtenir différents services, ont prouvé péremptoirement la transmissibilité des instincts bons ou mauvais. Aussi les éleveurs ont-ils soin de constater le caractère des étalons et des juments employés à la reproduction. Ces faits sont très importants en vue de l'homme, car ils tendent à dégager la preuve expérimentale à son égard d'une série d'objections dont on a poussé l'abus jusqu'à l'absurde. Telle est l'explication des ressemblances morales du type individuel, dans le sein des familles, par l'identité de l'éducation, par l'empire de l'exemple, la force de l'habitude et l'influence de toutes les causes extérieures, etc. On suppose assez communément, dit Girou de Buzareingues, et J.-J. Rousseau ne s'est pas préservé de cette erreur, que les enfants naissent sans penchants et qu'un même système d'éducation peut convenir à tous ; il est cependant vrai que nous naissons avec les habitudes, comme avec le tempérament de ceux à qui nous devons la vie. Vient ensuite l'hérédité de l'intelligence: on n'a, dit Malebranche, que trop d'exemples de la transmission du défaut d'intelligence, et tout le monde sait assez qu'il y a des familles entières qui sont affligées de grandes faiblesses d'imagination qu'elles ont héritées de leurs parents. On remarque souvent, dit Spurzheim, que certaines facultés mentales dominent dans des familles entières. Pour moi, je regarde comme une des plus grandes preuves de l'hérédité mentale un fait que le contact entre les peuples civilisés et les peuples barbares a mis en lumière : c'est l'impossibilité où les peuples barbares sont d'arriver au niveau des peuples civilisés de plein saut et sans passer par l'hérédité. Quelque effort que l'on fasse, deux états inégaux de civilisation ne peuvent s'assimiler tout d'un coup; toujours il faut du temps et plusieurs générations pour que les hommes moins cultivés puissent recevoir et comprendre les notions des hommes plus civilisés. L'hérédité, qui agit activement pour maintenir les nations civilisées à leur point et pour leur permettre de s'avancer au delà, l'hérédité s'oppose d'abord à l'infusion des nouvelles idées dans une population sauvage, et puis concourt à la modification des esprits. Mais c'est ce rôle nécessaire de l'hérédité qui exige tant de temps pour que les hommes sauvages se transforment. Reste enfin l'hérédité par rapport à la locomotion et à la voix. Ici les chevaux fournissent des exemples authentiques; on sait avec quelle exactitude les descendances des chevaux de sang sont enregistrées; et les bons coureurs transmettent leur qualité à leurs produits.

Résumant toutes ces recherches, M. Lucas établit que ni ceux qui ont soutenu que l'hérédité n'avait aucune part dans la reproduction des êtres, ni ceux qui ont soutenu qu'elle y avait toute la part, ne peuvent faire prévaloir leur opinion devant la double série de faits parallèles opposés soit à l'une, soit à l'autre de ces doctrines. Il est resté prouvé que la diversité n'est, de sa nature, ni une anomalie, ni un accident, ni même une exception, mais un fait régulier, ordinaire et normal du type individuel ; qu'ainsi sa cause n'a rien de tératique et qu'aucune perturbation n'en est le principe. D'un autre côté, il est resté prouvé aussi qu'aucune des influences acciden telles de la génération ne donne l'explication de l'uniformité héréditaire qui s'y déploie, et qu'aucune n'en contient le principe. M. Lucas part de là pour comparer la procréation à la création; et, de même que la nature a créé primordialement les espèces qui se ressemblent mais qui different, de même, dans le sein des espèces, elle crée incessamment des êtres qui ressemblent à leurs parents et qui en diffèrent. A ce point de vue, la génération des individus reproduit le même phénomène que la génération primitive des espèces.

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