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tence chez les mammifères. Meckel savait aussi qu'on les rencontre chez ces animaux et chez l'homme, mais il en ignorait la véritable nature, et les comparait aux épididymes. Rathke, qui les a étudiés chez les oiseaux, les mammifères et les reptiles écailleux, s'est assuré qu'ils sont indépendants des reins; mais il en fait encore provenir les épididymes chez les mâles, et prétend qu'ils disparaissent chez les femelles. Comme ils semblaient manquer chez les poissons et les reptiles nus, et qu'on les avait vus chez tous les animaux qui ont une allantoïde et un amnios, on pensait que leur existence se rattachait à celle de ces membranes. Les poissons en Fig. 287.

sont effectivement privés; mais je les ai trouvés chez les batraciens (1), tant à l'état de foetus qu'à celui de têtard; là leur situation, au sommet de la cavité abdominale, immédiatement au-dessous des branchies, les éloigne tellement des organes génitaux et des reins, qu'on ne peut méconnaître qu'ils sont indépendants et des uns et des autres; j'ai également vu, chez les mammifères, les épididymes se développer entre eux et les testicules. Les corps de Wolff sont évidem ment des organes sécrétoires, car ils ont des conduits excréteurs qui s'ouvrent dans le cloaque, et j'ai reconnu sur des fœtus d'oiseau que leurs canalicules et leurs conduits excréteurs renfermaient un liquide blanc-jaunâtre, qu'on pouvait faire aller et venir par la pression. Jacobson ayant reconnu que le liquide allantoïdien des oiseaux contient de l'acide urique durant les premiers jours de l'incubation, tandis que les reins ne commencent à se montrer qu'au sixième jour, cette observation rend vraisemblable aussi que les corps de Wolff ont une fonction analogue à celle des reins, et qu'en qualité de reins primordiaux ils ont, avec les reins proprement dits, le même rapport que les branchies des reptiles nus avec les poumons dont ces animaux sont munis plus tard; hypothèse à l'appui de laquelle vient encore le fait observé par Rathke, qu'on rencontre dans leur intérieur des corpuscules de Malpighi, semblables à ceux qui existent dans les reins.

La durée des corps de Wolff varie beaucoup dans les diverses classes. C'est dans celle des reptiles nus qu'ils persistent le plus longtemps. Chez les larves de grenouilles et de salamandres, ils forment, à la partie supérieure de la cavité abdominale, un paquet de cæcums, d'où un canal excréteur descend de chaque côté de la colonne vertébrale : leur existence ici est aussi longue que celle de la vie des larves. Chez les oiseaux, ils apparaissent au troisième jour de l'incubation, et s'étendent depuis le cœur jusqu'à l'extrémité postérieure. Ils consistent également en petits cæcums réunis par un conduit excréteur commun, qui s'ouvre de chaque côté dans le cloaque. Derrière eux se forment les reins, et au-dessus de ceux-ci les capsules atrabilaires. A mesure que les reins grossissent, le volume des corps de Wolff diminue. Les testicules et les ovaires se produisent au-devant d'eux, et chez les femelles, on distingue toujours un oviducte séparé de leur conduit excréteur (l'ovaire et l'oviducte du côté droit s'atrophient chez les oiseaux, à l'exception de quelques rapaces). Je n'ai pas vu, chez les mâles, d'autre conduit excréteur de (4) La figure 287 représente, d'après Mueller, la partie postérieure de la cavité du trone d'u têtard de grenouille: 1 reins, 2 corps de Wolff, 3 leurs conduits excréteurs.

la semence que celui des corps de Wolff (1), et il m'a paru exister une communication entre ce dernier conduit

et les testicules par le moyen des vaisseaux efférents eux-mêmes. Par les progrès du développement, les corps de Wolff deviennent plus petits, et après l'éclosion on n'en trouve plus qu'un faible reste sur les reins.

Chez les mammifères, ces corps ont la forme d'un haricot. Ils sont composés de petits cæcums placés en travers. Les reins et les capsules surrénales se développent derrière eux. Leur volume est si considérable dans le principe, qu'ils couvrent entièrement les reins; mais, à mesure que ceux-ci croissent, ils deviennent relativement plus petits

1

Fig. 288,

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A

B

Fig. 289.
B

et se portent davantage vers le bas. Le conduit excréteur s'étend de leur partie inférieure au sinus uro-génital. Le long de leur bord externe se produit le conduit génital excréteur, trompe de Fallope ou canal déférent, qui d'abord a la même conformation, et se termine par une extrémité libre; plus tard le conduit et le testicule s'unissent ensemble par des vaisseaux transversaux, tandis que, chez les femelles, une ouverture se forme à l'extrémité du conduit. Dans les deux sexes, le corps de Wolff disparaît en totalité, sans se métamorphoser en aucun autre organe (2). L'épididyme se développe d'une manière indépendante, la partie qui consiste en cônes vasculaires provenant des tubes de communication qui unissent le canal déférent avec le testicule, et le reste, qui constitue le canal de l'épididyme, se produisant par de simples circonvolutions du conduit lui-même. Toute la portion de ce dernier qui décrit de fortes circonvolutions le long du bord externe du corps de Wolff devient l'épididyme; à l'endroit où cessent ces circonvolutions, on voit un ligament, le gouvernail de Hunter, se porter au canal inguinal: ce ligament existe dès avant que les circonvolutions soient

(1) La figure 288 représente, d'après Mueller, les corps de Wolff, les reins et les organes de la génération A, dans un embryon male, et B, dans un embryon femelle de poulet : 4 reins; 2, corps de Wolff; 3, testicule, ovaire; 4, capsules surrénales; 5, uretères; 6, conduits des corps de Wolff; 7, oviducte; 8, cloaque.

(2) La figure 289 représente, d'après Mueller : A, un embryon humain, long de 8 lignes ; B, ses organes urinaires et génitaux, grossis : 1, capsule surrénale droite, intimement soudée au rein, formé derrière elle; 2, rein et uretère gauches: on a enlevé la capsule surrénale; 3, testicule ou ovaire droit ; 4, corps de Wolff; 5, trompe de Fallope ou canal déférent.

développées. Chez les femelles, le canal reste droit: il en part, au même endroit que chez les mâles, un ligament qui se dirige vers l'anneau inguinal, et qui est le futur ligament rond de la matrice: la portion du canal, qui s'étend depuis ce ligament jusqu'à l'extrémité inférieure, devient corne de la matrice, et, chez les animaux dont la matrice présente une partie moyenue, ou un corps, celui-ci provient de la réunion des deux cornes. La matrice de la femme est bicorne aussi dans le même principe; mais ses cornes se raccourcissent peu à peu, et rentrent dans la partie moyenne, à mesure qu'elle se développe. Au reste, les corps de Wolff ne peuvent être observés, dans l'espèce humaine (1), que durant les premiers temps de la vie embryonnaire; ils disparaissent beaucoup plus tôt que Fig. 290.

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chez les mammifères. Quand on examine au microscope des embryons du milieu de la grossesse, ou même un peu plus avancés, on distingue encore des traces de ces organes dans le repli du péritoine tendu entre l'ovaire et la trompe de Fallope. On pourrait présumer que, chez les ruminants et les cochons, les corps de Wolff et leurs conduits excréteurs se transforment en canaux de Malpighi, qui

(1) La figure 290 représente, d'après Mueller, les organes génitaux et urinaires d'un embryon humain long de 3 pouces 1/2 : A, vue générale des parties: 1, capsules surrénales; 2, reins; 3, ovaire; 4, trompe de Fallope; 5, matrice; 6, intestins; 7, vessie. B, vessie et organes génitaux du même embryon, vus de côté : 1, vessie; 2, uretère; 3 matrice (avec 2 cornes); 4, vagin; 5, partie commune au vagin et à l'urètre ; 6, orifice commun des organes génito-urinaires; 7, clitoris. C, organes génitaux internes du même : 1, matrice; 2, ligaments ronds; 3, trompe de Fallope; 4, ovaires; 5, débris du corps de Wolff. D, organes génitaux externes du même: 1, grandes lèvres; 2, petites lèvres; 3, clitoris.

ont été observés, chez ces animaux, par Malpighi et Gaertner, et qui, situés sur les côtés de la matrice, s'ouvrent dans le vagin; mais le fait n'est rien moins que prouvé. Les embryons des mammifères et de l'homme ont un sinus uro-génital, cavité ouverte à l'extérieur, dans laquelle s'abouchent les conduits excréteurs des corps de Wolff, les uretères et les canaux excréteurs des organes génitaux. Cette cavité

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Fig. 292 (2).

se prolonge jusque dans l'ouraque. Plus tard, elle se divise, de haut en bas ou d'avant en arrière, en deux parties, l'une urinaire, l'autre génitale; la première devient la vessie; de l'autre se développent les vésicules séminales ou la partie moyenne de la matrice. Les parties génitales externes se ressemblent d'abord dans les deux sexes. Tiedemann n'en a vu aucune trace dans le principe; vers la cinquième ou la sixième semaine, il y avait une ouverture cloacale; plus tard (dixième ou onzième semaine), l'anus et l'issue du sinus uro-génital se séparaient l'un de l'autre par un point transversal. L'ouverture uro-génitale est pareille dans les deux sexes; elle ne tarde pas à être limitée par deux plis de la peau ; au-devant d'elle se trouve un corps en forme de pénis, terminé par un gland, et creusé d'un sillon en dessous. Les bords de ce sillon s'écartent postérieurement l'un de l'autre, sur les côtés de l'ouverture uro-génitale, et sont entourés, plus en dehors, par les

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(1) Figure 291, empruntée à M. Follin (Recherches sur les corps de Wolff, Paris, 1850), représente l'organe de Rosenmueller, chez une femme de cinquante ans (cet organe consiste en petits canalicules rapprochés les uns des autres et qui ont été signalés par cet anatomiste): a ovaire; b b, trompe; c c canalicules situés en dehors de l'ovaire; d d canalicules qui arrivent vers le hile de l'ovaire; e e point où ils convergent; f vésicule appendue à la trompe; g cul-de-sac des canalicules.

(2) Figure 292, empruntée à M. Follin (ibid.), représente le corps de Wolff chez un cobaye femelle à moitié de la gestation: a ovaire; b b trompe; c & canalicules du corps de Wolff; d leur canal excréteur; e point où le canal excréteur du corps de Wolff vient se placer derrière celui des organes génitaux.

plis cutanés dont je viens de parler. Chez les femelles, ce corps devient le clitoris. en se rétractant sur lui-même; les bords de son sillon représentent les petites lèvres, et les plis de la peau sont les grandes lèvres. Chez les mâles, les bords du sillon se réunissent à la face inférieure du pénis (vers la quatorzième semaine), et de là résulte la portion pénienne de l'urètre; les grands plis cutanés, qui sont encore vides, reçoivent, au huitième mois, les testicules, jusqu'alors contenus dans la cavité abdominale. Quelquefois les bords de l'urètre ne se soudent point ensemble, ce qui constitue l'hypospadias, et, si alors les testicules demeurent dans le ventre, l'apparence d'hermaphrodisme devient plus prononcée; mais ce n'est là qu'un vice de conformation par arrêt de développement, qui peut être accompagné de tous les traits physiques et moraux caractéristiques du sexe masculin. A la vérité, il existe des individus atteints d'hypospadias, chez lesquels l'arrêt de développement est porté si loin qu'ils n'arrivent pas, non plus, pour le reste, à présenter les caractères masculins; mais un individu mâle qui n'a pas acquis les traits distinctifs de son sexe n'est point pour cela un hermaphrodite. Dans le véritable hermaphrodisme, il y a coïncidence des organes appartenant aux deux sexes, par exemple de tous les organes génitaux masculins et d'une matrice munie de trompes, sans ovaires. L'hermaphrodisme complet, caractérisé par la présence simultanée des testicules et des ovaires, n'a point encore été observé d'une manière certaine dans l'espèce humaine. Il n'est pas rare, chez les insectes, de rencontrer des hermaphrodites ayant d'un côté des organes mâles, et de l'autre côté des organes femelles.

Tant que les testicules se trouvent dans la cavité abdominale, ils sont retenus en place par un repli du péritoine (mesorchium), et n'ont point encore de tunique vaginale. En traversant l'anneau inguinal, ils suivent le gouvernail de Hunter (1)}; mais, avant eux, un prolongement sacciforme du péritoine descend dans le scro

(1) M. Robin (Mém, de la Soc. de biologie, 1849, p. 1) établit, contrairement à l'opinion de Bischoff, que le gubernaculum testis, ou cremaster, ou musculus testis de Hunter, est bien un muscle, c'est-à-dire un cordon formé de fibres musculaires. Chez tous les animaux qui ont le testicule dans l'abdomen et peuvent le faire sortir à volonté en tout temps ou seulement à l'époque du rut, le crémaster est un muscle qui conserve, toute la vie, la disposition qu'il a est chez le fœtus de l'homme et des autres animaux ayant les testicules extérieurs.

Le gubernaculum ou musculus testis présente à étudier deux portions distinctes par leur situation, quoique continues: l'une est placée dans l'abdomen, étendue du testicule à l'orifice supérieur du canal inguinal; l'autre la continue à partir de ce point, traverse le canal inguina qu'elle remplit, pour se terminer en tro's faisceaux : l'un externe ou en dehors à l'arcade crurale; le deuxième ou interne va au-devant du pubis; le troisième ou médian, plus gros, plus large que les autres, continue la division du muscle et se perd en bas dans le tissu celiulaire da scrotum, en s'amincissant peu à peu. C'est le seul décrit par Hunter.

La position intra-abdominale du gubernaculum représente un petit cordon arrondi, inseré à l'extrémité inférieure du testicule, et quelques fibres se prolongent en arrière jusqu'à l'extrémité inférieure de l'épididyme. De là, il se dirige en bas et en dehors, au-devant du psoas, auquel il adhère lâchement en arrière, tandis que, dans tout le reste de sa circonférence, il est enveloppé par le péritoine et recouvert par l'intestin grêle. Il a 3 millimètres de long sur 1 1/2 de large chez les fœtus de deux mois; 6 millimètres de long sur 3 de large chez celui de 4 mois. A cinq mois, cette portion intra-abdominale a diminué de longueur environ de moitié, ce qui tient à ce que le muscle s'est contracté, et, er se retirant, a entraîné avec lui le péritoine dans le canal, Aussi le péritoine, au lieu de se réfléchir directement du gubernaculum sur les parois abdomi

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