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venu à maturité. Le cordon ombilical devient de plus en plus long à mesure que l'embryon se développe.

Dans l'œuf parfaitement formé (1), on trouve successivement, de dehors en dedans, la caduque, le chorion et l'amnios, appliqués l'un contre l'autre, de telle manière qu'au point d'insertion du cordon ombilical au chorion, l'amnios se réfléchit sur le cordon, pour l'entourer d'une gaîne et aller se continuer, à l'ombilic, avec la peau de l'embryon. Cette gaîne amniotique, qui, à son extrémité, laisse échapper le contenu du cordon, renferme :

1o Le conduit omphalo-entérique, qui existe dans les premiers temps, et qui mène à la vésicule ombilicale, dont il est le pédicule;

2o Les vaisseaux omphalo-mésentériques, ramifications des vaisseaux mésentériques, qui courent sur le conduit précédent;

3° L'ouraque;

4° Les vaisseaux ombilicaux, qui font plus tard la principale partie constituante du cordon. Chez les animaux, il y a, la plupart du temps, deux veines et deux artères ombilicales. Dans l'espèce humaine, on ne trouve qu'une seule veine, avec deux artères. Ces dernières sont les branches principales des hypogastriques; elles amènent le sang au placenta, c'est-à-dire dans les vaisseaux des cellules du chorion accumulées sur ce point. Le liquide parcourt les villosités, qui sont plongées, comme autant de racines, dans la caduque utérine ou placenta utérin, et, traversant des capillaires en arcades, il repasse dans des veines qui, par leur réunion, forment la veine ombilicale. Celle-ci, analogue de la veine ombilicale persistante des reptiles, verse la plus grande partie de son sang dans la veine porte il y en a cependant une portion qui se rend immédiatement à la veine cave inférieure, par le canal veineux d'Aranzi.

La liqueur de l'amnios contient, d'après l'analyse de C. Vogt (2), de l'extrait alcoolique, avec du lactate de soude, du chlorure de sodium, de l'albumine, du sulfate et du phosphate de chaux. Sa pesanteur spécifique était de 1,0182 à trois mois et demi, et de 1,0092 à six mois. Elle contenait, dans le premier cas, 10,77 d'albumine sur 1000, et, dans le second, 6,67 seulement.

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Fig. 270 (3).

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(4) La fig. 269 représente un embryon de quatre semaines, dont B indique la grandeur naturelle; il est figuré dans ses membranes, telles que celles-ci devaient être : a chorion, bespace entre le chorion et l'amnios, c amnios, d vésicule ombilicale, d1 son pédicule, e anse intestinale, g cœur, h mâchoire inférieure, i oreille, k cervelet, k1 hémisphères, ka tubercules quadrijumeaux, / membre antérieur, m membre postérieur, n endroit où l'allantoïde s'unit au chorion, n cordon ombilical, p foie, r œil; 1, 2, 3, les trois fentes branchiales.

(2) MUELLER'S Archiv, 1837, p. 69.

(3) La figure 270 représente un fœtus humain avec le cordon ombilical, l'allantoïde et une portion du chorion. D'après Langenbeck. L'extrémité postérieure droite a été enlevée ; 2, allantoides ou rudiment de la vessie urinaire; 3 et 4, cordon ombilical; 5, uretères; 6, conduit

Après avoir passé en revue les changements les plus généraux que l'œuf humain subit pendant le cours de son développement, nous avons à examiner une question dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, c'est-à-dire la manière dont on doit considérer les analogics que les embryons offrent les uns avec les autres dans les différentes classes.

Il n'y a pas encore fort longtemps qu'on soutenait avec un grand sérieux que le fœtus humain, avant d'arriver à son état parfait, parcourt successivement les divers degrés de développement qui persistent pendant la vie entière chez les animaux des classes inférieures. Cette hypothèse n'a pas le moindre fondement, comme l'a déjà fait voir Baer. Jamais l'embryon humain ne ressemble réellement à un radiaire, à un insecte, à un mollusque, à un ver. Le plan de formation de ces animaux est tout à fait différent de celui des animaux vertébrés. L'homme pourrait donc tout au plus ressembler à ces derniers, puisqu'il est lui-même vertébré, et que son organisation est établie d'après le type commun à cette grande division du règne animal. Mais il ne ressemble pas non plus, dans un certain moment, à un poisson, dans d'autres, à un reptile, à un oiseau, etc. L'analogie n'est pas plus grande entre lui et un poisson qu'entre lui et un reptile ou un oiseau; elle ne dépasse pas celle qu'ont entre eux tous les animaux vertébrés. Pendant les premiers temps de leur formation, les embryons des vertébrés offrent, dans toute leur pureté, les traits les plus généraux et les plus simples du type d'un animal vertébré, et c'est là ce qui fait qu'ils se ressemblent alors à tel point qu'on a souvent de la peine à les distinguer les uns des autres. Le poisson, le reptile, l'oiseau, le mammifère et l'homme sont d'abord l'expression la plus simple du type commun à tous; mais ils s'en éloignent peu à peu, à mesure qu'ils se développent, et les extrémités, par exemple, après s'être rassemblées durant quelque temps, prennent les caractères de nageoires, d'ailes, de mains, de pieds, etc. Voilà pourquoi tous les embryons ont d'abord au col des arcs, séparés par des fentes, auxquels on donne improprement le nom d'arcs branchiaux, car il n'y a là que l'expression du plan général, sans rien encore de ce qui caractérise une branchie proprement dite. Chez tous les vertébrés, ces arcs sont parcourus par les arcs aortiques, qui se réunissent en arrière pour produire l'aorte. Les poissons sont les seuls chez lesquels s'accomplit ici une métamorphose progressive, ayant pour résultat l'apparition de lamelles branchiales sur quelques uns de ces arcs, et la conversion des arcs vasculaires en un système de vaisseaux pectiniformes composés de troncs artériels et de troncs veineux, parmi lesquels ceux-ci se réunissent pour produire l'aorte. La même chose a lieu aussi chez les reptiles nus; mais leurs branchies disparaissent au temps de la métamorphose, leurs vaisseaux branchiaux se réduisent aux arcs primitivement indivis, et leurs arcs branchiaux s'effacent en grande partie, de même que, chez les reptiles écailleux, les oiseaux, les mammifères et l'homme, ils se convertissent tout de suite en d'autres formations destinées à persister toute la vie; ici également les arcs aortiques multiples, expression du plan le plus général et le plus simple des animaux vertébrés, s'effacent, et il n'en reste que quatre ou deux chez les reptiles écailleux, qu'un seul chez les oiseaux, les mammifères et l'homme. Pour ce qui concerne le développement de l'embryon lui-même, je renvoie aux vitello-intestinal; pli ou constriction de l'allantoïde, indiquant la première formation de l'ou

raque.

détails qui seront consignés dans la section suivante. Je dois cependant mentionner ici quelques uns des changements principaux qu'il subit quant à la forme et au volume.

Au commencement du second mois, la longueur de l'embryon varie depuis quelques lignes jusqu'à un demi-pouce. Les extrémités sont visibles sous la forme. d'appendices foliacés. La cavité buccale existe, largement ouverte. L'anus se forme plus tard, le coccyx fait une grande saillie. Les fentes branchiales existent encore, mais elles ne tardent pas à se clore: la tête devient considérable; les yeux, déjà formés, abandonnent la situation latérale qu'ils avaient d'abord, pour se porter plus en avant; les fosses nasales se développent bientôt. L'insertion du cordon ombilical est encore placée très bas; elle s'élève peu à peu, par suite du développement, jusqu'à ce qu'enfin elle ait atteint le milieu du ventre.

Pendant le second mois, la gaîne du cordon ombilical se produit; l'intestin, qui était d'abord droit, décrit un coude vers l'ombilic, et le commencement de la gaîne du cordon renferme le sommet de ce coude, avec lequel communique la vésicule ombilicale.

Vers la fin du second mois, l'ossification commence sur quelques points, et l'on voit paraître les premiers vestiges du système musculaire. Le cœur est couvert, et sa cloison commence à se former. Les arcs aortiques sont réduits à deux, qui s'unissent ensemble pour produire l'aorte descendante, et dont l'un devient plus tard l'artère pulmonaire. Les viscères glanduleux, poumons, foie et corps de Wolff, existent; la formation des corps de Wolff est bientôt suivie du développement des rudiments de reins, de testicules et d'ovaires. Les parties génitales externes apparaissent d'abord sous la forme d'une espèce de verrue au-devant de la fente génitale, laquelle conduit au sinus uro-génital, dont la vessie se sépare ensuite, dans la direction de l'ouraque. A cette époque, les cavités orale et nasale ne sont point encore séparées l'une de l'autre les rudiments des paupières et de l'oreille externe existent; les divers segments des membres deviennent perceptibles, et des échancrures au bout des mains et des pieds indiquent les doigts futurs. La longueur de l'embryon est alors de près d'un pouce.

Pendant le cours du troisième mois, époque à laquelle apparaît la membrane pupillaire, toutes les parties continuent de se développer, ainsi que la configuration extérieure: le cou et les segments des membres deviennent de plus en plus prononcés.

A trois mois, le fœtus a deux pouces et demi à trois pouces de long. A quatre mois, on distingue le sexe, et la longueur est de quatre pouces. Au cinquième mois, elle va jusqu'à douze pouces. A cette époque il se produit de la graisse, et les premiers rudiments des ongles et des poils, dont la peau entière est couverte (lanugo), se développent. Les paupières se collent ensemble. A cinq mois, les femmes sentent déjà les mouvements du nouvel être qu'elles portent dans leur sein. Un embryon de six mois peut respirer, mais il ne saurait vivre. A sept mois, sa longueur est de seize pouces et plus, sa peau rouge: il peut quelquefois vivre. A huit mois, il a seize pouces et demi de long: les testicules descendent de la cavité abdominale dans les plis du scrotum, qui jusqu'alors étaient vides, et les paupières se décollent. A neuf mois, les cheveux poussent, et l'embryon a dix-sept pouces de long. Au dixième mois lunaire, sa longueur est de dix-huit à vingt pouces. A

cette époque, ou même auparavant, au huitième ou au neuvième mois, la menbrane pupillaire disparaît, et la peau, moins rouge, est couverte d'une matière onctueuse (vernix caseosa), qui, d'après R. Wagner, se compose de lamelles épidermiques détachées. La peau paraît éprouver une mue complète chez les animaux, et l'on a plusieurs fois vu le corps entouré d'une couche épidermique non adhérente, couvrant les poils qui s'étaient formés après la mue.

CHAPITRE IV.

Des différences que le développement présente chez les ovipares et les vivipares.

Chez certains animaux, qu'on appelle ovipares, la nature se charge seule de l'incubation des œufs, qui sortent du corps de la mère, et qui portent en eux la nourriture nécessaire à leur développement. Chez d'autres, les œufs subissent l'incubation dans le corps même de la mère, tantôt libres dans la matrice, tantôt liés organiquement avec elle. Dans ce cas, ils ne tirent, la plupart du temps, aucune nourriture du dehors; cependant ils peuvent aussi croître à l'aide du liquide sécrété par la matrice. Je nomme vivipares acotylédonés tous les animaux qui font des petits vivants et dont les œufs ne tiennent point à la matrice par des cotylédons vasculaires, par un placenta utérin. Une troisième division, celle des vivipares cotylophores, comprend les animaux chez lesquels l'œuf tient à la matrice. par des connexions au moyen desquelles il reçoit de la nourriture. Chez tous ces derniers, l'œuf est très petit au moment de son arrivée dans la matrice, parce qu'il n'a pas besoin de porter avec lui les matériaux destinés à le nourrir.

Ovipares.

La plupart des animaux invertébrés et vertébrés sont ovipares. Les ovipares vertébrés comprennent la majorité des poissons et des reptiles, ainsi que tous les oiseaux. Parmi les plagiostomes, il y en a peu cependant qui appartiennent à cette catégorie ce sont, parmi les squales, la famille des scyllies, composée de sept genres, et, parmi les raies, celle des raies proprement dites. Les œufs des squales ovipares, des raies ovipares et des chimères sont pourvus d'une coquille cornée, aplatie, très solide, et la glande destinée à produire cette coquille a un volume extraordinaire chez ces animaux. Owen regarde comme très douteux que l'ornithorhynque soit ovipare.

Le développement de l'œuf a lieu, tantôt dans l'eau, tantôt sur terre. Il s'effectue dans l'eau chez tous les poissons. Les œufs de la plupart des reptiles nus sont dans le même cas, et leur couche externe, qui représente la coquille, se gonfle beaucoup en absorbant le liquide. Cependant les œufs du crapaud accoucheur se développent sur terre, le mâle les portant entortillés autour de ses pattes de derrière : ils ont une coquille dure et cornée, qui se prolonge en filaments de l'un à l'autre. Cher le pipa, les œufs, après avoir été fécondés par le mâle, qui les dépose sur le dos

de la femelle, y font naître une sorte d'organe incubateur, comparable à la caduque, qui les enveloppe de toutes parts, et dans lequel s'accomplit leur développement. Les œufs de plusieurs espèces de syngnathes éclosent dans une gouttière creusée à l'extérieur du ventre et de la queue.

L'incubation des œufs, tantôt est abandonnée à la nature, tantôt exige le concours de la mère, comme dans la classe des oiseaux, où les parents leur procurent le degré de chaleur dont ils ont besoin.

Vivipares acotylédonés.

Chez beaucoup d'animaux, les œufs se développent complétement ou en partie dans les oviductes. Ceux du Lacerta agilis ont déjà fait quelques progrès dans leur développement au moment de la ponte: ceux du Lacerta crocea éclosent dans le corps de la mère. Les serpents venimeux sont vivipares, et les serpents non venimeux ovipares dans le premier cas, la coquille est molle; dans le second, elle est plus dure et plus chargée de sels calcaires d'ailleurs son épaisseur est partout la même. Les salamandres proprement dites sont vivipares, et les tritons ovipares. La viviparité est plus rare que l'oviparité, chez les poissons osseux (Anableps, Zoarces) le contraire a lieu chez les poissons cartilagineux; car la plupart des squales, (c'est-à-dire ceux des familles Galei, Musteli, Zygana, Alopecia, Spinaces, Scymni et Squatina), et des raies (c'est-à-dire celles des familles Pristides, Rhinobatides, Torpedines, Trigones, Myliobatides et Cephaloptera) sont vivipares. Les œufs des squales et des raies vivipares ont une coquille extrêmement mince. Ils augmentent de volume aux dépens d'un liquide particulier qui se sécrète dans la matrice; car, d'après J. Davy, un fœtus développé de torpille a un poids absolu bien supérieur à celui de l'œuf avant le développement; l'œuf d'un de ces poissons pesait 182 grains avant qu'on y aperçût aucun vestige d'embryon, et 177 après l'apparition de ce dernier; tandis que le poids d'un fœtus à terme était de 479 grains. Ce fait a de l'importance, puisqu'il prouve que la viviparité sans connexions de l'œuf avec la matrice se rapproche beaucoup de celle dans laquelle cette connexion a lieu.

Il y a aussi, parmi les mammifères, des vivipares acotylophores, c'est-à-dire chez lesquels l'œuf n'est point uni à la matrice par un placenta. Owen a décrit le fœtus et les membranes de l'œuf d'un kanguroo dont la gestation avait atteint la moitié de sa durée ordinaire (trente-huit jours). Les membranes se composaient d'un amnios, d'un sac vitellin et d'un chorion très mince, sans vaisseaux; il u'y avait ni allantoïde ni placenta. Chez un fœtus utérin plus âgé de kanguroo, qu'Owen et Coste ont examiné, le cordon ombilical s'étendait à trois lignes audessus de la surface de l'abdomen, et l'amnios en formait la gaîne; à partir de ce point, le cordon se divisait en deux sacs; l'un, très riche en vaisseaux, était, comme dans la première observation, l'analogue du sac vitellin, et les vaisseaux omphalo-mésentériques l'accompagnaient; le second n'avait que le sixième des dimensions du précédent; il était piriforme, montrait de nombreuses ramifications des vaisseaux ombilicaux, et formait une véritable allantoïde; mais ce sac n'était point uni avec la matrice (1).

(1) OWEN, dans Lond. Magaz. of nat. hist., vol. I, p. 474. — Ann. des sc. nat., t. VII, p. 372. - COSTE, dans Comptes rendus, février, 1838.

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