Page images
PDF
EPUB

noïdes. Presque tous les cas connus de cette particularité remarquable ont été découverts par Rathke. Les testicules des lamproies sont des organes celluleux attachés à la colonne vertébrale: au mois de mai, on trouve l'abdomen des mâles plein de sperme liquide, que la compression fait couler sous forme de jet par une papille voisine de l'anus. Le canal qui sert à conduire cette sécrétion est extrêmement court, et n'a pas de prolongement libre dans la cavité abdominale. La semence est évacuée absolument de la même manière chez les myxinoïdes et les anguilles (1). Il est très rare, chez les invertébrés, de voir l'ovaire séparé de l'oviducte, et je n'en connais d'exemples que chez les Sapia, où le fait a été observé par Krohn (2), et chez les échinorhynques, où Siebold a vu un oviducte infundibuliforme s'ouvrir dans la cavité du corps, et avaler en quelque sorte les œufs tombés dans cette cavité, afin de les amener au dehors. Ce type prédomine, au contraire, chez les animaux vertébrés, à l'exception de la plupart des poissons osseux, chez lesquels il n'existe pas. On le voit commencer par une simple ouverture de la cavité abdominale chez les cyclostomes, les anguilles, les cobites, les saumons. Dans la lamproie femelle, le ventre est rempli, au mois de mai, d'œufs qui s'échappent à plein jet par cet orifice lorsqu'on comprime les parois du corps. Chez l'esturgeon commun, les œufs peuvent sortir par les ouvertures de la cavité abdominale, ou par un entonnoir qui, chez les deux sexes, conduit de cette cavité dans l'uretère. Le grand esturgeon et plusieurs autres espèces du genre n'ont que l'entonnoir, sans ouvertures à l'abdomen. Chez les squales et les raies, les reptiles, les oiseaux et les mammifères, le court conduit excréteur des cyclostomes est remplacé par un long tube, l'oviducte. L'extrémité de ce tube, qui s'ouvre dans la cavité abdominale, est voisine de l'ovaire chez la femme et les femelles de mammifères et d'oiseaux : les phoques, les loutres et les belettes ont même leur ovaire entouré d'une dilatation capsuliforme de l'extrémité de l'oviducte, comme l'ont fait voir Albers, E.-H. Weber et Treviranus (3). Quelquefois cependant, par exemple, chez les squales, les deux oviductes, qui s'unissent ensemble au-dessus du foie, n'ont qu'un entonnoir commun, tandis que les ovaires sont situés en dehors ou au-dessous du foie : chez les autres, les oviductes demeurent distincts: mais, dans les reptiles nus, ils s'avancent jusqu'à la partie la plus antérieure de la cavité abdominale, bien au delà de l'ovaire.

Certains animaux n'ont qu'un seul ovaire, ou même qu'un seul oviducte. L'ovaire est unique chez les myxinoïdes: un repli du péritoine le fixe au côté droit du mésentère. Les Scyllium, Carcharias et Mustelus, parmi les squales, n'ont qu'un seul ovaire, placé sur la ligne médiane. Rathke n'a trouvé qu'un seul ovaire et un seul testicule chez plusieurs poissons osseux. Chez la plupart des oiseaux, à

(4) RATHKE, Beitrage zur Geschichte der Thierwelt, t. II. — MUELLER'S Archiv, 1836, p. 176. Les squales et raies mâles et femelles ont une double ouverture à la cavité abdominale, près de l'anus. C'est pourquoi je pensais autrefois que ces ouvertures servaient, chez les mâles, à l'évacuation de la semence, parce qu'il ne m'avait pas été plus possible qu'à Treviranus de découvrir aucune connexion entre le testicule et l'épididyme, qui s'abouche au dehors. Cependant j'ai depuis constaté l'existence d'une communication inimédiate entre les deux organes.

(2) MUELLER'S Archiv, 1839, p. 363.

(3) TIEDEMANN'S Zeitschrift, t. I, p. 180.

l'exception des rapaces, il ne se développe que l'ovaire et l'oviducte gauches; mais ceux du côté droit existent, à l'état rudimentaire, chez le fœtus (1).

Quelques animaux nous présentent une anomalie inverse de la précédente, le nombre des ovaires étant accru chez eux. Les vers cestoïdes ne se propagent pas par des bourgeons, comme font plusieurs vers cystiques; les organes génitaux males et femelles se répètent dans chacun de leurs anneaux parvenus à maturité, de sorte qu'ils offrent un exemple remarquable de multiplication des parties génitales, sans que l'animal soit, à proprement parler, un composé de nombreux individus. Les vers cystiques qui produisent des bourgeons sont seuls des réunions de plusieurs individus sur un tronc commun. Chez certains tænias, les anneaux, lorsqu'ils sont arrivés à maturité parfaite, se détachent, avec les milliers d'œufs qu'ils renferment. Les comatules ou crinoïdes, parmi les étoiles de mer, fournissent un exemple analogue de multiplication des ovaires: ici, en effet, chaque pinnule des bras est pourvue d'un ovaire, de sorte qu'on en compte un millier et plus chez une seule comatule (2). Ce n'est là non plus qu'une multiplication des organes génitaux, sans association d'individus divers, et nous y voyons une disposition analogue à celle qui a lieu chez les végétaux.

Tantôt les oviductes s'ouvrent séparément dans le cloaque, comme chez les poissons et les reptiles; tantôt ils s'unissent auparavant en une portion moyenne. La matrice est ou simple, comme chez les singes, ou munie de deux cornes, ou double. On trouve une matrice complétement double chez les squales, les raies et plusieurs mammifères, tels que la plupart des rongeurs, l'ornithorhynque, etc. Chez les ruminants, les pachydermes, les solipèdes, les carnassiers, les cétacés, la matrice a une portion médiane impaire et un orifice simple; mais elle est bicorne; celle des marsupiaux présente une construction toute particulière; une portion médiane commune, qui se termine en cul-de-sac par le bas, sans communiquer avec le vagin, envoie deux cornes vers le haut, et en fournit aussi deux autres, dirigées vers le bas, qui s'ouvrent dans le vagin.

Des organes spéciaux de copulation sont nécessaires dans beaucoup de cas, lorsque la fécondation s'accomplit dans l'intérieur des organes génitaux femelles. Cependant leur présence n'est pas, absolument indispensable, même en pareille circonstance, et, chez beaucoup d'animaux dont la fécondation s'opère à l'intérieur, il suffit que le cloaque du mâle ou les papilles des conduits déférents viennent s'appliquer sur le cloaque de la femelle, comme chez les reptiles nus vivipares et chez un grand nombre d'oiseaux.

Les mâles des poissons, de tous les reptiles nus, des passereaux et des rapaces, parmi les oiseaux, sont privés de verge. Cet organe existe, au contraire, chez les reptiles écailleux, plusieurs oiseaux et les mammifères. La verge, organe destiné à faire naître la sensation de la volupté chez les mâles et à diriger le sperme dans l'intérieur des organes génitaux femelles, n'est pas construite d'après le même type dans les diverses classes du règne animal. Il y a surtout deux types tout à fait différents, qu'on ne peut pas réduire l'un à l'autre, et qui se combinent même ensemble chez quelques animaux.

(1) Voy., sur les oiseaux rapaces munis de deux ovaires et de deux oviductes, R. WagNEE, dans Abhandlungen der Baier. Akad., p. II, 1837.

(2) MUELLER'S Archiv, 1837, p. 97.

1° L'un de ces types est celui qu'on rencontre chez les crocodiles, les tortues, l'autruche didactyle et les mammifères. Ici la verge se compose ou de deux corps fibreux et solides, comme chez les tortues et les crocodiles, ou de deux corps caverneux, fibreux seulement à la surface, et susceptibles d'érection, comme chez les mammifères. Ces corps tiennent l'un à l'autre sur la ligne médiane, et s'attachent au côté ventral du pubis. A leur côté postérieur ou remarque, chez les crocodiles, les tortues, l'autruche et les jeunes fœtus de mammifères, une gouttière revêtue de membrane muqueuse et de tissu caverneux, c'est-à-dire le corps caverneux de l'urètre, qui reste ouvert chez les crocodiles, les tortues et l'autruche, mais qui, chez les mammifères et l'homme, se clôt en un canal, dont le gland est la continuation. Beaucoup de singes, les chéiroptères, les rongeurs et les carnassiers, ont à la partie supérieure de la verge, notamment dans le gland, qui est souvent très long, un os servant de soutien au canal, et qu'on nomme os pénien.

Chez les échassiers, parmi les oiseaux, on trouve fréquemment un rudiment de verge, ayant la forme d'une lèvre ou d'une langue, avec une gouttière sur la face postérieure, celle qui regarde le cloaque. Dans l'autruche didactyle, outre les deux corps fibreux de la verge, il existe encore un troisième corps élastique, qui la reploie dans l'état de repos, et la force alors de se rétracter; comme ce corps est caverneux à l'intérieur, il peut aussi l'allonger.

Les crocodiles, les tortues et l'autruche d'Afrique n'ont d'autre corps caverneux que le corps caverneux fendu de l'urètre. Il existe trois corps caverneux chez les mammifères.

2o Le second type de la verge ne se trouve, à l'état de pureté, que chez les serpents et les lézards. La verge n'est pas placée au côté ventral du pubis, mais à son côté dorsal, ou à la queue. C'est une espèce de cæcum creux, dont les parois contiennent du tissu caverneux. L'ouverture regarde le pubis. Au côté interne du sac, on remarque une gouttière. Les ophidiens et les sauriens ont deux verges de ce genre; au moment de l'accouplement, elles se retournent comme un doigt de gant, de manière que la gouttière devient extérieure, et sert à amener le sperme du cloaque au dehors. Chez la vipère, les crotales et les pythons, chaque verge est même divisée en deux utricules, dans sa partie postérieure, la plus distante du pubis, d'où il suit qu'après s'être retournée, elle présente une bifurcation à son extrémité. Quand la verge des lézards et des ophidiens a été retournée, elle est ramenée à son état ordinaire par des muscles qui s'attachent au fond du culde-sac.

3o Les canards, les oies et les autruches tridactyles (Rhea, Casuarius, Dromaius) ont une combinaison des deux types précédents. On trouve, chez eux, une portion solide de verge, qui, fixée au côté ventral du pubis, se compose de corps fibreux, avec une gouttière, et une autre portion de cæcum, qui, susceptible de se retourner comme un doigt de gant, a la même structure que celle des serpents et des lézards. Mais cette dernière partie n'est point double: elle est renfermée dans la verge, contournée en manière d'anse intestinale, le long du cloaque. L'extrémité béante de ce cloaque s'ouvre à l'extrémité de la partie solide de la verge, et se renverse sur elle-même au moment de la copulation, de manière que le membre acquiert alors une longueur presque double de celle de sa partie fixe. Comme la

gouttière qui règne le long de la paroi interne du cul-de-sac devient extérieure quand l'organe se retourne, elle forme la continuation de celle qui existe à la partie solide de la verge. Après l'accouplement, la portion utriculiforme de la verge rentre par l'action d'un ligament élastique (1). Les femelles des canards, des oies et des autruches tridactyles possèdent un clitoris analogue, mais beaucoup plus petit, qui est construit d'après le même principe. Le clitoris des mammifères est établi sur le type de la verge de l'embryon mâle de mammifère, ou plutôt le type est le même pour l'un et l'autre organe. Le clitoris et le pénis, dont le corps caverneux de l'urètre est encore fendu, se ressemblent parfaitement dans le principe. Tous deux ont des muscles ischio-caverneux et constricteurs : après la clôture de l'ouverture fœtale des mâles, le constricteur devient muscle bulbo-caverneux. Chez les femelles, le clitoris se raccourcit, et les lèvres du sillon clitoridien deviennent les petites lèvres de la vulve. Tant que l'ouverture périnéale ne s'est point encore fermée chez les mâles, les plis du scrotum ressemblent aux grandes lèvres, et ce sont des plis vides, car les testicules se trouvent encore dans la cavité abdominale. Les testicules demeurent pendant toute la vie dans cette cavité chez plusieurs mammifères, les cétacés, l'ornithorhynque, l'éléphant, le daman; mais, chez la plupart, comme chez l'homme, ils s'engagent avant la fin de la vie embryonnaire, dans une poche saillante hors du bas-ventre, puis descendent peu à peu dans le scrotum; après quoi, la poche se sépare de la cavité abdominale proprement dite, par une constriction de plus en plus serrée. Chez plusieurs mammifères, tels que rat, hamster, et autres, la communication persiste pendant toute la vie, et les testicules peuvent, à des époques diverses, rentrer dans l'abdomen ou en sortir, par l'action des muscles.

Chez les loirs, le clitoris est percé par l'urètre, et l'entrée du vagin se trouve, comme à l'ordinaire, derrière lui.

CHAPITRE III.

De l'œuf non fécondé.

L'histoire de l'œuf non fécondé (2) a fait de si grands progrès, par les travaux de Purkinje, Baer, R. Wagner, Coste, Valentin et autres, qu'on peut aujourd'hui

(1) Voy. Mueller, dans Abhandl. der Akad. zu Berlin, 1836.

[ocr errors]

(2) Les plus importants ouvrages à consulter sur ce sujet sont : PURKINJE, Symbolæ ad ovi avium historiam ante incubationem. Leipzick, 1830; et art. OEur (Ei), dans Wærterbuch der medicinischen Wissenschaften. ·BAER, De ovi mammalium et hominis genesi. Leipzick, 1827. Trad. par Breschet, Paris, 1829. — G. BRESCHET, Études anatomiques sur l'œuf, dans Mémoires de l'Académie royale de médecine. Paris, 1833, t. II. A. VELPEAU, Embryologie ou orologie humaine. Paris, 1833. COSTE, Recherches sur la génération des mammifères. Paris, 1834.BERNHARDT (et VALENTIN) Symbolæ ad ovi mammalium historiam ante imprægnationem. Breslau, 1834. — VALENTIN, Entwickelungsgeschichte. Berlin, 1835. — R. WAGNER, dans MUELLER'S Archiv, 1835, p. 373. Prodromus historiæ gencrationis hominis atque mammalium. Leip zick, 1835. Abhandlungen der Baierischen Akademie, 1837, p. 11. Icones physiologiæ. Leipzik, 1839. KRAUSE, dans MUELLER'S Archiv, 1837, p. 20. CANUS, ibid., 1837, p. 442. — JONES, dans Lond. and Edinb. philos. Magazine, série III, t. VII, 1835, p. 200.-SCHWANN, Mikro

ramener la multitude des faits observés à un petit nombre de lois générales, et qu'ici, comme dans toutes ses parties les plus avancées, la science est arrivée à un haut degré de simplicité.

Chez un grand nombre d'animaux invertébrés, les œufs se produisent dans des tubes en cæcum, sans être isolés de toutes parties organisées. Chez d'autres, ainsi que chez tous les vertébrés, ils se forment dans l'intérieur des cellules de l'ovaire, cellules qu'entourent des vaisseaux sanguins, et qui sont unies ensemble par une substance fibreuse, d'un tissu plus ou moins ferme, à laquelle on donne le nom de stroma. Quand ils sont logés dans des excavations isolées de l'ovaire, on appelle capsule (theca) la cellule de cet organe produite par la condensation du stroma.

L'oeuf ovarique des invertébrés, des poissons, des reptiles et des oiseaux, se compose des parties essentielles suivantes, qu'on peut distinguer en lui, quelle que soit sa petitesse.

[graphic]
[ocr errors]

l'absence des vaisseaux sanguins, et qui indique l'endroit où le calice doit s'ouvrir plus tard, pour laisser échapper l'œuf. Pour reconnaître la capsule de l'œuf dans

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

skopische Untersuchungen. Berlin, 1839. BARRY, dans Phil. trans., 1838 et 1839; et dans Edinb. Phil. Journ., 1839. - BISCHOFF, Traité du développement de l'homme et des mammifères, trad. par A.-J.-L. Jourdan. Paris, 1843. COSTE, Histoire générale et particulière des corps organiques. Paris, 1847.-E. SERRES, Archives du Muséum d'histoire naturelle. Paris, 1847, t. IV. POUCHET, Théorie positive de l'ovulation spontanée et de la fécondation dans l'espèce humaine et les mammifères. Paris, 1847. L. AGASSIZ, Twelve lectures of comparative embryology. Boston, 1849, in-8.- BAUDRIMONT et MARTIN SAINT-ANGE, Recherches anatomiques sur le développement du fætus, et en particulier sur l'évolution embryonnaire des oiseaux et des batraciens. Paris, 1850, in-4, avec 18 planches gravées et coloriées. - Parmi les anciennes figures d'œufs d'invertébrés, on doit louer celles de Poll, de Gaze, de Delle Chiaje et d'O.-F. Mueller; par rapport aux poissons, celles de Cavolini et de Sonnini (Hist. nat. des poissons, t. III, tab. 3, fig. 4).

(1) La figure 199 représente, d'après Wagner, l'ovaire d'une poule, avec des jaunes presque mûrs: a jaunes mûrs dans le calice, dont en b b on voit le stigmate sous la forme d'une strie transversale claire et sans vaisseaux; cc jaunes non mûrs, avec le réseau vasculaire du calice et du stigmate; d calice vide, rompu à la hauteur du stigmate; e cicatricule.

« PreviousContinue »