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transversale spontanée des naïdes ont déjà été citées précédemment. Lorsque l'étranglement entre la mère et la fille qui naît à sa partie postérieure s'est pro

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dividus, provenant tous des scissions successives qu'a subies sa région postérieure (1). La division spontanée a été également observée chez les planaires (2)

La scission spontanée est la plupart du temps complète; mais quelquefois aussi elle demeure incomplète. Des monades qui se divisent alternativement en long et en travers, mais sans que la séparation s'achève jamais, forment des espèces de mûres. Dans le cas d'une scission longitudinale continuelle, il se produit des séries d'individus unis par leurs bords latéraux. Dans celui d'une scission transversale continue sans séparation, on a des séries linéaires ou filiformes. Ehrenberg considère comme de tels systèmes les vibrions qu'on trouve composés tantôt de deux ou trois, tantôt aussi d'un très grand nombre de segments, et qui se font remarquer par un mouvement particulier de tremblotement. Les vorticellines ramifiées qu'il nomme Carchesium et Epistilis naissent d'une division incomplète de l'animal ea deux portions demeurant unies ensemble par un prolongement de leur extrémité postérieure. Ce mode de division a lieu rarement dans les coraux; mais on l'observe, d'après Ehrenberg, chez les caryophyllées, où il donne lieu à des formes dichotomiques, pénicillées, pédiculées, deux animaux naissant d'un, quatre de deux, huit de quatre, seize de huit, etc.

Les uns ont nié positivement qu'il y ait des végétaux soumis à la division spontanée; d'autres affirment d'une manière positive qu'il en existe. Ehrenberg dit ne connaître aucune plante, aucune partie de plante, ni même aucune cellule de tissu cellulaire, qui se multiplie par scission. Tout développement végétal a lieu, suivant lui, par élongation et par formation de bourgeons, et il n'y a division que

(1) La figure 193 représente, d'après Ehrenberg, le Chilodon uncinatus, se multipliant par scission transversale. A, B, C, D, offrent les périodes successives de cette opération : 4, bouche; 2, sac contractile; 3, glande sexuelle; 4, estomacs multiples.

(2) Elle a lieu aussi chez les hydres, mais, à ce qu'il paraît, assez rarement, malgré la facilité avec laquelle on peut la provoquer par l'art. Elle résulte d'une constriction naturelle qui survient dans les divers points de la longueur du corps compris depuis la base du pied jusqu'a la bouche, phénomène que Laurent (loc. cit., p. 25) a imité en plaçant sur le corps des bydres des ligatures circulaires au moyen d'un cheveu qu'il serrait peu, afin d'exercer à peine une légère pression. Dans la scission spontanée, les hydres ne se coupent qu'en deux ou trois fragments, au moyen de divisions transverses de la partie la plus épaisse du corps.

(Note du trad.)

quand ceux-ci viennent à se détacher (1). Meyen, au contraire, veut que la multiplication par scission soit plus commune encore chez les végétaux que chez les animaux, et que les cellules végétales n'y soient pas non plus étrangères (2). Il se fonde en partie sur les Clausterium, que, de son côté, Ehrenberg rapporte au règne animal, ainsi que plusieurs autres formes organiques peu accessibles à l'observation, mais qui se multiplient par division. Les autres cas allégués par ce naturaliste me paraissent être plutôt des exemples de formation de spores par scission, et de séparation de cellules individuelles. Il y a, en effet, des végétaux tellement simples, que leurs spores se produisent par constriction, par division d'un utricule filiforme, et comme autant de parties simples d'un multiple virtuel; il y en a aussi chez lesquels les cellules engendrées les unes des autres par gemmation, et formant une série, constituent le multiple de la plante, qui se réduit en ses parties simples par une véritable division. Meyen cite en sa faveur les observations qui ont été faites sur des palmelles, des oscillatoires, des nostochinées et des champignons filamenteux. La masse sphérique colorée qui constitue un individu du genre palmelle est toujours incluse dans une enveloppe mucilagineuse, qu'on peut considérer comme une cellule mère, et dans l'intérieur de laquelle s'accomplit la division spontanée de cette masse : la division une fois opérée, chaque portion se trouve entourée d'une enveloppe mucilagineuse propre, et en même temps la première est résorbée peu à peu; cependant il lui arrive quelquefois de se distendre beaucoup, et alors on y aperçoit encore les nouvelles palmelles, renfermées dans leurs enveloppes particulières, qui sont complétement développées. Chez les véritables oscillatoires à utricule non articulé, Meyen a vu la masse colorée en vert, d'abord dépourvue d'articulations, en être ensuite pourvue; quelquefois elle se divise en morceaux plus ou moins longs, et alors le tube se sépare en portions correspondantes à chacun de ces segments. Dans ce cas, la scission spontanée me semble être plutôt une division de la masse des spores. Les filaments moniliformes qui, chez les espèces du genre nostoch, sont roulés sur eux-mêmes dans la masse gélatineuse, s'allongent, suivant Meyen, par scission spontanée des vésicules ou cellules qui les constituent lorsque l'ancien nostoch périt, ces cellules s'échappent de la masse gélatineuse, chacune d'elles pouvant s'accroître et se convertir en un nouveau nostoch (3). Les spores consistent en une masse gélatineuse un peu endurcie et colorée en verdâtre, et sont remplies d'un liquide mucilagineux, clair comme de l'eau; au moment du développement, l'enveloppe se gonfle, et devient la masse gélatiniforme du nostoch, dans laquelle se manifestent des parties troubles, d'où proviennent les premières vésicules, qui, se multipliant par scission incessante, représentent enfin les filets moniliformes dans l'intérieur desquels sont logées les spores.

(1) Bericht ueber die Verhandlungen der Ak. zu Berlin, 1836, p. 34. (2) Neues System der Pflanzenphysiologie, t. III, p. 440.

Fig. 194.

(3) La figure 194 représente, d'après Meyen (Pflanzenphysiologie, t. X, fig. 20), le Penicillum glaucum, montrant le développement des spores par division de cellules tubuleuses.

Suivant Meyen, les semences des mousses et des hépatiques ne prennent pas non plus naissance dans l'intérieur des cellules, mais se produisent par division, et chacune d'elles résulte de la scission d'une semence plus grande, qu'on peut considérer en quelque sorte comme mère. Il rapporte également ici la multiplication des cellules qui a lieu, chez quelques conferves articulées, par exemple la Conferva glomerata, par des étranglements d'une excroissance. Dans les champignons inférieurs, le Penicillum glaucum entre autres, la formation des spores est, d'après lui, le résultat de strictures qui s'établissent de distance en distance sur la longueur de l'utricule filiforme. Dans le champignon de la fermentation (Saccharomyces), qui est composé d'une série de cellules rangées à la suite les unes des autres, chaque cellule nouvelle naît d'un bourgeon fourni par l'une des anciennes cellules, soit dans la direction générale de la petite Fig. 195. plante, soit sur le côté (1). Les cellules se détachent avec facilité, et, une fois séparées, elles poussent à leur tour des bourgeons, de manière qu'elles ne tardent pas à représenter aussi de petits systèmes. Chaque cellule de la plante est ici une spore, ou, si l'on aime mieux, un individu, qui produit d'autres individus par gemmation; mais les individus qui constituent le système se détachent les uns des autres. La scission spontanée de ce champignon consiste donc en une séparation d'individus qui se sont formés les uns après les autres par gemmation. Ce phénomène a beaucoup de ressemblance avec celui qu'on observe chez les hydres, lorsque les petites hydres provenant du développement de bourgeons nés à la surface du corps de la mère se détachent de celle-ci, après avoir formé pendant quelque temps un système unique avec elle, et deviennent des individus jouissant chacun d'une existence indépendante.

CHAPITRE III. ·

De la propagation par gemmation.

La formation des bourgeons, considérée dans son essence, consiste en ce que, chez l'être organisé de manière à jouir d'une vie qui lui soit propre, une portion de la substance superflue pour l'exercice de cette vie se sépare sous la forme d'un organisme non développé, et arrive à posséder la vie en propre, mais sans toutefois perdre les liens qui l'attachent au tronc maternel. En prenant du développement, ce germe acquiert l'organisation particulière à l'espèce d'où il émane, et apparaît sous les traits d'un nouvel individu, qui tantôt demeure organiquement lié à la souche, et tantôt s'en détache. Cette séparation, qui a pour résultat d'isoler de la

(1) La figure 495 représente, d'après Meyen (loc, cit,, tab. X, fig. 22), le Saccharomyces cerevisiæ: en e, on voit pousser une petite vésicule, qui est plus prononcée en f, et plus encore en g.

vie individuelle le germe d'une vie indépendante et d'un individu, suppose que le tronc bourgeonnant contenait déjà en lui-même le pouvoir de subvenir à plusieurs vies distinctes, et qu'en conséquence il était virtuellement un multiple. Quoique la gemmation soit une sorte de scission spontanée incomplète, elle diffère cependant de la multiplication par scission spontanée proprement dite, en ce que, dans l'organisme qui se divise de lui-même, l'organisation tout entière se résout en deux moitiés ou en plusieurs parties complétement organisées, qui n'ont plus besoin d'acquérir l'organisation propre à l'espèce, et qui ne subissent désormais d'autres changements que ceux qui sont nécessaires pour l'intégration des parties sur lesquelles la division a porté; dans la gemmation, au contraire, le nouvel individu n'est pas complétement organisé, et il a seulement le pouvoir d'arriver à se faire une organisation complète. Ainsi, pour employer le langage de C.-F. Wolff, le bourgeon végétal est une plante simple, et le bourgeon animal un animal simple. L'organisation primordiale du bourgeon consiste uniquement en ce qu'il renferme les parties primitives de toute organisation, c'est-à-dire les cellules, qui s'y trou vent en nombre, proportion gardée, peu considérable. Les bourgeons des végétaux sont des amas de cellules végétales ordinaires. Les vaisseaux de la plante mère ne prennent pas la moindre part à leur formation, et n'entrent que plus tard en relation avec eux; car les bourgeons ne sont d'abord qu'une simple contraction du tissu cellulaire de la moelle, comme l'ont enseigné Duhamel, Treviranus, Meyen et autres (1). Ce n'est point une cloison qui les sépare de cette moelle, entre laquelle et eux on n'aperçoit que de petites cellules (2). Leur développement a lieu d'ordinaire sur le tronc maternel; mais ils peuvent aussi s'en détacher, et se développer à part, chez certaines monocotylédones et dicotylédones, et chez les hépatiques.

Le bourgeon diffère de l'œuf, non seulement parce qu'il n'a pas besoin, comme celui-ci, du concours de deux sexes pour se développer, mais encore parce que celui-ci ne saurait prendre son développement ultérieur sur le tronc maternel, dont il est isolé par des membranes. Les spores d'un grand nombre de végétaux simples, qui résultent d'une propagation à laquelle les sexes ne prennent aucune part, ne peuvent point être considérées comme des germes d'œufs.

Les causes du développement de bourgeons sur le tronc maternel sont, les unes internes, et les autres externes. Les organismes les plus simples forment une certaine quantité de substance possédant la puissance de produire l'organisation individuelle de l'espèce. Lorsque cette substance n'acquiert point une structure particulière adaptée à l'exercice des fonctions dont jouit en propre l'individu déjà subsistant, et qui fasse qu'elle demeure soumise à l'action de la vie propre du tronc maternel, elle déploie sa tendance à l'organisation individuelle, et le nouvel individu résultant de là dépend de la plus ou moins grande masse de particules (celJules) qui arrivent à se joindre ensemble par l'effet d'une réaction réciproque, qui par cela même se trouvent exclues de toute réaction intime avec le tronc générateur, tout comme on voit quelquefois d'autres masses de substance apte à l'organisation être séparées d'une manière quelconque, par l'influence d'une cause exté(1) Voy, ce qui a été dit à ce sujet, sur les opinions de Gaudichaud, dans la note, à la p. 576. (2) TREVIRANUS, Physiologie der Gewachse, t. II, p. 630.

rieure. Ainsi, lorsqu'il se forme, dans un corps organisé, de la substance que la vie propre de ce corps ne peut faire servir à des structures spéciales, ni par conséquent dominer, le multiple virtuel produit des bourgeons. La formation de cette substance semble pouvoir être expliquée en admettant que le multiple virtuel, devenu plus volumineux par l'effet de l'accroissement, tend, comme dans la tendance à la scission spontanée, à concentrer la force organisatrice sur des masses plus petites de matière.

Parmi les causes qui amènent la formation des bourgeons, chez les végétaux, se range aussi l'intermission de l'activité de la vie propre, qui a pour résultat de métamorphoser la matière en structures particulières des organes, ou, si l'on aime mieux, l'intermission de la nutrition générale. Beaucoup de plantes ne produisent de bourgeons que quand leur accroissement extérieur subit un temps d'arrêt, et qu'elles ont perdu leurs organes, leurs feuilles. De là vient que c'est surtout quand on a enlevé leurs feuilles qu'il devient facile de transplanter les végétaux. Mais, plus la plante emploie ses sucs à former des multiples de ses molécules de tissus et d'organes, moins elle est apte à produire de ces multiples qui, sans être ni a, ni b, ni c, renferment à la fois les forces de a, b, c, etc.

La formation de bourgeons peut être déterminée, chez les végétaux, par toute circonstance extérieure qui vient imposer des limites à l'accroissement général sur un point quelconque, ou qui seulement porte atteinte à la continuité du tissu cellulaire. Voilà pourquoi il se développe des bourgeons sur le bord des feuilles charnues soumises à une légère pression, et dans les plaies faites à l'écorce (1).

Formation de bourgeons chez les végétaux.

1° Bourgeons des végétaux inférieurs ou non vasculaires.

Les bourgeons des végétaux inférieurs sont tantôt des amas de cellules, et tantôt des cellules simples. Le premier cas a lieu chez les mousses et les hépatiques. Le second s'observe chez les conferves articulées et les trichomycètes. Ici les bourgeons sont des cellules simples, qui se produisent, soit par stricture d'une portion de l'utricule (gemmation par scission spontanée), soit par prolation d'une partie de la surface des cellules primitives, dont les excroissances se détachent ensuite, et deviennent des cellules indépendantes. Ces deux cas, dont j'ai déjà précédemment cité pour exemples, d'un côté, le Penicillum glaucum, de l'autre les conferves articulées, telles que la Conferva glomerata, et les champignons de la fermentation, ne diffèrent pas essentiellement l'un de l'autre.

20 Bourgeons des végétaux vasculaires.

Ici on doit distinguer plusieurs sortes de bourgeons. a. Bourgeons axillaires et terminaux.

Les bourgeons des végétaux supérieurs sont des formations axillaires et des continuations immédiates de l'axe. Les formations foliaires se montrent encore parfois ici sous la forme d'écailles, qui enveloppent le sommet du noyau embryonnaire de l'axe; mais elles peuvent aussi manquer, et alors le noyau du bourgeon se trouve à nu. Ce noyau est composé de cellules, qui se développent en une nou

(1) TREVIRANUS, loc. cit., t. II, p. 625, 626.

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