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de la vie animale, que parce què les substances encore grossières et non assimilées qui s'introduisent dans le sang influent sur l'état organique du cerveau. Les irritations générales de la peau, les frictions, les bains, et autres impressions analogues faites sur le sensorium, se rangent également parmi les influences qui favorisent le sommeil ; il en est de même de toutes les modifications internes apportées au sensorium par des substances calmantes et narcotiques (1).

(1) J'emprunte à M. le docteur Carpenter (Cyclopædia of anatomy and physiology, article SLEEP) des détails sur le somnambulisme, lesquels sont nécessaires à l'histoire complète du sommeil.

« Les phénomènes du somnambulisme sont si variés, qu'il est très difficile d'en donner une définition les comprenant tous; et nous préférons caractériser cet état en disant qu'on peut le considérer comme un rêve en action, différant du rêve ordinaire dans les deux points qui suivent. D'abord, la suite des pensées est plus sous la direction des sensations venues du dehors; en second lieu, le système musculaire est tout à fait sous le contrôle de l'esprit, de sorte que non seulement il donne l'expression aux émotions de l'âme, mais encore agit conformément aux ordres de la volonté. Dans le vrai somnambulisme, comme dans le rêve, il y a, ce semble, défaut absolu de la volonté pour régler le cours de la pensée, mais il n'y a pas le même degré d'activité mentale; et, en particulier, l'opération du principe associatif est telleinent restreinte, qu'on n'y observe peu ou point de cette incohérence ou incongruité d'idées qui est si spéciale au rêve or• dinaire. Au contraire, le raisonnement y procède parfois avec une clarté et une correction extraordinaires, l'esprit s'y fixant avec force à l'exclusion de toute autre considération. Ce caractère exclusif est, en effet, un des traits les plus remarquables de cet état. Tant que l'attention demeure attachée sur un objet quelconque, soit perçu par les sens, soit accusé par un acte de conception, rien autre chose n'est senti. De cette façon peut surgir une complète insensibilité à la souffrance corporelle, attendu que le somnambule n'a d'attention que pour ce qui se passe en son esprit. Mais, en un instant, en dirigeant l'attention sur les organes des sens, l'anesthésie peut être remplacée par la sensibilité la plus vive. De même aussi, quand l'attention est fixée sur un certain enchaînement d'idées, tout ce qui se dit d'accord avec ces idées est entendu et apprécié par le somnambule; mais tout ce qui est en désaccord passe entièrement inaperçu. Le caractère des opérations intellectuelles offre la même particularité. Comme il vient d'être dit, les procédés du raisonnement sont ordinairement conduits avec exactitude, de sorte que la conclusion sera bonne pourvu que les données aient été correctes. Ainsi un mathématicien résoudra un problème difficile, un orateur fera un discours appproprié à un sujet donné. Mais le défaut ordinaire des opérations conduites d'après cette condition, c'est que, conformément à cette intensité même, l'attention est détachée des considérations qui devraient les modifier; de la sorte, il arrive que le résultat est souvent d'une inconséquence palpable avec les enseignements de l'expérience ordinaire, et le omnambule le reconnaît dès que ces enseignements lui sont remis devant l'esprit.

» L'état de somnambulisme peut se transformer en celui du rêve ordinaire, de sorte qu'il est difficile de tirer une ligne de démarcation entre les deux. Ainsi le parler ordinaire dans le sommeil peut être rapporté à l'une ou à l'autre condition, suivant la définition qu'on adoptera. Dans la nôtre, ce parler appartient au somnambulisme, parce que les mouvements vocaux sont l'expression de ce qui se passe dans l'esprit, et parce que, dans la plupart des cas de ce genre, le parleur en rêve entend et comprend ce qui lui est dit, pourvu que cela s'accorde avec le cours de ses propres pensées, et il répondra raisonnablement, de manière à soutenir une conversation. Ainsi nous avons connu une jeune fille qui, dans le temps qu'elle était à l'école, se mettait souvent à parler une heure ou deux après s'être endormie; ses idées roulaient presque toujours sur les événements du jour précédent; et, si on l'encourageait par des questions qui la guidassent, elle rendait un compte très distinct et très cohérent ; révélant souvent ses propres peccadilles et celles de ses compagnes, et exprimant un grand repentir pour les siennes tout en paraissant hésiter a faire connaître les autres. Mais, pour tous les sons ordinaires, elle semblait parfaitement insensible; un bruit fort l'aurait éveilléc, mais il n'était pas percu dans l'état de sommeil parlant ;

LIVRE SEPTIÈME.

DE LA GÉNÉRATION.

SECTION I

DE LA GÉNÉRATION SANS LE CONCOURS DES SEXES.

CHAPITRE PREMIER.

De la multiplication des êtres organisés par l'effet de l'accroissement,

Végétaux.

Il suffit de comparer en gros ce que sont les végétaux parvenus à l'état adulte avec ce qu'ils étaient dans les premiers moments de leur existence, pour recon

et, si l'interlocuteur lui adressait des questions ou observations qui n'entraient pas dans le cours de ses idées, elles ne faisaient aucune impression. Toutefois, avec un peu d'adresse, on pouvait la faire parler sur toute espèce de sujets; il suffisait de ménager graduellement les transitions. Le cas bien connu de l'officier dont parle le docteur James Gregory appartient à cette classe intermédiaire, plus près, nous pensons, du somnambulisme que du rêve ordinaire. Cet officier qui servait dans l'expédition à Louisburgh, en 1758, avait l'habitude de jouer ses rêves, et l'on pouvait en diriger le cours en murmurant à son oreille, surtout si cela venait d'une voix qui lui fût familière. Aussi ses compagnons dans le voyage s'amusaient perpétuellement à ses dépens. Une fois ils le conduisirent à travers toute une scène de querelle qui finissait par un duel; et, quand les parties furent supposées au rendez-vous, un pistolet fut mis dans sa main, il lâcha la détente, et le bruit le réveilla. Une autre fois, le trouvant endormi sur un coffre dans la cabine, ils lui firent croire qu'il était tombé par-dessus le bord et l'exhortèrent à se sauver en nageant ; aussitôt il imita les mouvements de natation. Alors ils lui dirent qu'un requin le poursuivait, et le supplièrent de plonger pour échapper au péril. Il le fit à l'instant avec une telle force qu'il se lança du haut du coffre sur le plancher; ce qui lui causa des contusions et naturellement le réveilla. Après le débarquement de l'armée à Louisburgh, ses amis le trouvèrent un jour endormi dans sa tente et manifestement très ennuyé par la canonnade. Ils lui firent croire qu'il était au feu, sur quoi il exprima une grande crainte et une disposition évidente à s'enfuir. Là-dessus ils lui firent des remontrances, mais, en même temps, ils accrurent ses craintes, en imitant les gémissements des blessés et des mourants; et, quand il demandait, ce qu'il faisait souvent, qui était tombé, ils lui nommaient ses amis particuliers. Enfin ils lui dirent que l'homme qui en ligne était le plus près de lui venait de tomber; aussitôt il sauta hors de son lit, s'élança hors de sa tente, et fut tiré du péril et du rêve en trébuchant sur les cordes des piquets. Après ces expériences, il n'avait point de souvenir distinct de ses rêves, mais seulement un sentiment confus d'oppression et de fatigue, et, d'ordinaire, il disait à ses amis être sûr qu'ils lui avaient joué quelque tour. Ceci est un autre point de conformité avec le somnambulisme dont c'est un des traits les plus caractéristiques de ne conserver, dans l'état de veille, aucun souvenir des pensécs ni des actes survenus dans le cours de l'abcès somnambulique.

Un cas remarquable de somnambulisme spontané que nous avons observé nous-même ser

naître que leurs organes se multiplient pendant l'accroissement, et que des parties qui, chez la plante très jeune, sont uniques ou du moins en petit nombre, deviennent très nombreuses durant l'âge adulte. La tige continue de se diviser, l'axe médian se répète en plusieurs axes latéraux qui, à leur tour, jouent le rôle d'axes

vira à éclairer plusieurs des traits les plus spéciaux de l'état dont il s'agit. Le sujet était une jeune dame d'un tempérament très nerveux; et l'affection survint dans le cours d'une longue et pénible maladie durant laquelle toutes les formes de l'hystérie, de l'épilepsie, du coma et de la paralysie s'offrirent successivement. Quoique d'habitude le somnambulisme naturel naisse du sommeil ordinaire, toutefois, dans cette circonstance, la patiente avait coutume de passer directement de l'état de veille à l'état de somnambulisme; la transition étant immédiatement manifestée par l'expression particulière de la physionomie. Dans cette situation, les idées étaient d'abord fixées entièrement sur un seul objet, la mort de son frère unique, qui était arrivée quelques années auparavant. Elle lui avait été très attachée, et l'avait soigné dans sa dernière maladie. Elle parlait constamment de lui, retraçait toutes les circonstances de sa maladie, et ne percevait rien de ce qui lui était dit sans avoir un rapport direct à ce sujet. Une fois elle prit le mari de sa sœur pour le frère qu'elle avait perdu, s'imagina qu'il était venu du ciel pour la visiter, et tint avec lui une longue conversation sous cette impression. Cette conversation était parfaitement raisonnable de son côté, déduction faite de l'erreur fondamentale de sa donnée. Une autre fois il arriva que, quand elle tomba en cet état, sa sœur, qui était présente, se trouva porter un bracelet contenant des cheveux du frère défunt, Aussitôt que la patiente aperçut ce bracelet, elle s'efforça violemment de s'en emparer, et ne fut satisfaite que quand elle l'eut en sa possession. Avoir reconnu ce bracelet sans reconnaître en même temps que c'était sa sœur qui le por tait, est un fait très curieux qui peut être expliqué de deux façons, toutes deux d'accord avee les lois du somnambulisme. Ou bien la concentration de ses pensées sur cet unique objet la lit se rappeler seulement ce qui était immédiatement en connexion avec son frère; et n'avoir pas conscience de la présence de sa sœur pourrait être dû à l'absence de cette dernière lors de la mort du frère, d'où résultait que cette sœur était moins rattachée à lui dans les idées de la somnambule. Ou bien il se peut qu'elle cût été dirigée vers ce bracelet par le sens de l'odorat, qui est souvent exalté d'une façon très singulière dans le somnambulisme. La sensibilité de la patiente était tellement excitée par la possession du bracelet, qu'on jugea prudent d'en interrompre le cours; et, comme elle était inaccessible à toutes les prières sur ce sujet, la force fut employée pour le lui ôter; mais elle était tellement déterminée à ne pas s'en séparer, et si irritée de la douce violence qu'on lui faisait, qu'on dut renoncer à la tentative. Au bout d'un peu de temps, elle se calma, et enfin entra dans le sommeil ordinaire qui, pour elle, était le successeur au lieu d'être le prédécesseur du somnambulisme. Avant de s'endormir toutefois, elle mit le bracelet sous son oreiller, disant: «Maintenant je l'ai bien caché, on ne me le prendra pas. » Le lende main matin, en s'éveillant, elle n'avait pas la moindre conscience de ce qui s'était passé; mais l'impression de l'irritation éprouvée persistait; car elle dit à sa sœur ; « Je ne sais ce qui me fait éprouver ce sentiment; mais, chaque fois que S....... s'approche de moi, j'ai un reste de frisson » S... était un serviteur qui, en raison de ses soins, avait gagné l'attachement de la patiente, mas qui avait été le principal acteur de la veille. Ce sentiment s'éteignit peu à peu. Quelques jours après, le somnambulisme revint; et, alors étant dans son lit, la patiente commença de chercher le bracelet sous son oreiller; comme, dans l'intervalle, on l'avait ôté pour ne pas réveiller sa sensibilité, elle ne put le trouver; sur quoi elle exprima un grand désappointement, et continua de tåter pour le chercher, répétant : « Il doit être ici, je l'y ai mis il y a quelques minutes, et personne ne peut l'avoir pris. » Dans cet état, sa colère contre S... revint. La patiente éprouva plusieurs attaques subséquentes, et, à chacune, le ressentiment contre S... reparaissait. De la sorte, son état était très voisin de celui de la double conscience, très curieuse affection où le sujet semble mener deux vies distinctes, A et B, l'une ne se souvenant pas de ce qui se passe dans l'autre, mais chacune, ce semble, continue avec elle-même.

» Le cas précédent est très propre à éclaircir le caractère général du somnambulisme. Nous avons maintenant à noter quelques uns des phénomènes particuliers que présentent les cas individuels. Le premier à signaler est l'exaltation extraordinaite de la sensibilité aux impressious

médians par rapport à de nouveaux axes latéraux. Le nombre des feuilles, d'abord très borné, va sans cesse en augmentant. Cependant une observation plus attentive ne tarde pas à faire connaître que cette augmentation pendant l'accroissement ne consiste pas en une simple multiplication des organes d'un seul individu, et que

externes par l'intermédiaire d'un ou de plusieurs organes des sens. Nous en avons nous-même été particulièrement frappé dans le somnambulisme amené par le procédé hypnotique de M. Braid Neurypuology, or the rationale of nervous sleep, considered in relation with animal magnétism). Nous avons vu des preuves incontestables que l'odorat avait été porté à une acuité égalant au moins celle des animaux ruminants ou carnivores qui ont le meilleur nez; que l'ouïe était devenue également très perçante; et que le toucher avait gagné, surtout par rapport à la temperature, un degré à peine croyable, si ces phénomènes n'étaient en pleine concordance avec l'exaltation des autres sens. Nous ne remarquons pas que la vue ait éprouvé une modification semblable; chez la plupart des somnambules, elle est complétement suspendue ; et ceux qui prétendent posséder la faculté de clairvoyance, de lire des mots enfermés en des boîtes opaques, etc., rapportent une telle faculté non pas à aucune acuité extraordinaire de leurs organes visuels, mais au développement d'un pouvoir entièrement nouveau, qui n'a pas besoin d'un instrument optique tel que l'œil. Parmi les sens, le plus communément exalté dans le somnambulisme, est le sens musculaire, par lequel tous nos mouvements volontaires sont guidés; et ik paraît assez croitre en acuité pour remplacer complétement la vue dans beaucoup d'opérations pour lesquelles l'œil est ordinairement requis. Ainsi nous trouvons que des somnambules cheminent sur le toit des maisons, traversent d'un pas ferme des planches étroites, et même gravissent des précipices; et cela, avec bien moins d'hésitation qu'ils ne feraient pendant la veille. De fait, ils paraissent n'avoir aucune conscience du danger couru, et, toute l'attention étaut fixée sans distraction sur les indications du sens musculaire, ils accomplissent, sous sa direction, avee fermeté et assurance les mouvements nécessaires. Ainsi encore, il est bien connu que des somnambules écriront, avec leur degré habituel de netteté et de régularité, si quelque chose les y détermine, bien qu'il soit certain qu'ils ne peuvent voir. Nous en avons nous-même été témoin dans des expériences hypnotiques sur deux sujets, et nous nous sommes assuré que la vision ne fournissait aucun secours, car nous avons tenu un gros volume entre les yeux et la main de l'écrivain. Non seulement les lignes étaient bien écrites et à distances convenables, mais encore les i étaient ponctués et les t barrés ; et, dans un cas, l'écrivain remonta une ligne et demie pour faire une correction, barrant un mot et écrivant un autre au-dessus, avec autant de précision que s'il eût été guidé par la vision. L'impression donnée ici par le sens musculaire peut être comparée à celle que nous en recevons nous-mêmes, quand, dans l'obscurité, montant ou descendant des escaliers, ou traversant un passage, dont nous avons l'habitude, nous savons que nous sommes au bout sans avoir compté nos pas ni observé en aucune façon notre acheminement, mais simplement par l'information que nous recevons du sens musculaire.

» Le second point à noter, c'est la facilité avec laquelle les pensées peuvent être dirigées dans l'état de somnambulisme, par le principe de suggestion. Ceci se montre peut-être plus dans le somnambulisme artificiel ou provoqué que dans le somnambulisme nature!; car, dans ce dernier, il y a fréquemment, comme il a été déjà dit, quelque idée dominante de laquelle l'attention du somnambule ne se laisse pas facilement détourner. Mais, dans le premier, l'esprit est comme une girouette, sans la moindre fixité ou empire sur soi-même, et susceptible d'être tourné dans toutes les directions par les impressions auxquelles on le soumet. C'est une des plus curieuses et importantes découvertes de M. Braid, que les suggestions introduites par l'intermé→ diaire du sens musculaire sont parmi les influences les plus capables de déterminer le cours de la pensée. Mettez le visage, le corps ou les membres dans l'attitude exprimant un sentiment particulier, ou, en somme, dans une condition correspondante à celle où ils seraient pour l'accomplissement d'une action volontaire quelconque, et aussitôt l'état mental correspondant sera éveillé. Ainsi, la main étant placée sur le vertex, le somnambule, la plupart du temps, se redressera spontanément de toute sa hauteur et rejettera légèrement la tête en arrière; alors sa contenance prend l'expression de l'orgueil le plus vif, et son esprit en est manifestement possédé. Si ce premier acte ne provoque pas le reste, il suffit d'étendre les jambes et l'épine, et de porter

la plante adulte représente un système tout entier d'individus, ou un multiple de l'individu qu'elle constituait dans son jeune âge. Le fait est démontré par les propriétés dont jouissent les parties qui viennent à être détachées de ce système. Une branche qu'on sépare du tronc, et qu'on fiche en terre, ressemble parfaitement au végétal d'où elle provient, continue de vivre en augmentant toujours la

un peu la tête en arrière, pour susciter le sentiment et l'expression correspondante avec une pleine intensité. Durant la plus complète domination de ce sentiment, courbez la tête en avant, fléchissez doucement le corps et les membres du somnambule, et la plus profonde humilité y suecède. Derechef, si l'on écarte doucement l'un de l'autre les coins de la bouche comme dans le rire, une disposition gaie est aussitôt produite; et la mauvaise humeur en prendra immédiatement la place en tirant les sourcils l'un vers l'autre et en bas. Non seulement nous avons été témoin de tous ces effets souvent reproduits sur nombre de sujets hypnotisés, mais il nous a été affirmé par un ami très intelligent qui avait donné une attention particulière à la partie psychologique de ces expériences, que, s'étant soumis aux manipulations de M. Braid, et ayant été incomplétement jeté dans l'hypnotisme, il se rappelait distinctement tout ce qui avait été fait et pouvait se retracer l'action insurmontable exercée sur son état mental par ce traitement de son appareil musculaire.

» Non seulement de simples émotions, mais encore des idées déterminées peuvent être excitées de cette façon. Ainsi levez la main du somnambule au-dessus de sa tête et fléchissez les doigts sur la paume, l'idée de grimper, de se balancer, de tirer une corde, etc., est provoquée. Si, au contraire, on fléchit les doigts tout en laissant pendre le bras le long du côté, l'idée qu'on excite est cèlle de soulever un poids; et, si les doigts sont fléchis, le bras étant porté en avant dans la position de donner un coup, c'est l'idée de boxer qui surgit. Le pouvoir de l'opération pour régler l'état mental de tels somnambules est presque illimité et paraît incroyable à ceux qui ne discernent pas le très simple principe dont il dépend. La facilité avec laquelle des sentiments ou des idées particulières peuvent être ainsi excitées, est soumise, bien entendu, au caractère donné et aux habitudes du somnambule.

» Un degré extraordinaire de force peut être produit dans des muscles déterminés, comme l'a montré M. Braid, soit par une suggestion appliquée directement, si l'on peut parler ainsi, à ces muscles mêmes, soit par une suggestion indirecte en provoquant l'état mental le plus propre à susciter dans ces muscles uue grande énergie. Ainsi on excitera la contraction des muscles extenseurs d'un membre en frottant doucement ou comprimant la peau qui les recouvre; et cette contraction non seulement soulèvera le membre, mais encore le tiendra fixé d'une façon cataleptique bien plus longtemps qu'aucun effort de la volonté n'aurait pu faire. On fera cesser cette contraction, quand on voudra, en dirigeant sur cette même peau un courant d'air, par lequel l'attention semble détournée des muscles sur cette membrane. Pour susciter une force extraordinaire dans un groupe de muscles par un procédé mental, il suffit de suggérer l'action et d'assurer au somnambule qu'il peut la faire avec la plus grande facilité s'il le veut. Ainsi nous avons vu un des sujets hypnotisés de M. Braid, un homme remarquable pour la pauvreté de son développement musculaire, soulever un poids de 14 kilogrammes sur son petit doigt seul, et le faire tourner autour de sa tête, sur la seule assurance qu'il était aussi léger qu'une plume. Nous avons toute raison de croire que le caractère de cette personne la plaçait au-dessus du soupçon de fraude; et il est clair que, s'il avait eu la pratique d'un tel tour de force, tour que, même les hommes les plus forts, ne pourraient exécuter sans exercice, cela aurait été visible dans le développement de son système musculaire. La même personne se déclara tout à fait incapable de soulever un mouchoir de dessus la table après plusieurs efforts en apparence énergiques; il est vrai qu'on lui avait assuré que c'était un poids trop lourd pour lui. Sans doute, en ce cas-ci, il n'y a pas la même preuve d'absence de fraude que dans le précédent; mais, si la réalité du premier est admise, le second ne peut faire difficulté, car tous deux sont des manifestations de cette condition mentale qui, nous l'avons vu, caractérise un tel état, à savoir la possession de l'esprit par une idée dominante, idée qui, infusée ce semble, par le principe de suggestion, dirige les mouvements corporels et n'est pas corrigée par les enseignements de l'expérience ordinaire ni

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