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lides avec plus de difficulté qu'elles ne continuent à marcher dans l'air, la force du son se conserve parfaitement dans un tuyau de communication, comme aussi les ondes sonores transmises à un corps solide en forme de baguette conservent leur force presque sans changement à de grandes distances. Un porte-voix représente une parabole au foyer de laquelle le son est excité; en vertu de la réflexion qu'ils éprouvent sur les parois de cette parabole, les rayons sonores marchent dans des directions qui sont parallèles à l'axe. La cause du grossissement de la voix tient en grande partie à la coïncidence des ondes primitives avec les ondes réfléchies, d'où résultent de plus grandes condensations. Mais il faut avoir égard aussi à la résonnance de la masse d'air limitée dans le tube; car l'air d'un tube ouvert à ses deux bouts ou à l'un résonne, lorsqu'il conduit le son. Le cornet acoustique se rétrécit du côté de l'oreille; en conséquence, il condense les ondes sonores. Si ces parois sont paraboliques, et que l'oreille se trouve proche du foyer de la parabole, les ondes sonores dont les directions sont parallèles à l'axe de cette dernière se réunissent en un point voisin de l'oreille. Un retentissement a lieu lorsqu'à distance plus grande de la paroi réfléchissante, les ondes réfléchies parviennent à l'oreille sensiblement plus tard que les ondes primitives. Si la différence est assez considérable pour que les deux sortes d'ondes ne s'accolent plus l'une à l'autre, il y a écho.

CHAPITRE II.

Des formes et des propriétés acoustiques des organes auditifs.

1. FORMES DE L'ORGANE AUDITIF.

On ne connaît pas de parties comparables à l'organe auditif chez la plupart des animaux sans vertèbres, et l'on peut même douter, pour certains d'entre eux, qu'ils entendent; car de ce qu'un être réagit à l'occasion de vibrations, il ne s'ensuit pas qu'il a perçu un son, puisque ces vibrations peuvent être senties aussi par le toucher, comme ébranlement (1).

Ce qu'il y a de plus essentiel dans l'organe auditif, est, en tout cas, le nerf spécifique de l'audition, qui a la propriété de percevoir les chocs comme son; vient ensuite un appareil capable de bien conduire ces chocs à l'organe auditif. Mais, toutes les matières conduisant les vibrations sonores comme ondes de condensation, il peut ne point y avoir d'appareil conducteur spécial. On explique ainsi pourquoi il n'a pas été jusqu'ici découvert d'organes particuliers d'audition chez un si grand nombre d'animaux invertébrés. Le nerf auditif, quoique étant seulement appliqué contre les parties solides de la tête, devra sentir les vibrations communi

(1) Voy., sur les parties comparées à l'organe auditif chez les insectes, COMPARETTI, Obs. anat, de aure interna comparata. Padoue, 1789. — TREVIRÁNUS, dans Annalen der Wetterauischen Gesellschaft, t. I.—Rambour, dans Magazin der Gesellschaft naturforschender Freunde. Berlin, 1811, p. 389. — P. LYONET, Recherches sur l'anatomie et les métamorphoses de différentes espèces d'insectes. Paris, 1832, in-4, fig. — MUELLER, Physiologie des Gesichtssinnes, p. 437.

quées à ces dernières, tout comme s'il était étalé sur un appareil spécial. La plus simple forme de l'organe auditif, comme appareil particulier, abstraction faite du nerf spécifique, est celle d'une vésicule pleine de liquide et sur laquelle se répand le nerf. Les vibrations sont amenées à celui-ci ou par les parties dures de la tête, ou en même temps par une membrane tendue au dehors. Telle est la forme qu'on rencontre, parmi les animaux articulés, chez les crustacés, et, parmi les mollusques, chez les céphalopodes.

: Dans les crustacés, l'organe est situé de chaque côté, à la partie inférieure de la tête, et près de l'article basal des grandes antennes extérieures. Il consiste en un vestibule osseux, dont la fenêtre extérieure est fermée par une membrane analogue à la membrane tympanique secondaire des animaux supérieurs. La-cavité osseuse renferme un sac membraneux plein d'eau, à la surface duquel s'épanouit le nerf auditif.

L'organe auditif des céphalopodes se compose d'un vestibule cartilagineux, simple excavation du cartilage céphalique, sans fenêtre ni membrane au dehors. On trouve, dans cette cavité, un sac membraneux, sur lequel se répand le nerf auditif. Chez le poulpe, la paroi interne du vestibule est lisse; chez la seiche et le calmar, elle est parsemée de petits tubercules mous, ou de prolongements, qui font que la vésicule demeure nageante. Il y a une concrétion, une pierre auditive, dans l'intérieur de la vésicule (1).

Aucun animal vertébré n'a l'organe auditif aussi simple que ceux dont il vient d'être question. Jadis on croyait que les lamproies ressemblaient en cela aux animaux sans vertèbres; mais je me suis assuré qu'elles ont un labyrinthe compliqué et deux canaux semi-circulaires. Du reste, l'organe auditif suit une progression dans son développement et sa composition, depuis les poissons jusqu'aux mammifères (2).

A. Poissons.

Les poissons manquent de limaçon et de caisse du ́tympan; mais ils ont le labyrinthe membraneux, c'est-à-dire le sinus commun des canaux semi-circulaires, avec son appendice utriculiforme, qui existe la plupart du temps, et des canaux semi-circulaires. Le labyrinthe membraneux est logé, ou en totalité dans la substance du cartilage céphalique, comme chez les poissons cartilagineux, plagiostomes et cyclostomes, ou en partie dans les os du crâne et en partie dans la cavité crânienne, entre le cerveau et la paroi du crâne, comme chez les poissons osseux, les esturgeons et les chimères.

Les principales différences, et les plus essentielles, chez les poissons, sont les suivantes :

10 Il n'y a qu'un seul canal semi-circulaire, qui revient sur lui-même en forme

(1) Voy., sur l'organe auditif de l'écrevisse et du poulpe, E.-H. WEBER, De aure et auditu hominis et animalium. Leipzick, 1820.

(2) Voy., sur sa structure chez les animaux vertébrés et chez l'homme, A. Scarpa, Anatomica disquisitiones de auditu et olfactu. Pavie, 1789.- WEBER, loc. cit., — G. BReschet, Recherches anat, et physiol, sur l'organe de l'ouïe et sur l'audition, dans l'homme et les animaux vertébrés. Paris, 1836, in-4, avec 13 pl. -J. HYRTL, Vergleichend-anatomische Untersuchungen ueber das innere Geharorgan des menschenund der Saugethiere. Prague, 1845.

d'anneau, et dont une partie, celle dans laquelle se répand le nerf auditif, correspond au sinus commun. Ce cas, qui a été observé pour la première fois par Retzius, est celui des myxinoïdes (Myxine et Bdellostoma).

2o Il ya deux canaux semi-circulaires, dont chacun naît du sinus commun par une ampoule à trois tubérosités. Les deux canaux convergent en reposant sur la surface du sinus commun, et se réunissent en arcade : sur ce point ils communiquent une seconde fois avec le sinus par une fente; ce dernier présente en même temps un appendice en forme de sac. Tel est le cas des Petromyzon et des Ammocetes (1).

Dans ces deux premières formations, le labyrinthe ne contient pas de pierres auditives.

3° Il y a trois canaux semi-circulaires disposés comme chez les animaux supérieurs, c'est-à-dire partant d'un sinus commun; ce dernier a pour appendice le sac. Dans tous deux on trouve des concrétions, comme chez les plagiostomes, ou de petites pierres auditives osseuses et dures, comme chez les poissons osseux; les unes et les autres sont libres. Le sac ne correspond point au limaçon des animaux supérieurs et de l'homme, puisque le sinus commun offre, même chez ceux-ci, un petit appendice utriculiforme.

Les plagiostomes ont de plus un prolongement du labyrinthe jusqu'au-dessous de la peau.

Chez les squales, la cavité du vestibule cartilagineux se prolonge seule jusque sous la peau par l'ouverture existant à la région supérieure de la portion occipitale du crâne. Chez les raies, au contraire, la cavité du labyrinthe cartilagineux et le labyrinthe membraneux se prolongent tous deux jusque sous la peau. Une fosse creusée dans la région moyenne de la portion occipitale du crâne, et qui est tapissée par une peau ou plus mince ou plus épaisse, contient quatre ouvertures, deux à droite et deux à gauche. Chacune des postérieures conduit au vestibule cartilagineux, et est close par une petite membrane. Chacune des antérieures appartient à la communication avec le labyrinthe membraneux. Entre les deux ouvertures du crâne et de la peau se trouvent effectivement deux sacs membraneux, de chacun desquels la cavité se prolonge jusque dans le sinus commun du labyrinthe membraneux par un canal qui traverse l'ouverture du crâne. Ce sinus auditif externe et son canal sont remplis de carbonate calcaire, dont on rencontre aussi des concrétions dans le sinus commun. La portion du sinus auditif qui adhère à la peau s'ouvre au dehors par trois petits canaux fort étroits, creusés dans les téguments extérieurs. Les chimères m'ont offert aussi une ouverture au crâne et deux amincissements correspondants à la peau; mais l'ouverture mène dans la cavité crânienne, où se trouve placée une partie du labyrinthe.

Chez les poissons osseux, la communication du labyrinthe osseux avec la surface extérieure à l'aide d'ouvertures au crâne fermées par des membranes, n'a lieu qu'exceptionnellement, par exemple dans deux espèces de lépidolèpres, suivant Otto (2), et dans le Mormyrus cyprinoides, d'après Heusinger (3).

(1) G. BRESCHET, Recherches anat, et physiol. sur l'organe de l'ouïe des poissons, Paris, 1838, in-4, avec 17 pl.

(2) Voy. MUELLER'S Archiv, 1836, LXXXIV.

(3) TIEDEMANN's Zeitschrift, t. II, p. 86. -Le Lepidoleprus norwegicus n'a pas cette ouverture.

E.-H. Weber a découvert que le labyrinthe de plusieurs poissons communique d'une manière indirecte avec la vessie natatoire (1).

Chez certains de ces animaux, tels que les Cyprinus, Silurus et Cobites, la communication a lieu par l'intermédiaire d'une chaîne d'osselets mobiles. Ainsi, par exemple, dans les cyprins, les deux labyrinthes membraneux, formés du sinus commun, des canaux semi-circulaires et du sac à pierre, sont en connexion, par continuité des membranes, avec un sinus membraneux impair caché dans la base de l'occiput, qui se prolonge postérieurement et de chaque côté en une oreillette membraneuse, laquelle, placée à la surface de la première ver tèbre, a une ouverture en partie osseuse. A cette oreillette aboutit le premier osselet conchyliforme; le dernier est uni avec l'extrémité antérieure de la vessie natatoire.

Chez les sparoïdes (Boops et Sargus), il part, de l'extrémité antérieure de la vessie natatoire, deux canaux dont les extrémités en cul-de-sac sont fixées à deux ouvertures particulières du crâne que bouchent des membranes.

Dans les clupées, l'extrémité antérieure de la vessie se prolonge en un canal qui se bifurque. Chacune des divisions pénètre dans un conduit osseux de l'occiput; là elle se bifurque encore une fois. Enfin chacun des petits canaux se dilate en une capsule osseuse. L'une de ces capsules contient seulement l'extrémité en cul-de-sac du prolongement de la vessie natatoire; mais, dans l'autre, à ce prolongement en cul-de-sac s'en adosse un du labyrinthe membraneux.

Le labyrinthe du Myripristis communique aussi, d'après G. Cuvier, avec la vessie natatoire. Le crâne est ouvert en dessous, et fermé seulement par une paroi membraneuse, à laquelle cette dernière pend.

La caisse du tympan et la trompe d'Eustache des animaux supérieurs, les cavités accessoires du nez chez ces animaux, les sacs à air des oiseaux, et la vessie natatoire des poissons appartiennent, du reste, à une même classe, attendu qu'ils doivent naissance à des prolongements pleins d'air du tube respiratoire et intestinal, qu'ils continuent plus tard de communiquer avec ces cavités par des conduits ou des ouvertures, ou qu'ils s'en isolent complétement comme la vessie natatoire de plusieurs poissons, dont, avec le temps, s'efface le canal de communication avec le pharynx.

B. Reptiles.

A partir des poissons, on trouve généralement au labyrinthe deux fenêtres qui tantôt, ne communiquant point avec une caisse du tympan, sont seulement couvertes de peau et de muscles, et rappellent alors les deux prolongements du labyrinthe conduisant sous la peau qui se voient chez quelques poissons, tantôt sont en communication avec une cavité tympanique contenant de l'air. Le labyrinthe membraneux est situé en totalité dans l'intérieur des os du crâne. L'eau de ce labyrinthe ne contient que rarement de petites pierres auditives, comme chez quelques reptiles, notamment ceux qui se rapprochent des poissons (Menobranchus). La plupart du temps on n'y trouve qu'une espèce de lait produit par des cristaux calcaires microscopiques.

(1) MECKEL'S Archiv, 1825, p. 324.

La structure des organes auditifs offre de plus grandes variétés encore dans la classe des reptiles. Chez ceux à peau nue, comme chez ceux à peau écailleuse, il y a des familles totalement dépourvues de caisse du tympan, et d'autres qui en ont une, avec une membrane du tympan et une trompe d'Eustache; mais les reptiles de ces deux catégories diffèrent absolument en ceci, que les nus n'ont qu'une seule fenêtre au labyrinthe et manquent de limaçon.

4. Reptiles nus.

La seule fenêtre que possèdent les reptiles nus, est la fenêtre ovale, fermée par l'étrier en forme de plaque ou de cône. La fenêtre ronde n'existe pas, non plus que le limaçon.

a. Reptiles nus sans caisse du tympan.

Leur osselet de l'ouïe est la plaque de l'étrier, couverte par les muscles et la peau. Le labyrinthe membraneux consiste, comme chez le plus grand nombre des poissons, en un sinus commun et en trois canaux semi-circulaires. Ici se rangent les cécilies (Cæcilia, Epicrium), les dérotrètes (Amphiuma, Menopoma), les protéides (Proteus, Menobranchus, Siren, Axolotes, et vraisemblablement aussi Lepidosiren), les salamandrides (Salamandra, Triton), enfin les bombinateurs parmi les batraciens ou reptiles nus anoures (1).

b. Reptiles nus pourvus d'une caisse du tympan.

Ceux-là possèdent une membrane du tympan, tantôt libre et tantôt cachée sous une peau épaisse, et deux ou trois osselets de l'ouïe, savoir, le marteau, uni à la membrane du tympan, et qui ne représente qu'une petite plaque cartilagineuse, l'enclume osseuse et l'étrier. La trompe d'Eustache, prolongement de la cavité gutturale, existe ici, comme elle le fait toujours quand il y a une caisse du tympan. Tel est le cas de tous les batraciens, ou reptiles nus anoures, à l'exception des bombinateurs.

C'est parmi les reptiles nus anoures qu'on observe les plus grandes différences eu égard à la partie extérieure de l'organe auditif.

1 Il y a des batraciens sans caisse du tympan, membrane du tympan, ni trompe d'Eustache. Tels sont les bombinateurs, ou les genres Bombinator (ligneus), Cultripes de Muller (C. provincialis), et Pelobates de Wagner (P. fuscus, W., qui est le Cultripes minor, M.).

2o Il y a des batraciens qui ont une membrane du tympan visible à l'extérieur ou cachée sous la peau, une caisse du tympan, la plupart du temps membraneuse, trois osselets de l'ouïe, et une ouverture pour chacune des deux trompes d'Eustache séparées l'une de l'autre. Ici se rangent la plus grande partie des genres de grenouilles et de crapauds, tels que, parmi les nôtres, Rana, Bufo, Alytes, etc. 3 Il y a des batraciens pourvus d'une membrane du tympan cartilagineuse, d'une caisse du tympan totalement circonscrite par des os, de deux osselets de l'ouïe, et d'une seule ouverture, dans le milieu du palais, pour les deux trompes

(1) WINDISCHMAN, De penitiori auris in amphibiis structura, Bonn, 1831.

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