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tels que les Difcours eccléfiaftiques de M. Godeau, les Conférences & Difcours fynodaux de M. Maffillon. Voyez ELOQUENCE DE LA CHAIRE.

CONFESSION: c'eft une figure par laquelle on avoue une faute, un crime pour en obtenir le pardon. Il y en a un bel exemple dans le Sonnet de Desbarreaux qui eft fi connu.

CONFUTATION: partie du difcours oratoire qui, felon Quintilien, confifte à répondre aux objections de fon adverfaire, & à réfoudre fes difficultés. Les prédicateurs & les avocats en font fouvent ufage. Voyez PREUVES. ARGUMENT. REFUTATION.

CONNOISSEUR: ce mot, en littérature, renferme moins l'idée d'un goût décidé pour les lettres, qu'un difcernement certain pour en juger; & c'eft en cela que le mot Connoiffeur diffère de celui d'Ama

teur.

L'on n'eft jamais parfait Connoiffeur en peinture, fans être peintre; en poësie, fans être Poëte, &c. Il s'en faut même de beaucoup que tous les Peintres, & tous les Poëtes foient bons Connoiffeurs. Il y en a d'affez ignorans pour voir la nature comme ils la font, ou pour croire qu'il ne faut pas la rendre comme ils la voient.

CONSOLATION, eft un difcours par lequel on fe propofe de modérer la douleur, ou la peine d'autrui.

Dans la Confolation, dit Chambers, on doit avoir une attention principale aux circonftances & aux rapports des perfonnes qu'on veut confoler. Scaliger s'étend affez

fur cet article, dans fon Art poëtique. « Le » confolateur, dit-il, eft ou fupérieur ou » inférieur, ou égal, par rapport à la qua»lité, l'honneur, la richeffe, la fageffe, ou » l'âge de la personne intéressée à la Con» folation; car Livie doit confoler Ovide » d'une maniere fort différente de celle dont » Ovide confole Livie: ainfi, quant à l'au»torité, un pere & un fils, Cicéron & » Pompée, doivent confoler d'une maniere » fort différente; de même, par rapport à » la richeffe, fi un client vouloit confoler » Craffus; par rapport à la fageffe, comme »lorfque Sénèque confole Polybe & fa mere. » Quant à l'âge, on n'a pas befoin d'exem» ples. »

Un fupérieur peut interpofer fon autorité, & même reprimander. Un homme fage peut difputer, alléguer des maximes, préfenter des exemples. Un inférieur doit montrer du refpect, de l'attachement, de la douceur. Pour les égaux, il les faut rappeller à l'amitié réciproque; & pour tous en général, leur parler raifon & leur montrer que le tems fera fur eux ce que, pour leur bien, on voudroit qu'ils fiffent dans le

moment.

Malherbe a adreffé à fon ami Duperrier une très-belle ode pour le confoler de la mort de fa fille; cette ode commence ainfi :

Ta douleur, Duperrier, fera donc éternelle, &c.

C'eft dans cette piéce qu'on trouve ces ftances fi nobles, où le Poëte personnifiant la mort, la repréfente comme un tyran qui

n'épargne perfonne, & des coups duquel on doit d'autant plus fe confoler, qu'ils font inévitables dans toutes les conditions.

lib.

c. 3•

4,

CONSONANCE: figure de rhétorique à laquelle les Rhéteurs donnent plufieurs noms, & qui confifte dans une reffemblance des fons des mots dans la même phrafe. Les Confonances ont des graces en latin, pourvu même qu'on n'en fasse pas trop fou vent ufage dans la même période, & qu'elles fe trouvent dans une pofition convenable en l'un & l'autre des membres relatifs comme dans l'exemple fuivant: Si non Quint. præfidio inter pericula, tamen folatio inter adverfa. Mais cette figure n'a point de grace en françois; elle mene prefque toujours un vice d'harmonie. Pourquoi ? Je crois que c'est par la même raifon que Quintilien dit que les hémiftiches des vers latins font déplacés dans la profe. Comme la rime ou Confonance n'entroit point dans les vers des anciens, cette Confonance, loin de les bleffer dans la profe, flatoit leur oreille, pourvu qu'il n'y eût point d'affectation & que l'ufage n'en fût pas trop fréquent; reproche qu'on fait à S. Auguftin. Mais en françois, comme la rime entre dans le méchanifme de nos vers, nous ne voulons la voir que là; & nous fommes bleffés, lorfque deux mots de même fon fe trouvent l'un auprès de l'autre; par exemple: Le prix des beaux-efprits, mais même, que quand, jufqu'à quand, &c. Voyez PARONOMASE.

CONTE, eft un récit fabuleux en profe,

mais plus ordinairement en vers. Nous par lerons des Contes en profe, à l'article Nou

VELLES.

Le Conte diffère de la fable, en ce que celle-ci ne contient qu'un feul fait renfermé dans un certain efpace déterminé, dont la fin eft une moralité; au lieu qu'il n'y a dans le Conte ni unité d'action ni de lieu, ni de tems, & que fon but eft moins d'inftruire que d'amufer. La fable est souvent un monologue ou une fcène de comédie; le Conte eft une fuite de scènes, & quelquefois même une fuite de comédies enchaînées les unes aux autres:

Pour bien conter un talent ne fuffit:
A mon avis, il faut en avoir mille.
Flatter le cœur, en amufant l'efprit;
Intéreffer, &, d'une main habile,
Bien cacher l'art : donner un tour facile
A ce qui plus a coûté de travail;
Ne jamais dire un feul mot inutile;
N'oublier rien, & fuir tout long détail;
Aller au but d'une marche rapide;
Prendre par-tout la nature pour guide;
Sçavoir l'orner, mais fans s'en écarter :
C'est le moyen de fçavoir bien conter.

On peut voir au mot RÉCIT, les autres qualités qu'on exige dans une narration. Quoique la longueur du Conte ne foit pas limitée, le Poëte doit toujours fe hâter d'arriver au but qu'il s'eft propofé; le feftinat ad eventum, convient à toute forte de récit.

On peut beaucoup s'étendre dans un Conte, fans paroître long pour cela. Il ne s'agit que d'imaginer des événemens intéreffans, de fçavoir les placer à propos, de les narrer d'une maniere vive, de jetter de la gaieté & de la variété dans les peintures, & de mettre toujours de la convenance dans le style.

Les Contes de Vergier font peu connus, ou du moins peu eftimés; c'eft pourtant celui de nos Poëtes, qui conte le mieux après l'inimitable La Fontaine. Les Contes de l'abbé de Grécourt font beaucoup plus connus que ceux de Vergier; mais ils n'en font pas meilleurs pour cela. Grécourt n'a que de l'efprit; il eft fouvent long & preque toujours froid. La Fontaine eft le feul qui ait excellé dans ce genre; c'eft dommage qu'il n'ait traité que des fujets licentieux, qui font rougir l'honnêteté & la pudeur. Vergier & Grécourt n'ont pas été plus fages: un homme qui a reçu de l'éducation, ne peut fans horreur jetter les yeux fur la plupart de leurs Contes. Nous exhortons ceux qui voudront s'exercer dans ce genre de poëfie, de ne choifir que des fujets honnêtes & décens. La licence & l'obfcénité ne font jamais du goût des gens bien nés. A quoi fert-il de réuffir dans un genre, quand on ne peut fe faire lire de tout le monde, & qu'on fe fait méprifer de ceux même qui nous lifent?

Ce n'eft pas feulement les paroles obfcénes que les honnêtes gens profcrivent, c'eft encore tout ce qui peut préfenter un fens

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