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COMPLIMENS. Voyez ACADÉMIQUE. (éloquence)

COMPOSITIÓN, en rhétorique, s'entend de l'ordre & de la liaifon que doit mettre l'Orateur dans les parties du dif

cours.

C'eft à la Compofition qu'appartient l'art d'affembler & d'arranger les mots dont le ftyle eft formé, & qui fervent à le rendre clair, coulant, leger, harmonieux, rapide, vif, &c. D'elle auffi dépend l'ordre que les matieres doivent garder entr'elles, fuivant leur nature & leur dignité, conformément à ce précepte d'Horace, commun à la poëfie comme à l'éloquence:

Singula quæque locum teneant fortita decenter.

Nous allons joindre ici quelques réflexions détachées, & fans ordre, que nous adreffons à ceux qui fe propofent d'écrire pour le public.

Tout Ecrivain, pour écrire nettement, doit fe mettre à la place de fes lecteurs; examiner fon propre ouvrage comme quelque chofe qui lui eft nouveau, qu'il lit pour la premiere fois, où il n'a nulle part, & que l'Auteur auroit foumis à fa critique; & fe perfuader enfuite qu'on n'eft pas entendu, feulement à cause qu'on s'entend foi-même, mais parce qu'on eft en effet intelligible.

Les régles, dit M. du Marfais, ne doivent point être faites fur l'ouvrage d'aucun particulier elles doivent être puifées dans le bon fens & dans la nature; & alors, quiconque s'en éloigne, ne doit point être imité

en

en ce point. Si l'on veut former le goût des jeunes-gens, on doit leur faire remarquer les défauts, auffi-bien que les beautés des Auteurs qu'on leur fait lire. Il eft plus facile d'admirer, j'en conviens; mais une critique fage, éclairée, exempte de paffion & de fanatisme, eft bien plus utile.

M. l'abbé Terraffon dit dans un de fes ouvrages: «Les commençans, incapables » encore d'imiter la nature même, imitent » d'abord des imitations; & les jeunes » peintres copient des tableaux, avant que » de travailler d'imagination. C'eft ainfi » qu'on doit lire long-tems les bons livres, » avant que d'entreprendre d'en faire foi» même. » Mais il ne faut prendre aucun Peintre ni aucun Auteur, comme ayant atteint la perfection, & comme étant le terme de fon art ou de fon talent; car on courroit rifque de demeurer inutile toute fa vie à ceux qui ont les originaux. Cette réflexion m'en fournit une autre; c'est que la nature, qui eft l'original univerfel, en perd le nom, pour le laiffer à fes plus habiles imitateurs, écrivains ou peintres

Quand on n'écrit que pour les fçavans, Obf. on n'eft guère lu. Il y a ordinairement plus som. 16. d'efprit, dit l'abbé Desfontaines, dans un ouvrage destiné pour les ignorans, & qu'ils lifent avec plaifir & avec fruit, que dans ces doctes & fublimes ouvrages que les hommes d'une fcience profonde honorent de leur admiration.

Id.

Un bel-efprit du fiécle paffé, pour braver la critique, fe glorifioit de n'écrire que tom. 156 pour trois ou quatre intelligences fublimes,

D. de Litt. T. I,

T

Ep. à Marot.

Mais de pareils Ecrivains ne feroient-ils pas mieux de donner feulement des copies de leurs ouvrages à ces grands génies, fans caufer au refte de l'univers le chagrin de ne pouvoir les entendre?

Le but que doivent fe proposer tous ceux qui écrivent, c'eft d'inftruire. Il ne fuffit pas d'être agréable; il faut être utile en même tems. Voyez UTILE.

Il faut, avant que d'entreprendre un ouvrage, confulter fes talens. Voyez TALENT. CONCESSION, eft une figure de rhétorique par laquelle l'Orateur ou le Poëte, pour faire valoir davantage fon idée, ne craint pas d'accorder quelque chofe qui paroît lui être contraire, mais dont il ne manque pas de tirer avantage. Rousseau l'emploie pour mieux faire fentir combien c'eft

à tort :

Que dans les vers tous s'eftiment docteurs.
Hé! mes amis, un peu moins de fuperbe.
Vous avez lu quelque ode de Malherbe?
Soit. Richelet, jadis en raccourci,
Vous a de l'art les régles dégroffi:

Je le veux bien. Vous avez, fur la scène,
En vers bouffis fait heurler Melpomène ?
C'eft un grand point; mais ce n'eft pas affez.
Ce métier-ci n'eft ce que vous pensez.
Minerve à tous ne départ fes largeffes:
Tous fçavent l'art, peu fçavent fes fineffes;
Et, croyez-moi, je n'en parle à travers.
Le jeu d'échecs ressemble au jeu des vers:
Sçavoir la marche eft chofe très-unie;
Jouer le jeu, c'est le fruit du génie.
Voyez ÉPITROPHE,

CONCETTI: nous nous fervons de ce mot, qui nous vient des Italiens, pour défigner indiftinctement toutes les pointes d'efprit recherchées, que le bon goût profcrit. Voyez POINTES. JEU DE MOTS.

CONCLUSION: dans l'art oratoire, c'eft la derniere partie du difcours, celle qui le termine. Elle comprend deux fonctions: la premiere confifte dans une courte récapitulation des preuves; la feconde, à exciter dans l'ame des auditeurs les fentimens qui peuvent conduire à la perfuafion. L'une demande beaucoup de précifion, d'adreffe & de difcernement, pour ne dire que ce qu'il faut, & rappeller en peu de mots la fubftance des preuves; mais l'éloquence réferve fa plus grande force pour l'autre, & c'eft par le fecours du pathétique qu'elle domine & qu'elle triomphe. Voyez DISTRIBUTION. PÉRORAISON.

CONDUPLICATION : c'eft un trope qui confifte dans la répétition des mêmes termes au commencement, ou au milieu ou à la fin de la phrase. Cette figure feri à marquer une plus grande affection. Exemple:

Va lui jurer la foi que tu m'avois jurée ;
Va profaner des Dieux la Majefté sacrée.
Ces Dieux, ces juftes Dieux n'auront pas oublié
Que les mêmes fermens avec moi t'ont lié.

Cette figure a beaucoup d'agrément, lors que la répétition forme une même chute. Exemple:

Sur le héros cinq fois la mort leva fa faulx ;
Et le monftre cinq fois refpecta le héros.

Androm

trag.

Louifia

de.

CONFÉRENCES ECCLÉSIASTIQUES: (difcours qui font partie de l'éloquence de la chaire.) Par les Conférences eccléfiaftiques, nous n'entendons point ici le résultat de ces difcuffions théologiques où l'on examine quelque point de dogme, de morale ou de difcipline, mais des difcours en forme qu'un ecclefiaftique tient à une affemblée d'eccléfiaftiques or le genre d'éloquence qui doit régner dans ces difcours, eft d'un goût différent de celui des fermons, fait pour un auditoire compofé de perfonnes de toutes conditions. La force & la véhémence conviennent à ceux-ci; mais le ton des Conférences eccléfiaftiques doit être plus doux & plus uni. On parle à des gens inftruits, qui fçavent les régles, auxquelles il faut fe contenter de les rappeller, & de repréfenter d'une maniere pathétique & fenfible,les fuites funeftes qu'entraîneroient leurs défordres ou leur négligence, fans leur faire de ces reproches vifs & piquans, qu'on emploie quelquefois dans la chaire pour émouvoir le pécheur. Il y a même à cet égard, fur-tout fi c'eft un eccléfiaftique qui parle à fes égaux, une infinité d'attentions & de bienféances à obferver. Mais fi c'eft un fupérieur, un évêque qui inftruife les miniftres qui travaillent fous fon autorité, il peut mêler un peu plus de force au ton de pere & de pasteur, à cette éloquence tendre, affectueufe, infinuante, dont il doit ufer avec les coopérateurs de fon miniftere. Au refte, nous ne prétendons point prescrire des loix. Nous ne traçons que l'idée des Ouvrages les plus applaudis en ce genre;

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