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La salle de Comédie
A douze mètres de long;
A neuf elle est récrépie,
Et l'on y fait un Balcon.
J'y domine dans l'Orchestre,
Dans les Foyers j'ai ma voix,
Et j'épouse Clytemnestre
A quatorze francs par mois.

C'est un pays de ripaille,
Chacun en est convaincu :
Le foin, l'avoine et la paille
Sont à bouche que veux-tu.
Son opulence est sans bornes,
Le gibier est à foison,.

Et quant aux bêtes à cornes,
Quelle bénédiction!

Pour dix sous, sur notre table
Nous voyous mettre un flacon
De ce nectar délectable
Nommé vin de Jurançon.
A bas prix l'on a l'oseille,
Les épinards, les navets,
Et tous les mois, de Marseille
Il nous vient du poisson frais.

Au cours, en simple toilette, On étale le matin

Sur une cuisse bien faite

La culotte de nankin.

Le soir nous lisons nos odes,

Nos canțates, nos couplets Chez la marchande de modes..

Que nous adorons après.

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ÉNIGME.

Quand tu veux ajouter aux dons de la nature,
Les secours superflus des atours élégans,

Je ris de ton caprice, et mes soins complaisans,
Sans embellir tes traits, augmentent ta parure.
Aline, si tu veux promettre une faveur,

J'annonce au bien-aimé le moment du bonheur.
Je dois taire mon nom pour sauver un blasphême
Aux rivales qu'aigrit l'éclat de ta beauté :
Je craindrais qu'à propos de ma légéreté,
On ne voulût ici retrouver ton emblème.

LOGOGRIPHE,

F. PARID.

Sur mes cinq pieds créature gentille,
Enfant chéri de toute une famille,
Chacun met son bonheur à préparer le mien.
Entre moi, la mode et son chien,
Dans maint logis on connaît mainte fille
Qui passe son temps bel et bien :
Si l'on m'ôte le chef, que présenté-je? Rien.

CHARADE.

:

W. à Anvers,

Ire jubet pars prima meî vetat altera, pænamque
Imponit cuicumque reum se fecerit ultrò.

Noscere vis totum? Nemus altum, densa ferarum
Lustra petas, fessusque meâ requiesce sub umbrâ.
Par Mr. L.

CHARADE.

Dans les liens du mariage
Si l'amour n'était mon premier,
On verrait par fois un ménage
De l'Ilymen bientôt s'ennuyer.
Dieux! Quel serait le tripotage,
Si l'époux était mon dernier?
De la cave jusqu'au grenier
Pour contenir alors sa rage,
On verrait se multiplier

Et les verroux et mon entier.

B.

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés

pag. 413.

Le mot de l'Enigme est Réverbère.

Celui de la Charade latine cst Fur-fur.

Le mot de la Charade française est Chien-dent.

Celui du Logogriphe est Papier, où l'on trouve Priape.

LITTÉRATURE.

Voyages dans la partie septentrionale du Brésil, depuis 1809, jusqu'en 1815, comprenant les provinces de Pernambuco (Fernanbouc) Scara, Paraïba, Maragnan, etc.; par Henri Koster, traduits de l'anglais par M. A. Jay, orné de huit planches coloriées et de deux cartes. Paris 1818, chez Delaunay. Bruxelles chez Le Charlier et Berthot.

Ier. ARTICLE,

prenant en main l'écran géographique,
D'Amérique en Asic, et d'Europe en Afrique,
Avec Cock et Forster, dans cet espace étroit.
Je cours plus d'une mer, franchis plus d'un détroit,
Chemine sur la terre et navigue sur l'onde,
Et fais, dans mon fauteuil, le voyage du monde.,
DELILLE. Les trois Règnes, ch. 1.

L'Europe a les yeux fixés sur le Nouveau-Monde; elle applaudit à ces peuples qui veulent recueillir chez eux les formes républicaines proscrites de son continent. Tout est en mouvement dans les vastes contrées du midi de l'Amérique; il n'est pas une province qui ne soit ou déVastée ou menacée par la guerre. Le Brésil, par sa position, restera difficilement immobile au milieu de cette agitation; d'autres causes peuvent seconder cette cause physique. L'éditeur de l'ouvrage dont nous donnons l'extrait, en assigne quatre principales: les vieilles prétentions de la cour du Brésil sur les provinces de la Plata; les vices de l'administration; la stagnation du commerce, et la dépendance dans laquelle le gouvernement Brasilien s'est placé, en accordant des privilèges excessifs à l'Angleterre. Peuple singulier que ces Bretous, qui ont la main dans toutes les iniquités, se retrouvent dans toutes les usurpations, et, pour se venger en quelque sorte de la nature qui semble les avoir séparés du reste du monde (1), vont se montrer dans tous les coins du globe, où ils parlent en maîtres et donnent des lois aux nations

(1) Et penitùs toto divisos orbe Britanuos,

Kug

assez imprudentes pour les accueillir. Demandez à la France quelle puissance invisible dirige son gouvernement, elle vous répondra : l'Angleterre. Demandez aux forbans qui désolent la Méditerranée, quel allié protège leur audace, ils vous diront l'Angleterre. De l'orient à l'occident, du midi au nord vous rencontrerez les Anglais et même, taudis que je parle, ils sont là près de vous, sous votre toît; ils menacent votre industrie; ils convoitent votre or, ils le ravissent. Leur influence s'est toujours fait sentir au Brésil. Long-temps avant que Lisbonne eût cessé d'étre le siège de la monarchie Portugaise et que le prince-régent fut arrivé à Bahia, le Bresil était, en quelque sorte, une des colonies de la Graude-Bretagne. Voltaire écrivait cu 1740, que c'est pour l'Angleterre que les Portugais ont travaillé en Amérique, Aujourd'hui, le gouvernement accorde aux Anglais des privilèges inouis leurs plus simples marchands out obtenu les prérogatives de la noblesse; on a mis à leur disposition les maisons occupées par les gens qui n'avaient ni métier ni emploi; jusque-là que les habitans disaient hautement que, pour demeurer dans le pays, il était nécessaire de se faire Anglais.

C'est donc aux Anglais qu'il semble appartenir de nous faire connaître le Brésil, sur lequel nous n'avons eu longtemps que des notions fausses; la plupart des voyageurs qui ont pénétré dans l'Amérique-Méridionale, tels que Gumilla, Fermin, le capitaine Stedman, La Condamine, etc., ne nous apprennent rien sur ces provinces dout M. Alphonse de Beauchamp vient de donner une excellente histoire. M. Koster, né en Portugal de parens anglais, a résidé long-temps à Pernambuco; il a même exploité deux plantations assez considérables; il a été à portée, par sa position, de bien voir, et de recueillir des faits positifs et des observations exactes. Aussi son ouvrage a-t-il en le plus grand succès en Angleterre. L'auteur, placé entre les institutions libérales de son pays et les habitudes passives des habitans d'une monarchie despotique, juge le gouvernement brasilien avec calme et impartialité: on ne retrouve point chez lui cet air d'étonnement d'un voyageur qui décrit des mœurs étrangères; le temps que donnent les autres à la surprise, il le consacre

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