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reproduire également le document suivant annexé au projet, et qui en est comme une première ébauche. Il serait utilement complété par les procès-verbaux des discussions de la Société d'enseignement supérieur, relatives au même objet.

En 1877, une réunion de savants, de professeurs et de jurisconsultes, composée de MM. Berthelot, Boutmy, Bréal, Hérold, Liouville, du Mesnil, Gabriel Monod, Gaston Paris, Renan et Taine, remit au ministre de l'instruction publique, qui était alors M. Waddington, un projet de constitution des Universités.

Ce projet établissait les Universités sur les bases suivantes :

Les quatre Facultés principales doivent être, à Paris et dans quelques centres, réunies en corps ou Universités.

Ces Universités recevront la personnalité civile et auront un budget qu'elles régleront sauf l'approbation du ministre, le Conseil de perfectionnement entendu, et sous le contrôle de la Cour des comptes.

Le budget de l'Université a pour sources de recettes: 1° les subventions de l'Etat; 2o les produits des droits d'inscription et d'examen; 3o les subventions des communes et des départements; 4° les dons et legs; 5o les revenus des propriétés de l'Université.

L'administration de l'Université, en tant que corps enseignant, est soumise au contrôle de l'État représenté par le recteur de l'Académie, dans le ressort duquel elle est établie.

Il est institué auprès du ministère un conseil de perfectionnement de l'enseignement supérieur de l'État qui juge en dernier ressort les questions litigieuses.

Le Conseil de chaque Université, renouvelable tous les ans, se compose: 1o des doyens des quatre Facultés; 2o de délégués de chacune d'elles dans des proportions et des conditions à déterminer.

Ce Conseil nomme tous les ans le chancelier pris à tour de rôle dans chacune des quatre Facultés. Le chancelier préside le Conseil et représente l'Université auprès de l'État.

Le tableau des cours est arrêté pour chaque semestre dans l'assemblée des professeurs de chaque Faculté. Ce tableau doit être approuvé par le Conseil de l'Université, et est soumis au visa du Conseil de perfectionnement.

Les professeurs titulaires et adjoints sont nommés par le ministre sur une double présentation, faite d'un côté par l'Université, de l'autre par le Conseil de perfectionnement. Ils doivent être docteurs. Cependant, sur la proposition de l'Université, approuvée par le Conseil de perfectionnement, ils peuvent être dispensés de ce titre.

Provisoirement, et pendant une période de cinq ans, les professeurs pourront être nommés par le ministre directement, et il ne sera pas nécessaire qu'ils soient docteurs.

LA RÉFORME DE L'AGRÉGATION DE DROIT

Dans sa séance du 29 janvier 1890, la Faculté de droit de Nancy, sur le rapport de M. Blondel, professeur, a adopté les considérations et résolutions résumées ci-dessous, au sujet de la question soulevée au

Conseil supérieur de l'instruction publique et relative à « l'organisation de la Faculté de Paris, en ce qui concerne les services confiés à des agrégés ».

La Faculté considère que cette question implique en réalité celle du recrutement de la Faculté de droit de Paris, et pose surtout le grave problème relatif aux moyens d'assurer l'accès de cette Faculté aux professeurs et agrégés de province. Elle fait remarquer que dans l'ordre des lettres et des sciences, le recrutement du corps enseignant de Paris s'opère principalement parmi les professeurs de province, tandis que dans l'ordre du droit, il est fourni presque exclusivement par les agrégés de Paris. C'est un système défectueux et contraire à l'équité, car il condamne l'agrégé que les hasards du concours ont placé après le 2o ou le 3o rang à demeurer perpétuellement en province, quoi qu'il fasse, tandis que ses concurrents plus heureux semblent inévitablement destinés à la Faculté de Paris. Et même si l'un des premiers élus du concours est affecté à une Faculté de province, il doit se garder de s'y faire nommer titulaire, car désormais l'accès de la Faculté de Paris lui est à peu près invariablement fermé. Il ne saurait être question cependant de toucher aux situations acquises actuellement par les agrégés de cette Faculté; mais il faut, pour l'avenir, modifier le recrutement de cette partie du corps enseignant. Ce n'est pas qu'il convienne de faire entrevoir à tous les professeurs de province l'attrait d'une chaire à Paris, comme le but auquel ils doivent viser. Outre que l'on susciterait ainsi des ambitions insuffisamment justifiées, on courrait le risque de priver nos Facultés de leurs meilleurs maitres et de les exposer plus que jamais aux conséquences déjà si fâcheuses de l'entassement des étudiants à Paris. Il semble que la diminution de l'écart vraiment extraordinaire entre les traitements des professeurs de Paris, et ceux des professeurs de province serait de nature à prévenir l'inconvénient de candidatures surexcitées par le seul désir d'un avancement pécuniaire. Quand on songe que le traitement des professeurs de province varie de 6 000 à 11 000 francs (1), et que d'autre part, à Paris, les professeurs de seconde classe qui forment la minorité ont un traitement de 12000 francs, et ceux de première classe, de 15000, on ne peut s'empêcher de supposer qu'une disproportion moins extrême serait de nature à retenir dans nos Facultés de province la plus grande partie des professeurs qui peuvent ambitionner légitimement une chaire à Paris. Quoi qu'il en soit, tout le monde est d'accord, en principe, sur la nécessité de donner plus largement aux professeurs de province l'accès des chaires vacantes à Paris; mais il est moins facile de s'entendre sur les voies et moyens de nature à assurer ce résultat. On peut concevoir un système très séduisant au premier aspect et qui consisterait à appeler à Paris, pour un temps, les candidats des autres Facultés; ils y feraient une sorte de stage et s'y créeraient des titres, après quoi, s'ils ne pouvaient être immédiatement pourvus d'une chaire à Paris, ils retourneraient dans leurs Facultés d'origine, où les présentations de la Faculté de Paris et de la section permanente du Conseil supérieur de l'instruction publique iraient ensuite

(1) Il n'est pas inutile d'ajouter que sur 123 titulaires des départements, 11 seulement jouissent d'un traitement de 11 000 francs, 11 autres d'un traitement de 10 000, tandis que 62 sont rétribués à raison de 8000 francs et 39 à raison de 6 000.

les chercher en cas de vacance. Cette combinaison comporte des inconvénients qui l'ont fait écarter. La nécessité d'un déplacement souvent pénible, toujours onéreux, peut écarter nombre de candidats; la crainte de revenir dans leurs Facultés avec l'apparence d'un échec ou même simplement sans la certitude du succès en éloignerait d'autres, si bien qu'on risquerait de n'attirer à Paris, pour un temps, que des professeurs déterminés à n'en pas revenir, dussent-ils pour cela se tourner vers d'autres carrières, comme, par exemple, l'administration ou la magistrature.

Dans la pensée de la Faculté de Nancy, l'origine du mal dont on se plaint à juste titre tient au nombre trop considérable des agrégés de Paris. Là, plus qu'ailleurs encore, des cours réguliers et obligatoires ne sont cependant occupés que par des agrégés, et le nombre des chaires est sensiblement inférieur à celui des enseignements. Ainsi, sur dix agrégés existant actuellement à Paris, six sont chargés de cours dont la matière figure aux programmes des examens de licence ou de doctorat. Qu'on attribue dès maintenant à ces enseignements des professeurs titulaires. En fait, et bien que les nominations puissent porter sur des professeurs de toutes les Facultés, il faut bien reconnaître que les agrégés actuellement en exercice à Paris seraient appelés à en bénéficier pour une très grande part, sinon pour le tout, et, dans quelques années, tous deviendraient certainement titulaires. Il n'en résulterait, pour le budget, qu'une charge insignifiante, car les agrégés actuellement chargés de cours touchant un traitement total de 10 000 francs, leur nomination comme titulaires à 12000 francs ne produirait donc, à raison de six, qu'un excédent de dépenses de 12000 francs, et cet excédent pourrait être réduit à zéro si l'on créait à Paris une 3 classe de professeurs au traitement de 10000 francs. Cette combinaison, tout en sauvegardant les droits acquis aux agrégés actuels de Paris, hâterait singulièrement le moment où les professeurs des autres Facultés seraient appelés à pourvoir seuls aux postes devenus vacants. Le corps des agrégés de Paris, réduit au strict minimum nécessité par le service des conférences et des examens, serait en effet, dans l'avenir, emprunté à des agrégés des autres Facultés, délégués à Paris pour trois ans, à titre essentiellement temporaire et non renouvable. Ils conserveraient pendant cette délégation leur rang d'ancienneté et leur droit de nomination aux chaires vacantes dans leur Faculté d'origine, et dès lors le recrutement des chaires de Paris s'exercerait tant parmi ces délégués, devenus ou non titulaires en province, que parmi ceux des professeurs des départements qui, sans avoir bénéficié d'une délégation de ce genre, se seraient cependant signalés par l'éclat de leur enseignement ou de leurs travaux.

En raison des considérations qui précèdent, la Faculté de droit de Nancy émet le vœu que l'organisation actuelle de la Faculté de Paris soit modifiée de la manière suivante :

1° Tous les enseignements actuellement occupés à la Faculté de droit de Paris, par des agrégés, et dont le programme figure parmi les matières obligatoires des examens de licence et de doctorat seront pourvus de professeurs titulaires.

2o Ceux des agrégés actuellement en fonction à Paris, qui ne figureraient pas dans les promotions de titulaires prévues au § 1, con

serveront la situation qui leur est assurée par les lois et règlements en vigueur, ainsi que le droit de participer aux présentations prévues par le § 5, ci-après.

3o A l'avenir, le nombre des agrégés attachés à la Faculté de Paris sera réduit au chiffre strictement nécessaire pour assurer le service des conférences et des examens. Les fonctions d'agrégé près la Faculté de Paris seront remplies par des agrégés détachés des autres Facultés, et pourvus d'une délégation temporaire et non renouvenable de trois ans.

4° L'agrégé délégué à Paris conservera dans sa Faculté d'origine son rang et son ancienneté. Il pourra, soit pendant cette délégation, soit après, être nommé titulaire dans la Faculté à laquelle il appartient.

5o Sous la réserve du droit de nomination directe par le ministre, dans les cas où elle lui est dévolue par les lois et règlements actuels, les présentations aux fonctions de titulaire devenues vacantes à la Faculté de Paris, devront porter, soit sur des professeurs titulaires des autres Facultés, ayant exercé ou non la délégation temporaire prévue par le § 3, ci-dessus, soit sur des agrégés qui auraient été l'objet de cette délégation.

M. Adolphe Mourier, ancien vice-recteur de l'Académie de Paris, commandeur de la Légion d'honneur, vient de mourir à Paris, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.

Né à Angoulême en 1807, Adolphe Mourier a consacré sa vie entière à l'enseignement. En feuilletant son dernier ouvrage : Notes et souvenirs d'un universitaire, on peut suivre toutes les étapes de sa longue carrière, depuis l'École normale, où il fut admis en 1827, jusqu'à la Sorbonne, qu'il quitta en 1879.

M. Mourier avait débuté comme professeur de philosophie à Angoulême; il avait été successivement proviseur des lycées d'Angoulême et de Bordeaux, puis recteur à Toulouse, Bordeaux, Rennes, et enfin, en 1861, vice-recteur de l'Académie de Paris.

Il y fut, pendant dix-huit ans, le collaborateur de MM. H. Fortoul, V. Duruy et Jules Simon.

Il laisse deux thèses de philosophie : Critique de Spinosa par Leibnitz; Preuve de l'existence de Dieu dans Platon, et l'ouvrage que nous avons cité, Notes et souvenirs.

M. Gavarret, professeur à la Faculté de médecine de Paris, inspecteur général honoraire des Facultés de médecine, s'est éteint au château de Valmont, chez M. le professeur Lannelongue, à l'âge de quatrevingt-un ans. Élève de l'École polytechnique, d'où il était sorti lieutenant d'artillerie, M. Gavarret avait donné sa démission, et s'était consacré aux études médicales; docteur en 1843, il était élu, en 1858, membre de l'Académie de médecine et, en 1879, nommé inspecteur général.

ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS

Circulaire du 7 juillet relative à l'emploi du temps, à l'éducation physique et à l'hygiène dans les lycées et collèges.

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Pour qu'elles soient activement employées, mieux vaut assigner à chacune une certaine durée que de les multiplier. Lorsqu'elles sont trop courtes, les enfants hésitent à se mettre à jouer, à commencer une partie qu'ils craignent d'être obligés d'interrompre au moment où elle deviendra le plus attrayante. Pour toutes les récréations qui n'ont pas simplement pour objet de couper par un moment de détente une classe ou une étude trop longue, une demi-heure me paraît être un minimum. Il serait désirable que la récréation principale eût lieu après le diner et qu'elle durât, sauf dans certains cas particuliers, au moins une heure et demie, de manière à séparer, par un temps de repos assez long, les exercices scolaires de la journée. Si les cours sont trop étroites, on conduira, quand la situation de l'établissement s'y prêtera, les élèves au dehors, dans la campagne autant que possible. Il va de soi que, pour les sorties de ce genre, la tenue d'uniforme ne serait pas obligatoire. J'aime à penser qu'avec le bienveillant concours des municipalités, il sera facile de se procurer sans frais, partout où la nécessité s'en fera sentir, des emplacements favorables.

Concours à provoquer. Sur ce point, comme sur tous ceux qui touchent à l'éducation physique des élèves, j'attends beaucoup de l'initiative, du tact et de la bonne volonté de MM. les proviseurs et principaux, et les résultats encourageants déjà obtenus par plusieurs d'entre eux m'autorisent à y avoir pleine confiance. Sans doute, ces améliorations que nous vous proposons d'introduire dans le régime de nos établissements ne pourront être réalisées sans quelques dépenses; l'installation matérielle d'un certain nombre d'entre eux aura besoin d'être modifiée; il y aura à pourvoir à des aménagements nouveaux, à diverses acquisitions. En attendant que le Parlement vote pour cet objet des crédits si nécessaires, il est certain que les administrations locales auront à s'ingénier pour tirer le meilleur parti des éléments qu'elles ont actuellement à leur disposition.

En ce qui concerne particulièrement la question de l'organisation des exercices physiques libres (jeux, travaux manuels, jardinage, etc.), on aura quelquefois la ressource de s'adresser non seulement aux sociétés de sport existant dans la région, mais à des personnages influents dont on connaîtra le dévouement à la cause de l'éducation.

Cotisations des élèves. - Il est reconnu que l'enfant, aussi bien que

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