Page images
PDF
EPUB

heure sera accordée pour les soins de la toilette; quelques minutes prises sur cette demi-heure pourront, dans la belle saison, être consacrées à une récréation dans la cour.

ART. 8. La veillée facultative est supprimée. Elle pourra être temporairement rétablie à l'approche des concours et des examens. ART. 9. La durée de l'étude du soir sera de deux heures dans les classes de grammaire; de deux heures et demie, en troisième et en seconde; de trois heures en rhétorique et en philosophie. Dans les divisions élémentaires et dans celles de sixième et de cinquième, cette étude sera coupée au milieu par quelques minutes de repos et de libre conversation.

ART. 10.

- L'entrée en classe pourra avoir lieu, le matin, soit à huit heures, soit à huit heures et demie.

ART. 11.

Une demi-heure sera consacrée aux deux principaux repas. Le dîner aura lieu soit à onze heures et demie, soit à midi. ART. 12. Le temps nécessaire pour les mouvements ne sera pris sur les classes que lorsque celles-ci auront une durée de deux heures. Pour toutes les classes d'une heure ou d'une heure et demie, le temps des mouvements sera pris sur la récréation, sauf les récréations d'un quart d'heure. Dans ce dernier cas, il sera pris sur l'étude.

ART. 13.- La distribution des heures de classe, d'étude et de récréation dans la journée sera déterminée, pour chaque lycée et collège, dans ces limites et sous ces conditions générales, par le recteur, sur la proposition des chefs d'établissement, et après avis de l'Assemblée des professeurs.

ART. 14. Le présent arrêté aura son effet à partir de la rentrée des classes d'octobre 1890.

Le Président de la République française,

LÉON BOURGEOIS.

Sur le rapport du ministre de l'instruction publique et des beauxarts, vu la loi du 27 février 1880; vu l'avis du conseil de la Faculté de droit et du conseil général des Facultés de Paris; vu l'avis de la Section permanente du Conseil supérieur de l'instruction publique en date du 2 juillet 1890, décrète :

ARTICLE PREMIER.

Les chaires de code civil de la Faculté de droit de Paris prendront, à dater de ce jour, le titre de chaires de droit civil. ART. 2. Quatre de ces chaires seront affectées à l'enseignement de la licence, savoir: deux en première année, une en deuxième et une en troisième année.

[ocr errors]

Les deux autres seront consacrées à l'enseignement du droit civil approfondi et comparé.

[ocr errors]

ART. 3. Chacun des professeurs de droit civil pourra, à tour de rôle, demander à être chargé de l'un de ces derniers enseignements; la désignation sera faite annuellement par arrêté ministériel, après avis du conseil de la Faculté.

ART. 4.

[ocr errors]

Le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait à Paris le 7 juillet 1890.

CARNOT.

BIBLIOGRAPHIE

LOUIS LIARD, Universités et Facultés.

- ERNEST LAVISSE, Vue générale de l'histoire politique de l'Europe. MAURICE VERNES, Les Résultats de l'exégèse biblique. CH. DEJOB, Madame de Staël et l'Italie. GABRIEL DE MORTILLET, Origines de la chasse, de la pêche et de l'agriculture. Genèse de l'idée de temps.

- E. GUYAU, La

Universités et Facultés, par Louis LIARD (1 vol. in-12. Paris, Armand Colin, 1890). —Si l'on peut dire d'un livre qu'il est venu à son heure, c'est bien de celui-là. Certes, les lecteurs de la Revue n'ont pas besoin qu'on leur présente le récent ouvrage de M. Liard, ni qu'on leur en démontre la portée. Toutes les questions qui intéressent et préoccupent le plus vivement, depuis des années, les membres de la Société de l'enseignement supérieur, se trouvent là traitées et résolues de main de maître. Ce n'est pas seulement l'œuvre spéculative d'un convaincu, c'est aussi, et à ce titre on ne saurait l'étudier de trop près, l'œuvre d'un homme qui est une force agissante, qui, mieux que personne, peut concourir à la réalisation des idées qui nous sont chères et les faire passer du domaine de la discussion dans celui de la pratique. Le problème est maintenant posé, publiquement, officiellement pour ainsi dire, en face du pays et de l'opinion. Il ne saurait être question désormais de reculer. Tout le monde sent que l'heure est venue de prendre un parti et de marcher résolument. Les plus récalcitrants, les plus endurcis, se trouveront gagnés par le livre de M. Liard. Devant cette lumineuse exposition, devant cette argumentation si ferme et si serrée, il n'est plus permis d'hésiter ou de rester indifférent. Notre cause ne pouvait rencontrer un auxiliaire plus puissant ni un défenseur plus éclairé. C'est pour cela qu'on a le droit de dire de ce livre qu'il marque une date. L'auteur a su rendre justice aux vaillants efforts de tous ceux qui ont préparé l'œuvre de régénération de l'enseignement, aux ouvriers de la première heure. Mais il ne faut pas, d'autre part, que la confiance dans le succès définitif nous amène à des appréciations trop optimistes. Cette question, à notre avis capitale, de la coexistence possible dans notre pays de grandes Universités et de Facultés isolées est encore bien obscure, bien grosse de menaces. On aurait tort de le dissimuler, c'est là que git l'obstacle par excellence, la pierre d'achoppement. Il n'est pas de ville possédant à l'heure actuelle des Facultés qui ne soit prête à tenter tous les efforts imaginables pour défendre sa prérogative et en justifier le maintien. Marseille, Poitiers s'agitent déjà. Demain, ce sera le tour de Caen, et d'autres dont on pourrait dire les noms. Que fera l'État en présence de ces revendications multiples? Faiblira-t-il? Que deviendront dans ce cas les cinq ou six grands centres rêvés? Si l'on se trouve amené par la nécessité à augmenter le nombre des centres choisis, c'est à coup sûr l'avortement qu'on prépare. Seize Universités

ne donneront rien de plus, ni rien de mieux que l'état actuel, si ce n'est peut-être un sensible accroissement des dépenses. Ce que nous devons tenter à tout prix, c'est de préparer l'opinion à une réduction fatale des centres universitaires. Pour cela, comme pour tout le reste, l'apparition si opportune du livre de M. Liard peut être d'un secours singulièrement efficace. Nous n'avons pas à faire l'éloge de cette forme si nette et si vigoureuse. Il est tels chapitres, comme le second: « Les Facultés à la fin du second Empire », qui sont de saisissantes pages d'histoire, ou d'autres comme le douzième et le treizième, qui sont des plaidoyers superbes, dont la portée n'échappera à aucun lecteur. Le discours prononcé à Palavas clôt dignement ce livre si chaud, si plein de l'amour de la science et du pays, et destiné par là même à un retentissement considérable.

Vue générale de l'histoire politique de l'Europe, par ERNEST LAVISSE (1 vol. in-18. Paris, Armand Colin, 1890). — Voilà un livre qui comptera comme l'une des œuvres historiques lesplus fortes et les plus personnelles parues dans ces dernières années. Jamais peut-être l'éloquent professeur de la Sorbonne ne s'était élevé plus haut, donnant ainsi une nouvelle preuve, et non la moins éclatante, de la singulière portée de son esprit. Dans l'ensemble à la fois si solide et si varié de ses travaux, ce livre tiendra une place à part. C'est qu'il en est en quelque sorte la synthèse, et une synthèse mûrement réfléchie et longuement élaborée. Après en avoir tracé l'esquisse, il y a quelques années, dans la préface de la traduction de l'ouvrage de Freeman, il a repris ce premier essai, déjà fort remarquable, l'a élargi, complété, en le mettant, si je puis dire, au point, et en tenant compte des préoccupations qu'inspire la politique actuelle. Il a mis à profit les réflexions si profondes et si justes que lui avaient suggérées à diverses reprises. les événements de ces derniers temps. Il nous a donné ainsi quelque chose de définitif, de bien équilibré, où chacune des grandes périodes de l'histoire européenne a reçu un développement également harmonieux et régulier. Ce qui frappe, en effet, dans ce livre, c'est un rare sentiment des proportions et du rapport exact des choses. Chaque groupe de faits y est exposé à son vrai point de vue. Aucune époque ne s'y trouve sacrifiée aux dépens de l'autre. Le moyen âge, en particulier, et ce n'est point l'un des moindres mérites de ce tableau, y occupe la place prépondérante à laquelle il a droit. M. Lavisse a bien compris que si nous connaissons l'antiquité et les siècles modernes, mieux que le moyen âge et que l'époque contemporaine, c'est surtout un des effets de notre éducation. Comme il le dit quelque part (p. vi), le moyen âge a ébauché les nations qui se sont achevées au cours de notre siècle. Ces deux époques sont donc les plus importantes, les plus décisives, dans l'histoire politique de l'Europe. Voilà un point de vue qui a échappé à nombre d'historiens. C'est qu'une culture incomplète les amène trop souvent à considérer la formation de l'Europe comme le résultat des grands changements qui coïncident avec le commencement des temps modernes. Seulement, je me demande si la préoccupation de mettre cette vérité dans tout son jour, n'a pas conduit M. Lavisse à restreindre le rôle et la part de plusieurs grands événements de cette même période moderne. Il est certain, pour ne citer qu'un seul exemple, que

les conséquences de deux mouvements essentiels, tels que ceux de la Renaissance et de la Réforme, sont appréciées assez sommairement, et, à un point de vue, j'oserais dire, un peu exclusif. Ce n'est pas tout de prouver (p. 110 à 114) comment la découverte du Nouveau Monde, la Renaissance et la Réforme ont fait payer leur bienvenue. Il fallait encore montrer l'autre face de la pièce et exposer ce que le monde doit, en particulier, aux nobles et audacieuses conquêtes de l'esprit de la Renaissance. C'est à ces conquêtes que nous sommes redevables en grande partie de ce que nous sommes. M. Lavisse juge trop cet admirable mouvement, en s'en tenant au côté italien. Quand il dit (p. 114) que la Renaissance a fortifié l'autorité du prince, en restaurant le culte de l'État antique, qui se suffisait lui-même et dont la lex suprema était l'intérêt, on peut n'être pas tout à fait d'accord avec lui. Il y a eu d'autres résultats, meilleurs et plus féconds, qui valaient la peine d'être indiqués. D'ailleurs, cette appréciation ne s'applique que pour une faible part à la Renaissance française. Il n'y a pas eu au xvie siècle que l'évangile selon Machiavel. A coup sûr, plus on étudiera l'histoire de cette période en France et plus on se rendra compte de sa robuste originalité et de l'action puissante qu'elle a exercée. Mais c'est là une objection d'ordre secondaire qui, étant donné le plan même de l'œuvre, n'est peut-être pas à sa place. Le but de l'auteur était avant tout de décrire la formation des États européens et les causes historiques d'où sont sorties leur situation et leurs relations politiques actuelles. Il ne pouvait donc que difficilement s'astreindre à tenir compte de considérations de ce genre. Ne voulant rien dire d'inutile, il s'en tient à la politique générale et s'il parle d'autre chose ce n'est qu'accidentellement.

L'esprit qui anime cette œuvre est celui d'une haute et sincère impartialité. Est-ce pour cela qu'elle contient, surtout vers la fin, des prédictions tristes, des vues qu'on pourrait presque qualifier de pessimistes? Après avoir pris son élan si haut dans le passé, il était impossible à l'historien de s'arrêter au seuil des temps futurs. « Après qu'on a vu tant de changements, des États naître et mourir, des empires crouler qui s'étaient promis l'éternité, il faut bien prévoir de nouvelles révolutions, des morts et des naissances. » Certes, M. Lavisse ne doute pas de l'humanité. Il a su trouver, en maintes circonstances, des accents clairs et joyeux, qui témoignent de sa confiance en l'avenir. Lisez ses discours aux jeunes gens. Il n'y a pas de foi plus ardente que la sienne dans le progrès et dans la marche en avant. S'il nous montre les nuages amoncelés de tout côté, il faut donc admettre qu'il le fait, en quelque sorte, malgré lui. Peut-être que s'il avait tenu compte du mouvement social qui grandit et qui, depuis quelque temps, force l'attention générale des politiques, il nous aurait ouvert d'autres perspectives, à certains égards plus consolantes. C'est de ce côté-là seulement qu'il aurait pu montrer la lumière et l'espérance. Il est vrai que le livre est déjà vieux de quelques mois, et c'est, dans ces temps-ci, un fait qui explique bien des choses. Laissons le soin de faire entendre' la parole de paix et de sérénité à celui qui dans vingt ans entreprendra à son tour la tâche audacieuse que M. Lavisse vient d'accomplir avec un sens si droit et un si admirable talent.

Les Résultats de l'exégèse biblique: l'histoire, la religion, la littérature,

Les

par MAURICE VERNES (1 vol. in-18. Paris, Ernest Leroux, 1890). lecteurs de cette Revue ont déjà eu l'occasion de lire et d'apprécier l'exposé des idées de M. Maurice Vernes, en matière d'exégèse biblique (no du 15 mai 1888). On retrouve avec plaisir dans le nouveau volume qu'il vient de publier le tour alerte et hardi, le ton personnel, parfois agressif, mais jamais banal, qui ont, à diverses reprises, attiré l'attention des historiens sur les travaux du savant professeur de l'École des Hautes Études. Certes, il est permis de ne point être de son avis, de ne pas se rallier à ses théories également subjectives et exclusives. Mais, ce qu'on ne peut lui refuser, c'est une absolue sincérité, une grande bonne foi et un rare talent. Après avoir, depuis plusieurs années, publié dans différents recueils ses travaux de critique, d'analyse et de polémique, M. Vernes a cru le moment venu de nous exposer l'ensemble de son système. Il est convaincu que ses maîtres et ses devanciers n'ont apporté dans toutes ces questions qu'une très ingénieuse érudition et une méthode fort insuffisante: ce qui ne l'empêche pas de rendre hommage aux leçons de MM. Reuss et Kuenen. Pour lui, la Bible envisagée dans ses deux grandes collections, la Loi et les Prophètes, est essentiellement une œuvre des temps de la Restauration. A partir de l'an 400 avant notre ère se trouvent réunies les conditions d'une incomparable production littéraire et théologique. Le résultat de ses études peut être formulé dans cette proposition aussi nette que possible, qui a du moins le mérite de ne donner aucune prise à l'équivoque. « La Bible est l'expression de la croyance des Juifs aux temps de la Restauration; elle nous apprend quelle idée ils se faisaient de leur passé et de leurs rapports avec la divinité. » Les livres bibliques se trouvent donc en quelque sorte tous rajeunis. C'est à ce prix que M. Vernes parvient à reconstituer leur unité d'inspiration et de pensée. Pour ce qui concerne la religion, l'auteur donne, en gros, raison à l'opinion traditionnelle contre l'école moderne. Il nie le polythéisme des Hébreux et déclare que la Bible contient d'un bout à l'autre l'expression de vues religieuses d'une grande spiritualité. Au point de vue de l'histoire, il se refuse à admettre tout ce qui est antérieur à l'établissement des Israélites en Palestine et voit dans l'épopée des origines juives, non point la tradition plus ou moins altérée d'un passé fort ancien, mais la mise en œuvre, aussi éloquente qu'ingénieuse, de certaines thèses morales et dogmatiques. Le Précis d'histoire juive publié par l'auteur renferme la justification plus détaillée des théories dont il expose la substance dans son récent ouvrage. On voit par le rapide résumé que nous venons d'en faire, à quel point il s'écarte des idées généralement admises. Comme M. Vernes le dit quelque part (p. 227), le centre de gravité des questions est en quelque sorte déplacé. La critique compétente jugera de la valeur de ses opinions. En tout cas, il n'est pas mauvais qu'une réaction de ce genre, même exagérée, ait été une fois tentée.

Madame de Staël et l'Italie, avec une bibliographie de l'influence française en Italie de 1790 à 1814, par СH. DEJOв (1 vol. in-12. Paris, Armand Colin, 1890). Il est curieux de constater le retour de faveur qui s'attache en ce moment à Mme de Staël. Après la publication des papiers de Benjamin Constant, après celle des lettres publiées par M. Ménos,

-

« PreviousContinue »