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Crillon.

Il le faut bien, mais je crois que je mourrais de honte si j'étais à sa place.

SCÈNE IV.

La scène représente le jardin de l'hôtel de Guise.
Le duc de Guise. Catherine de Médicis.

Catherine.

Je viens tenter un dernier effort; répondez-moi franchement, monsieur le duc, jusqu'où avez-vous dessein de pousser cette rébellion? que voulez-vous faire du

roi?

Guise.

Madame, ce n'est pas à moi qu'il faut faire cette question, mais à ceux qui occupent les barricades à l'entour du Louvre. Je ne voulais qu'une chose: me mettre à l'abri du danger; je l'ai fait maintenant je n'ai rien à démêler dans tout ce qui se passe; j'ignore ce qui peut arriver et m'en lave les mains.

Catherine.

J'ai pourtant reconnu vos officiers et vos gens derrière les barricades.

Guise.

Ils y allaient sans doute pour réprimer le désordre.

Catherine.

Mes yeux ont cru voir tout le contraire. Mon cher duc, au nom de feu votre digne père, n'oubliez pas la modération: arrangez-vous avec le roi.

Guise.

Mais, Madame, je voudrais....

Catherine.

Vous voudriez savoir si j'ai des pouvoirs, n'est-il pas vrai? Eh bien! oui, mon cher duc, le roi m'a chargé de tout. Voyons, terminons cette malheureuse affaire.

Guise.

Eh bien! madame, je ne puis consentir à rien si le roi ne démet monsieur d'Epernon du gouvernement de Normandie.

Catherine.

Vous avez raison, monsieur le duc, c'est pure justice.... mais vous n'aviez pas parlé de cette condition

hier.

Guise.

Madame, depuis hier j'ai réfléchi........

Catherine.

Oh! cela n'empêchera rien. Le roi entendra raison.

Guise.

Je dois vous dire aussi que quant au testament....
Catherine.

Ne voulez-vous pas dire que le testament doit être approuvé par le parlement?

Guise.

Oui, madame, c'est cela; le parlement et les EtatsGénéraux.

Catherine.

Et les Etats-Généraux? mais il n'en était pas question hier.

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N'importe, je me charge de persuader le roi. De ce moment, monseigneur, je vous salue héritier pré

somtif. Que je serai donc contente de vous voir délivrer mon pauvre fils.

Guise.

Madame, je crains biens que tout mon crédit ne puisse....

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En tout cas, je vous réponds de ses jours.

De ses jours?....

Catherine.

Guise.

Oui, madame.

Catherine.

Mais.... de sa couronne?

Guise.

Madame, je vous le répète, les catholiques veulent

bien du mal au roi.

Catherine.

Je ne vous comprends pas....

Guise.

Il serait peut-être prudent à lui de renoncer...

Catherine.

Une abdication! Quelle horreur!

Et vous Vous

jouez à ce point de moi, monsieur le duc; vous feignez

d'entrer en accommodement et vous.... (Entre d'Espignac

en courant.)

Guise.

Comment, c'est vous, d'Espignac? d'où venez-vous?

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Oh! je vous en réponds, il n'est pas loin de SaintCloud maintenant.

Guise.

Eh bien! madame, est-ce moi qui me jouais de Votre

Majesté? tandis que vous m'amusez ici par de belles promesses, le roi s'en va pour me perdre.

Catherine.

En vérité, monsier le duc, ce départ m'étonne autant que vous.

Guise.

Quitter la ville, et pourquoi? que craignait-il?

Catherine.

On lui aura fait peur. Que voulez-vous? Les catholiques ont tant de haine contre lui!

Guise, brusquement.

Je vous répondais de ses jours.

Catherine.

Sans doute, monseigneur; mais tout le monde n'aime pas à être gardé à vue, et d'ailleurs, cette abdication....

Guise.

Nous voilà de la besogne par dessus la tête! et quand je pense qu'un peu plus de diligence.... Catherine.

Monsieur le duc, le roi m'a remis tous ses pouvoirs; je suis chargée du gouvernement de la ville en son absence.

Guise.

Ainsi, madame, vous saviez donc....

Catherine.

C'est à moi que vous aurez la bonté d'adresser vos communications. Je me rends à mon hôtel, m'y sui

vez-vous?

Guise.

(Catherine de Médicis sort; le

A vos ordres, madame. duc la suit.)

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