Caroline. J'y cours. (Elle regarde le collier avec joie.) Ah! les jolies perles! (Embrassant encore la vicille cousine.) Oh! ma cousine, quel bonheur que vous soyez venue! SCÈNE X. La vieille cousine, seule. La vieille cousine. Pauvre enfant! ma vue l'avait effrayée.... je conçois cela! la vieille cousine n'a rien de bien séduisant ... aussi, la reçoit-on d'abord, comme les médecines amères.... avec une grimace; mais elle tâche de se faire pardonner comme elles, en se rendant utile.... Ah! voici l'autre petite.... elle à l'air de composer.... oui, je me rappelle.... son oncle m'a dit que c'était le bas-bleu de la famille. SCÈNE XI. Eugénie, entrant par la droite avec un papier et un crayon à la main, La vieille cousine. Eugénie, sans voir la vieille cousine. Je n'en sortirai jamais; ce dernier vers est d'une difficulté!... La ricille cousine, s'approchant. Peut-on voir les premiers? Eugénie, se retournant. Ma cousine!.... (Elle cache son papier.) La vieille cousine. Oh! ne cachez rien; je sais, ma chère enfant, que vous avez un faible pour la poésie.......... Eugénie. Moi? La vieille cousine. J'ai même vu une pièce de votre façon envoyée à votre - oncle. Eugénie. Quoi! il vous a montré?.... La vieille cousine. C'était une élégie à la lune! on s'occupe beaucoup de la lune à notre époque. Eugénie. Ma cousine trouve sans doute cela bien peu raisonnable? Pourquoi donc, s'ils ne sont pas mauvais? j'adore la poésie. Vous? Eugénie. La vieille cousine. La preuve, c'est que j'ai fait la route en lisant les Méditations de Lamartine. Eugénie, étonnée. Quoi! on connait Lamartine à Landerneau! La vieille cousine. Et on l'imite, ma chère. . Comment cela? Eugénie. La vieille cousine. Je vous apporte deux volumes de vers d'un compatriote. Pour moi? Eugénie. La vieille cousine. Avec un envoi de l'auteur. Eugénie. Se peut-il! oh! que je voudrais voir.... Permettez !.. .... La vieille cousine. il y a pour cela une condition. Quelle condition? La vieille cousine. C'est que je commencerai par connaître ce que vous venez de faire.... Eugénie. Moi?.... mais je n'ai rien encore.... qu'une strophe commencée. La vieille cousine. Lisez votre commencement. Eugénie. C'est pour la fête de maman, j'aurais voulu exprimer notre tendresse bien simplement. Eugénie, lisant. A la fête des rois le flatteur fait entendre Pour leurs vaines grandeurs mille vœux complaisants ; La vieille cousine. Eh bien! (Est le bonheur de ses enfants.) Eugénie. Tiens mais cela fait le vers! La vieille cousine. Vous ne l'aviez donc pas trouvé? Eugénie. C'est-à-dire à peu près.... il me manquait seulement la forme et la rime! mais je l'avais en idée! La vieille cousine, malignement. Alors je l'ai deviné. Eugénie. Précisément. (Elle va à la table à gauche pour écrire.) Ah! si je pouvais, pendant que j'y suis, faire une seconde strophe. La vieille cousine, malignement. Essayez le même procédé. Eugénie. Voyons. (Elle est assise devant le guéridon à gauche et elle semble chercher.) J'ai pourtant suivi la recette, mademoiselle! voyez; il y a six pommes, cuites à l'eau bouillante, quatre blancs d'œufs; j'allais mettre le reste.... .... La vieille cousine. Mais au lieu de parler, occupez-vous donc de battre (Elle prend le saladier et bat les œufs.) Ursule. Ah! voilà!.... j'ai un peu causé avec Baptiste. C'est peut-être ça qui est cause.... La vieille cousine. Vite, les autres ingrédients! Ursule. Tout de suite. (Elle sort en courant par la droite.) Eh bien! la seconde strophe? Eugénie. Je cherche. (Elle relit.) Mais le plus doux espoir pour une mère tendre Est le bonheur de ses enfants. La vieille cousine, dictant. Jouissez-en, ô vous qui nous faites joyeuses! C'est cela. (Elle écrit.) Eugénie. Ursule, rentrant avec du sucre et de la fleur d'oranger; elle re garde dans le saladier. Oh! mademoiselle! voilà l'ile qui reparait. Jouissez-en . . . . Eugénie, écrivant. |