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Manon, joignant les mains.

Oh!.... moi, une écrevisse!

Mme Leclerc, entrant par le fond.

Pourquoi donc tout ce bruit?

Le cousin Pierre.

Parce que vous avez une servante qui ne comprend rien, qui n'avance à rien, une huître véritable....

Manon.

Une huître maintenant!.... (Exaspérée, en s'avançant vers le cousin Pierre.) Ah! mais, monsieur, il ne faut pas croire que parce que vous êtes marin, vous pourrez me donner les noms de tous les poissons...

Mme Leclerc.

Laissez-nous, Manon.

Manon, furieuse.

Non, madame, je ne souffrirai pas...

Le cousin Pierre, s'approchant avec un geste violent.
Allons.... (Il lui montre la porte.) Dehors!

Manon, intimidée.

Mais, monsieur....

Le cousin Pierre.

Manon, épouvantée.

Est-ce fini?

Je m'en vais, monsieur.... (A part.) Ah! mais, c'est un vrai Satan.... (Voyant que Pierre fait un mouvement vers elle.) Je m'en vais! (Elle sort par la droite.)

SCÈNE IX.

Les mémes, excepté Manon.

Mme Leclerc.

Je vous ferai observer, mon cousin, que notre bonne Manon n'est pas habituée à être traitée si rudement!

Le cousin Pierre, qui fume.

Voilà pourquoi elle sert si mal!

Louis, avee mécontentement.

On ne s'en était jamais aperçu!
Mme Leclerc.

Nous nous sommes toujours contentés de ce qu'elle pouvait faire.

Le cousin Pierre.

Ça prouve que vous vous contentez trop facilement!
Mme Leclere,

Non! mais nous ne pouvons oublier son zèle, sa probité....

Louis.

Les services qu'elle a rendus, quand elle était plus jeune!

Le cousin Pierre.

Eh bien qu'est-ce que ça me fait à moi? Je me moque pas mal des qualités qu'elle a eues, si elle ne les a plus! Le plus fin voilier de la flotte est démoli quand il devient trop vieux. On a des domestiques pour être servi, n'est-ce pas, et non pour faire de la reconnaissance.

Mme Leclerc,

Mon cousin ne voudrait pas cependant, je suppose, qu'on mit sur le pavé une brave fille, qui m'a presque élevée.

Le cousin Pierre, fumant.

Qu'on la mette, dans ce cas, à l'hôpital....

Oh!....

Louis et Mme Leclerc.

Le cousin Pierre, aveo impatience.

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Où vous voudrez, alors; mais pas ici. Au reste, nous y reviendrons, ma cousine. (En appuyant sur les mots.)

„Je vois que vous aimez à vous créer des devoirs ! . . . .' Nous vous guérirons de cette maladie-là....

Louis, à part, avec indignation.

Oh! c'est trop fort!

Le cousin Pierre, qui aperçait le fusil accroché au-dessus du

dressoir.

Tiens, vous avez un fusil de chasse.... (II le prend.)
Mme Leclerc, vivement.

Prenez-garde! il est chargé!

Le cousin Pierre.

Vraiment.... Est-ce qu'il porte juste? Au fait, vous ne pouvez pas savoir ça; une femme!:... Il faut vous dire que j'ai été autrefois grand chasseur, et pas maladroit. Voyons un peu si l'œil est encore bon....

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(Il va à la porte vitrée du fond.)

Mme Leclerc.

De grâce, ne tirez pas!....

Le cousin Pierre.

Pourquoi donc ça?

Mme Leclerc.

L'explosion des armes à feu me cause toujours un saisissement!....

Le cousin Pierre, armant le fusil.

Vous vous boucherez les oreilles!

Louis.

Mais il me semble qu'il serait plus simple de s'abstenir....

Le cousin Pierre.

Pourquoi donc, mon garçon, si ça m'amuse, moi? (En appuyant sur les mots.) "Est-ce qu'on doit passer sa vie à se contrarier pour les autres?" S'il y avait sculement dans le jardin un chat ou un oiseau, fu ver

rais comme j'abats le gibier!.... (Regardant au dehors.) Ah! voilà mon affaire!

Louis, voulant l'arrêter.

Je vous en prie, mon cousin.... (Le cousin Pierre tire son coup de fusil.)

Mme Leclerc, poussant un cri.

Ah! (Elle s'appuie à un fauteuil.)

Louis, courant à elle.

Voyez, vous avez effrayé ma tante. (Il lui avance une
C'est incroyable qu'on ait si peu d'égards..........
Le cousin Pierre, qui regarde dans le jardin.

chaise.)

Il est tombé!

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Manon, paraissant à la porte.

Eh bien! madame, lui, lui.... Voyez!.... (Elle montre

le perroquet.)

Louis.

Le perroquet de ma tante!

Mme Leclerc.

Est-ce possible! (Au cousin Pierre.) Ah! ceci dépasse la mesure....

Le cousin Pierre, tranquillement.

Je voulais voir si je ne m'étais pas perdu la main............

Manon.

Alors, c'est exprès!....

Louis, avec animosité.

Et pour reconnaître l'hospitalité de ma tante!
Manon, exaspérée.

Mais, c'est donc un sans-cœur,, un sauvage?

Plait-il?

Le cousin Pierre.

Manon, hors d'elle.

Oui, je dis que vous êtes un vrai Hérode, puisque vous massacrez comme ça des innocents!

Le cousin Pierre.

Eh bien! eh bien! je le ferai empailler!
Manon, hors d'elle.

Empailler! Et vous croyez que c'est la même chose, monsieur! Est-ce que vous voudriez être empaillé, vous, monsieur? Est-ce que ça rendra la vie à Jacquot, monsieur? - Une bête qui parlait mieux que moi; qui mangeait de tout; qui était on peut dire de la famille, et que madame soignait elle-même! Mme Leclerc.

Il n'avait été laissé par ma sœur.

Louis, au cousin Pierre, avec animosité.

Et vous le saviez, car je vous l'ai dit hier!
Le cousin Pierre, appuyant sur les mots.
Ah!.... „Si vous faites d'un perroquet une affaire

de sentiment!"

Manon.

Et pourquoi donc pas, s'il rappelait la défunte?

Le cousin Pierre.

Parce qu'il était aussi bavard qu'elle?

Mme Leclerc, avec force.

Ah! c'est trop!

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