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Le collier dont je suis attaché

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

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Pas toujours: mais qu'importe?
Le loup.

Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Le narrateur.

Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.

II.

LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE.

PERSONNAGES.

Le narrateur.

Le lion.

Le renard.

L'âne.

Le narrateur.

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Faisait aux animaux la guerre.

Le lion tint conseil et dit:

Le lion.

Mes chers amis,

Je crois que le ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune.
Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements.

Ne nous flattons donc point; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait? nulle offense? Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le berger.

Je me dévouerai donc, s'il le faut: mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi;
Car on doit souhaiter, selon toute justice,

Que le plus coupable périsse.

Sire,

Le renard.

Le narrateur.

dit le renard,

Le renard.

vous êtes trop bon roi;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse.

Eh bien! manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché? Non, non. Vous leurs fites, seigneur,
En les croquant, beaucoup d'honneur;

Et quant au berger, l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Le narrateur.

Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir

Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L'âne vint à son tour, et dit:

L'âne.

J'ai souvenance

Qu'en un pré de moines passant,

La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue;
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
Le narrateur.

A ces mots, on cria haro sur le baudet.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui! quel crime abominable!
Rien que la mort n'était capable

D'expier son forfait. On le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

III.

LE DÉPOSITAIRE INFIDÈLE.

PERSONNAGES.

Le narrateur.

Le marchand,

Le voisin.

Le narrateur.

Un trafiquant de Perse,

Chez son voisin, s'en allant en commerce,
Mit en dépôt un cent de fer un jour.

Le marchand.

Le narrateur.

Mon fer?

Dit-il, quand il fut de retour.

Le voisin.

Votre fer! il n'est plus: j'ai regret de vous dire
Qu'un rat l'a mangé tout entier.

J'en ai grondé mes gens; mais qu'y faire? un grenier
A toujours quelque trou.

Le narrateur.

Le trafiquant admire
Un tel prodige, et feint de le croire pourtant.
Au bout de quelques jours il détourne l'enfant
Du perfide voisin; puis à souper convie
Le père, qui s'excuse, et lui dit en pleurant:
Le voisin.

Dispensez-moi, je vous supplie;

Tous plaisirs pour moi sont perdus.
J'aimais un fils plus que ma vie:

Je n'ai que lui; que dis-je? hélas! je ne l'ai plus.
On me l'a dérobé: plaignez mon infortune.

Le narrateur.

Le marchand repartit:

Le marchand.

Hier au soir, sur la brune,

Un chat-huant s'en vint votre fils enlever;

Vers un vieux bâtiment je le lui vis porter.

Le père dit:

Le narrateur.

Le voisin.

Comment voulez-vous que je croie Qu'un hibou pût jamais emporter cette proie? Mon fils en un besoin eût pris le chat-huant.

Le marchand.

Je ne vous dirai point,

Le narrateur.

reprit l'autre,

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