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abandonnés, restèrent immobiles, attendant l'issue de l'expédition de Normandie. Ils n'attendirent pas longtemps.

(La suite à un prochain cahier.)

V. COUSIN.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

Le P. Lacordaire, membre de l'Académie française, est mort à Sorèze (Tarn), le 21 novembre.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, membre de l'Académie des sciences, est mort à Paris le 10 novembre.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Principes de la musique, par M. Augustin Savard. Paris, imprimerie de Martinet, librairie de Durand, 1861, grand in-8° de xxx11-160 pages. Dans cet ouvrage,

écrit d'abord pour les besoins de son enseignement au Conservatoire, M. Savard s'est proposé de donner une base plus forte et plus scientifique aux études musicales, dans lesquelles la théorie de l'art est trop souvent négligée. Un court exposé, intitulé Premières notions, présente, sous la forme la plus simple, les rudiments de la langue des sons; après cette sorte d'introduction, plus spécialement destinée aux jeunes élèves, l'auteur aborde pleinement son sujet dans une seconde partie, qui, sous le titre d'Etude développée, forme un tout complet et indépendant, et remplit presque tout le volume. Il y reprend, et avec d'amples explications, ce que les Premières notions contenaient en germe, en donnant, par intervalles, des résumés suivis d'exercices qui permettent de faire l'application des leçons précédentes. On peut signaler, comme particulièrement intéressantes, les remarques placées à la fin du volume, et qui contiennent d'utiles éclaircissements sur l'origine des termes employés en musique, sur leur étymologie et sur l'histoire musicale.

Armorial de France de la fin du x1y' siècle, publié d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale et annoté par M. Douet-Darcq. Paris, imprimerie de Pillet, librairie de Dumoulin, 1861, in-8° de 104 pages. Un document du règne de Charles VI, donnant les noms de douze cent soixante-quatre grandes familles de cette époque, sort évidemment de la ligne des publications ordinaires sur la noblesse. Cet armorial, divisé par provinces, indique, pour chacune d'elles, les bannerets et les simples chevaliers. Les noms des familles sont toujours accompagnés de la description de leurs armoiries. Bernard de Montfaucon avait donné un fragment de ce manuscrit dans le second volume de sa Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova. En le publiant in extenso, M. Douet-Darcq y joint une bonne introduction et une table.

TABLE.

Pages.

Recueil des travaux scientifiques de M. Ebelmen, ingénieur au corps impérial des mines, etc. (Article de M. Chevreul.).. . .

657

Étude sur la vie et les ouvrages de M. T. Varron, par Gaston Boissier. (2a article de M. Patin.)....

673

Indische Alterthumskunde, l'Archéologie indienne, par M. Christian Lassen. (3 article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.).

692

Le duc et connétable de Luynes. (6' article de M. Cousin.)...

705

Nouvelles littéraires....

719

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

DÉCEMBRE 1861.

CHRONIQUE DE LA PUCELLE ou Chronique de Cousinot, suivie de la Chronique normande de P. Cochon, relatives aux règnes de Charles VI et de Charles VII, restituées à leurs auteurs et publiées pour la première fois intégralement à partir de l'an 1403 d'après les manuscrits, avec notices, notes et développements par M. Vallet de Viriville, professeur adjoint à l'école des Chartes. Paris, chez Adolphe Delahaye, rue Voltaire, 4-6, 1859.

Le travail de M. Vallet de Viriville comprend quatre parties: une discussion sur l'auteur d'une chronique célèbre, restée jusqu'à présent anonyme, bien qu'imprimée plusieurs fois, à savoir la Chronique de la Pucelle; la publication d'un fragment d'une chronique inédite intitulée la Geste des nobles; la révision sur les manuscrits et la publication du texte de la Chronique de la Pucelle; et enfin, la publication d'une portion de la Chronique normande de P. Cochon.

Il y a eu, à la fin du xiv° siècle et dans le courant du xv, deux personnages qui tinrent des postes non sans importance auprès des princes et des rois ce sont Guillaume Cousinot, chancelier d'Orléans, et son neveu Cousinot de Montreuil, maître des requêtes. En 1405, Guillaume Cousinot était avocat au parlement de Paris; en 1406, il recevait de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, vingt francs de gages par an; mais il ne tarda pas à quitter le service de la maison de Bourgogne, du moins, on le trouve, deux ans après, en 1408, au service de la

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maison d'Orléans et portant la parole contre Jean, l'assassin de son cousin. En 1412, il est assez engagé dans le parti d'Orléans pour être frappé d'une condamnation par le parti de Bourgogne. « Nous sommes - «< certenez, disent les lettres données au bois de Vincennes par Louis, «< duc de Guyenne, dauphin de Viennois, et rapportées par M. Vallet de << Viriville, que maistre Guillaume Cousinot, nagueres advocat en nostre <«<court de parlement, oultre et par dessus nos commandemens, prohi«bitions et defenses solennelment criées et publiées en nostre bonne « ville de Paris et ailleurs en nostre royaume, a tenu et tient le party « des dicts d'Orleans et leurs complices; les a aidiez, conseillez, sous<<< tenus et favorisez; s'est absenté de nostre dite ville de Paris, retrait et << tenu avec noz dits ennemis en soy rendant et demonstrant rebelle et <«<ennemi de nous et de nostre royaume; dont il a encouru les peines <«< sur ce introduites; par quoy nous loist et appartient ordonner et dis«<poser à nostre bon plaisir et voulenté de tous ses biens, meubles et << heritages quelconques, et par especial d'une maison ou hostel et ap« partenance qu'il souloit tenir et occuper on terrouer de Pentin, et des «prez et bois qu'il avoit à Eschelle-Sainte-Baudour (p. 73). » Cette pièce prouve que Cousinot était un riche bourgeois de Paris dont les biens valaient la peine d'être confisqués; ils furent donnés à la dame Du Quesnoy, qui était au service de la reine Isabelle de Bavière. Il paraît que là ne se bornèrent pas les vicissitudes de ces biens; car M. Viriville, p. 18, cite les mémoriaux de la chambre des Comptes qui mentionnent, sous la date de 1422, derniers mois de Charles VI : « Don à «P. de Marigny et à sa femme des biens de G. Cousinot, chancelier « d'Orléans. » Mais, dans cette époque si troublée, des vicissitudes en sens inverse réparèrent et augmentèrent la fortune de Cousinot; il devint chancelier du duché d'Orléans, conseiller du régent, puis du roi (Charles VI); il était à Orléans, à son poste, lors du siége fameux de cette ville et de l'intervention de la Pucelle; enfin, déjà fort âgé, il fut nommé par le roi président à mortier du parlement de Paris.

L'autre Cousinot, Cousinot de Montreuil, ainsi nommé de la seigneurie de Montreuil, près Paris, occupa aussi de hautes fonctions et eut part aux grandes affaires sous les rois Charles VII et Louis XI. Il fut à la fois magistrat, diplomate et homme d'épée. Comme, en 1451, il revenait d'une ambassade à la cour d'Écosse, il fit naufrage sur les côtes d'Angleterre et fut retenu prisonnier. La courtoisie, dans ces temps, cédait souvent le pas à l'avidité; et, bien qu'il eût été pris par un accident et hors d'un cas de guerre, et fût naufragé et non guerrier, Cousinot, qui resta prisonnier pendant trois ans, fut durement traité, afin

qu'il se décidât à payer une énorme rançon. Il s'y décida en effet; mais, comme elle surpassait ses ressources, le roi la prit à son compte et y fit face à l'aide d'une crue de tailles, c'est-à-dire d'une imposition extraordinaire sur la Normandie et provinces limitrophes, crue qui fut de vingt mille écus. Voici les considérants des lettres patentes pour cette crue: «Et en eulx retournant du dit pays d'Escosse, eulx estant sur la «mer, par grant orage de temps, force de vent et tourmente de mer, <«<ils furent contrains de donner à terre en la coste d'Angleterre, leur « navire rompu, tous leurs biens perduz, eulx en dangier d'estre perus << et noiez; et finalement pris prisonniers par les Anglois nos anciens << ennemis et adversaires : dont les aucuns d'eulx y sont mors, les autres delivrés, et le dit suppliant, qui estoit le principal de la dite ambaxade, «< a esté detenu trois ans prisonnier on dit pays, en très grande povreté «<et misere, et si très-durement et asprement traictié qu'il a esté en << voie de y finer miserablement ses jours. Et par le moyen d'icelles «< choses et pour eviter le peril de la mort et totalle perdicion et des<«<truction de son corps, a esté contraint à soy mectre à grande et ex<«cessive raençon; la quelle lui est impossible de paier senon que ce soit << par la de Dieu et de nostre aide et secours, nous suppliant que, <«< comme il soit ainsi qu'il ait esté prins en nostre service, et à ceste <«< cause, et pour les autres services qu'il nous a faiz le temps passé et à «la dite chose publique de nostre dit royaume, il ait souffert les choses « dessus dites et ait esté mis à la dite raençon, il nous plaise sur ce lui <<< subvenir et impartir nostre grace (p. 77). »

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De ces deux Cousinot, le second, au moins, a écrit une chronique. Il y a eu, au xvi° siècle, un avocat au parlement nommé Jean Le Féron, qui est connu par un Catalogue des officiers de la couronne, et qui tenait par des alliances à la famille Cousinot. On a de lui une note ainsi conçue: « Cousinot, duquel j'ay la chronique des roys Charles VII, Loys XI® <«<et Charles VIII. » Cette note est placée en regard du nom de Cousinot de Montreuil, cité dans les Annales de Jean Bouchet, dont on conserve un exemplaire annoté par Jean Le Féron. C'est donc Cousinot de Montreuil qui est auteur de cette chronique. Pourtant ce que dit Jean Le Féron suscite une certaine difficulté: Charles VIII monta sur le trône en 1483 et mourut en 1498. Or Cousinot de Montreuil n'a pas dépassé les premières années du règne de Charles VIII; et, comme la chronique qu'avait Jean Le Féron est alléguée par lui pour des faits datés de 1492 et 1 495, il faut supposer que cette chronique avait été continuée jusque-là, et peut-être au delà, par quelque autre. Cette supposition de M. Vallet de Viriville est valable, car il n'est pas possible que Jean Le Féron se

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