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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

L'Académie française a tenu, le jeudi 24 janvier, une séance publique dans laquelle a été reçu M. Lacordaire, élu, le 8 février 1860, en remplacement de M. de Tocqueville. M. Guizot, directeur de l'Académie, a répondu au récipiendaire.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

Dans sa séance du 24 décembre 1860, l'Académie des sciences a élu M. Longet à la place vacante, dans la section d'anatomie et de zoologie, par la mort de M. Duméril.

La même académie, dans sa séance du 21 janvier 1861, a élu M. Duchartre à la place vacante, dans la section de botanique, par la mort de M. Payer.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Œuvres complètes de Shakspeare, traduction de M. Guizot, édition entièrement revue, etc. Tome premier. Paris, imprimerie de Bonaventure et Ducessois, librairie de Didier, 1860, in-8° de 111-493 pages. Lorsque M. Guizot publia, en 1821, les Euvres complètes de Shakspeare, traduites en français, la modestie de l'éminent écrivain lui avait fait maintenir, en tête de cette publication, le nom de Letourneur qui, le premier, avait tenté de faire connaître en France le théâtre de Shakspeare; toutefois, c'était bien une traduction nouvelle que nous donnait alors M. Guizot, avec la collaboration de M. Amédée Pichot. Une grande Étude biographique sur

Shakspeare la précédait; des notices et des notes accompagnaient chaque pièce; une tragédie entière et deux poëmes, dont Letourneur n'avait rien donné, étaient ajoutés; les passages que Letourneur avait supprimés dans le corps des pièces étaient rétablis, mais surtout la traduction avait été entièrement revue et corrigée d'après le texte, et le système d'interprétation de Letourneur était détruit presque à chaque ligne. Ce travail important, devançant les progrès de la critique et du goût, mettait les lecteurs français en demeure de se prononcer sur Shakspeare, tel qu'il est. La traduction de M. Guizot vient de subir une minutieuse révision, qui, suivant la remarque des nouveaux éditeurs, ôte au nom de Letourneur tout droit et même tout prétexte de figurer sur le titre. On y a joint une collection complète des sonnets, qui manquait à l'édition antérieure. Le tome premier de l'édition nouvelle comprend, outre la belle étude de M. Guizot sur Shakespeare, trois tragédies: Hamlet, la Tempête, Coriolan. L'ensemble de la publication formera huit volumes.

De l'homme antediluvien et de ses œuvres, par M. Boucher de Perthes. Imprimerie de P. Briez, à Abbeville; librairie de Dumoulin, à Paris, 1860, in-8° de 102 pages, avec planches. Dans un livre dont le premier volume fut publié à la fin de 1846, sous le titre de L'Industrie primitive ou des Arts à leur origine, et qui parut plus tard en entier sous le nom d'Antiquités celtiques et antediluviennes, M. Boucher de Perthes exposait, comme on le sait, le résultat des fouilles pratiquées par lui dans les bancs diluviens de Menchécourt, de Saint-Acheul et sur d'autres points du bassin de la Somme. Ces découvertes confirmaient pleinement, selon l'auteur, les théories touchant la présence de l'homme sur laterre avant les derniers cataclysmes, théories qu'il avait établies a priori dans un ouvrage antérieur à ceux que nous venons de citer (De la création, 1836). Ces découvertes elles-mêmes, et les déductions que M. de Perthes voulait en tirer, furent vivement contestées par les savants, que, dans ces derniers temps, un certain nombre d'entre eux aient paru leur être moins défavorables. Dans le nouveau travail qu'il vient de faire paraître, l'auteur rappelle, en peu de mots, l'histoire de ses premières découvertes, il entre ensuite dans d'intéressants détails sur la constitution géologique des terrains diluviens de diverses natures où les fouilles ont amené les plus importants résultats, faisant apparaître au milieu des ossements pétrifiés de races d'animaux éteintes, des haches en silex, des couteaux, des scies de pierre, et, selon M. de Perthes, jusqu'à des figurines grossières représentant des hommes et des animaux antediluviens. Il termine son travail en décrivant plusieurs des instruments par lui recueillis et en recherchant à quel usage ils ont dû servir. Quelques planches, empruntées, en partie, aux précédents ouvrages de l'auteur, facilitent l'intelligence de cette dernière partie du livre.

bien

La Science du beau, étudiée dans ses principes, dans ses applications et dans son histoire, par Charles Lévêque, chargé du cours de philosophie au Collège de France, ouvrage couronné par l'Institut (Académie des sciences morales et politiques). Paris, A. Durand, 1860, 2 vol. in-8°, XXXVI-412 et 570 pages. L'ouvrage en deux volumes que publie M. Charles Lévêque a remporté le prix sur la question du beau dans le concours ouvert, en 1857, par l'Académie des sciences morales et politiques. Cet ouvrage se compose de quatre parties, où l'auteur traite successivement de la théorie psychologique du beau, dn beau dans la nature et en Dieu, du beau dans les arts, et enfin de l'histoire de l'esthétique depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Il étudie d'abord avec le soin le plus méthodique et le plus attentif toute la métaphysique du beau, sans oublier le sublime, et il y joint l'analyse de ces formes. inférieures du beau qu'on appelle le joli et le charmant. Il donne même un cha

pitre aux contraires du beau, c'est-à-dire au laid et au ridicule. Les principes une fois fixés, il les applique en étudiant la beauté humaine, morale et physique, la beauté dans les êtres de la nature et la beauté supérieure à la nature et à l'homme. Cette seconde partie est, en quelque sorte, la vérification de la théorie. Dans la troisième, il s'occupe de l'art; et, après en avoir déterminé l'idée d'une manière générale, il suit l'art dans ses manifestations principales, l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la poésie et l'éloquence. Ancien élève de l'École française d'Athènes, M. Charles Lévêque a pu observer, en Grèce comme en Italie, les principaux chefs-d'œuvre des arts, et il en parle avec un enthousiasme ardent qu'anime le souvenir de ses émotions personnelles en face de toutes ces merveilles. Musicien lui-même, il apprécie les œuvres des grands maîtres avec une admiration passionnée. Enfin, après avoir achevé l'étude du sujet en soi, il en trace l'histoire depuis Platon jusqu'à Schelling et Hegel. M. Charies Lévêque a traité la question du beau en philosophe et en artiste, réunissant les qualités de l'un et de l'autre pour analyser et sentir le gracieux et difficile sujet qu'il voulait approfondir. Son ouvrage est certainement le plus complet et un des plus remarquables que la science de l'esthétique ait produits dans notre langue.

Les Principes de la science du beau, ouvrage honoré d'une mention honorable par l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), par A. Ed. Chaignet, professeur de seconde au prytanée impérial militaire de la Flèche. Paris, Auguste Durand, éditeur, 1860, in 8°, vIII-681 pages. L'ouvrage de M. Chaignet, que l'Académie des sciences morales et politiques a distingué par une mention honorable, et qui, sous sa forme actuelle, aurait sans doute obtenu mieux, se recommande tout à la fois et à l'attention des philosophes et à celle des esprits éclairés qui veulent se rendre compte des délicieuses jouissances que donne la beauté en tout genre. Rarement, l'étude psychologique du sentiment du beau a été faite avec plus d'étendue, de justesse et de profondeur. La méthode de l'auteur est excellente, et il a pris le soin le plus scrupuleux de poser les principes avec toute la vigueur et la clarté qu'ils peuvent avoir. A cette première partie, qui est le fondement de tout le reste, en succèdent trois autres, où l'auteur traite successivement du beau considéré dans ses objets, de l'histoire des principaux systèmes d'esthétique, anciens et modernes, et enfin de la critique des arts depuis l'architecture jusqu'à la poésie. La question du beau se trouve ainsi étudiée sous ses différentes faces, comme l'avait demandé le programme de l'Académie. Le livre de M. Chaignet est d'une lecture aussi agréable que solide, et son style, où domine en général la vigueur, malgré quelque surabondance, n'en a pas moins toutes les qualités délicates qu'exige ce sujet neuf encore, tout ancien qu'il est. L'auteur, avec une modestie qui sied bien à la jeunesse et au talent, se défend d'avoir un système à lui, et il donne son livre pour le simple écho des doctrines de ses maîtres; il ne croit pas s'élever au-dessus de l'humble rôle de commentateur. Nous louons d'autant plus cette réserve, qu'elle n'ôte rien à l'indépendance de l'auteur; et, tout en se rattachant étroitement à l'école éclectique, il a une foule de théories qui lui sont propres et qui impriment à son œuvre un rare cachet d'originalité. Ce qui ajoute encore au mérite de ce travail, c'est que M. Chaignet, dans l'obscure position qu'il occupe à un collége militaire de province, était privé de presque toutes les ressources que Paris aurait pu lui fournir. Il a vaincu cette difficulté, qui était assez grande, et son ouvrage atteste qu'il est capable d'en surmonter encore plus d'une autre. M. Chaignet est certainement un philosophe, un penseur et un critique. Nous souhaiterions beaucoup de professeurs comme lui à nos établissements d'instruction secondaire, et l'Aca

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démie des sciences morales et politiques ne peut que s'applaudir d'avoir mis en lu-
mière ce ferme et judicieux esprit.

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Etudes historiques, politiques et littéraires sur les Juifs d'Espagne, par D. Jose Ama-
dor de los Rios, traduites pour la première fois en français, par J. G. Magnabal,
agrégé de l'université. Paris, imprimerie de Paul Dupont, librairie de Durand,
1861, in-8° de xv-608 pages. Ce livre comprend trois divisions principales.
Après avoir, dans la première partie, examiné la condition politique des Juifs en
Espagne pendant le moyen âge, l'auteur présente, dans la seconde partie, le ta-
bleau de l'activité intellectuelle des Juifs et de l'influence qu'ils ont exercée sur la
civilisation, la littérature et la langue espagnoles. On doit signaler les observations
de M. A. de los Rios sur la formation de cette langue et sur la part que les Juifs ont
prise à son développement en traduisant un grand nombre de livres hébreux,
arabes et grecs, venus en Espagne par l'Afrique. Les travaux des Juifs espagnols,
après leur expulsion de la Péninsule, font l'objet de la troisième partie. C'est sur-
tout au point de vue de l'histoire littéraire que se recommande,
, par des recherches
patientes et des faits peu connus, l'ouvrage de M. de los Rios, et l'on saura gré à
M. Magnabal de nous en avoir donné une traduction.

-

Louis de France (Louis XVII), poëme épisodique, suivi de documents historiques et
justificatifs, par M. J. A. d'Escodeca de Boisse. Paris, Imprimerie impériale; li-
brairie d'Achille Faure, 1861, in-8° de 292 pages. - M. d'Escodeca de Boisse, à
qui l'on doit déjà des poésies inspirées par un sentiment élevé, aborde aujourd'hui
un sujet qui offre toutes les conditions nécessaires pour attacher et émouvoir. Le
poëme de Louis de France, où l'on remarque beaucoup de vers heureux, retrace
avec un touchant intérêt toutes les phases de ce martyre qui n'a rien d'analogue
dans l'histoire d'aucun peuple. L'auteur a fait précéder son œuvre d'une introduc-
tion aussi sagement conçue que bien écrite, et a placé à la fin du volume un appen-
dice contenant les documents historiques sur lesquels s'appuie le récit, et qui sont
empruntés aux sources officielles.

ERRATUM.

Pour l'article de M. Biot, inséré au numéro de décembre 1860, page 781, note,
ligne 3: connaissance des temps de 1801, lisez de 1804.- Page 783, ligne 34, un
peu éloigné, lisez peu éloigné.

TABLE.

Pages.

Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, de ses
causes et de ses effets, par M. de Cherrier. (1a article de M. Mignet.).
De la philosophie de Descartes. (2° article de M. Cousin.)....

5

29

A History of ancient sanscrit literature, etc. Histoire de l'ancienne littérature
sanscrite dans ses rapports avec la religion primitive des Brahmanes, par M. Max
Müller. (5° et dernier article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.).

Nouvelles littéraires...

FIN DE LA TABLE.

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61

DES SAVANTS.

FÉVRIER 1861.

DER BUDDHISMUS, SEINE DOGMEN, GESCHICHTE UND LITERATUR, von W. Wassiljew, Professor der chinesischen Sprache an der kaiserlichen Universität zu S'-Petersburg; erster Theil: allgemeine Uebersicht; aus dem Russischen übersetzt. St-Petersburg, 1860, in-8°, xv-381 p.

Le bouddhisme, ses dogmes, son histoire et sa littérature, par M. W. Wassilieff, professeur de langue chinoise à l'université impériale de Saint-Pétersbourg; première partie : Coup d'œil général. Traduit du russe.

L'ouvrage de M. W. Wassilieff paraît sous les auspices de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, et il a été publié en russe dès l'année 1857. Sous cette première forme, il était trop peu accessible au monde savant, et l'Académie eut la bonne pensée de le faire traduire en une des langues les plus répandues de l'Europe. C'est grâce à cette généreuse sollicitude qu'un plus grand nombre de lecteurs peuvent aujourd'hui le connaître et en profiter. On avait d'abord songé à une traduction française, comme nous l'apprend M. A. Schiefner, dans un avertissement qu'il a joint à la préface de l'auteur 1; et nous en devons remercier l'Académie impériale; mais ce premier travail ne remplissait pas toutes les conditions voulues, et on trouva convenable de le remplacer par une traduction allemande confiée à des mains plus expérimentées. Nous ne devons pas soulever le voile de l'anonyme, puisque

1

Vorwort zur Uebersetzung, Avant-propos à la traduction, p. x et suiv.

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