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L'Académie rappelle qu'elle a proposé, pour sujet d'un prix d'éloquence à décerner en 1862, une « Étude sur le Roman en France, depuis l'Astrée jusqu'à René. » Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 2,000 francs. Le terme de ce concours est fixé au 15 mars 1862.

Prix Montyon. Dans la séance publique annuelle de 1862, l'Académie française décernera les prix et les médailles provenant des libéralités de feu M. de Montyon, et destinés par le fondateur à récompenser les actes de vertu et les ouvrages les plus utiles aux mœurs qui auront paru dans le cours des deux années précédentes.

L'Académie rappelle qu'elle a proposé un prix de 10,000 francs à décerner, en 1862, pour une œuvre dramatique en vers et en trois actes au moins, qui, représentée avec succès, réunirait le mieux à l'utilité de la leçon morale le mérite de la composition et du style.

L'Académie s'occupera du jugement d'après lequel le prix sera décerné, à partir du 1 janvier 1862. Les membres de l'Académie sont seuls exclus de ce con

cours.

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Prix Gobert. A partir du 1" janvier 1862, l'Académie s'occupera de l'examen annuel relatif aux prix fondés par feu M. le baron Gobert, pour le morceau le plus « éloquent de l'histoire de France, » et pour celui dont le mérite en approchera le plus.

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L'Académie comprendra dans cet examen les ouvrages nouveaux sur l'histoire de France, qui auront paru depuis le 1" janvier 1861. Les concurrents devront déposer au secrétariat de l'Institut trois exemplaires de leur ouvrage avant le 1o janvier 1862.

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Les ouvrages précédemment couronnés conserveront les prix annuels, d'après la volonté expresse du testateur, jusqu'à déclaration de meilleurs ouvrages.

Prix de Maillé. Le prix institué par feu M. le comte de Maillé-Latour-Landry, en faveur d'un écrivain ou d'un artiste; sera, dans les conditions de la fondation, décerné par l'Académie, en 1862, à l'écrivain dont le talent, déjà remarquable, méritera d'être encouragé à suivre la carrière des lettres.

Prix Bordin.- La fondation annuelle de 3,000 francs, instituée par M. Bordin, est spécialement consacrée à encourager la haute littérature. Pour la septième application du prix, en 1862, l'Académie statuera exclusivement par l'examen comparatif des ouvrages imprimés dans les deux années précédentes et dont l'envoi, à trois exemplaires au moins, lui aurait été adressé par les auteurs avant le 1" janvier 1862.

Prix Lambert. L'Académie a décidé que le revenu annuel de cette fondation serait, dans les limites de la pensée du testateur, convenablement affecté, chaque année, à tout homme de lettres, ou veuve d'homme de lettres, auxquels il serait juste de donner une marque d'intérêt public.

Prix Halphen.-L'Académie décernera, pour la deuxième fois, en 1863, le prix triennal de 15,000 francs, fondé par M. Achille-Edmond Halphen, pour être attribué à l'auteur de l'ouvrage que, selon les termes de l'acte de fondation, « l'Académie «jugera à la fois le plus remarquable, au point de vue littéraire ou historique, et le plus digne, au point de vue moral. »

Après la proclamation et l'annonce de ces divers prix, lecture de la pièce de vers qui a obtenu le prix de poésie.

Le rapport de M. de Laprade, directeur, sur les prix de vertu, a terminé la séance.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

M. Berthier, membre de l'Académie des sciences, est mort à Paris, le 24 août
1861.

LIVRES NOUVEAUX.

ANGLETERRE.

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esq.

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The life of Mahomet with introductory chapters on the original sources for the bio-
graphy of Mahomet and on the preislamite history of Arabia, by William Muir,
Bengal civil service, Londres, 1861, 4 vol. in-8°. Vie de Mahomet, précédée d'une
introduction sur les sources originales de la biographie du prophète, et de l'histoire de l'A-
rabie avant l'Islam, par M. Guillaume Muir, employé du service civil au Bengale.
L'ouvrage de M. Guillaume Muir a été écrit dans l'Inde, et, bien qu'il ait paru cette
année en Europe, la préface est datée d'Agra, 1857. M. G. Muir a connu tous les
travaux antérieurs au sien, et il a cherché à les compléter par des recherches nou-
velles, en remontant aux sources originales. Il rend toute justice à l'excellente his-
toire de M. Caussin de Perceval, qui s'était proposé à peu près le même but, et il a
une égale estime pour celle de M. le docteur Sprenger, bien qu'il ne soit pas tou-
jours d'accord avec lui. Mais les jugements de M. G. Muir n'en sont pas moins in-
dépendants, et on pourra les consulter avec beaucoup d'avantage, soit au point de
vue de l'érudition, soit à un point de vue plus général. L'auteur aboutit à la con-
damnation du mahométisme, et, tout en reconnaissant le bien qu'il a pu faire, il
trouve et il démontre que la somme du mal est bien plus grande. Le livre de
M. G. Muir a été entrepris pour éclairer les mahométans de l'Inde, et il est conçu
dans les sentiments de la plus sincère impartialité. Nous comptons revenir un peu
plus tard sur ces quatre volumes, qui sont dignes du plus sérieux examen.

TABLE.

Le duc et connétable de Luynes. (4° article de M. Cousin.)........

Le mont Olympe et l'Acarnanie, etc. (1" article de M. Hase.)...

Indische Alterthumskunde, l'Archéologie indienne, par M. Christian Lassen.
(2 article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.)..

Précis de l'histoire de l'astronomie chinoise. ( 5o article de M. Biot.).

Nouvelles littéraires...

FIN DE LA TABLE.

Pages.

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585

DES SAVANTS.

OCTOBRE 1861.

Etude sur la vie et les ouvrages de M. T. Varron, par Gaston Boissier, professeur de rhétorique au lycée Charlemagne; ouvrage auquel l'Académie des inscriptions et belles-lettres a décerné le prix Bordin au concours de 1859. Paris, imprimerie de Ch. Lahure, librairie de L. Hachette, 1861; in-8° de vIII386 pages.

PREMIER ARTICLE.

Un écrivain qui, au plus bel âge des lettres latines, a été proclamé le plus savant des Romains; qui, dans des écrits sans nombre, a reproduit, pour l'instruction de son siècle et des siècles suivants, l'universalité de la science grecque; à qui même, malgré la surcharge érudite, la rudesse archaïque de sa prose, malgré la recherche laborieuse de ses vers, n'a pas manqué un succès littéraire, justifié d'ailleurs par le tour souvent original de sa pensée et de son expression; un tel écrivain, que l'admiration indiscrète de la Renaissance plaçait, par la bouche de Pétrarque, entre Cicéron et Virgile 1, a dû, après son naufrage à peu près complet, laisser de grands regrets aux modernes. Aussi, avec quelle ardeur se sont-ils occupés tout d'abord d'imprimer et d'interpréter les quelques livres sauvés de son grand traité de la langue latine et le texte resté intact de ses dialogues sur l'agriculture! quel empressement à recueillir de toutes parts ce qui pouvait se retrouver encore, dans des

1 Trionfo della fama, c. 111.

citations, du texte de tant d'autres ouvrages, à les reconstruire avec ces débris! Ce travail n'a point cessé depuis le temps des Estienne, des Scaliger et de leurs savants émules; mais c'est de nos jours qu'on l'a vu se poursuivre avec le plus de curiosité, de persévérance et de succès, dans les éditions, les recueils, les commentaires, les dissertations de Spengel1 et d'Ottfried Müller2, d'OEhler3 et de Valhen“, de Krahner 5, de Francken, de Merklin, de Ritschl3, de Devit9; ajoutons, pour ce qui nous concerne, de MM. Jules Quicherat 10, Caron 11 et Chappuis 12.

La multiplicité même et les heureux progrès de ces efforts devaient faire souhaiter que les résultats en fussent concentrés, résumés, et, s'il était possible, complétés dans une œuvre d'ensemble qui, exposant tout ce qu'il est permis de savoir aujourd'hui sur la vie de Varron, sur le nombre, la nature, le plan, les détails de ses écrits de toutes sortes; faisant connaître successivement en lui, avec l'homme public, le poëte, le philosophe, le grammairien, le rhéteur, le critique, l'antiquaire, l'historien, le théologien, l'agronome, ramènerait les points de vue divers d'un sujet si complexe à l'unité. Telle est l'œuvre que l'Académie des inscriptions et belles-lettres a demandée à la science et au talent des concurrents qui se disputent ses récompenses, et tel lui a paru être, avec raison, le livre qu'elle a particulièrement distingué 13.

Je ne louerai pas M. Boissier d'avoir cherché, à son tour, par un inventaire personnel des fragments de Varron, à contrôler et à enrichir 14 l'ancien recueil, si constamment, si invariablement reproduit, de Popma. Ce devait être, traitant un tel sujet, son premier soin. Je ne le louerai pas davantage de s'être enquis, avec un zèle auquel peu de documents dignes d'intérêt ont échappé, de tous les essais de restitution, d'explication, tentés jusqu'ici sur les textes de Varron. Cette information pré

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1 Emendat. Varron. Monachii, 1830.- De lingua latina, Leips. 1833. Reproduit par M. Egger, dans une édition publiée à Paris, en 1837. Satur. Menipp. reliquiæ. Quedl. 1845. — In M. Ter. Varronis satur. Menipp. reliquias conjectanea. Leips. 1858. Specimen comment. de M. Ter. Varronis antiquit. Hal. 1834. Fragm. M. Ter. Varronis, quæ inveniuntur in libris sancti Augustini. Lugd. Bat. 1836. "Quæstiones Varroniane. Dorpat, 1852.- Quæstiones Varronianæ. De discipl. libris, Bonn. 1845; Die schriftstellerei des M. Ter. Varro. Rhein-mus, 1848. 'Sentent. M. Ter. Varronis majori ex parte ineditæ, Patav. 1843. 10 Pensées inédites de M. Ter. Varron, publiées d'après un manuscrit de la Bibliothèque d'Arras. (Voir Bibliothèque de l'École des Chartes, III' série, t. I, p. 3. Paris, 1849.0"1 Mémoires de l'Académie d'Arras, août 1855. - 12 Sentences de M. Tér. Varron et liste de ses ouvrages d'après différents manuscrits. Paris, 1856.13 Un second prix a été décerné à l'ouvrage de M. Chappuis, professeur de philosophie à la faculté des lettres de Besançon. 14 Voy. p. 266.

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liminaire était elle-même une nécessité de son sujet. Ce dont j'aime à le louer, songeant aux procédés contraires dont use trop souvent la critique, c'est qu'il ne néglige jamais de faire honneur à ses prédécesseurs des bonnes choses qu'il leur emprunte, alors même qu'en les empruntant il les rend meilleures; c'est encore que, s'il se sépare d'eux, les combat, les réfute, il ne le fait jamais sans de justes ménagements, se gardant de ces formes hautaines et violentes de discussion en usage chez les savants d'un autre âge, mais qui, aujourd'hui, en des matières si paisibles, paraîtraient au moins étranges. On voit cependant encore de ces anachronismes de mœurs, et, dans certains ouvrages de date récente qu'a dû consulter M. Boissier, il en a rencontré plus d'un exemple1. Avec cet esprit de loyauté et ce ton d'urbanité se montrent, dans le livre de M. Boissier, d'autres mérites non moins dignes d'être appréciés; une réserve prudente, qui se défie des hypothèses hasardées et s'appuie de préférence sur l'autorité des témoignages anciens; réserve méritoire en un sujet de nature conjecturale et qui invite aux témé rités; un savoir discret, qui laisse deviner partout sa richesse très-réelle, plutôt qu'il ne la montre; un soin de la composition et du style, qui non-seulement rend l'érudition agréable, mais est, pour les conclusions auxquelles elle doit conduire, une garantie de justesse et de solidité.

On reconnaît là avec plaisir les meilleures traditions de l'école qui a préparé M. Boissier pour l'enseignement; celles que doit sévèrement maintenir, dans sa participation au mouvement littéraire, le corps où il s'est fait une place honorable. Dès 1857, il avait donné aux amis des lettres graves et élégantes comme un avant-goût de cette manière dans deux thèses soutenues avec succès devant la Faculté des lettres de Paris, l'une sur Plaute 2, l'autre sur le poëte tragique L. Attius3: elle s'est reproduite depuis, de temps à autre, dans de bons morceaux de critique, notamment dans des articles sur les travaux de MM. Ritschl et O. Ribbeck, relatifs aux comédies de Plaute et aux fragments des comiques latins*; un mémoire 5 sur cette question : «Les tragédies de Sénèque ont-elles été représentées ?» Mais nulle part l'auteur n'en a fait un plus heureux usage que dans le présent volume, excellente étude d'histoire littéraire, où l'on trouve à la fois instruction et agrément, et qui, satisfaisant les doctes, peut être, par surcroît, accueillie des gens du monde. Un premier chapitre est consacré à la vie de Varron, chapitre court,

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Voy. p. 67. Quomodo græcos poetas Plautus transtulerit. Le poëte Attius, étude sur la tragédie latine pendant la République. — Journal général de l'instruction publique, 1859, n° des 14, 21 mai; 1860, no des 3, 7, 28 mars. — o Même journal, 1861, n° des 13, 17, 20 juillet.

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