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les plus sérieuses qui aient été consacrées, de nos jours, à l'histoire de la révolution française.

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Voyages au pays des Mormons. Relation, géographie, histoire naturelle, histoire, théologie, mœurs et coutumes, par Jules Remy, Paris, imprimerie de J. Claye, librairie de Ě. Dentu, 2 vol. in-8° de LXXXVIII-432 et vi1-544 pages, avec cartes et gravures. Cet important ouvrage contient la relation du voyage exécuté par M. Jules Remy, de San-Francisco au Grand Lac salé, et de son retour du territoire d'Utah jusqu'aux rives de l'océan Pacifique. L'auteur, fait précéder son récit d'une longue introduction sur le mouvement religieux aux États-Unis; il y étudie les tendances générales des esprits, expose les théories des deux réformateurs Emerson et Channing, et constate, avec M. de Tocqueville, le double courant qui tend à diviser en deux parts la société protestante des États-Unis, rejetant les uns hors du christianisme comme Emerson et Channing, et amenant les autres, attirés par le principe d'autorité, à chercher un abri dans les doctrines immuables du catholicisme. M. Remy termine son introduction par un aperçu général du mormonisme et une appréciation des causes diverses qui ont contribué à procurer à la religion fondée par Joseph Smith un développement si rapide. Dans le récit du voyage proprement dit, l'auteur relate avec soin tous les faits qui peuvent offrir de l'intérêt sous les rapports les plus divers : aventures de voyage, traits de mœurs, peintures de caractères, renseignements historiques et statistiques, description du pays au point de vue de l'histoire naturelle et de la géologie. On y trouvera des listes de mots appar-tenant aux langues des Piaulis, des Shoshones, etc. recueillis de la bouche même des indigènes. Arrivé à Great-salt-lake-city, M. Remy, après avoir tracé le tableau de l'état actuel de la colonie, raconte avec détail l'histoire de la religion des Mormons et celle de leur audacieux fondateur. Au récit des épreuves subies par la secte, se mêle l'exposé de sa doctrine. On remarquera dans cette partie de l'ouvrage de curieux détails sur le livre sacré des Mormons et sur sa véritable origine. Nous indiquerons encore comme digne d'attention une étude sur les travaux philosophiques du célèbre docteur mormon Orson Pratt, qui a essayé, dans divers écrits, et notamment dans un livre intitulé Great first cause, de donner à la religion de Joé Smith une base doctrinale et philosophique. Le fond de cette doctrine est la négation de la spiritualité de l'âme humaine et de Dieu même, c'est un mélange de matérialisme et de panthéisme.

M. Remy a voulu faire preuve, dans son travail, d'une entière impartialité. Tout en flétrissant énergiquement l'imposture du prophète mormon et en mettant à découvert les plaies et les travers de cette nouvelle société religieuse, il s'est attaché à disculper les Mormons de bien des accusations calomnieuses ou irréfléchies. Selon lui, la patience que ces hommes simples et égarés ont montrée dans les persécutions, et l'énergie qu'ils ont déployée dans les travaux de colonisation les rendraient plutôt dignes de pitié et d'intérêt que de mépris. Parmi les nombreuses notes ajoutées à l'ouvrage en forme d'appendice nous citerons comme les plus intéressantes : un résumé chronologique de l'histoire des Mormons, une Bibliographie complète des livres publiés par eux ou sur eux jusqu'en 1860, et des listes des plantes et des animaux composant la flore et la faune de l'Utah. Plusieurs planches gravées reproduisent le dessin de plaques de métal couvertes d'hieroglyphes indiens; d'autres donnent le fac-simile des caractères du prétendu livre sacré des Mormons. Une table des matières assez détaillée termine l'ouvrage et facilite beaucoup les recherches. Athènes, décrite et dessinée par Ernest Breton, de la Société impériale des Anliquaires de France, suivie d'un voyage dans le Péloponèse. Paris, imprimerie de

Claye, librairie de Gide (1862), in-8° de 379 pages, avec planches. M. Ernest Breton, qui a publié, il y a quelques années, un ouvrage destiné à populariser, suivant son expression, les ruines de Pompéi, vient de s'imposer une tâche semblable pour les antiquités d'Athènes; c'est dire assez que cette nouvelle publication n'apprendra rien aux archéologues. L'auteur, s'adressant surtout aux gens du monde, se borne à résumer, d'après les ouvrages anciens et modernes, et principalement d'après les travaux récents de M. Beulé, l'histoire et la description des monuments d'Athènes et du Péloponèse.

La Chronique d'Enguerran de Monstrelet, en deux livres, avec pièces justificatives, 1400-1444, publiée pour la Société de l'Histoire de France par L. Douet d'Arcq. Tome cinquième. Paris, imprimerie de Lahure, librairie de veuve J. Renouard, 1861, in-8° de 488 pages. — Les événements dont le récit est compris dans ce volume se rapportent aux années 1431-1440. Nous reviendrons sur cette excellente édition de la chronique de Monstrelet lorsque l'ouvrage aura paru entièrement. Journal et Mémoires du marquis d'Argenson, publiés pour la première fois, d'après les manuscrits autographes de la Bibliothèque du Louvre, pour la Société de l'Histoire de France, par E. J. B. Rathery. Tome troisième. Paris, imprimerie de Lahure, librairie de veuve J. Renouard, 1861, in-8° de 457 pages. Ce troisième volume des Mémoires de d'Argenson commence au 1 mars 1740 et se termine au 26 décembre 1741.

Archives de l'abbaye de Cluny; plan de publication soumis à S. Exc. le ministre de l'instruction publique, par M. Auguste Bernard. Paris, imprimerie de Paul Dupont, 1861, br. in-8°. M. Auguste Bernard, le savant éditeur des Cartulaires de Savigny et d'Ainay, sollicite aujourd'hui de M. le ministre de l'instruction_publique la mission de publier, dans la collection des Documents inédits de l'Histoire de France, les pièces les plus importantes des Archives de l'abbaye de Cluny. La brochure que nous annonçons rend compte des travaux auxquels M. Bernard s'est livré depuis douze ans pour reconstituer ces précieuses archives, fait ressortir l'intérêt historique de la publication projetée, et en expose le plan. Le recueil des titres de Cluny formerait cinq volumes in-4°. Les quatre premiers volumes comprendraient toutes les chartes de l'abbaye, du 1x au xi11° siècle, rangées dans l'ordre chronologique; ces chartes ont été transcrites par M. Bernard, les unes, et c'est le plus grand nombre, d'après les copies certifiées du cabinet Moreau, les autres d'après les cinq cartulaires conservés à Cluny. Dans un cinquième volume, l'éditeur réunirait quelques docuinents détachés, entre autres l'inventaire officiel des titres de l'abbaye de Cluny, d'après la copie conservée dans les archives du département de Saône-et-Loire. Nous ne pouvons que souhaiter l'adoption d'une publication qui fournirait certainement de nouvelles lumières sur la période la plus obscure de nos annales, particulièrement pour l'histoire de nos provinces du sud-est.

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Alexandriade, ou chanson de geste d'Alexandre le Grand, épopée romane du XII° siècle, de Lambert le Court et Alexandre de Bernay, publiée pour la première fois en France par F. Le Court de la Villethassetz et Eugène Talbot. Dinan, imprimerie de Huart, Paris, librairie de Durand, 1861, in-12 de xx11-528 pages. On sait que M. H. Michelant a donné, à Stuttgard, en 1846, le texte complet de l'Alexandriade. En prenant pour base de leur travail cette première édition, MM. Le Court et Talbot y ont introduit de graves modifications, dont les plus importantes sont une disposition différente du texte et de nombreux retranchements. Pour le classement des diverses parties du poëme, les nouveaux éditeurs ont suivi la marche du Pseudo-Callisthène, dont l'Alexandriade n'est qu'une imitation ver

sifiée. Rapprochant les développements successifs du roman grec de ceux que leur offraient soit les manuscrits français, soit le texte publié par M. Michelant, ils en ont formé « une œuvre plutôt littéraire que savante, mais d'un abord facile et d'un agen⚫cement net et commode à saisir.» MM Le Court et Talbot ont joint au poëme une introduction, un glossaire et des notes sur les noms de lieux et de personnes qui figurent dans le roman d'Alexandre. Les noms relevés dans ces notes se rapportent généralement à la Bretagne, où serait né Lambert Le Court, selon les nouveaux éditeurs.

Idées nouvelles sur Homère, par, H. Grenier, professeur à la faculté des lettres de Clermont, ancien membre de l'École française d'Athènes. Imprimerie de Vingtrinier, à Lyon, librairie de Durand, à Paris, 1861, br. in-8° de 93 pages. - Ces idées nouvelles sur Homère peuvent se résumer ainsi : Il ne faut prendre Homère que pour ce qu'il est, c'est-à-dire pour un poëte; on a eu grand tort de le travestir en historien, en moraliste, en géographe surtout. Ses épithètes, appliquées aux hommes, aux choses ou aux lieux, sont de pure convention poétique. La nature ne se réfléchit pas dans l'imagination d'Homère; c'est l'imagination d'Homère qui empreint la nature d'un idéal préconçu et préféré. Le poëte ne la voit pas, il la fait. On ne trouve, ni dans l'Iliade, ni dans l'Odyssée, aucune notion géographique ni aucun trait pittoresque, qui, pour être expliqué, nécessite les voyages que la tradition prête à Homère.

Etude sur la vie et les poésies de Charles d'Orléans, par Constant Beaufils, docteur ès lettres, agrégé de l'Université. Imprimerie de Sullette, à Coutances, librairie de Durand, à Paris, in-8° de 242 pages. Cette intéressante étude se divise en deux parties: Vie de Charles d'Orléans, examen analytique et critique de ses œuvres. M. Beaufils s'attache surtout, dans cette dernière partie de son travail, à montrer les mérites du poëte élégant qu'on a nommé le dernier des trouvères. Il le préfère à Villon, qu'on lui a souvent opposé. « Si notre langue, dit l'auteur, a reçu quelque « force de l'un, l'autre lui a donné la clarté, la politesse et la grâce, et les lettres « françaises doivent à Charles d'Orléans une reconnaissance particulière; il leur a donné les moyens de se répandre; il a été le premier fondateur de notre Bibliothèque impériale. »

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Essai biographique sur Sébastien Roulliard, avocat au Parlement de Paris, historien de Melun, par M. G. Leroy; Melun, imprimerie de Michelin, 1861, in-8° de 16 pages. Sébastien Roulliard, né dans la seconde moitié du xvi° siècle, mort en 1639, est, après Jacques Amyot, la principale illustration littéraire de la ville de Melun, quoiqu'il n'ait obtenu qu'une bien modeste notoriété comme auteur d'une histoire de sa ville natale (1628, in-4°) et de deux autres ouvrages quelquefois consultés par les érudits: Parthénie, ou histoire de l'église de Chartres (1609, in-8°); Li-Huns en Sangters (Lions en Santerre) (1621, in-4°). Dans sa notice succincle, mais substantielle, M. Leroy n'omet rien de ce qui peut faire connaître la vie et les écrits de cet historien.

Etude sur les poëtes dramatiques de la France au XIX' siècle, par Jules Wisniewski. Paris, imprimerie de Voitelain, librairie de Dentų, 1861, in-8° de 326 pages. Cette étude, qui est la reproduction de séances littéraires données à Saint-Pétersbourg, contient l'examen des œuvres dramatiques de quelques écrivains contemporains Victor Hugo, Casimir Delavigne, Ponsard, Al. Dumas. L'auteur y fait preuve d'un goût exercé et d'un talent de critique incontestable.

La noblesse de Saintonge et d'Aunis, convoquée pour les Etats généraux de 1789. Évreux, imprimerie de Hérissey; Paris, librairie de Dumoulin, 1861, in-8° de

-

343 pages.
Cet ouvrage, dont l'auteur est M. L. Michel de la Morinerie, pré-
sente d'abord les électeurs par famille dans leurs sénéchaussées respectives, suivant
l'ordre alphabétique. On trouve ensuite, sur chaque famille, une notice indiquant
ses armoiries, les principaux fiefs qu'elle a possédés, et sa descendance jusqu'à ce
jour.

ANGLETERRE.

-

Lectures on the science of language, delivered at the royal Institution of Great Britain
in April, May and June 1861, by Max Müller. Leçons sur la science du langage
professées à l'institution royale de la Grande-Bretagne, en avril, mai et juin 1861, par
M. Max Müller. Londres, in-8°, x-399 pages. Ces leçons, au nombre de neuf,
comprennent les questions les plus graves que puisse agiter la philologie comparée,
depuis l'origine du langage jusqu'à la classification des diverses langues qu'a parlées
ou que parle encore le genre humain. Personne n'était plus capable que l'auteur
d'exposer et de résoudre ces difficiles problèmes; on connaît les travaux de M. Max
Müller, non-seulement sur le sanscrit, aussi nombreux qu'excellents, mais sur plu-
sieurs autres langues. Son but principal, dans sa nouvelle œuvre, c'est de fonder
la science du langage sur les bases les plus solides et d'en faire une des sciences
physiques, comme il le dit. Jamais le talent de M. Max Müller ne s'est montré plus
éclatant ni plus profond. Nous comptons revenir prochainement sur cet ouvrage,
qui se recommande aux philosophes non moins qu'aux philologues.

TABLE.

Pages.

Indische Alterthumskunde, l'Archéologie indienne, par M. Christian Lassen.
(1 article de M. Barthélemy Saint-Hilaire.)..

453

....

Précis de l'histoire de l'astronomie chinoise. (4° article de M. Biot.). . .

468

Drames liturgiques du moyen âge, par M. E. de Coussemaker. (3 article de
M. Magnin.)...

481

Libri psalmorum versio antiqua gallica, etc. par M. Francisque Michel. (Article
de M. É. Littré.) ...

503

Nouvelles littéraires...

511

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

SEPTEMBRE 1861.

LE DUC ET COnnétable de Luynes.

QUATRIÈME ARTICLE1.

Tournons maintenant nos regards vers la petite cour de Marie de Médicis à Angers, véritable foyer de toutes ces intrigues. Nous allons y trouver l'auteur mal connu des agitations de Loudun, le plus redoutable adversaire de Luynes, soutenant dans l'ombre et animant la reine mère des conseils de son expérience politique et militaire, particulièrement appliqué à unir le parti protestant au parti des grands et les unissant en sa personne : nous voulons parler du duc de Rohan.

Né en 1579, élevé dans toute la rigidité des mœurs calvinistes par sa mère, l'ardente et opiniâtre Catherine de Parthenay, ayant acquis de bonne heure de rares connaissances dans ses voyages en Italie, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre; entreprenant et réfléchi, capable de concevoir et capable d'exécuter, éloquent dans les conseils, intrépide et constant sur le champ de bataille, et, sans contredit, le premier écrivain militaire de son temps2, Henri de Rohan possédait presque toutes les qualités qui font le grand homme; et il aurait infailliblement joué un rôle très-considérable en France, si Henri IV eût

1 Voir, pour les trois premiers articles, les cahiers de mai, juin et juillet 1861. —2 Les écrits de Rohan sont: 1° ses Mémoires, suivis de Divers discours politiques; 2° les Mémoires sur la guerre de la Valteline; 3° Le parfait capitaine, autrement l'Abrégé des guerres des Commentaires de César, avec un Traité de l'intérest des princes et Estats de la Chrestienté.

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