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ronné par l'Académie d'Arras en 1859, a été composé d'après les documents con-
servés aux archives départementales du Pas-de-Calais. L'auteur s'attache à faire con-
naître l'origine et l'organisation des États d'Artois, l'esprit qui les animait, leurs
rapports avec le pouvoir central et les principaux résultats de leur administration
intérieure. C'est un travail sérieux, qui fait très-bien ressortir le rôle judiciaire et
surtout le rôle politique des États d'Artois, sous la domination espagnole (1504-1640),
et depuis la réunion de cette province à la France jusqu'en 1789.

Inventaire analytique des archives anciennes de la mairie d'Angers, suivi de tables
et de documents inédits, publié sous les auspices du conseil municipal, par M. Cé-
lestin Port, archiviste du département de Maine-et-Loire. Angers, imprimerie de
Cosnier et Lachèse; Paris, librairie de Dumoulin, 1861, in-8° de XIII-628 pages.-
Cet utile inventaire, dressé avec beaucoup de soin, est suivi d'un choix de docu-
ments historiques inédits puisés dans les différents fonds des collections munici
pales d'Angers, du xiv' siècle aux premiers jours de la révolution.

ALLEMAGNE.

-

Die Naturanschauung und Naturphilosophie der Araber im zwölften Jahrhundert, von
D. F. Dieterici. Berlin, 1861, in-8° de xv1-216 pages. Ce volume contient la
traduction allemande de huit chapitres du recueil arabe qui a pour texte : Œuvre
de l'école des Frères de la pureté. Ces huit chapitres sont tous relatifs à la philosophie
de la nature et traitent successivement: de la matière et de la forme; du ciel, de
ses sphères et de ses étoiles; des éléments et de la naissance des corps; des mé-
téores; des minéraux; de la nature organique; des plantes, de leurs espèces et de
leur nature, des animaux et de leurs espèces. On y trouvera d'intéressantes no-
tions sur l'état des connaissances en histoire naturelle auxquelles les Arabes étaient
parvenus aux siècle de notre ère.

TABLE.

Pages.

Le duc et connétable de Luynes. (1" article de M. Cousin.)..

261

Précis de l'histoire de l'astronomie chinoise. (1" article de M. Biot.). . . . . . . . .
De Réaumur et de la génération des insectes. (5° et dernier article de M. Flou-
rens.).......

284

296

Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits qui se rencontrent dans
les livres chinois, etc. par M. Stanislas Julien. (1 article de M. Barthélemy-
Saint-Hilaire.)..

307

Nouvelles littéraires..

321

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

JUIN 1861.

PRÉCIS DE L'histoire de l'astronomie chinoise.

DEUXIÈME ARTICLE1.

On s'est plu souvent à remarquer que les Chinois, dans leurs idées, leurs usages, leurs préjugés mêmes, offrent un singulier et perpétuel contraste avec les peuples Européens, et même avec les autres peuples de l'Orient. Leur astronomie ne fait pas exception à cette règle. Elle n'a jamais constitué, chez eux, une science spéculative, apanage spécial d'un petit nombre d'esprits. Dans tous les siècles, elle a été une œuvre de gouvernement. Son principal office consiste à préparer, chaque année, plusieurs mois à l'avance, le calendrier impérial, qui, transmis par le Ta-sse, le grand historien, à tous les grands fonctionnaires de l'État, leur fournit les indications qu'ils doivent suivre pour régler avec uniformité, dans tout l'empire, les travaux administratifs; et le soin de les en instruire est un droit, en même temps qu'un devoir, du souverain. Elle est chargée, en outre, de l'avertir personnellement des phénomènes extraordinaires qui arrivent dans le ciel, pour en tirer les présages, favorables ou défavorables, qui concernent son gouvernement. Aussi, mûs par ces deux intérêts purement pratiques, a-t-on vu, de tout temps, les empereurs chinois établir des observatoires particuliers dans leur résidence, y attacher des astronomes officiels, souvent prendre part euxmêmes à leurs travaux, s'en faire rendre périodiquement compte, et

1

Voir, pour le premier article, le Journal des Savants, cahier de mai 1861.

pays; et

célébrer les principales phases de l'année légale par des cérémonies publiques dont l'usage s'est religieusement conservé, tant qu'elles n'ont pas rencontré un obstacle invincible dans les désastres de l'empire ou la conduite désordonnée de quelques empereurs. Par suite de cet assujettissement de l'astronomie au service exclusif de l'État et des princes, son histoire, chez les Chinois, se trouve intimement liée à celle du ses époques de prospérité ou de décadence ont nécessairement coincidé avec les époques de paix ou de troubles, de bon ou de mauvais gouvernement, amenées par les événements politiques. La succession générale de ces événements est donc indispensable à connaître pour suivre l'étude qui nous occupe, et je vais rapidement la retracer. D'après les documents écrits ou traditionnels, dont les historiens chinois admettent universellement l'authenticité1, les premiers habitants de la Chine étaient des peuples sauvages et chasseurs, au milieu desquels s'avança, entre le xxx et le xxvII° siècle avant notre ère, une colonie d'étrangers venant du nord-ouest. Cette colonie est généralement désignée dans les textes, sous le nom de people aux cheveux noirs; sans doute par opposition à la couleur différente ou mêlée des cheveux de la race indigène, dont quelques débris occupent encore les montagnes centrales de la Chine. Elle est aussi appelée les cent familles, le mot cent étant alors employé dans une acception indéfinie; et ses premières occupations ont beaucoup d'analogie avec celles des pionniers qui vont défricher les forêts de l'Amérique septentrionale. D'abord le chef souverain, ou empereur de cette association, fut choisi par l'élection générale, et cela se continua jusqu'au xxII° siècle avant notre ère. A cette époque, un calendrier luni-solaire était depuis longtemps établi. L'observation régulière du soleil et de la lune avait été officiellement instituée; et l'avant-dernier souverain de cette première période élective, appelé Yao, avait attaché à leurs phases cardinales, des cérémonies qui se sont perpétuées depuis comme autant de rites. Son successeur immédiat transmit la souveraineté à un des principaux personnages de sa cour appelé Yu, qui s'était distingué en dirigeant avec habileté de grands travaux de desséchement, et cette dignité devint ensuite héréditaire dans la famille des Hia, dont il était le chef. Alors commencèrent les premiers essais de culture régulière substitués au pacage des bestiaux. Peu à peu, chaque famille s'augmenta et devint une tribu distincte, comme

Ce qui suit, jusqu'à l'avènement des Tcheou inclusivement, est presque entièrement tiré de l'introduction rédigée par mon fils pour sa traduction du Tcheou-li, publiée en 1851.

celles des Hébreux, comme les clans de l'Écosse. La famille des Hia régna près de cinq cents ans, et fut détrônée par une autre, celle des Chang, qui continua l'occupation progressive du territoire. Sous cette seconde dynastie, la famille ou tribu des Tcheou forma un nouveau centre de civilisation à l'ouest, dans la vallée de la grande rivière Wei, qui rejoint le fleuve jaune vers le 34° parallèle de l'hémisphère nord. Elle y fonda un nouveau royaume, qui devint puissant par les conquêtes qu'elle fit sur les peuples barbares, et par ses alliances avec eux. Au xu siècle avant notre ère, des querelles commencèrent à s'élever entre la famille des Tcheou et la famille souveraine, celle des Chang. Elles se prolongèrent jusqu'à la moitié du xi° siècle. Alors le chef des Tcheou, Wou-wang, secondé par d'autres chefs de tribus chinoises ou barbares, vainquit Cheou-sin le chef des Chang, et fut investi du pouvoir souverain. L'empire chinois s'étendait alors sur une longueur de trois à quatre cents lieues, de l'ouest à l'est, et sur une largeur de cent cinquante environ, du nord au sud1. Lorsque Wou-wang eut soumis à ses armes toutes les tribus chinoises réparties sur ce territoire, et réduit leurs chefs à n'être plus que ses vassaux, il pensa que, pour rendre cet état de dépendance durable, et assurer ainsi à la famille des Tcheou la supériorité de rang où il l'avait élevée, il fallait donner à cet assemblage de parties disjointes une organisation commune, immuable, qui, en maintenant tous les ressorts du pouvoir dans leurs. mains, fût, ou parût être, la fixation légale et régulière des institutions déjà existantes. L'accomplissement de ce grand acte politique lui fut rendue facile par l'assistance généreuse de son frère Tcheou-kong, prince vertueux, éclairé, sans ambition, qu'une tradition universellement acceptée présente comme le principal, sinon l'unique auteur du remarquable ouvrage intitulé Tcheou-li, c'est-à-dire rites des Tcheou, dans lequel on voit décrits, avec une généralité de vues et une abondance de détails à peine croyable, tout le mécanisme intérieur de leur gouvernement, les rouages nombreux dont il se compose; leur mode d'association entre eux; et la marche de l'ensemble assurée par des règlements ayant force de rites, qui définissent et fixent toutes les fonctions, tous les devoirs, des gouvernants et des gouvernés, depuis l'empereur jusqu'au dernier homme du peuple 2. On ne trouve une œuvre pareille à celle-là dans la littérature d'aucun peuple ancien ou moderne. L'observation des

1

Mon fils en a inséré la carte, tracée d'après les indications mêmes du Tcheouli, dans le tome II de sa traduction, p. 262. — On peut voir le tableau complet de cette organisation politique, tracé d'après le Tcheou-li même, dans l'avertissement que j'ai placé en tête de la traduction de cet ouvrage par mon fils.

phénomènes célestes, et l'étude assidue du ciel, y tiennent naturellement une place importante, comme c'était alors l'usage chez les Chinois. C'est de ce même prince Tcheou-kong, qu'il nous reste quelques déterminations astronomiques d'une précision singulière, que leur antiquité nous rend précieuses; et une ode du Chi-king, Part. III, c. II, od. 8, nous apprend que son frère, l'empereur Wou-wang, se créa aussi un observatoire qui fut appelé la Tour des esprits, parce que la tribu entière des Tcheou s'était portée avec tant d'empressement à concourir à sa construction, qu'il semblait avoir été élevé par enchantement. La mémoire de ces deux hommes, Tcheou-kong et Wou-wang, s'est perpétuée dans les annales de la Chine, entourée d'une immense vénération. Longtemps après que les liens politiques et sociaux qu'ils avaient établis furent brisés par l'ambition des chefs des autres tribus, qui profitèrent de la faiblesse et des fautes de leurs descendants pour se rendre indépendants du pouvoir central, Confucius, Meng-tseu, tous les historiens, tous les philosophes, les ont représentés comme les modèles des princes; et ils ont constamment rappelé le souvenir de leurs institutions aux souverains postérieurs, comme ayant donné la plus grande somme possible d'ordre, de paix et de bien-être, aux populations qui vivaient sous leur gouvernement. Aujourd'hui, après trois mille ans, la plupart des offices établis dans le Tcheou-li subsistent encore, avec les seuls changements de dénominations et d'attributions devenus nécessaires pour continuer de les rendre applicables à un empire beaucoup plus vaste, ainsi qu'à une société dans laquelle les conditions de la propriété et l'état des personnes ont été modifiés par le temps. La dynastie des Tcheou subsista pendant près de neuf siècles, depuis l'an 1111 jusqu'à l'an 249 avant l'ère chrétienne; et, dans cet intervalle de temps, elle subit les phases ordinaires de décadence graduelle, attachées partout au système des grandes féodalités. Après plusieurs siècles d'union et de prospérité, les liens que son fondateur avait établis se relâchèrent. Dès lors, la faiblesse et le mauvais gouvernement des empereurs, les révoltes incessantes des princes feudataires, et leurs rivalités entre eux, livrèrent la Chine en proie à une suite continuelle de guerres sanglantes, qui la couvrirent de ruines, et interrompirent l'exercice régulier de toutes les anciennes institutions. Ces convulsions se terminèrent par la chute des Tcheou. Le chef de la famille des Thsin, ayant soumis à son pouvoir presque tous les princes feudataires, s'empara de l'empire en l'an 249 avant notre ère', et sa mort, survenue deux ans après, le

'Gaubil, chronologie, III, p. 231, note.

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