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pour être compris, ait besoin d'un dictionnaire philosophique. Nous avons surtout ◄tâché d'être clair, et nous avons confirmé nos définitions et nos distinctions par <des exemples. On voit que cette nouvelle édition se distingue des précédentes par des améliorations considérables, qui, suivant la remarque de M. Guizot, complètent et perfectionnent ce dictionnaire, sans en altérer la pensée première et le but usuel.

Annuaire de l'Institut impérial de France pour 1861. Paris, Imprimerie impériale, librairie de Benjamin Duprat, 1861, in-18 de 156 pages. - On trouve dans cet annuaire les règlements des cinq Académies de l'Institut, les noms des membres, avec l'indication de leurs prédécesseurs, les associés étrangers, les membres correspondants, elc.

Acte du saint et œcuménique concile de Florence, pour la réunion des Églises, par Adolphe d'Avril. Paris, imprimerie de Bailly, librairie de Benjamin Duprat, 1861, in-8°.--Dans ce court, mais intéressant opuscule, M. d'Avril expose les circonstances au milieu desquelles s'accomplit la réunion du concile universel de Florence de 1439, où le pape Eugène IV parvint à ramener à l'unité, pour quelques années, les deux grandes fractions du monde catholique. M. d'Avril donne, à la fin de son travail, une traduction française de l'acte même du concile, d'après le texte latin et d'après le texte grec publié récemment à Rome, par M. Pitzipios.

Journal asiatique, ou Recueil de mémoires d'extraits et de notices relatifs à l'histoire, à la philosophie, aux langues et à la littérature des peuples orientaux, rédigé par MM. Bazin, Bianchi, Botta, etc. et publié par la Société asiatique. Cinquième série, tome XVII. Paris, Imprimerie impériale, librairie de B. Duprat, 1861, in-8° de 104 pages. Ce premier numéro d'un nouveau volume du Journal asiatique contient 1 la suite et la fin d'un mémoire sur les institutions de police chez les Arabes, les Persans et les Turcs, par M. le docteur Walter Behrnauer; 2° la fin d'un mémoire de M. Garcin de Tassy, intitulé: Description des monuments deDehli, en 1852, d'après le texte hindoustani de Saiyid Ahmad Khan.

ALLEMAGNE.

Orient und Occident, insbesondere in ihren gegenseitigen Beziehungen; Forschungen und Mittheilungen; eine Vierteljahrschrift, herausgegeben von Theodor Benfey, erster Jahrgang, erstes Heft; Göttingen, Verlag der Dieterichschen Buchhandlung, 1860, in-8°, 200 pages. L'Orient et l'Occident, particulièrement dans leurs rapports réciproques; Recherches et communications; journal trimestriel publié par M. Théodore Benfey; 1 année, 1 cahier, Le journal trimestriel que publie M. Th. Benfey doit contribuer, comme les Études indiennes de M. A. Weber, au progrès des lettres sanscrites, et sans doute il ne sera ni moins intéressant ni moins utile. Dans le premier numéro que nous avons sous les yeux, l'éditeur commence la publication d'une traduction allemande du Rig-Véda, et il nous en promet la suite. Le reste du cahier est rempli par divers mémoires de MM. Félix Liebrecht, Leo Mayer, et surtout de M. Th. Benfey lui-même. Le public savant doit encourager de tels efforts, qui ne peuvent être que très-profitables sous la direction d'un indianiste aussi distingué, bien connu déjà par son excellente édition du Sâma-Véda, et par une foule d'autres travaux remarquables.

ANGLETERRE.

Dedalus, or the causes and principles of the excellence of greek sculpture, by Edward
Falkener. Londres, Longman; Paris, Benj. Duprat, 1860, in-8° de xxx111-322 pages,
avec planches. Cette nouvelle publication d'un écrivain honorablement connu en
Angleterre par ses travaux sur les arts de l'antiquité, ne renferme pas seulement
une nomenclature exacte et une appréciation savante des plus beaux monuments de
la sculpture grecque; c'est en même temps une esthétique de l'art, où les opinions
des archéologues le plus autorisés sont résumées, classées méthodiquement et com-
plétées par les recherches et les observations de M. Falkener lui-même. Parmi les
auteurs français dont il allègue souvent le témoignage, nous avons remarqué
surtout Quatremère de Quincy et M. Beulé. Le livre de M. Falkener se recommande,
à un autre titre encore, par sa splendide exécution typographique et par les beaux
dessins photographiques et chromo-lithographiques dont il est orné.

ITALIE.

l'an

-

Annali dell' Instituto......Annales de l'Institut de correspondance archéologique.
Tome trente-deuxième. Rome, Imprimerie tibérine; Paris librairie de B. Duprat,
1861, in-8° de 522 pages avec 12 planches in-folio et 18 planches additionnelles
in-8°.-Bullettino....Bulletin de l'Înstitut de correspondance archéologique pour
1860. Rome et Paris, mêmes imprimerie et librairie, 1861, in-8° de 240 pages.
Les amis des calmes études voient avec plaisir les publications de l'Institut de cor-
respondance archéologique de Rome se poursuivre paisiblement au milieu des
agitations politiques. Le volume des Annales et le volume du Bulletin, qui com-
prennent l'ensemble des travaux de cette savante société pendant l'année 1860,
n'offrent pas moins d'intérêt que ceux des années précédentes. Nous ne pouvons
signaler ici tous les morceaux importants qu'on y trouve; il nous suffira de dire
que les articles principaux sont signés de MM. R. Garucci, Conestabile, C. Cave-
doni, Petersen, Welcker, Brunn, Jahn, G. Henzen, Stark et Roulez.

TABLE.

Pages.

Les deux jeunes filles lettrées, par M. Stanislas Julien. (Article de M. Barthélemy
Saint-Hilaire.).

129

Des mémoires de Réaumur sur les insectes. (3° article de M. Flourens). . . . . .
Histoire de madame de Maintenon et des principaux événements du règne de
Louis XIV, par M. le duc de Noailles. (3o article de M. Avenel.). . . .
Nouvelles littéraires..

148

164

179

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

AVRIL 1861.

HISTOIRE DE LA LUTTE DEs papes et des empereurs DE LA MAISON DE SOUABE, de ses causes et de ses effets, par C. de Cherrier, membre de l'Institut'. Deuxième édition, revue, corrigée et augmentée,

DEUXIÈME ARTICLE1.

Trois choses s'accomplirent, ou survinrent à peu près en même temps, dans le premier quart du xır° siècle, par l'effort ou au profit de la papauté nouvelle : 1° la réforme ecclésiastique commencée par Grégoire VII; 2o la fin de la guerre des investitures poursuivies sous lui et ses successeurs, Victor III, Urbain II, Pascal II, Gélase II, Calixte II; 3o l'extinction de la postérité masculine des empereurs franconiens, dont la race ambitieuse et redoutée avait été en lutte avec six papes, qui l'avaient frappée de l'anathème religieux et avaient provoqué la déposition successive de ses deux derniers et intrépides représentants, Henri IV et Henri V. Il en résulta la domination spirituelle et la suprématie temporelle de la papauté sur la société chrétienne.

Tout en continuant la guerre de l'ordination sacerdotale contre l'investiture laïque et de la suprématie du pontificat contre la puissance impériale, les papes avaient achevé la réforme du clergé séculier. Ils firent déposer par des conciles particuliers, que présidèrent leurs légats ou qu'ils dirigèrent eux-mêmes, tous les évêques simoniaques. Sur vingt

Voyez, pour le premier article, le cahier de janvier 1861, page 1.

six de ces assemblées tenues dans les diverses parties de l'Europe, pendant les treize années du pontificat de Grégoire VII, il y en avait eu vingt et une favorables à sa cause et cinq à la cause de l'empereur. Sur trente-deux 2 réunies durant le pontificat de ses quatre successeurs immédiats, il n'y en eut pas une seule qui osât soutenir le parti séculier, et toutes se prononcèrent fortement pour la réforme ecclésiastique. Cette unanimité de sentiment dans le clergé chrétien annonçait que tous ses membres adhéraient à la réforme, après soixante et quinze ans de tentatives non interrompues et la réunion de quatre-vingts conciles pour l'opérer. Les résultats en furent solennellement consacrés en 1123, dans le concile général de Latran, qui fut le premier concile œcuménique latin. Ce concile régla la constitution de l'Église et l'organisation comme la conduite du clergé.

Dès lors l'Église prit la direction supérieure de la société. En même temps que son principe fut fortifié, son pouvoir fut concentré. Les ministres secondaires du sacerdoce furent soumis aux évêques, qui, de leur côté, reconnurent le pape pour leur souverain religieux. Le pape fut élu par le collége des cardinaux. D'après la bulle de Nicolas II, le choix de ceux-ci dut être soumis à la ratification du clergé et du peuple romain. Mais les exils fréquents des papes et des cardinaux, expulsés de Rome soit par les empereurs avec lesquels ils étaient en guerre, soit par les factions oligarchiques ou républicaines qui, de temps en temps, y dominèrent, rendirent quelquefois cette ratification impossible et donnèrent peu à peu l'habitude de s'en passer. Aussi le troisième concile de Latran 3, dans son premier canon, conféra uniquement l'élection aux deux tiers des cardinaux. Le pape ainsi élu eut seul le droit de convoquer les évêques en concile, de les juger et de les déposer. Il put administrer tous les pays chrétiens par ses légats, décider toutes les contestations ecclésiastiques par les appels à sa cour, et prononcer exclusivement sur les causes majeures qui lui furent réservées. De cette manière la chrétienté rayonna autour de Rome, où affluèrent peu à peu toutes les affaires de l'univers religieux.

La guerre des investitures prit fin vers le même temps. Par le grand accord qui intervint en 1122, l'Église, dont la papauté avait opéré la réforme chrétienne, acquit par la papauté l'indépendance religieuse. Les investitures, qui avaient provoqué une lutte d'un demi-siècle, offraient

1

Il y en eut dix en Italie, dont une pour l'empereur; dix en France, deux en Espagne, toutes pour le pape; quatre en Allemagne pour l'empereur.- Douze en Italie, treize en France, quatre en Allemagne, deux en Angleterre, une à Jérusalem. - En 1179.

3

à résoudre un problème difficile et compliqué. Les évêchés, ayant reçu depuis la conquête un caractère nouveau, étant devenus, par le territoire qui leur avait été annexé, par les droits dépendants de ce territoire, par les obligations qu'entraînait sa possession, des principautés féodales, il était résulté de cette confusion de l'ordre ecclésiastique avec l'ordre politique des questions redoutables. L'Etat absorberait-il l'Église et ferait-il des évêchés et des abbayes des fiefs ordinaires, transformerait-il les évêques et les abbés en simples vassaux militaires des empereurs? L'Église supprimerait-elle l'État et rendrait-elle les évêques et les abbés souverains indépendants des empereurs et des rois, avec de vastes territoires dépourvus de charges, avec des droits dégagés d'obligations, ne relevant que du choix électoral quant à leur mise en possession, que du pape quant à leur conduite religieuse et civile, placés dans un pays sans lui appartenir, membres de la république chrétienne, étrangers à la société politique? Rendrait-on à l'État les terres et les droits qui étaient l'objet du litige et laisserait-on uniquement à l'Église la juridiction religieuse et les domaines privés? Enfin séparerait-on ce qui appartenait à l'Église de ce qui appartenait à l'État dans les évêchés et les abbayes, tels que la conquête germanique et le régime féodal les avaient constitués, de façon à accorder à l'une et à l'autre la juste part qui leur revenait dans la nomination, l'investiture, le pouvoir d'un évêque et d'un abbé?

De ces quatre solutions, la première était celle des temps féodaux et des empereurs avant Grégoire VII. Elle faisait de l'empereur, le pape; de l'État, le maître de l'Église; elle annulait le pouvoir moral et l'élément spirituel alors si nécessaires au monde, où auraient exclusivement dominé la force sans reconnaître de règle, la passion sans rencontrer de frein. La seconde était celle de Grégoire VII. Elle faisait du pape, un calife. Elle détruisait au fond la puissance temporelle, et enlevait à la société politique le principe d'après lequel elle devait se former et agir. Si l'une eût altéré les directions morales du monde, l'autre eût mis obstacle aux constitutions nationales des peuples. La troisième avait été conçue et proposée en 1111 par Pascal II. Elle séparait trop, pour le moment surtout, l'ordre ecclésiastique de l'ordre politique. Au lieu de faire absorber l'Église par l'État comme la première, l'Etat par l'Eglise comme la seconde, elle les aurait isolés l'un de l'autre, sans que l'Église pût éclairer l'État et sans que l'État pût soutenir l'Église. Imaginée un moment par un pape intimidé, elle était plus d'un moine que d'un souverain pontife; elle n'était pas sérieuse, elle ne fut pas durable. La première solution avait contre elle le pape et l'Église; la seconde,

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