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SOUS LOUIS XIV

GABRIEL DE ROQUETTE

ÉVÊQUE D'AUTUN

SA VIE, SON TEMPS ET LE TARTUFFE DE MOLIÈRE

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A. DURAND ET PEDONE-LAURIEL, LIBRAIRES-ÉDITEURS

9, RUE CUJAS (ANCIENNE RUE DES GRÈS)

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GABRIEL DE ROQUETTE

ÉVÊQUE D'AUTUN

CHAPITRE PREMIER

AFFAIRES CONCERNANT LA JURIDICTION ÉPISCOPALE
(1669-1702)

Les évêques étaient considérés dans l'Eglise comme les continuateurs de la mission confiée par Jésus-Christ à ses apôtres. Leur pouvoir, institué directement par lui dans la personne de ces derniers, passait pour être d'origine divine. Ils étaient, de droit, supérieurs aux simples prètres qui leur devaient obéissance. Aucun diocèse ne pouvait exister sans un évêque, et il n'était point permis à celui-ci de céder la juridiction attachée à son caractère, soit par des exemptions, soit par des partages et des concordats tendant à l'amoindrir ou à la diviser. Elle s'exercait aussi bien sur les communautés religieuses que sur le clergé séculier desservant les paroisses ou constitué en chapitres.

Cette doctrine, qui a toujours été celle de l'Église,

avait reçu, au moyen âge, de profondes atteintes. Le pouvoir des évêques avait été méconnu, non seulement par les corporations dont nous venons de par

ler, mais par des dignitaires ecclésiastiques et même

par des laïques. A côté des exemptions dont se prévalaient certains monastères et certains chapitres pour refuser au chef du diocèse toute ingérence dans leur discipline, on rencontrait des prètres qui, organes de la juridiction épiscopale, s'en étaient attribué les droits comme leur appartenant en propre et s'étaient rendus presque indépendants (1).

A partir de la fin du XVIe siècle, les évèques réclamèrent avec énergie contre ces usurpations, et Louis XIV, avec l'esprit d'unité qu'il portait dans son gouvernement, chercha par plusieurs édits à faire prévaloir leur autorité. Tous étaient convaincus que de son rétablissement dépendait en partie la réforme de l'Église. Les jurisconsultes les plus éminents, tels que les Servin et les Bignon sous Louis XIII, les Talon sous Louis XIV, les parlements et le conseil privé, appuyaient une jurisprudence tendant à restaurer les liens de la hiérarchie. Dans une foule de diocèses, les évêques plaidaient contre les chapitres. les réguliers, les prêtres, les marguilliers, les magistrats, qui avaient empiété sur leurs attributions. Ces procédures et les arrêts auxquels elles donnèrent lieu démontrent jusqu'à l'évidence la nécessité

(1) Quoique les procès de Roquette au sujet de la juridiction épiscopale aient donné lieu contre lui à des reproches, même de la part d'écrivains catholiques, nous croyons inutile d'insister sur ces principes, et nous nous bornons à les indiquer sommairement.

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