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COURS

DE

LITTÉRATURE

FRANÇAISE.

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COURS

DE

LITTÉRATURE

FRANÇAISE.

VIC LECON

PUBLIEE.

1

MESSIEURS,

Nous avons vu l'imitation du génie français agissant sur l'Angleterre et sur l'Écosse; nous avons vu dans l'histoire un genre nouveau s'élever à Édimbourg, inspiré tout à la fois par la. philosophie et par l'élégance françaises. Le style même de Robertson, et de Hume, portait la trace de cette influence, et souvent reproduisait jusqu'aux formes, jusqu'aux habitudes, jusqu'aux idiotismes de notre langue.

Il était difficile d'abdiquer davantage le carac6o Leçon.

I

tère indigène, pour s'élever ou peut-être pour descendre à ce caractère étranger, cosmopolite, que recherchent les littératures des sociétés vieillies. Cependant, à cette même époque, une grande tentative d'originalité nationale et indigène allait se faire en Écosse.

Dans cette espèce de panorama littéraire où nous nous plaçons, vous n'éprouvez ni mécompte ni surprise à passer rapidement d'un sujet à l'autre ; et j'ose croire même que vous apercevez le lien secret, la logique naturelle, qui rapprochent par la ressemblance ou par le contraste les accidens variés de cette scène mobile que j'ouvre devant vos yeux.

Ainsi, après que le méthodique et sage Robertson, l'élégant et sceptique Hume, le savant, l'habile, le rhéteur Gibbon, ont passé sous vos yeux, vous ne serez pas étonnés que je vous entretienne d'une espèce de résurrection de la barbarie primitive, au milieu de l'Écosse du dixhuitième siècle.

Nous avons vu ce que la raison, ce que la science, faisaient dans l'histoire; nous avons vu l'innovation de l'art et de l'étude. Cette innovation toute philosophique avait dépouillé l'histoire du charme d'imagination qui complette la réalité même, et sans lequel il n'y a pas de vérité pittoresque.

L'Écosse, l'Angleterre, la France, toute l'Europe, avaient applaudi à ce travail d'une raison supérieure et calme. Eh bien! l'imagination est un besoin si naturel à l'homme; l'imagination a tant de puissance, même dans l'état social le plus raffiné et le plus savant, que, du milieu du scepticisme, on est toujours prêt à lever les yeux au moindre rayon de lumière nouvelle qu'elle fait briller devant nous. On apprend tout à coup que, dans les montagnes d'Écosse, se conservaient les chants d'un vieux Barde qui aurait vécu au deuxième ou au quatrième siècle de notre ère. Ces chants paraissent incultes et sauvages; ils semblent ne respirer que des sentimens naturels et primitifs, le fanatisme de la guerre, l'amour des combats, une sorte d'héroïsme rude et naïf; ils ne retracent que des images simples: l'Océan, les bruyères, les pins des montagnes, les sifflemens de la bise de mêr. Ces choses si simples et si monotones deviennent une nouveauté, une variété piquante et originale pour un siècle rassasié de raisonnement et de philosophie; et là commence la grande fortune des poésies d'Ossian. On sait quelle a été leur influence parmi nous.

De même que l'esprit français avait inspiré la littérature anglo-écossaise, ainsi le génie de cet Ossian, quel qu'il soit, a puissamment agi sur la

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