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peu de ce redoublement de tendresse. Puis, c'étaient de nouvelles questions auxquelles il fallait répondre, et des exclamations de joie !

« Sauvé! répétait-elle, sauvé! Mon Dieu, merci!» et elle se mit à genoux au milieu de cette chambre, en regardant une grosse étoile blanche qui brillait au ciel entre deux nuages, et paraissait être le regard de la Divinité qui s'abaissait sur elle dans sa bonté...

Une heure plus tard, le mari arriva avec N... qui voulait le rendre lui-même à sa femme touchante vanité du sauveur, qui veut assister au bonheur qu'il a préparé. Pour ne pas gêner Jacques et sa femme, nous nous retirâmes bien vite... Nous descendimes chez moi pour parler de leur bonheur et nous réjouir aussi de la joie qu'ils goûtaient en ce moment... Ce fut une belle soirée pour nos cœurs.

Le lendemain, comme le jour où commence ce récit, le soleil brillait éblouissant dans un ciel pur; seulement il n'y avait plus de neige sur les toits et les rayons étaient plus chauds. Le marronnier du voisin avait de gros bourgeons déjà verts; les moineaux jasaient, l'air était plein de senteurs fines et pénétrantes qui vous remplissaient l'âme de gaieté et de jeunesse. Mes petits voisins étaient à leur fenêtre; eux si triste. la veille, étaient gais aujourd'hui; le père les embrassait, et la mère, dans le fond, contemplait, tout attendrie, ces trois êtres qu'elle aimait.

C'est par ce tableau que finira mon récit. On pourrait l'appeler Un Drame entre deux journées de soleil ; j'aime l'appeler simplement : l'Histoire de mes Petits Voisins.

:

HENRI D...

MEURS NORWÉGIENNES

COUTUMES DE NOEL

Nous aurions voulu insérer dans la livraison de ce mois un article sur Noël; mais il ne nous en a été remis aucun. Cependant, pour que notre désir ne soit pas complètement déçu, nous empruntons à une publication annuelle, l'Almanach Dupont, année 1878, une coutume de Noël particulière à la Norwège (4).

Il y a vingt-quatre ans, notre directeur, M. Auguste Laforet, insérait dans cette Revue, fondée par lui l'année précédente, un article sur Noël. Cet article, intitulé les Crèches de Noël, envisageait ces crèches comme l'un des faits les plus caractérisés pour manifester les sentiments de la population marseillaise pour cette fête si populaire.

« Pour Noël, écrivait M. Laforet, la fête du riche et du « pauvre, du grand et du petit, du travailleur de la ville et « du travailleur de la campagne, de l'enfant et du vieillard... << Noël, la bonne fête pour tous, Noël qui parcourt la rue et « s'asseoit au foyer, qui dépeuple nos cercles et nos cafés, «qui ferme les portes de nos théâtres, qui imposé le silence « à tous les bruits de nos quais et le repos à toutes les agita<«<tions de nos ports... Noël enfin qui, dans les bosquets de << nos bastides, dans les forêts de nos montagnes, moissonne «<le laurier aux baies couleur de jais, le laurier-tin aux «<touffes blanches et roses déjà épanouies, pour parer de « leurs dépouilles les voûtes de nos halles, le sol de nos << marchés, l'enseigne des boutiques, le coin de l'éventaire, འ l'impériale de l'omnibus, le front des chevaux de la voiture

(1) Gracieux complément de la coutume du Midi.

« de roulage..... et jette un gracieux défi à l'hiver qui vient « de naître, en antidatant ainsi, de quatre mois, avec ces « fleurs et cette verdure, le réveil de la végétation et le a retour du printemps.

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M. Laforet s'occupait ensuite des noëls, ces cantiques chantés devant les crèches.

Il citait, entre autres, un noël fort curieux intitulé:

JOIE DES BESTES A LA NOUVELLE DE LA NAISSANCE DU SAUVEUR

Ce couplet se chante en imitant successivement les cris des divers animaux qui y figurent.

Comme les bestes, autrefois,

Parloient mieux latin que françois :
Le coq, de loin, voyant le faict,
S'écria Christus natus est (1);
Le canard, en fendant l'eau,
Demande : Quando? quando (2)?
La grenouille, à son côté,
Lui répond In hac nocte (3);
Le bœuf, d'un air tout ébaudi,
Demande Ubi ? ubi ? ubi (4)?
La chèvre, se torchant le groin,
Respond que c'est à Bethleem;
Maistre baudet, curiosus (5)
De l'aller voir, dit: Eamus (6);
Et droit sur ses pattes, le veau

Beugle deux fois : Volo, volo (7).

« Le recueil d'où ce noël est tiré n'indique, continuait « M. Laforet, ni à quelle époque, ni dans quel pays : il est « évident que c'est un des premiers et qu'il remonte, par

(1) Le Christ est né.

(2) Quand ? quand ? (3) Cette nuit.

(4) Où ? où ? où ?

(5) Curieux.

(6) Allons.

(7) Je veux, je veux.

«< conséquent, au XVIe siècle. Et il est très-probable que « l'on a dû songer à mêler la joie des bêtes à la joie des << hommes dans une de ces provinces de France où, au mo«ment du réveillon, on va éveiller tous les animaux domesa tiques et leur donner à manger, afin que tout ce qui « vit sur cette terre participe à la joie universelle (1). » Cette conjecture très-probable nous mène naturellement à la coutume de la Norwège.

LA DIRECTION.

Les coutumes de Noël en Norwège ne manquent pas d'une certaine originalité.

A Christiania et dans les autres villes du pays, c'est un joli présent à offrir à une dame, qu'une broche ou une paire de boucles d'oreilles dans.... une botte de foin. On ouvre brusquement la porte de la personne à qui ce cadeau s'adresse et l'on jette dans la maison la botte de foin, qui peut être aussi une botte de paille, une gerbe ou un sac de menue paille. Il faut tirer avec soin cette paille, au risque de ne trouver quelquefois qu'une aiguille; quelquefois aussi le cadeau est seulement entouré d'enveloppes multiples en papier d'emballage. Sous le premier papier une ¡devise galante excite déjà votre intérêt et votre curiosité, mais ce n'est qu'au dernier que vous découvrez enfin un petit bijou en or.... ou en cuivre.

Une des plus jolies coutumes de la Noël, en Norwège est de donner à dîner aux oiseaux.

Le 25 décembre, au matin, on décore le pignon de la maison ou le comble d'une grange d'une gerbe destinée aux moineaux et autres petits oiseaux; le plus pauvre paysan tient à leur faire cette offrande.

(1) Voir la Revue de Marseille, numéro de janvier 1856.

Quand la gerbe n'est pas toute pillée le jour de la Noël, on la laisse pour le repas du lendemain et des jours suivants; la gerbe est volontiers fixée au bout d'une perche; c'est un charmant concert que celui des oiseaux autour de ce mât de cocagne à leur usage.

Le jour de l'an, dans la Norwège, parents et amis échangent des présents; au coin de chaque salle est une petite table garnie, toute la journée, de gâteaux et de rafraîchissements pour les visiteurs; à chaque visite, le goûter recom

mence.

De Noël au jour des Rois, les masques se montrent dans les rues, on les appelle des Jubebublers ou revenants de Noël. On rend visite à ses amis en costume de fantaisie.

Les masques ont une pantomime très-animée, mais ils parlent peu, n'importe le costume; vous avez chez vous un Polichinelle muet, un Charlemagne muet, un Oberon muet, un Gustave muet.

C'est très-gravement que ces masques ressuscitent ainsi des personnages historiques.

XXX.

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