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Armettes de toille

Dix huict armettes, huict de toille d'Allemagne et les autres de toille commune.

Deux longières, une de toille cotonine blanche, et l'autre. de toille bigarrée de blanc et bleur.

Missaulx

Trois grands missaux à l'usage de Trente, un desquels est tout neuf, et les autres deux fort rompus.

Quatre petis missaux au dict usage, l'un neuf, et les autres fort rompus.

Trois missaux en papier à l'usage de Marseille, aux quels il deffault plusieurs cayers, et entre autres choses le saint canon. Deux autres missaux en parchemin à l'usage de Marseille, fort vieulx.

Un colletaire (1).

Le livre des Passions.

Les quelles choses cy-dessus particulierement inventorisées, ont esté dellaissées par le dict inessire Gantes entre les mains et pouvoir du dict messire Jordani qui a conféssé avoyr le tout en son pouvoir, fors les chandelliers d'argent faicts avec une grand pomme à jour qui sont rières le dict chapître pour les faire refaire, et les clefs de l'armoyre, où est le chef S' Lazare, qui sont entre les mains du dict Chapître ; du quel saint chef ne se veult point charger pour n'estre en sa puissance; promettant le tout conserver et remettre lors et quand en sera requis par le dict Chapitre, soubs l'obligation de tous ses biens avec deue renonciation et serment.

Faict dans la sacristie de la ditte Eglise, et publié dans la boutique de moy dict notaire, presents: Cornelio de Remezan Escuyer et Loys Cordier, aussi Escuyer du dict Mars ille, tesmoins requis et signés avec les parties.

(1) Collectaire, livre d'église qui renferme les oraisons appelées : Collectes.

Que sont devenus tous ces ornements, joyaux et reliquaires que nous venons de passer en revue dans ce curieux inventaire? Les premiers subirent les atteintes du temps, et ne devaient guère plus exister à la fin du dernier siècle qu'à l'état de délabrement. Ils furent remplacés par d'autres plus somptueux, comme nous l'apprennent divers inventaires postérieurs. Quant aux joyaux et reliquaires, dont divers donateurs avaient augmenté le nombre et la beauté, pendant la période de 200 ans, ils restèrent dans l'église de la Major jusqu'au moment où les ornements, dépouillés par le district de leurs fils d'or et d'argent, furent vendus à l'encan comme vile étoffe.

Une partie de l'argenterie, pesant 250 marcs, fut envoyée à la monnaie par le citoyen Martin, chanoine-administrateur du Chapitre, le 31 octobre 1789, et l'inventaire en fut pris par le citoyen Demandols, lieutenant de la Sénéchaussée, le 13 février 1790 (Liasse 94, district de Marseille). Le restant, remis au District le 25 août 1794, prit un peu plus tard le même chemin pour subir le sort commun à tous les objets de cette nature. (Liasse 234) (1).

Malgré l'absence de détails, nous avons pu reconnaître dans ces deux envois successifs, le premier volontaire et le second forcé, quelques articles de cet inventaire qui sont marqués d'une astérisque aux pages 476, 477, 478.

Les notes qui accompagnent ce document servent à donner connaissance de certains faits inconnus, ou mal appréciés, et à corriger diverses erreurs de dates commises par les historiens de l'Eglise de Marseille.

Dr L. BARTHÉLEMY.

(1) Toute l'argenterie de la Major, remise par la commune au district, suivant le verbal du 17 mars 1794, pesa 1054 marcs, 3 onces et 4 gros; elle fut portée le même jour à la Monnaie, les objets en cuivre à la fonderle, et les chasubles, dais, chapes, etc., vendus à l'encan, les 11 et 26 juin 1794. (Reg. 173 du district, Arch. des B.-du-Rh., pages 33 et suivantes.)

LES CLOCHES.

(Suite.)

LEURS USAGES CIVILS.

I.

La faculté d'avoir une cloche spéciale pour des usages civils a été, dans l'origine, un des droits et priviléges des communes. On lit dans la charte donnée en 1187 à la ville de Tournay «En outre, nous permettons aux mêmes hommes « d'avoir, dans la cité, en un lieu convenable, une cloche « qu'ils pourront faire sonner quand ils voudront pour les « affaires de la ville (1). »

Les franchises accordées, en 1345, à la ville de Rioin en Auvergne, par Philippe VI, roi de France, contiennent ce qui suit: « Nous accordons qu'ils puissent posséder une cloche « pour le fait et la réunion du dit consulat (2). »

Comme conséquence, on retirait cette faculté d'avoir une cloche particulière à toute ville à laquelle, par une raison quelconque, on enlevait son titre de commune. On en trouve des exemples dans plusieurs documents historiques.

En 44'79, Philippe-Auguste ayant, à la suite d'une rébellion, enlevé à la ville d'Herdin le titre de commune, fit transporter à Aire la cloche principale.

En 1328, Philippe de Valois ayant retiré ses priviléges à la ville d'Ypres, fit descendre la cloche du beffroi.

Rappelons, en nous rapprochant de notre époque, qu'il existait un cas particulier où les communes étaient privées de leurs cloches.

Sous l'ancienne monarchie, lorsqu'une place ne capitulait

(1) Ducange, t. II, p. 60.

(2) Ibid.

qu'après avoir été canonnée, les cloches des églises et tous les ustensiles de cuivre, de bronze et d'airain que renfermait la ville, appartenaient de droit au grand-maître de l'artillerie de l'armée envahissante, de qui les habitants les rachetaient à prix d'argent. Cet ancien usage, qui existait encore sous Louis XIV, était tombé depuis longtemps en désuétude, quand Napoléon le fit revivre, en 4807, à l'occasion de la prise de Dantzig. Les cloches furent rachetées à l'artillerie française par les bourgeois, moyennant une certaine somme qui fut répartie entre les officiers et les soldats. Depuis lors, cet ancien usage paraît être tombé en désuétude.

Les cloches des communes étaient désignées sous différentes dénominations. On les appelait tantôt cloche banale, cloche du ban, bancloche, parce qu'elles avertissaient tous ceux qui se trouvaient dans le ban ou la banlieue, c'est-à-dire dans la circonscription de la commune; tantôt cloche du beffroi, du nom de la tour où elles étaient ordinairement placées. Quelquefois, elles se trouvaient réunies, dans le clocher d'une église, aux cloches de la paroisse.

Les cloches de la commune servaient à divers usages.

Dans certaines localités, on les sonnait pour les exécutions de justice. C'est à cet usage que fait allusion une inscription placée sur la grosse cloche du clocher de Saint-Jean, à Barle-Duc, fondue au XVe siècle pour les usages de la ville.

Nuntio plectendos pravos, ignesque tuendos.

On bannissait aussi les malfaiteurs, au son de la cloche du ban, ainsi que nous l'apprend une charte du comte de Valois, du 9 avril 1341, pour l'affranchissement des serfs de son comté : « Et voulons, dit cette pièce, que les bourgeois << puissent tous malfaiteurs de la ville, commune ou banlieue, << bannir au son de la campane, si le cas de bannir s'offre. » Dans le cas d'incendie, d'inondation, d'émeute, d'invasion, les cloches municipales sonnent le tocsin, pour avertir les habitants.

Le nom de cette sonnerie à coups secs et redoublés est formé de toquer frapper, et de sing, vieux mot qui signifie cloche, signum.

On lit dans l'ouvrage de M. Dergny, qu'avant 1793, l'église Saint-Martin, de Pontoise, possédait une cloche qui servait à sonner le tocsin. On lisait sur cette cloche ce vers latin, d'une harmonie singulièrement imitative et qui, en le scandant, exprimait le son du tocsin :

Unda, unda, unda, unda, 'unda, unda, unda, accurite cives.

Ce qui fait en scandant :

Unda unda unda unda unda un/da unda ac/curite cives.

De l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau, accourez, [citoyens! (1).

La cloche communale donnait le signal pour avertir les habitants de cesser leurs travaux et d'éteindre leurs feux et leurs lumières. C'est ce qu'on appelait le couvre-feu. On attribue à Guillaume le Conquérant, roi d'Angleterre, l'institution de cette mesure de police dans ses états, en l'année 1066. Elle fut plus tard introduite en France. Il y avait autrefois à Notre-Dame de Paris, une cloche particulière appelée le Couvre-feu, qui avertissait, tous les soirs, les habitants de se conformer à la mesure dont il est question. On tenait tellement à son exécution que, lorsqu'au printemps de l'année 4359, Edouard, roi d'Angleterre, vint assiéger Paris, défense fut faite à toutes les églises de sonner leurs cloches, la nuit venue, dans la crainte que leur bruit n'empêchât les sentinelles d'entendre les approches de l'ennemi. On n'excepta de cette prohibition que la cloche du couvre-feu que sonnait NotreDame (2).

Enfin, dans un grand nombre de localités, on sonnait, jadis, la cloche de la commune pour réunir les assemblées munici

(1) Les Cloches du pays de Bray, t. II, p. 17.

(2) Histoire de Paris, par Dulaure, t. III, p. 228.

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