Page images
PDF
EPUB

LA RACE LATINE

LE CHANT DES LATINS

(Fin)

ORATORIO

SUIVI DE NOTES EXPLICATIVES ET HISTORIQUES ET D'UN APPENDICE

(Cet ouvrage a été l'objet d'une mention particulière au concours du chant des Latins, à Montpellier, le 22 mai 1878).

CHANT DES LATINS

Chœur

Pour être encor maitres du monde,
Soyons prêts. Si le canon gronde,
Marchons tous sous la même loi!
Fils de Rome et de même race
En avant et suivons la trace
Que nous laissa le Peuple-Roi.

I

UN ITALIEN

Jadis des champs de l'Ausonie
Jusqu'au fond des pays déserts,
Rome a conquis, par son génie,

Les nations de l'univers.

Chaur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

Voir les notes à la fin de l'article.

II

UN PROVENÇAL

Marius, auprès de Pourrières (12),
Vainquit d'innombrables Teutons;
Et, s'il le faut, comme nos pères
Nous chasserons leurs rejetons.

Chœur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

III

L'ITALIEN

César-Auguste met un terme
Aux guerres du monde Romain,
Le temple de Janus se ferme (13)
Et l'univers est dans sa main.

Chœur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

IV

UN FRANÇAIS

Comme un soleil qui, sans nuage,

Inonde tout de sa clarté !

Le Christ parait ! et l'esclavage
Fait place à la fraternité.

Chaur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

V

UN ROUMAIN

Au moyen-âge, la tiare

Refait notre grande unité (14),
Et, dans ses forêts, le Barbare

Se soumet à sa primauté (15).

Chœur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

VI

UN ESPAGNOL

Colomb découvre un nouveau monde (16)
Où vague son vaisseau latin;

Dans un grand jour Charles-Quint fonde
Un nouvel Empire Romain (17).

Chaur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

VII

UN FRANÇAIS

Entraînés par les grandes guerres,

Sous les pas de Napoléon,

Bien au-delà de nos frontières

Nous avons porté notre nom (18).

Chœur

Pour être encor maîtres du monde, etc.

VIII

UN ITALIEN

Peuples, dans la même espérance,
Mettons en commun nos efforts;
Pour garder notre indépendance
Soyons unis, nous serons forts.

Chaur

Pour être encor maîtres du monde,
Soyons prêts. Si le canon gronde,
Marchons tous sous la même loi!
Fils de Rome et de même race
En avant! et suivons la trace
Que nous laissa le Peuple-Roi.

DE MEYRONNET ST-MARC.

NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES

(11) Ce chant est fait de façon à pouvoir être, sans inconvénient, détaché de l'Oratorio qui lui sert de préface et chanté seul, comme une sorte de chant de race, devant, au moyen de traductions sur le même rhythme, devenir commun à tous les peuples qui parlent un idiome dérivé de l'ancienne langue de Rome.

Ce chant est composé de huit strophes et d'un chœur.

Chaque strophe peut être chantée par un ou plusieurs représentants de la race Latine, qui célèbrent, ensemble, la grandeur de leur pays, et le choeur composé de tous les Latins leur répond.

(12) Pourrières, village qui s'élève en Provence, dans la plaine où Marius vainquit les Teutons, l'an 102 avant J.-C. Environ trois cent mille cadavres laissés sans sépulture, firent donner à ces champs le nom de Campi putridi (Champs de pourriture). On y voyait, il n'y a pas encore longtemps, les ruines d'un monument élevé par Marius, en souvenir de sa grande victoire.

(13) Janus, premier roi d'Italie, poliça le peuple et donna son nom au Janicule (Jani Collis). Après sa mort, il fut adoré comme un dieu. Romulus lui fit élever un temple dont les portes étaient ouvertes en temps de guerre et fermées en temps de paix. Ces portes furent rarement fermées. Une première fois, sous le règne de Numa; une seconde fois, après la première guerre Punique; elles le furent pour la troisième fois, sous César-Auguste, qui montait sur le trône après avoir pacifié le monde

connu.

(14) L'unité de l'Empire Romain avait été brisée par les invasions des Barbares. La confusion dura quatre siècles, après quoi le Pape Léon III couronna Charlemagne empereur d'Occident, et rétablit ainsi l'unité du monde romain.

Sous les successeurs de Charlemagne, les Papes s'opposèrent de tout leur pouvoir à une nouvelle division de l'Empire, mais ils n'y purent réussir, grâce à l'ambition, aux rivalités et à la faiblesse des princes carlovingiens. Toutefois, l'autorité des pontifes romains s'accrut à mesure que celle des empereurs diminuit. La couronne impériale devint élective à l'extinction de la race Carlovingienne; mais les empereurs n'étaient légalement élus que lorsque leur élection avait été reconnue par le Pape, et l'Empire prit le nom de Saint Empire Romain. En vain les empereurs essayèrent-ils d'échapper à l'autorité des Papes, ils furent vaincus dans la fameuse lutte connue sous le nom de «Querelle des investitures ». Cette époque fut l'apogée de la puissance des Papes; ce fut aussi le moment où ils prirent les peuples de l'Occident, et principalement les peuples de la grande famille latine, pour les jeter dans les grandes expéditions des Croisades contre les Musulmans d'Asie et d'Espagne, et sauvèrent ainsi l'Europe du Croissant.

(15) L'autorité de l'Evangile et, par conséquent, du Pape, s'étendit de

bonne heure chez les Barbares. Dès le V• siècle, à la voix de Léon Ier, Attila s'était retiré de Rome. Plus tard, l'an 1000, les Hongrois reçurent, du Pape, leur premier roi chrétien, saint Etienne I. Les Barbares de la Germanie, de l'Angleterre, de la Scandinavie, de la Pologne, écoutèrent la parole des Missionnaires que Rome leur envoyait. En 1053, Robert Wiscard et les Normands se jetèrent aux genoux de Léon IX, et demandèrent à tenir de lui, en fief, la Calabre et la Sicile. En 1170, Henri II, roi d'Angleterre, se reconnut vassal du Saint Siége. Enfin, les rois de France s'honoraient du titre de Fils aînés de l'Eglise. C'est donc bien justement qu'on a pu dire, qu'au moyen-âge, le monde chrétien était une confédération de royaumes et de républiques sous la présidence des Papes.

(16) Christophe Colomb était né en 1442, à Coguretto, près de Gènes. Ferdinand et Isabelle, qui régnaient en Espagne, lui confièrent trois vaisseaux avec lesquels il découvrit le Nouveau-Monde. Nommé Amiral des Indes, comblé d'honneurs et de gloire, Colomb mourut en 1506, à l'âge de 64 ans, sans se douter que les nations oublieuses allaient donner le nom d'un autre au monde qu'il avait découvert.

(17) Né à Gand, en 1500, Charles-Quint succède aux Etats de Bourgogne et à la couronne d'Espagne en 1517. Deux ans après, il est élu empereur, après la mort de Maximilien Ier, son grand-père. Spirituel, entreprenant, dissimulé et grand politique, il avait du courage et une ambition excessive, sacrifiant tout à la passion de dominer. Il était capable de subjuguer l'Europe entière s'il n'eût eu comme adversaire un aussi grand prince que François Ier.

(18) Environ 80 mille Italiens, un corps nombreux d'Espagnols et 250 mille Français faisaient partie de la grande armée qui, sous le commandement de Napoléon, traversa toute l'Europe et ne s'arrêta qu'à Moscou, devant le terrible hiver de 1812.

(19) Je ne veux pas terminer ces notes, sans adresser, ici, mes bien sincères remerciements à MM. Crousillat, Tasso, Sion et Gaut, pour les beaux vers qu'ils ont bien voulu me faire sur le thème que je leur avais envoyé, ainsi qu'au professeur d'histoire M. Garnier, pour l'obligeant concours qu'il m'a donné dans la rédaction des notes 2, 9, 14 et 15.

APPENDICE

Lettre de M. George SION, secrétaire-général de la Société académique Roumaine, Chevalier de l'Etoile de la Roumanie, à Monsieur le baron de MEYRONNET SAINT-Marc.

N.-B. Cette lettre renfermait les vers Roumains que l'auteur lui avait demandés et qui ont été placés dans cet Oratorio.

MONSIEUR,

L'appel flatteur que vous avez bien voulu m'adresser n'a pu me laisser indifférent. Voici dix-huit vers sur le thème que vous m'avez proposé. Je

« PreviousContinue »