Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

En fait de langues, les petits moyens ont souvent d'excellents effets. Nous avons vu, par exemple, des enfants qui ne pouvaient parvenir à énoncer les nombres sans difficulté ni hésitation. Ils les connaissaient parfaitement tant qu'on les leur présentait dans l'ordre naturel; mais du moment que cet ordre était interverti, ils ne savaient pour ainsi dire plus rien. Un loto, un jeu d'oie, renouvelé des Grecs, grâce aux chamailles qui ne manquent jamais entre les petits joueurs, leur avaient bientôt rendu la numération aussi familière en français que dans leur langue maternelle.

Nouvelle Grammaire française, à l'usage des Allemands.

X.

Résultats.

Au point où sont arrivés nos élèves, ils doivent savoir :

1° Lire couramment;

2° Comprendre tout ce qu'ils entendent dire sur
les choses ordinaires de la vie : leurs devoirs,
leurs jeux, leurs occupations journalières,
leurs petites relations sociales, etc., etc.;
3° Soutenir la conversation en assez bon fran-
çais.

En Grammaire, ils doivent :

4° Connaître la première partie tout entière, et ce qu'il y a de plus indispensable à savoir dans la Syntaxe. Ils doivent surtout étre de première force sur les Verbes, la plus importante partie du discours [Verbum, parole!], et pouvoir conjuguer, sans broncher, le plus grand nombre des Verbes irréguliers.

Si nos élèves sont en état de remplir ce petit Programme, ils sont en bon chemin, et nous devons envisager l'avenir avec confiance.

S'ils en sont incapables, ne disons point encore : Opera et impensa perit! mais remettons-les impi

Résultats.

toyablement aux Éléments, dût se borner là tout ce qu'ils apprendront de français dans le cours de leurs études. Peut-être en sauront-ils un jour plus que maint grand garçon, plus que mainte grande demoiselle, dont le caquet incorrect et vulgaire donne une pauvre idée de toute leur éducation.

Un maître de langue ne doit jamais, en règle générale, transiger sur ses principes, à moins cependant que sa bourse, son estomac...... Dieu du ciel, il y a tant de misères ici-bas!

On rencontre en tous pays des mamans qui vous disent, avec un air de complaisance : «< Monsieur, << voilà ma fille; elle a passé six, sept, huit fois sa « grammaire; ayez la bonté de lui commencer la lit<«<térature. » Vous adressez quelques petites questions à la jeune personne, et, effectivement, vous découvrez qu'en Grammaire elle a passé tout, absolument tout. Que faire en pareille circonstance? Remettre la demoiselle dans la voie où elle a passé sans y laisser trace de ses pas légers, à moins cependant que la figure mécontente de la tendre mère, à moins surtout que la bourse, que l'estomac du maître de langue.. Dieu du ciel, il y a tant et tant de misères ici-bas!!!

DEUXIÈME PARTIE.

ÉTUDE ET ENSEIGNEMENT SECONDAIRES.

I.

De la grammaire.

La langue française est, plus que toute autre langue, une mine inépuisable pour le philologue; nous prenons à témoin ceux qui en ont fait l'étude de leur vie entière. Aucun dialecte ne présente une Syntaxe aussi riche, aussi rationnelle. Le moment où l'élève redoublera de zèle, sera donc le début de son second cours de Grammaire, quand un traité de cette science, écrit dans la langue qu'il étudie, remplacera celui qu'il a déjà parcouru dans sa langue maternelle. L'auteur de ce nouvel ouvrage aura dû y déposer, outre les règles constitutives de l'idiome en lui-même, les lumières qui ressortent de l'étude comparative de chaque langue étrangère avec le français. Ce sera la source d'une foule d'aperçus qui ont échappé et ont dû échapper aux grammairiens qui ont écrit en France,

De la

et pour des Français seulement. De ce travail naîtra grammaire. pour notre disciple un double avantage, une nouvelle cause d'acquisition et de rapides progrès, puisque, en se servant de notre langue elle-même pour en approfondir l'étude, il joindra la pratique à la théorie.

Dans les pays étrangers, il règne une grande disette de grammaires écrites au point de vue de la langue des élèves. Ce n'est pas qu'en certaines contrées, en Allemagne par exemple, le commerce de la librairie ne fourmille de traités de Grammaire française, écrits dans le pays même, et soi-disant adaptés à l'usage des élèves particuliers qui doivent les étudier. Mais, grand Dieu, quel fatras! Des règles, puis des règles, encore des règles! Des règles fausses, des règles sur des cas imaginaires, des règles à perte de vue sur des emplois que l'usage seul peut enseigner. « L'usage, « disait le prédécesseur de tous ces grammairiens improvisés, Meidinger, un grand fabricant de gram<«< maires des temps passés, l'usage est le meilleur « maître de langue. » Le brave homme, il ne s'en inquiétait guère de l'usage dans ses livres; mais il en débitait tant et tant, qu'il avait, dit-on, établi une imprimerie pour se typographier lui-même. Au milieu de toutes ces richesses, un maître capable et consciencieux est vraiment bien embarrassé. Car, voici ce qui arrive. Dans bien des pays étrangers, parmi lesquels l'Allemagne encore figure au premier rang, la langue française est enseignée par des maîtres qui, la plupart, n'ont jamais foulé le moindre petit coin du sol de la France. Or, les appointements des professeurs

« PreviousContinue »