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des repos, indiqués par les divers signes de la ponctuation. Nous en avons même rencontré, et en assez grand nombre, pour qui les observations les plus bienveillantes étaient complétement inutiles. Aux petits maux les petits remèdes. Nous avons imaginé, pour cette circonstance, un moyen dont nous nous sommes assez bien trouvé: c'est d'obliger l'élève récalcitrant à nommer tous les signes de ponctuation qu'il rencontre dans le cours de la lecture. Nous faisons, par exemple, lire ainsi les lignes suivantes :

LA SOURIS BLANCHE [point ].

-D'où viens-tu [virgule], enfant [point d'interrogation]?
De l'Auvergne [ virgule ], monsieur [ point ].

Que portes-tu dans cette boîte [virgule], que tu défendais tout à l'heure si bravement [ point d'interrogation]?

Hélas [point d'exclamation]! monsieur [virgule], c'est ma pauvre petite souris blanche [virgule], que ces méchants petits garcons voulaient me prendre [points suspensifs].....

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Vingt lignes d'une pareille lecture sont un calmant plus efficace que vingt morceaux de pain sec, vingt oreilles tirées, vingt malédictions énergiques adressées in petto ou autrement à ce vilain métier.

Nous recommandons donc, d'une manière toute spéciale, notre petit moyen. Probatum est.

Une recommandation encore: c'est de faire préparer leurs lectures aux élèves. On s'en trouvera bien.

V.

De l'écriture.

On a souvent prétendu que le caractère individuel se reflète dans l'écriture, et qu'il est possible de trouver des indices moraux d'une certaine probabilité dans la manière dont nous traçons nos lettres, fines ou épaisses, espacées ou serrées, larges ou étroites, formant avec la ligne un angle plus ou moins ouvert, etc., etc. Nous aussi, nous croyons qu'il n'y a pas au monde deux hommes qui fassent la même chose d'une manière absolument identique. Mais cette question n'est point de notre ressort, et nous ne la mentionnons qu'à cause de l'analogie qu'elle présente avec l'opinion que nous allons émettre.

L'écriture de tout peuple qui possède un type de caractère particulier, comme les Allemands et les Russes, a quelque chose d'éminemment national. Ce cachet distinctif, il est très-difficile, sinon impossible, aux étrangers de le saisir et de le reproduire sans altération aucune.

La langue française se sert dans l'écriture du caractère latin, qui lui est commun avec plusieurs autres langues, l'anglais, l'italien, le hollandais, l'espagnol, le portugais, le flamand, le polonais, etc., etc. Mais, quoique ce caractère latin ne soit pas aussi tourmenté,

De l'écriture.

aussi crochu, aussi anguleux, aussi cornu, multipède,
que
le caractère gothique-allemand, et surtout que le
caractère slavo-gréco-russe, nous inclinons fortement
à croire, sans toutefois pouvoir en fournir aucune
preuve concluante, que chacune des langues désignées
ci-dessus, tout en employant les mêmes caractères que
les autres, a dans l'écriture quelque chose d'essen-
tiellement autochthone, si nous pouvons nous exprimer
de la sorte.

Nous croyons donc qu'un maître de langue qui s'occupe de l'écriture de ses élèves, et qui, pour le français en particulier, ne leur permet point d'employer certaines formes hétéroclites de lettres, de guillemets, d'accents, de parenthèses, certains usages que nous ne reconnaissons pas, celui, par exemple, de supprimer un m dans les mots qui en ont deux de suite, et d'indiquer cette suppression par un trait pratiqué sur le m restant (constament); nous croyons fermement que ce maître a moins perdu de sa nationalité, qu'il est resté plus Français que tel autre, qui passe sur ces soi-disant bagatelles. La perfection est dans les détails. Un usage étranger, introduit dans la langue écrite, nous choque tout autant qu'une intonation étrangère dans la langue parlée.

Bien que dans un maître de langue parfait il y ait un peu de tout, voire même du maître d'écriture, notre intention n'est pas le moins du monde de faire intervenir celui-ci dans l'enseignement du premier : les calligraphes ne sont pas des ortho-graphes.

VI.

Le livre du premier âge.

Les progrès ultérieurs des élèves arrivés au point où nous en sommes, dépendent en grande partie du choix des livres que l'on met entre leurs mains. C'est surtout à leur mémoire que l'on doit maintenant s'adresser; mais que de précautions ne faut-il pas employer pour ne point faire succéder un dégoût insurmontable à la juvénile ardeur qui les animait peut-être, au début d'une étude assez peu attrayante en soimême!

Acquérir d'abord une partie suffisante du matériel de la langue que l'on veut posséder, c'est-à-dire des mots de toutes les classes grammaticales, telle est, nous le croyons, la marche que prescrivent la nature et le bon sens. La mémoire des enfants, comme leur estomac, est très-complaisante; cependant il ne faut. surcharger ni l'un ni l'autre. Une dizaine de mots, substantifs, adjectifs, pronoms, verbes, adverbes, prépositions, conjonctions et interjections, appris chaque jour, ou même seulement de deux jours l'un, leur fourniront en peu de temps un petit butin philologique, qui leur sera plus tard d'une grande utilité. Cette étude des mots doit commencer aussitôt que les enfants peuvent lire sans trop de peine. D'ailleurs, en

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