De l'analyse cale au second degré. celle des Verbes pronominaux, qui n'en est pas une, puisque ces verbes suivent tous les modèles de leurs grammatiterminaisons infinitives. Par suite de cette myopie des grammairiens, des milliers d'élèves, sur toute la surface du monde civilisé, s'en vont répétant et griffonnant Je me trompe, tu te trompes, il se trompe, comme si ce verbe se conjuguait autrement que ses confrères de la même terminaison; et, grâce à l'habitude que les auteurs de grammaires ont contractée de se copier les uns les autres, on répétera et griffonnera: Nous nous trompons, vous vous trompez, ils se trompent, jusqu'à la consommation de la langue française 1. On voit, par les modèles qui précèdent, que notre analyse aux deux degrés est à la fois grammaticale et logique. Si nous écartons ce dernier qualificatif, c'est qu'il est complétement superflu. Nous ne disons mot de ce que certains grammairiens décorent du nom d'Analyse logique; c'est que nous n'aimons point à mettre dans la tête de nos élèves des données qui n'ont aucune application réellement utile. Élève ou maître, jamais nous n'y avons rien compris, jamais nous n'y avons rien reconnu qui puisse faire progresser les élèves, Français ou Étrangers, dans l'étude de notre langue. Nous déclarons donc, sans aucun détour, que le temps employé à étudier cette soi-disant analyse logique est un temps dépensé Tout ce qui précède est extrait du Traité d'Analyse grammaticale (inédit) déjà cité. De l'analyse cale au second degré. en pure perte; l'aridité de ces exercices dégoûte les grammati- élèves de la grammaire, qu'ils aiment déjà si peu, et la leur fait quelquefois prendre en haine. Nous conseillons donc très-sérieusement aux maîtres de supprimer dans leur enseignement, comme superflue, nous dirons même comme nuisible, la prétendue analyse logique, telle que l'indique, entre autres, la grammaire de MM. Noël et Chapsal. On lit, dans l'ouvrage de mademoiselle Nathalie de Lajolais, que nous citons pour la troisième fois, mais, en cette occasion, avec regret, les lignes suivantes, qui concernent l'Analyse grammaticale : L'analyse grammaticale, ou la décomposition du «< discours pour en reconnaître tous les éléments, est << un exercice indispensable dans l'apprentissage de la langue. Cette analyse doit se faire de vive voix, <«< sur le devoir qui vient d'être corrigé, dans l'espace <«< de quelques minutes, et jamais par écrit. (L'analyse << par écrit n'est qu'une perte de temps......)» Si mademoiselle Nathalie de Lajolais entend par analyse grammaticale ce que nous appelons Analyse grammaticale au premier degré, nous sommes presque de son avis, quoique nous pensions que ce petit travail demande cependant une précision qui ne peut guère être atteinte dans un exercice de vive voix. Si l'auteur éminent de l'Éducation des femmes entend par analyse grammaticale le travail que nous appelons Analyse grammaticale au second degré, nous oserons combattre une opinion que nous regardons comme d'autant plus dangereuse, qu'elle émane d'une per De l'analyse cale degré. sonne consommée en matière d'éducation. Nous serions heureux que l'examen des modèles que nous avons grammatidonnés ci-dessus, apportât quelques modifications au second dans la manière dont mademoiselle Nathalie de Lajolais envisage l'analyse grammaticale, que nous regardons comme un des plus utiles, des plus indispensables exercices dans l'étude d'une langue. Toutes les Analyses doivent être mises au net dans des cahiers qu'il faut conserver avec soin. Les cahiers cartonnés sont très-utiles pour les copies. V. Des vers mis en prose. Mettre des vers en prose est un exercice qui plaît fort aux bons élèves, et que les bons maîtres pratiquent avec succès. Voici ce qu'il faut observer pour ce travail. La pensée contenue dans les paroles mesurées doit se retrouver, intacte et sans aucun mélange, dans une prose châtiée et digne, en quelque sorte, de figurer auprès du texte primitif. Que la mesure poétique soit absolument brisée, la rime éliminée avec soin, l'expression assortie à la nouvelle enveloppe de l'idée, ce sont toutes conditions de réussite dans ce travail. Ici l'on fera de fréquentes excursions dans le champ des synonymes, en posant d'une manière claire et nette le sens défini des termes du texte, sens à reproduire, si c'est possible, dans la transformation à laquelle il est soumis. La propriété de l'expression doit seule en motiver le choix avant d'employer un signe, il faut s'assurer qu'il se rapporte exactement aux faits et aux circonstances. Quelques exemples du genre de travail que nous recommandons ici allégeront le développement de ces règles de conduite, tout en faisant, pour ainsi dire, toucher du doigt les avantages multiples qui en ressortent dans l'application. : I. LE CHÊNE ET LE ROSEAU, fable de LA FONTAINE. Le chêne un jour dit au roseau : Vous avez bien sujet d'accuser la nature; Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête; Cependant que mon front, au Caucase pareil, Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir. Vous n'auriez pas tant à souffrir : Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords du royaume du vent. Résisté sans courber le dos : Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots, Le plus terrible des enfants Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flanes. Le vent redouble ses efforts Et fait si bien qu'il déracine Des vers mis en prose. |