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VOIAGES

ET LES

EXPEDITIONS

DE

PIRRHUS,

ROI D'EPIRE

Par J. GAUTIER.

Illis difficile eft in poteftatibus temperare, qui per

ambitionem, fefe probos fimulavere.

SALUST.

A LONDRES,

Chez l'auteur dans Raquet-Court, Fleet-Street, et
chez tous les libraires de la ville et de la

campagne.

M.DCC.XLV.

23582. e

ما

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PREFACE.

L

E prince, dont j'entreprens d'écrire l'hiftoire, a fait une fi belle figure dans le monde, que fes ennemis mêmes n'ont pu s'empêcher

de le regarder comme le plus grand homme de fon fiecle. Il n'avoit pas encore douze ans, qu'il fentit par lui même le befoin où il étoit de s'inftruire; et c'est ce qui le porta à prier fon gouverneur Androclion de lui faire connoître l'état de la Grece, et des roiaumes circonvoifins, et lui donner une idée générale des intérêts différens des princes, qui ont partagé entre eux les conquêtes d'Alexandre le grand.

Il fit voir à la bataille d'Ipfus, qui lui fervit comme d'apprentissage, ce qu'on devoit attendre de fon courage, et de fa valeur, en renverfant tout ce qui fe préfenta devant lui, en s'ouvrant un paffage au travers des ennemis, et en faifant une retraite honorable.

Il donna en toutes occafions à la cour de Ptolomée des preuves de fa force, de fon adreffe, de fa patience dans les travaux, de fon expérience, de fa fageffe; et en bon politique il n'oublia rien pour s'infinuer dans les bonnes graces de ceux qui pouvoient lui rendre fervice. Au lieu de s'y endormir dans la moleffe, il alla chercher dans les différentes provinces de Egipte des loix fages, des inventions utiles, des lumieres nouvelles fur les arts et les fiences, et des hommes capables de travailler un jour avec lui à faire fleurir fon roiaume. retour en Epire, il reforma l'extérieur, et le fond de la religion, établit les arts et les fiences, augmenta et difciplina fes armées, améliora fes finances, conftruifit des flottes, ouvrit des ports, bátit des villes, et des citadelles, et étendit le commerce de la Nation. Toutes ces occupations différentes, ne l'émpêcherent pas de travailler à l'abolissement

De

d'une

d'une infinité d'anciens ufages, que les préjugés, ou la fuperftition avoient confacrés. Il favoit bien que fes Epirotes étoient très jaloux des coutumes établies parmi eux; mais il favoit aufi qu'on vient à bout de tout par la patience: il travailla fans relâche, et il eut le bonheur de réüfir dans fes entreprifes.

En Italie, et dans tous les païs, où il porta fes armes, il donna fur l'art militaire des regles qui ont été fuivies pendant plufeurs fecles, et qui pour la plus part le font encore aujourd'hui. Il étoit naturellement doux, affable, acceffible, prompt à reconnoître les fervices qu'on lui rendoit, lent à fe mettre en colere; et il n'avoit point d'autres defauts que l'ambition, qui fouvent lui fit faire des fautes irréparables.

Fai divifé fon hiftoire en fix livres. Androclion, en apprenant dans le prémier à fon éleve l'hiftoire des guerres de Philippe de Macedoine et d'Alexandre fon fils, contre les Grecs et les Perfes, s'attache principalement à lui faire détefter dans Philippe un politique,qui ne fe croit babile qu'à proportion de ce qu'il eft perfide: dans Alexandre un jeune infenfe, qui s'expofe fans raifon au milieu des plus grands dangers,

.et

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