FABLE X. LE BERGER ET LE ROI. Deux démons à leur gré partagent notre vie, Je le ferois bien voir; mais mon but est de dire Le conte est du bon temps, non du siècle où nous sommes. Ce roi vit un troupeau qui couvroit tous les champs, Bien broutant, en bon corps, rapportant tous les ans, Grâce aux soins du berger, de très-notables sommes. Le berger plut au roi par ces soins diligents. 1 Tu mérites, dit-il, d'être pasteur de gens: Voilà notre berger la balance à la main. Quoiqu'il n'eût guère vu d'autres gens qu'un ermite, 1. Expression empruntée d'Homère. Bref, il en vint fort bien à bout. L'ermite son voisin accourut pour lui dire : Voyez combien déjà la cour vous rend peu sage. Vint s'offrir sous la main: il le prit pour un fouet; Ce serpent! C'est un fouet.-C'est un serpent! vous dis-je. Qu'il vous arrivera quelque chose de pire. : Mainte peste de cour fit tant, par maint ressort, Que la candeur du juge, ainsi que son mérite, Son fait, dit-on, consiste en des pierres de prix : Le coffre étant ouvert, on y vit des lambeaux, Petit chapeau, jupon, panetière, houlette, Doux trésors, ce dit-il, chers gages, qui jamais Sire, pardonnez-moi cette exclamation : J'avois prévu ma chute en montant sur le faîte. |