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FABLE XI.

LES POISSONS ET LE BERGER QUI JOUE

DE LA FLUTE.

Tircis, qui pour la seule Annette

Faisoit résonner les accords

D'une voix et d'une musette
Capables de toucher les morts,

Chantoit un jour le long des bords
D'une onde arrosant des prairies

Dont Zéphyre habitoit les campagnes fleuries.
Annette cependant à la ligne pêchoit ;

Mais nul poisson ne s'approchoit :

La bergère perdoit ses peines.
Le berger, qui par ses chansons

Eût attiré des inhumaines,

Crut, et crut mal, attirer des poissons. Il leur chanta ceci : Citoyens de cette onde, Laissez votre Naïade en sa grotte profonde; Venez voir un objet mille fois plus charmant. Ne craignez point d'entrer aux prisons de la Belle : Ce n'est qu'à nous qu'elle est cruelle.

Vous serez traités doucement;

On n'en veut point à votre vie :

Un vivier vous attend, plus clair que fin cristal:
Et, quand à quelques-uns l'appât seroit fatal,
Mourir des mains d'Annette est un sort que j'envie.

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